ARGENTINE | Piqueteros




Pueblada de Cutral Co. 26 de junio de 1996.


"On peut penser qu’il n’est pas juste de couper la route aux autres citoyens, mais on rétorquera que ce n’est guère plus juste de ne pas pouvoir vivre dignement de son travail."


Mouvement Gilet Jaune en France d'aujourd'hui, hier, Movimiento Piquetero en Argentine : on ne peut évidemment pas comparer ces deux mouvements, tant les différences structurelles - historique, sociale, politique, économique, etc., divergent. Cela étant, quelques points communs émergent : dont le modus operandi, bloquer les routes, agir hors partis politiques au sein d'organisations de "ceux qui restent exclus des canaux traditionnels de la mobilisation collective" et leurs relations avec les différentes classes sociales de leurs pays, entre approbation et rejet. Denis Merklen, spécialiste de l'Argentine, nous éclaire.


Une nouvelle politicité pour les classes populaires
Les piqueteros en Argentine


Denis Merklen



TUMULTES, numéro 27, 2006


Octobre 2000, deux fédérations regroupant de petites organisations populaires, essentiellement des associations de quartier de la banlieue de Buenos Aires, coupent pendant un mois la route n° 3, principale artère alimentant la métropole par l’Ouest. Initié cinq ans plus tôt par des barrages de routes dans des villes de province secouées par la fermeture d’usines pétrolières, le mouvement des piqueteros consolide ainsi sa présence dans le paysage politique national avec son arrivée dans la capitale. Un nouveau mouvement de protestation, de résistance et de mobilisation sociale émerge. L’Argentine inaugure son XXIe siècle. Après la fin des dictatures dans les années quatre-vingt, et vingt-cinq années de réformes brutales de l’économie et de l’Etat, les foules réagissent. Les piqueteros demandent davantage d’aide sociale et contestent les effets les plus dévastateurs de la mise en oeuvre des politiques néolibérales orientées par ce qu’on appelle le « consensus de Washington [1] ».

USINES en VILLES



" Il est maintenant temps de décider s’il faut poursuivre la tendance à expulser l’industrie urbaine de la ville ou de la réintégrer dans l’économie locale."

Cette étude réalisée par le Cities of Making project team nous interroge à double titre ; d’une part sur le rôle et la place de l’industrie en milieu urbain (à Bruxelles, Londres et Rotterdam), et d’autre part sur l’état de la pensée urbaine en France, de l’intelligentsia, qui d’une manière générale se désintéresse prodigieusement de cette question politique, écologique et sociale, pourtant cruciale...

L’étude est en anglais, téléchargeable ici :

https://www.thersa.org/globalassets/pdfs/reports/cities-of-making-lo-res.pdf


Le site :

http://citiesofmaking.com/project/



Introduction en français :


‘Urban manufacturing’

MARSEILLE | Holger Trülzsch


© Holger Trülzsch, 1984. La porte d'Aix, Marseille.

Marseille photographiée en 1984 par Holger Trülzsch, sculpteur, musicien, peintre, photographe et vidéaste, dans le cadre du programme de la « Mission photographique » de la Délégation interministérielle à l'aménagement du territoire et à l'attractivité régionale (DATAR) [1].

Jean-Paul de Gaudemar, de la Datar, exprimait son point de vue sur la photographie de la porte d'Aix en chantier et plus largement sur l'urbanisation alors en cours à Marseille (extrait) [2] :

