Chine : Architecture et paysage : le Diaolou


Une simple carte postale de Chine, des diaolous, maisons tours fortifiées, qui s'inscrivent magnifiquement et respectueusement dans le paysage ;  conception extra-ordinaire d'une ville/paysage, rompant admirablement avec le modèle des maisons individuelles des banlieues pavillonnaires ou des tours que préconisent écologistes et capitalistes. 

Les paysagistes : Le Bonheur est dans les prés ?



Autant les architectes sont considérés avec méfiance et suspicion, autant les paysagistes bénéficient d'un solide et quasi inébranlable capital de confiance et de sympathie auprès des élus comme de la population. Pourtant, le paysagisme, considéré pendant plusieurs décennies comme un art mineur et subalterne s'apparentant à l'horticulture, est aujourd'hui une profession qui a quasiment supplantée le rôle de l'architecte dans le domaine de l'urbanisme. L'urbanisme paysager est maintenant considéré comme un gage de qualité d'urbanité, inscrit dans des textes de loi [1993] et une pratique professionnelle sinon conseillée mais obligatoire dans les projets d'aménagement urbain. Selon Bernard Debarbieux, cette demande est considérable, le constat en a été fait depuis longtemps déjà. Le terme a envahi le débat public et la chose est devenue objet de politiques publiques nombreuses. Le paysagisme comme pratique professionnelle est devenu une composante importante de l’urbanisme et de l’aménagement rural en Europe notamment. Quant à la consommation paysagère, elle est, et ce depuis longtemps déjà, une des motivations principales des pratiques touristiques. Cette banalisation de l’invocation du paysage et du souci paysager dans toute forme d’intervention constitue la face visible de ce qu’on propose ici d’appeler l’empaysagement de nos sociétés.

Oriol BOHIGAS : Architecture et Politique


Barcelona  2010 : un logement digne pour tous


 On devrait opérer une révision du marxisme et appliquer les vieilles idées du socialisme plus dur pour réformer à nouveau les villes, comme on l'avait fait au commencement de ce siècle.
Oriol Bohigas 


Depuis les années 60, la figure emblématique de l'architecte Bohigas est omniprésente à Barcelone. Très engagé politiquement, il adhère au Parti socialiste de Catalogne et connaîtra sous la dictature les futurs dirigeants politiques socialistes qui formeront le conseil municipal après la dictature.

Architecture et Politique / la République de Weimar 1919-1933





Le caractère utopique de la culture architecturale d'Europe centrale, et notamment durant la République de Weimar [1919-1933] réside dans le rapport de confiance établi entre :

  • les intellectuels de gauche,
  • les secteurs du «capitalisme avancé» [notamment l'industriel Rathenau],
  • les administrations démocratiques,
  • les syndicats et coopératives ouvrières

Pierre Riboulet : Architecture et Politique


C'est ainsi que la pratique de l'architecture est de plus en plus difficile pour ceux qui y sont engagés : ou bien renforcer le système actuel de production en y participant ou bien ne rien faire.
Pierre Riboulet
1970
Pierre Riboulet pose ainsi l'inévitable question de la contradiction entre engagement politique et pratique professionnelle, dans un des domaines privilégiés du capitalisme monopoliste d'Etat : l'architecture et au-delà, l'urbanisme. Une question qui est au centre même des préoccupations de tous les mouvements d'architecture d'avant-garde des années 1960 /1970. Période qui, après la défaite magistrale de la pensée rationaliste du mouvement moderne de Le Corbusier, dénaturé par le capitalisme, inspire aux praticiens et théoriciens, la mort de l'architecte ou de l'architecture. 

Marx, Engels et la ville



Engels

Pour le présent, la seule tâche qui nous incombe est un simple rafistolage social et l'on peut même sympathiser avec les tentatives réactionnaires.

Engels

Françoise Choay
Extraits de L'urbanisme, utopies et réalités

Dans le même temps où la ville du 19e siècle commence à prendre son visage propre, elle provoque une démarche nouvelle, d'observation et de réflexion. Elle apparaît soudain comme un phénomène extérieur aux individus qu'elle concerne. Ceux-ci se trouvent devant elle comme devant un fait de nature, non familier, extraordinaire, étranger. L'étude de la ville prend, au cours du 19e siècle, deux aspects bien différents.

CHINE : inégalités et ségrégations urbaines


JR Shanghai

Chen Yingfang

Comment « les iniquités face au logement » se
transforment-elles ou non en « problème social » ?
2010

A la fin de 2009 et au début de 2010, les médias chinois et en particulier les médias électroniques ont fait des difficultés des cols blancs à se loger un sujet à la mode. Les expressions journalistiques se référant ironiquement à leur « humble demeure » (woju) 1 ou les comparant à un « peuple de fourmis » (yizu) 2 ont notamment suscité un large intérêt. Par la suite, la question des “injustices du logement” est apparue dans les discussions des chercheurs et j'ai moi-même été invitée à traiter du sujet. Néanmoins, une question plus importante mérite d'être posée : comment le logement urbain constitue-t-il un problème social en fonction des principes d' « équité» (gongping) 3 qui dominent dans la Chine d'aujourd'hui ?

