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FRANCE | EUROPA CITY




Europa City | BIG Architectes | 2012

Republication de ce post car débutera le 17 mars 2016 jusqu'au 30 juin, un débat public concernant le monstre Europa City, organisé par le promoteur (groupe Auchan) et la Commission nationale du débat public.

La compétition internationale entre les villes-états, impose à présent des nouveaux lieux de consommation, de plaisirs, de loisirs, de culture et d'oisiveté, non plus disséminés ou éparpillés dans la ville, mais agglomérés intimement et concentrés dans un même espace, pratiquement, sous un même "toit". Le gigantisme qui caractérise ces nouveaux complexes ludico-commerciaux en font des monuments touristiques à vocation internationale : parmi les plus remarquables, The Dubaï Mall dispose de 836.000 m² d'activités sur une aire de 1.200.000 m², le West Edmonton Mall au Canada s'étend sur 500.000 m², le New South China Mall aligne 660.000 m² d'un seul tenant [d'ailleurs quasi abandonné], concurrencé par l'ouverture prochaine de l'American Dream, Meadowlands près de New York, d'une surface de 700.000 m². En France, le plus imposant centre commercial, l'affreuse Belle-Epine en région parisienne, propose seulement, et sans autres attractions-distractions pour le chaland outre un multiplex, 140.900 m² de surfaces commerciales, banales, sans caractère, ni originalité. 


Comité Invisible | Shopping Center Bluewater



Comité Invisible
Organe de liaison au sein du Parti Imaginaire


Rapport à la S.A.S.C. concernant un dispositif impérial.

Reportage rédigé en juin 2001 sur la base 
d'observations réalisées en juillet 1999.

Chapitre extrait de :
Tiqqun 2


Chaque fois que je séjourne à Londres me vient la même question : comment tant de gens peuvent-ils encore supporter de vivre dans une telle ville ? Rien de ce qui fait le quotidien de ses habitants ne semble fonctionner. Ici, chaque jour, des millions de personnes risquent absurdement leur vie en empruntant des moyens de transport à bout de souffle. Si elles ne finissent pas leur trajet dans quelque hôpital crasseux et surpeuplé et qu'elles arrivent à destination, ce ne sera qu'au prix d'inéluctables retards ; ces transportés (pour employé un terme qui évoque d'autres galères) ont perdu jusqu'à la force de se plaindre ; ils tournent leur mauvais sort en dérision et plaisantent sur le fait qu'en 1950, par exemple, se rendre à York ne prenait que deux heures et quart et qu'il en faut plus de six aujourd'hui. Dans un autre ordre de réjouissance, pour célébrer l'avènement du nouveau millénaire, des réalisations festives et culturelle ont été entreprises à grands frais ; le résultat est édifiant : la grande roue, bien nommée The London Eye, oeil unique de ce cyclope cannibale qu'est devenue la métropole, est fermée sine die pour vice de construction la veille de son inauguration ; le Millenium Dome, ce flan avachi hérissé de gressins qui s'étale à l'Est du quartier branché des anciens docks, soulève une répulsion esthétique générale et s'avère techniquement déficient que ses concepteurs ont dû avouer, peu après son ouverture, que ses structures ne résisteraient pas plus de cinquante ans et qu'alors il sera nécessaire de la démolir ; quant au Millenium Bridge, nouvelle passerelle jetée sur la Tamise, le chantier accuse un tel retard qu'on a même parlé de l'abandonner. Tous ces ratés fleurent bon les anciens pays de l'Est et un désenchantement fataliste s'empare des esprits. L'héritage de l'humour soviétique va-t-il bientôt donner un second souffle à l'humour anglais ?

L'Hypermarché et la Désintégration





Mai 68 commence à Nanterre, 
et non à la Sorbonne

Jean Baudrillard
La fin de la modernité où l'ère des simulations
1980

La modernité n'existe plus : tout est actuel. Et tout est rétro. Le moderne et le traditionnel, avec leur opposition claire et intelligible, ont laissé la place à l'actuel et au rétro, dont l'opposition n'est même plus distinctive.