" Pour qui connaît Marseille, l'image est saisissante et porte sur l'un des points les plus névralgiques et les plus symboliques de la ville. A gauche, cette sorte d'arc de triomphe, c'est la porte d'Aix où surgit brutalement une autoroute, pénétrant jusqu'au coeur de la ville. Au-delà de cette porte commencent en somme la Provence et les Alpes puisque c'est la principale sortie de Marseille vers le nord. Au fond à gauche, on devine les "barres" des années 1960 construites à la va-vite pour accueillir les milliers de rapatriés d'Afrique du Nord qui se bousculaient sur le port.
A droite, au premier plan, un vieux quartier insalubre longe la rue d'Aix, une sorte de "Barbès" marseillais, depuis longtemps abcès de fixation du débat sur l'immigration maghrébine. Et ce réverbère moderne au premier plan laisse deviner que devant l'image s'est posé Trülzsch, la rénovation est déjà faite. Exact : là est maintenant le nouveau siège du conseil régional, symboliquement situé au centre névralgique de la ville, sur cette butte des Carmes qui fut si souvent dans l'histoire un des bastions ultimes de résistance, mais aussi à la porte de la ville vers le nord, c'est-à-dire le reste de la région non maritime.
Cette rénovation en marche donne le sentiment de contempler une ville qui vient d'être bombardée, une ville usée, fatiguée, au bout du rouleau, comme laminée par son propre territoire.


MARSEILLE | Gated Communities



Marseille | Résidence  privée Roucas Blanc

Fermeture résidentielle et politiques urbaines :  le cas marseillais

À Marseille, la fermeture résidentielle se caractérise ici par une intensité exceptionnelle : 80 000 logements soit 19 % de l’ensemble selon notre enquête. Elle demeure d’abord associée aux aires socialement favorisées (quartiers du littoral sud) où elle atteint 48 % des surfaces urbanisées et jusqu’à 90 % des logements dans les zones de grands ensembles aisés en copropriété du sud de la ville.

Elisabeth Dorier-Aprill
Isabelle Berry-Chikhaoui
Sébastien Bridier
Articulo - Journal of Urban Research | 2012

La spectaculaire expansion mondiale des lotissements résidentiels fermés, sécurisés – dont les espaces communs et équipements internes sont gérés de manière privative – suscite l'attention depuis plus de vingt ans, que cela soit sur le continent américain ou au-delà, notamment au Moyen-Orient et Afrique du sud. La recherche s’est largement focalisée sur les liens que cette expansion entretient avec les inégalités sociales, les problématiques sécuritaires et sur le fait que les enclaves résidentielles renvoient à des dynamiques de territorialisation infra-urbaines marquées par des formes de fragmentations sociale et gestionnaire. Grâce au travail d’un réseau de recherche international peu à peu structuré en Europe, on a pu suivre tant la diffusion mondiale de ce phénomène – d’abord qualifié d’« américanisation » – que la progressive banalisation sociale des fermetures et de leurs contextes. On insistera davantage ici sur les travaux abordant la fermeture résidentielle dans les villes françaises, objet d’un débat scientifique, politique et médiatique dont les termes ont évolué depuis une décennie.
Marseille quartier - alors populaire - de la Joliette-Arenc (périmètre Euromed) |  Architectes : Yves Lion, Roland Castro (!) : l'accès est autorisé aux seuls résidents de cette nouvelle et vaste opération de promotion immobilière - ilôt M5.

VIRILIO | BUNKER ARCHEOLOGIE



Les fortifications du Mur de l'Atlantique - et de Méditerranée -, comme celles des lignes Maginot et Siegfried, bâties pour prévenir une invasion ennemie, n'auront été d'aucune utilité : le Débarquement du 6 juin 1944 rendait caduque le système de défense côtière comprenant 15000 ouvrages bétonnés, ponctué de ports transformés en forteresse. Mais ce Mur n'était pas seulement destiné à contrer une opération militaire ; il s'avère être le premier équipement militaire « moderne » gigantesque, déjà constitué d'« armes invisibles » : les réseaux électroniques de détection, devant assurer la protection de l'Ouest européen, ainsi que la propagande sur l'invulnérabilité de l'ouvrage et du nazisme.


TZIGANES & AVANT-GARDES ARCHITECTURALES



Superstudio
A Journey from A to B
1972



C'est un anniversaire oublié ou passé sous silence car 
il y a 600 ans, en 1418, les premiers « Bohémiens » arrivèrent en France [1] ; 
ils campent vers Aubervilliers en 1427 [2] et ils attirent les foules parisiennes curieuses de les découvrir : six siècles nous séparent, mais les chroniques, la vox populi d’alors s’accordent parfaitement, sont au diapason de celles d’aujourd’hui : l’évêque les chasse de la capitale, au grand soulagement de la population. Les préjugés ont la vie longue et dure...