CHINE : Patrimoine et Embourgeoisement

Beijing, hutong, Photo : Ambroise Tézenas 

La presse occidentale, de droite comme de gauche, friande de faits divers tapageurs et de résumés prodigieux, publie régulièrement des articles faisant état d'expulsions forcées et de destructions massives des quartiers anciens : le cliché du vilain vénal investisseur soudoyant les méchants fonctionnaires, avec l'approbation des plus horribles et hautes autorités, pour expulser les gentils habitants est par trop caricatural.

CHINE : Patrimoine et tourisme urbain

Tianjin, 2010, photo : yul akors 

Yves Bonard & Romain Felli
Patrimoine et tourisme urbain.
La valorisation de l’authenticité à Lyon et Pékin
[Extraits]  Articulo | 2008

L’évolution de l’industrie du tourisme a été marquée ces dernières années par la désynchronisation et la flexibilisation des temps sociaux. Ces évolutions – issues des transformations dans l’organisation de la production économique (post-fordisme) – se sont traduites par une stagnation du nombre de séjours en vacances longues et une croissance soutenue des courts séjours. Contrairement aux longs séjours, davantage orientés sur le binôme mer-montagne, les courts séjours se concentrent sur la paire villes-espace rural. Ces nouveaux flux touristiques forment des ressources majeures pour le développement des territoires, en particulier urbains. Pour la mise en tourisme de ces derniers, la valorisation patrimoniale constitue un volet stratégique essentiel. Celle-ci ne concerne aujourd’hui plus seulement des édifices religieux, politiques ou militaires ponctuels et remarquables ; des quartiers entiers font désormais l’objet de stratégie d’embellissement ayant pour finalité d’augmenter leur attractivité.

Penser la ville pour que les riches y vivent heureux

Ouvriers Dubaï / 2010 
François Ruffin
Le monde diplomatique
2007
Dans les principales métropoles occidentales, l’immobilier flambe. Souvent, le prix des appartements y a doublé en dix ans. Si le phénomène paraît enrayé aux Etats-Unis, où la « bulle immobilière » se dégonfle, ailleurs il se poursuit, alimenté par le désir des privilégiés de consacrer une partie de leur fortune à l’achat d’une résidence secondaire (ou tertiaire…) à Madrid, Barcelone, Rome, Londres ou New York. La grande ville redevient désirable. Une fois nettoyée, ripolinée, enrichie, sécurisée, valorisée par de nouveaux musées, elle ne peut plus être peuplée par des habitants en manque d’argent et de culture. Et, justement, elle s’en débarrasse…

Comment épurer Marseille, l’« incurable »

Marseille 1943, expulsion / rafle quartier Vieux port 

1943 :

On va épurer Marseille, qui en a bien besoin
Pierre Laval, nazi chef du gouvernement
2003 :
On a besoin de gens qui créent de la richesse.
Il faut nous débarrasser de la moitié des habitants de la ville.
Le cœur de la ville mérite autre chose.
Jean-Claude Gaudin, (actuel) maire de Marseille

Marseille, 2 sculptures sociales de Marc Boucherot

La vie en Rose, Marseille, Boucherot et les habitants du quartier [extrait vidéo]

Les liens qui unissent le champ artistique et la contestation politique et sociale sont à la fois étroits et multiples, de la littérature précieuse au simple graffiti, de l'artiste Banski au groupe Rage Against The Machine ;  l'art accompagne la contestation politique dans son rôle premier de démolition de l'ordre établi. Il ne peut être question de reléguer l'art de la contestation à une action secondaire et inconséquente. Une contestation qui doit s'effectuer partout, en même temps et par Tous. Aujourd'hui, l'engagement du groupe d'artistes russes Voïna est, sans aucun doute, le plus virulent politiquement, ce qui ne l'empêche pas de manier l'ironie et l'humour, de même pour le street artist anglais Bansky.

KTT à Hanoï | du communisme au capitalisme









Du COMMUNISME au CAPITALISME

Le cas des 

Khu tap thé 

Unités d’habitations collectives


Avec les accords de Genève signés le 20 juillet 1954, prennent fin pour la France, 70 années de colonisation du Vietnam. La fondation de la République démocratique du Vietnam va lancer, idéologiquement dans un premier temps, puis pratiquement dans un second, la question de l'habitat collectif. Bénéficiant d'aides technique et conceptuelle venues des pays socialistes, ce programme de construction d'immeuble de logement collectif  a participé à la mutation de Hanoi vers une société urbaine socialiste. Ainsi, ces nouveaux logements construits dans des « unités de voisinages », inspirés des modèles soviétiques eux même issus d'une interprétation standardisée des principes du Mouvement moderne, ont été le fer le lance de la transformation de Hanoï en une ville socialiste. Le modèle KTT se singularise par la collectivisation des pièces de service : cuisines, bains et toilettes.