De l’Espace Public à l’Espace Publicitaire




Tous les marketeurs sont les menteurs. Tant mieux, car les consommateurs adorent qu’on leur raconte des histoires.
Seth Godin
(Gourou du marketing et de la communication d’entreprise ) [1]

Jean-Pierre Garnier
De l’espace public à l’espace publicitaire.
Odysseum à Montpellier
L’Homme et la Société | 2009

À l’époque où la critique de la « société de consommation » était à la mode dans les milieux intellectuels français, il était courant parmi les gens, qui, pour une raison (professionnelle) ou une autre (politique), observaient avec attention l’évolution du phénomène urbain, de jeter un regard à la fois consterné et méprisant sur les vastes zones commerciales qui avaient commencé à se développer sur le pourtour des agglomérations. Perçues comme les symboles affligeants du triomphe de la rationalité marchande, il leur était reproché de concourir à une « urbanisation désurbanisée [2] », c’est-à-dire privée d’urbanité, qui faisait perdre à la ville sa qualité d’« œuvre », pour la rabaisser au rang de « produit ». Bref, l’« antiville » par excellence.

FRANCE | Urbanisme Commercial





Raymond DEPARDON | La France

PRÉCISIONS A PROPOS
DE L'URBANISME COMMERCIAL
EN FRANCE
No parking, no business.
Empilez haut et vendez bas.
Supprimez des vendeurs, spécialement ceux qui ne sont que des tueurs de vente ; remplacez-les par des pancartes. La pancarte est le meilleur vendeur : vous ne la payez qu’une fois et elle ne prend pas de vacances.
Bernardo Trujillo | 1950 -1960

Fleurons de l'industrie française, les groupes de la grande distribution ont pu bénéficier, et bénéficient encore aujourd'hui, de la bienveillance de l'Etat, malgré des lois restrictives (notamment en matière d'urbanisme et d'environnement) : il en aurait pu être autrement pour expliquer un constat jugé "alarmant" par... l'Autorité de la concurrence :


En France, 62 % du chiffre d’affaires du commerce se réalisent en périphérie, contre 25 % en centre-ville et 13 % dans les quartiers. Dans les cas extrêmes, la périphérie capte jusqu’à 80 % du marché [Source AdCF, 2012]. Le commerce périphérique étant, bien sûr, constitué quasi exclusivement, de parcs ou zones commerciales, de centres commerciaux, et d'hypermarchés. L’Allemagne présente une configuration qu'il est inutile de qualifier d'équilibrée : 33 % en périphérie, 33 % en centre-ville, 33 % dans les quartiers. A Paris*, l'on observe l'inquiétante domination des deux principaux groupes de la grande distribution, Casino et Carrefour ayant accaparé 80 % de la surface de distribution (70 % du marché), dont  62 % par les enseignes Casino (Monoprix, Franprix, Casino, etc.). Des cas identiques se produisent dans certaines villes de province.   

La périphérie "saturée" (à 62 %) d'hypermarchés et de centres commerciaux, n'intéresse plus autant qu'auparavant les groupes de la grande distribution : à présent, il s'agit de s'attaquer aux centres-villes.  Une stratégie (de la stratégie militaire de Mao-Zedong : contrôler les campagnes et encercler les villes...) plus que facilitée par les grandes opérations d'urbanisme de requalification de quartiers de centre-ville : les zones piétonnes-marchandes s'étendent, contraignant voire interdisant - comme à Paris - les déplacements en automobile, et l'inévitable hausse des loyers chasse de ces zones franchisées, les commerces indépendants traditionnels. Le terrain est, pour ainsi dire, mis à disposition pour que les grands groupes de la distribution investissent en toute quiétude la ville, comme ils ont massacré, jadis,  la périphérie, avec le consentement du politique. 

Un article de Yann Tanguy, au titre évocateur, Quand l'argent fait la loi, le cas de l'urbanisme commercial, accusait une corruption quasi institutionnalisée, admise publiquement (le député Jean-Louis Masson défia ses collègues parlementaires de venir déclarer que leur formation politique n'avait pas reçu d'argent par ce « canal »), et il proposait aux législateurs, à défaut de légiférer efficacement, d'intituler les lois concernant le commerce et l'artisanat  : « Loi sur le financement complémentaire des partis politiques. »  


USA | PRIVATOPIA




USA | Sun City Arizona
Photograph by James P. Blair

Marco d'Eramo
From Minnesota to Arizona

Du Minnesota à l'Arizona
Le rêve américain d'une ville sans ville.
2007


MINNESOTA : LE MALL QUI A AVALÉ L'AMÉRIQUE


Au coeur d'un paysage plat comme une table de billard, avec une température avoisinant les – 20° C., les Twin Cities de Minneapolis et de Saint Paul semblent une destination touristique pour le moins improbable en plein mois de janvier. Et pourtant, au plus dur de l'hiver glacial de la Snow Belt, elles attirent encore plus de 100.000 touristes par jour, 3 millions par mois, qui font parfois le voyage depuis le Japon ou la Corée. Ils ne viennent pas pour le fleuve Mississipi, ni pour le joli centre-ville de St Paul, conservatrice et germanique, ni, sur l'autre rive du fleuve, pour le dynamisme de Minneapolis, social-démocrate et scandinave, la patrie de Prince. Ils viennent pour une étrange entité plantée au milieu de nulle part, à une quinzaine de kilomètres des deux centres-villes, dans la banlieue de Bloomington, stratégiquement située à proximité de l'aéroport international, auquel elle est désormais reliée par une ligne de métro.