ANTI-URBANISME et ECOLOGIE | Chronologie





« Non ! le présent ne songe qu'à lui.
Il se moque de l'avenir aussi bien que du passé. Il exploite les débris de l'un et veut exploiter l'autre par anticipation. Il dit : ''Après moi le déluge !’' ou, s'il ne le dit pas, il le pense et agit en conséquence. Ménage-t-on les trésors amassés par la nature, trésors qui ne sont point inépuisables et ne se reproduiront pas ? On fait de la houille un odieux gaspillage, sous prétexte de gisements inconnus, réserve de l'avenir. On extermine la baleine, ressource puissante, qui va disparaître, perdue pour nos descendants. Le présent saccage et détruit au hasard, pour ses besoins ou ses caprices .»
Auguste BLANQUI
La critique sociale
1885




Le présent ouvrage est une chronologie sommaire de l’histoire des rapports entre l’Homme, la Ville et la Nature en France, pour cette large période débutant de la construction de Versailles - ville neuve verte - qui appartient pleinement à la doctrine anti-urbaine, pour se clore avec le gouvernement de Pétain, allié des nazis, également urbaphobes - et urbicides, sur le modèle irréel de Mussolini, précurseur moderne de l’anti-urbanisme autoritaire. D’aucun pourront considérer qu’il est d’une ambition démesurée ; mais, plus modestement, et de manière plus pragmatique, fidèles en ce sens au bricolage inter-trans-disciplinaire que nous avons déjà éprouvé, cette esquisse a été conçue selon les propos de Fustel de Coulanges :
« À en croire certains esprits, il faut borner le travail à un point particulier, à une ville, à un événement… J’appellerai cette méthode le spécialisme. Elle a son mérite et son utilité, elle peut réunir sur chaque point des renseignements nombreux et sûrs. Mais est-ce bien là le tout de la science ? Supposez cent spécialistes se partageant par lots le passé de la France ; croyez-vous qu’à la fin ils auront fait l’histoire de la France ? J’en doute beaucoup : il leur manquera au moins le lien des faits, or ce lien est aussi une vérité historique. » (L’esprit de doute, le spécialisme. Leçon d’ouverture à la Sorbonne).

Un des liens les plus remarquables qui émerge et qui marque cette longue période, est la doctrine anti-urbaine, déclinée sous sa forme la plus radicale en utopies, ou avec plus de modération ou de réalisme en idéologies. L’anti-urbanisme n’est pas une critique contre la ville, mais bien contre leur développement sans fin, leur gigantisme, c’est une remise en cause radicale du fait urbain en tant que tel, et surtout, des relations dépravées, dénaturées entre la trilogie Ville-Homme-Nature ; c’est une proposition alternative au développement urbain non maitrisé, une proposition d’harmonie ou d’équilibre entre Nature et Urbanité, d’une ville autre dotée d’une physionomie autre: lorsque Ebenezer Howard conçoit sa cité-jardin théoriquement habitée par 32.000 habitants, il s’agit bien là d’une ville - une cité - à part entière.


D’où la difficulté de rendre définissable et d’utiliser à bon escient le mot, ou plutôt la notion d’anti-urbanisme et ses dérivés : l’urbanophobie (ou urbaphobie), le désurbanisme, l’anti-croissance (no growth) ou la dé-croissance, la ruralophilie, le naturalisme urbain, la déconcentration urbaine, etc., et dans une moindre mesure l’agoraphobie, et dans un autre registre, l’urbicide et l’écocide. Il serait même possible de le définir dans certains cas, en tant qu’ « urbanisme organique », en référence à l’architecture du même nom - opposée à l’architecture dite fonctionnelle -, pour qui la Nature n’est plus seulement un objet de connaissance, ou bien de modèles, mais de responsabilité, et qui se veut d’être à la mesure humaine avant d’être humaniste.