Les SOVIETS de quartier 1917 / 1919



La classe ouvrière russe de 1917 était l'une des merveilles de l'histoire. Petite numériquement, jeune, inexpérimentée, inéduquée, elle était riche en passion politique, en générosité, en idéalisme et en qualités héroïques rares. Elle avait le don de rêver d'avenir et de mourir au combat d'une mort héroïque.

Deutscher
The prophet armed


Cet article présente succinctement le rôle des comités de quartier à Petrograd pendant la révolution, avant leur institutionnalisation par les bolchéviks -février 1917 / janvier 1918-, et leur rôle dans la stratégie politique et militaire élaborée par Lénine. C'est un exercice difficile car peu de documents retrace leur quotidien, au-delà de l'idéologie et des querelles partisanes. C'est aussi un sujet délicat car il -les soviets ou conseils ouvriers- représente un des points de discorde -sinon le point fondamental- entre les idéologies des groupes radicaux ou non de la Gauche. Ce texte tente de dépasser ces antagonismes pour se consacrer uniquement -autant que possible- aux faits historiques. En considérant en premier lieu l'homme anonyme, dans sa grandeur et ses faiblesses, qui s'inscrivent dans l'hypothèse de l'historien Marc Ferro d'une plébéianisation du pouvoir par le bas, et notamment au sein des conseils de quartier. Ou comment de simples citoyens -révolutionnaires ou non- devenus permanent dans les comités – soviets-, deviendront par la suite les futurs apparatchiks dans les organes supérieurs de gestion de l'Etat. Tout ceci a fait l'objet d'études et de profondes discordes mais tous reconnaissent que ce qu’il faut bien appeler la « dégénérescence » -ainsi nommée par l’historien Oskar Anweiler- des soviets institutionnalisés mériterait une discussion longue et approfondie – et sans doute non partisane- dont la place n’est malheureusement pas ici.

ANTI UTOPIE Ultra-Sécuritaire : SUBTOPIAN DREAMS


Tom VIGAR : Subtopian Dreams


Les insurrections populaires, les menaces terroristes de l'ampleur du 11 septembre, les menaces nucléaires ou bactériologiques de pays considérés comme potentiellement dangereux, les émeutes dans les grandes villes, le spectre d'une révolution sociale enclenchée par les crises successives économiques... Autant de menaces bien réelles ou paranoïaques qui aujourd'hui influent sur l'urbanisme des villes. La gated Community close et sécurisée est une réponse ; partielle, trop partielle pour le jeune architecte américain Tom Vigar : In the quest for happiness, Nothing can be left to chance...
[Dans la quête du bonheur, Rien ne doit être laissé au hasard...]


CAMOUFLAGE CITY


En 1942, les autorités militaires des Etats-Unis, craignant des bombardements par l'aviation japonaise sur la côte Pacifique, décidèrent de camoufler les usines d'aviation Loockheed de l'aéroport Burbank. Les studios cinématographique d'Hollywwod, spécialisés dans les effets spéciaux seront mis à contribution, initiant le début d'une longue histoire d'échanges entre Hollywood et l'armée américaine. L'idée fut de recouvrir l'ensemble de cette zone industrielle, soit plusieurs hectares, de treillis au-dessus des toitures, figurant un quartier résidentiel. Les cheminées étaient camouflées en bosquets d'arbres. En fait, la terrible menace japonaise qui pesait sur la côte Ouest était bien mince et l'aviation ennemie n'arriva jamais à atteindre les Etats-Unis.


Vue aérienne du complexe industriel avant camouflage


Le complexe camouflé




DEBORD la société du spectacle chapitre VII



Guy DEBORD
La société du spectacle
1967

Il faut lire La société du spectacle en intégralité, voire même l'ensemble des écrits des Situationnistes, pour apprécier et comprendre le Chapitre VII consacré à l'urbanisme. Nous le publions quand même suivi des deux premiers chapitres.


A consulter également :

CHAPITRE VII. : L'aménagement du territoire

 « Et qui devient Seigneur d'une cité accoutumée à vivre libre et ne la détruit point, qu'il s'attende d'être détruit par elle, parce qu'elle a toujours pour refuge en ses rébellions le nom de la liberté et ses vieilles coutumes, lesquelles ni par la longueur du temps ni pour aucun bienfait ne s'oublieront jamais. Et pour chose qu'on y fasse ou qu'on y pourvoie, si ce n'est d'en chasser ou d'en disperser les habitants, ils n'oublieront point ce nom ni ces coutumes....» 
Machiavel (Le Prince).