Quantité Qualité

Anti-urbanisme, sous ce nom - qui ne figure pas dans les dictionnaires - s’accumule une somme d’expériences historiques plus que ne se profile la rigueur d’un concept unique. Elles ne forment pas un corps doctrinal qui relèverait de telle ou telle méthode, de telle ou telle discipline spécialisée : la philosophie, la politique et l’économie politique, l’écologie, la sociologie, l’urbanisme, l’architecture, etc., tout autant que la morale et la religion ; mais l’un de leur principe commun appelle à une harmonie entre les hommes d’une même cité, et d’autres cités soeurs, et un juste équilibre avec leur environnement naturel : pour y parvenir, les cités anti-urbaines (sic), à divers degrés, entendent établir une limitation stricte du nombre d’habitants. La doctrine de l’anti-urbanisme prend donc comme postulat que l’homme n’est plus maître du dessin et du destin d’une ville, des habitants et de son environnement, au-delà d’un certain seuil d’habitants propriétaires ; le problème est éludé par la déconcentration en bâtissant d’autres cités lointaines qui doivent former ensemble un réseau solidaire ; et à la gestion parfaite de la démographie urbaine, s’ajoute pour nombre d’utopies anti-urbaines, la solution préconisée pour certaines, la condition sine qua none pour d’autres : la complète maîtrise des sols par une autorité supérieure, morale, éthique ou politique. C’est une théorie de l’équilibre qui construit les cités idéales : le rapport Quantité Qualité, où l’on tient pour acquis qu’elles sont des entités proportionnelles ou relatives entre elles. L’historien Giulio Carlo Argan affirmait :
« La relation - autrefois proportionnelle, aujourd’hui antithétique - entre quantité et qualité est à la racine de toute la problématique urbanistique occidentale.» (De Storia dell’arte come storia della città, 1983).



FRANCFORT | Aéroport et Luttes Écologiques | 1964 - 2018



Evacuation de la ZAD
Novembre 1981
© Barbara Klemm


C’est le Notre-Dame-des-Landes allemand : l’aéroport de Francfort-sur-le-Main, fief de la Lufthansa et premier aéroport du pays, oscillant sur le podium européen entre la 2e et 4e place. A chaque décision prise par les autorités de son extension, et ce depuis 1964, un vaste mouvement populaire y répond, et la lutte continue encore en 2018, comme d’ailleurs dans d’autres villes menacées par leur aéroport dévoreur d’espaces le plus souvent boisé ou cultivé. A ce titre, les années de lutte des résistants de Francfort sont considérées en Allemagne comme une sorte de monument historique car en plus d’être la première de ce genre, de par sa longévité somme toute exceptionnelle – avec un âge d’or se situant dans les années 1980 -, de par le nombre de personnes opposées aux projets impliquées dans les dizaines de collectifs occupant plusieurs générations, cette longue lutte ainsi est présentée comme ayant contribué, avec celles des collectifs anti-nucléaires à l’émergence de l’écologie politique et à la naissance des Verts en tant que parti. Et nul n’oublie en Allemagne que cette lutte fut endeuillée par la mort d’un manifestant en 1981 puis de deux policiers tués par un militant en 1987.

Neil Smith | La Cité Revancharde



The New Urban Frontier. Gentrification and the revanchist city
Londres, Routledge, 1996.
NEIL SMITH (1954-2012)

La Cité Revancharde


Peu connu du grand public français, le géographe « radical » anglais Neil Smith, élève de David Harvey, a légué à la postérité nombre d’ouvrages majeurs concernant la gentrification, dont notamment The New Urban Frontier. Gentrification and the revanchist city. Aucun n’a été à ce jour traduit en français. Ce brillant essai est disponible en intégralité en anglais au format PDF :
= sur le site internet rohcavamaintenant.free.fr

Extraits choisis :

Revanche in French means revenge, and the revanchists comprised a political movement that formed in France in the last three decades of the nineteenth century. Angered by the increased liberalism of the Second Republic, the ignominious defeat to Bismarck, and the last straw—the Paris Commune (1870–1871), in which the Paris working class vanquished the defeated government of Napoleon III and held the city for months—the revanchists organized a movement of revenge and reaction against both the working class and the discredited royalty. Organized around Paul Déroulède and the Ligue des Patriotes, this movement was as militarist as it was nationalist, but also made a wide appeal to “traditional values.” “The True France, for Déroulède—the France of good honest men who believed in simple virtues of honor, family, the army, and the [new Third] Republic …would surely win out” (Rutkoff 1981). It was a right-wing movement built on populist nationalism and devoted to a vengeful and reactionary retaking of the country.

Robert GOODMAN | Guerrilla Architecture




« By looking at the alliance that has developed between politicians, planners and industry, it should now be clear that both liberal and conservative reforms within the existing structure of American society cannot change the inequities of that society. »


Robert Goodman
After the Planners
1971 


Robert Goodman (né en 1936) est architecte et professeur au Massachusetts Institute of Technology ; tout au long des années 1970, il a été un des fervents partisans de l’Advocacy planning au service des habitants pauvres, comme nombre de ses collègues, et il participa, avec parfois ses étudiants, à de nombreuses luttes urbaines et pour le droit au logement, initiant des méthodes de travail et de conception au contact de la population ; il est le fondateur de l’Urban Planning Aid, et théoricien version New Left (Nouvelle gauche) de « The Architect’s Resistance » et de la « Guerrilla Architecture », contre tout à la fois le « complexe urbano-industriel » lié à la guerre du Vietnam, contre « l’architecture de la répression » et l’urbanisme bureaucratique et autoritaire, pour ne pas dire, contre l’urbanisme et l’architecture capitalistes et les experts à leur solde. Dans le vaste mouvement architectural anti-système qui domine cette époque, il partage l’idéal d’auto-construction, en considérant que « l'efficacité des formes d'architecture les plus rudimentaires, comme les bidonvilles, par exemple, où l'expertise doit être partagée entre les professionnels et le peuple, voire -le cas est fréquent- être prise en mains complètement par la population, est qu'elle commence à ouvrir les yeux de celle-ci en détruisant la dépendance antérieure. La population sent qu'elle peu commencer à agir sur ses besoins sans attendre que le gouvernement et ses experts prennent soin d'elle » ; tout autant que l'architecture vernaculaire et  les « enseignements des cultures primitives  », où « la population est capable de créer des relations personnelles plus étroites avec son environnement  ».

En 1971, il publie son œuvre « After the Planners » ; il ne sera jamais traduit en français ; il est disponible en intégralité au format PDF en langue anglaise :

= sur le site memoryoftheworld.org




Les aventures de Red Rat


Johannes van de Weert
Les aventures de Red Rat
1980

Ré-édition Le monde à l’envers & Black-star (s) éditions
traduit du néerlandais par Willem
sélection patrimoine du festival d'Angoulème 2017 
2016 - 2017


Présentation de l’éditeur :

En 1980, Johannes van de Weert publia le premier volume de Red Rat, une BD sur un rongeur infortuné pris dans les émeutes survenues à Amsterdam lors du couronnement de la reine des Pays-Bas. Red Rat avait quelque chose du Néerlandais moyen. Il fut un temps un rat de bureau qui rejoignait la résistance basque pendant les vacances, à un autre moment squatter ou bien punk voyageur, mais souvent juste un passant outragé.
Van de Weert a été l’un des initiateurs de la scène punk néerlandaise. Il a chanté dans le groupe les Rondos, a participé au lancement du centre social autogéré de la Huize Schoonderloo à Rotterdam et pris part au collectif qui édita et produisit le journal Raket, mais fut également dans beaucoup d’autres projets politiques et culturels
toujours autour de l’humour, de la confrontation, du combat.

Interview de l’auteur :



New York | Quartier en guerre



Seth Tobocman
War in the Neighborhood
1999

Edité en français par le Collectif des Métiers de l’Edition CMDE
Quartier en guerre
février 2017


Note de l'éditeur :
"Couvre-feu, violences policières, expulsions... Les politiques sécuritaires et la spéculation immobilière s’attaquent au quartier populaire du Lower East Side à Manhattan, au coeur des années Reagan. Ses habitants résistent : squats, manifestations sauvages, émeutes... Ce roman graphique raconte une décennie de luttes par une succession de portraits où se croisent les vies tumultueuses d’immigrés, de sans-abri, de punks... des pauvres pour qui la solidarité et l’auto-organisation deviennent des armes. Au plus fort de son art du reportage, Seth Tobocman signe un livre d’une rare finesse, écrit sur plus de dix ans, alors qu’il squattait lui-même à deux pas du centre mondial de la finance."


Seth Tobocman, compagnon de route de Peter Kuper et d’Eric Drooker, est un artiste majeur de la BD underground américaine. Il est l’auteur, entre autres, de You Don’t Have to Fuck People Over to Survive (AK Press), Landscapes and Disasters (AK Press), World War III Illustrated: An Anthology (PM Press) et de Len: A Lawyer in History (AK Press).

Présentation de l'auteur :
LOWER EAST SIDE POLITICS

ESPAGNE | CAMPO de DALIAS





CAMPO DE DALIAS


Photographies | Emilien CANCET *
2007


La vaste étendue plastifiée nommée Campo de Dalias, en Andalousie, concentre toutes les formes radicales d'exploitation de l'Homme et de son environnement dont est capable le génie humain ; cette Mer de plastique de 30.000 hectares est dédiée à l'agriculture intensive, industrielle, de fruits et de légumes, dont une partie, alimente la marché français : 40 % des fruits et légumes vendus en France proviennent d’Espagne (8.000.000 de tonnes de fruits, 6.000.000 de légumes par an) faisant de l’Espagne le premier fournisseur agricole et agroalimentaire de la France.

Ce qui caractérise la production d’Espagne est qu'elle n'est pas l'oeuvre, seulement, de consortiums, de multinationales ou d'un quelconque groupement d'industriels, au contraire, ce sont bien des milliers d'exploitants agricoles issus, à l'origine, des classes les plus pauvres de l'Andalousie, qui assurent au pays un prodigieux excédent commercial (10 milliards d’€uros en 2015). Pour parvenir à un tel exploit, et face notamment à son concurrent direct, le Maroc, les producteurs espagnols, aidés par les financements européens, ravagent encore et encore leurs terres, et, de même, exploitent la force des travailleurs agricoles, principalement venus d’Afrique du nord.

Le Campo de Dalias, est d'abord l'oeuvre de l'administration du dictateur Franco et peu l'évoque, mais ce territoire porte la marque idéologique de trente-cinq années de franquisme caractérisées par un capitalisme anarchique, un anarcho-capitalisme qui préfigure ou anticipe, le capitalisme libéral-libertaire post-moderne. Une idéologie dont les principes affirment l'initiative individuelle, prônent un laisser-faire et suggèrent ou favorisent par là, une sorte de déréglementation permanente, une permissivité acceptée, du moins si elles agissent au nom de l'intérêt économique du pays.


Source : European space agency

GODIN | Architecture Unitaire

  

Il ne s'agissait plus de trouver le remède

aux abus et aux erreurs de ce monde ;

il s'agissait de conserver au Peuple la patience

de la Pauvreté.

Jean-Baptiste André Godin  | 1870






En 1880, l'industriel multimillionnaire Jean-Baptiste André GODIN lègue son empire, soit le capital, ses deux complexes Manufactures-Cités, les Familistères – de Guise en France et de Bruxelles -, leurs dépendances et les usines, puis sa fortune personnelle en héritage, à l'Association, une coopérative propriété des salariés. Un héritage historique, le seul à ce jour en France, fait par un industriel socialiste disposant d'une fortune considérable [1]. Critiqué par les marxistes, socialistes radicaux et anarchistes, son empire industriel ne représente pas moins un contre-modèle de l’entreprise capitaliste ; une société nouvelle, imparfaite qui a été dénaturée par la caste des coopérateurs privilégiés, l'aristocratie ouvrière, qui plutôt de prolonger et améliorer l'oeuvre sociale, préféra protéger ses acquis sociaux au détriment des Autres.


Dans cet affrontement, le Familistère occupe un rôle prépondérant. Car la part du capital que chaque salarié reçoit, annuellement, est calculée selon plusieurs critères, en fonction du mérite, de l'ancienneté, du poste occupé, etc., et pour les catégories les mieux avantagées, dont les « Associés », une des conditions imposées par Godin est d'habiter le Familistère depuis au moins cinq années. 

 

Le Familistère n'est qu'une pierre dans l'édifice social de son programme politique, mais ce fut la première, ou plutôt, la seconde après les ateliers ; car il était nécessaire selon Jean-Baptiste Godin, avant tout, de bâtir une cité autonome afin d'expérimenter in vitro les innovations du socialisme, et d'éduquer ses premiers ouvriers, en majorité des pauvres gens issus de milieux défavorisés et de la campagne, analphabètes et, souvent, plongés dans les ténèbres de l’égoïsme. Le Fondateur le déplorait avec amertume : peu avant sa mort – en 1888 -, il évoquait que trente années de vie socialiste au sein du Familistère de Guise – habité en 1860 – avait porté bien peu de fruits rouges.



ARCHITECTURE | ECOLOGIE en FRANCE | 1944 - 1968





Cette analyse se consacre à l'histoire des rapports entre l'architecture et l'écologie, de l'après seconde guerre mondiale à la crise de 1973. Ce n'est pas l'histoire des formes architecturales que nous présentons ici, mais ce qui a contribué à les faire émerger des débats, les conditions - politique, technologique - dans lesquelles les nouvelles architectures prenant en compte d'une manière l'autre des considérations écologiques et environnementales viennent à naître, à disparaître, à réapparaître, et tout ce qu'elles sous-entendent. Un exercice qui exige de superposer à l'histoire de l'architecture d'autres histoires d'autres domaines. Cette recherche historique se justifie, si elle doit l'être, car elle reste à écrire ; l’histoire de l'architecture, et aujourd'hui sa critique, se déclinent le plus souvent au travers d'études et d’analyses d’experts couvrant des domaines particuliers, des périodes limitées. Nous préférons un autre mode de lecture, celui de l'interaction des théories des avant-gardes architecturales, des grands esprits de l'époque, des mises en garde des écologistes et des aspirations populaires, de l'interaction du réel et de l'utopie là où l'Etat décide et commande ; de la nécessité de théoriser la complexité plutôt que la simplifier : il serait trop simpliste d'expliquer de manière automatique, rationnelle, tout ce qui a nourri l'émergence des nouvelles avant-gardes architecturales, le principe de cause à effet serait réducteur, comme il serait erroné d'isoler, de rendre autonome leurs pensées.

C'est pour ces raisons que nous avons préféré établir une chronologie détaillée et thématique plutôt qu'une explication forcément subjective, méthode plus objective qui laisse apparaître à la fois les différences profondes entre les acteurs, leur éloignement ou leur distanciation, leurs contradictions et leurs intersections, et qui révèle toute leur complexité et leur pluralité. Ainsi, comme à notre habitude, et à contre-courant, la chronologie que nous présentons s’intéresse aux disciplines propres, extérieures et lointaines gravitant autour du domaine de l’écologie urbaine et architecturale, dans une synthèse relevant davantage du bazar, que de la perfection scientifique rigoureuse.

Pourquoi, en effet, ne pas mentionner Le domaine des Dieux (qui s'adressait aux architectes) et Idefix (premier toutou écolo), créés par Goscinny et Uderzo, pour mesurer l'état d'esprit d'une France critique envers ses élites bâtisseuses de modernité... et ses architectes_! Une France manifestement mécontente des grands travaux de l'Etat, du laisser-faire spéculatif, qui donna naissance à deux mouvements de lutte d'ampleur : la lutte pacifique et encore célèbre du Larzac, et celle bien moins évoquée, car armée, des nationalistes corses ; tandis qu'à Paris, les z-écolos exigeaient déjà , eux, la vélo-libération des quais.

Dans le titre général de cette brochure est stipulé EN FRANCE ; limite qui aurait certainement réduit des deux tiers les pages de cette brochure ; car en effet, si dans le monde de l'écologie scientifique, philosophique, et donc de la contestation, la France disposait d'un capital intellectuel de premier ordre, il n'en était pas de même pour le monde de l'intelligentsia architecturale et urbaine ; cette pénurie française, et intellectuelle et de praticiens accordant un grand intérêt - à nos yeux en tout cas - aux questions environnementales et écologiques, nous a donc conduit à franchir des frontières pour y trouver les sources de l'architecture écologique, de l'urbanisme environnemental, théorisés après la seconde guerre mondiale.





Le Corbusier
Ville parc
1930


AIRBNB | Nouvel Acteur Social ?



http://insideairbnb.com/index.html


Pas de contrat, de feuilles de salaire,  ni d’avis d’imposition ?
Une seule solution pour louer :
AIRBNB !

AIRBNB se targue d’avoir inventé dans le domaine de la location meublée temporaire, l’économie du partage, l’économie collaborative ; ses détracteurs l’accusent au contraire d'aggraver le phénomène dans les grandes villes d’une offre de logements insuffisante tirant les loyers vers le haut : certains propriétaires préfèrent la très lucrative location temporaire aux touristes à la location de longue durée aux habitants.

DEBORD | La planète malade



  
Andreas Gursky | 99 cents |1999

Guy DEBORD
La Planète Malade
1971

La « pollution » est aujourd'hui à la mode, exactement de la même manière que la révolution : elle s'empare de toute la vie de la société, et elle est représentée illusoirement dans le spectacle. Elle est bavardage assommant dans une pléthore d'écrits et de discours erronés et mystificateurs, et elle prend tout le monde à la gorge dans les faits. Elle s'expose partout en tant qu'idéologie, et elle gagne du terrain en tant que processus réel.

Ces deux mouvements antagonistes, le stade suprême de la production marchande et le projet de sa négation totale, également riches de contradictions en eux-mêmes, grandissent ensemble. Ils sont les deux côtés par lesquels se manifeste un même moment historique longtemps attendu, et souvent prévu sous des figures partielles inadéquates : l'impossibilité de la continuation du fonctionnement du capitalisme.

BAUDRILLARD | La Mystique de l'Environnement


ASPEN 1970 from rosa b on Vimeo.


En France, l’« environnement » 
est une des retombées de mai 1968, 
plus précisément une retombée 
de l’échec de la Révolution de Mai...

Le programme des Conférences internationales de design à Aspen au Colorado, organisées chaque été depuis 1951, était un forum de discussion centré sur le design qui réunissait pendant quelques jours, les chefs de file du design américain ainsi que des industriels et des délégations étrangères. En 1970, le thème s’occupe de l'Environment by design, et Reyner Banham est en charge de l’organisation. Une délégation française [1] y est invitée conduite par le designer Roger Tallon, à laquelle participe Jean Baudrillard ; à qui la délégation lui confie le soin d’écrire un texte devant être prononcé à la clôture du forum. Rappelons que la guerre du Vietnam est à son apogée meurtrière, et que le forum est perturbé par les étudiants contestataires de la New Left. Jean Baudrillard [2] ira au-delà de leurs espérance et attente :

« Le groupe français invité à cette conférence a renoncé à présenter une contribution positive. Il a pensé que trop de choses essentielles n’ont pas été dites ici, quant au statut social et politique du design, quant à la fonction idéologique et à la mythologie de l’environnement. Dans ces conditions, toute participation ne pouvait que renforcer cette ambiguïté, et le silence complice qui règne sur cette conférence. Le groupe a donc préféré présenter un texte de mise au point.