MALL | Centre Commercial




LIFE Magazine | 1954 | Northdale


Les premiers centres commerciaux modernes américains étaient-ils "socialistes", s'interroge Marc Berdet, auteur des Fantasmagories du capital.  

En effet, en 1954, 74 % de la population des USA résident dans les banlieues [suburbs], vastes océans de lotissements de résidences et de gated communities, conséquences de l'avidité des entrepreneurs, des spéculateurs, et du système automobile - réfrigérateur - téléphone - télévision. Les edge-cities, outer-cities et autres exurbs, se forment, villes-territoires sous-équipées n'ayant aucun lien organique avec les lointains centres-villes. L'architecte américain Victor Gruen et son associé Larry Smith inventeront alors les malls modernes, une concentration de magasins mais également d'équipements publics, censée offrir aux habitants des immensités résidentielles, un centre de vie, un « condensateur social »,  mis en valeur par une architecture de qualité.

FRANCE | Grands Magasins





Le Grand Magasin
Paris
1836 - 1936


Ne laissons donc pas les économistes prétendre que le fonctionnement des Grands Magasins est démocratique, qu'il sert les intérêts du plus grand nombre, qu'il joue le rôle bienfaisant de la machiné à vapeur dans l'industrie en augmentant la production et en diminuant les frais généraux, bref qu'il fait les affaires de la masse contre une minorité d'intermédiaires parasites.

Brochure d'une ligue syndicale | 1892


Mettre à la portée du plus grand nombre, le maximum de marchandises, dans un même espace couvert et protégé.
Telle est la Loi première du Grand Magasin, aucune autre ne peut la supplanter, et elle l'emporte sur toutes les autres considérations. La simplicité de la formule ne doit pas occulter la complexité des mécanismes commerciaux, de gestion, et de marketing.  Ces premiers discounter de l'ère industrielle ont été ce qu'étaient les hypermarchés des périphéries de l'ère post-moderne. S'adaptant parfaitement aux nouveaux produits de la révolution industrielle, le grand magasin a plus que favorisé l'émergence d'une culture de la consommation, et il est une préfiguration de la consommation de masse, résumée, avec originalité, par R. Sennett :
« Des objets de qualité moyenne vendus à des prix autrefois réservés aux objets de médiocre qualité, des consommateurs dépensant davantage pour posséder davantage : voilà à quoi visait la “standardisation” des biens matériels. Les négociants de l’époque savaient que pousser les gens à acheter cette nouvelle classe d’articles constituait un réel problème. Ils tentèrent de résoudre ce problème en créant une sorte de spectacle dans le magasin, spectacle qui doterait les articles, par voie d’association, d’une valeur et d’un intérêt dont ils étaient intrinsèquement dépourvus.»

Les faillites seront nombreuses, mais les rigoureux, les inventifs, feront fortune considérable [1] :  Jean Jaurès déclarait que cela «  prouve combien est défectueux un mécanisme qui peut ainsi accumuler aux mains d’une seule personne une fortune inouïe... », et ce, au détriment des commerces traditionnels, des fournisseurs, de l'industrie française, des ouvriers, des employés et du consommateur. Et il est remarquable de constater que les critiques d'hier, de plus d'un siècle, peuvent s'appliquer sans peine aux groupes de la grande distribution d'aujourd'hui. 


Le monde selon Disney ou la fin de la ville publique ?



Hacène Belmessous
journaliste et chercheur indépendant
avril 2009

Si peu de gens connaissent ce microcosme, tous ont entendu parler d’Eurodisney. Ce n’est pas un hasard : l’entreprise américaine se trouve, dans tous les sens du terme, au centre de cette ville d’un nouveau genre. C’est elle qui, pour l’essentiel, lui a donné sa forme actuelle. C’est elle aussi qui a déterminé les modalités de la coexistence sociale sur l’ensemble de son territoire. Jamais peut-être une entreprise de loisir n’aura été au coeur d’un processus d’ingénierie urbaine à si grande échelle. On aurait pourtant tort d’y voir l’oeuvre exclusive de forces marchandes. Rien de tout cela n’eût été possible sans la complicité active d’un Etat fort, capable de payer tous les équipements, de déroger au droit commun, voire de renflouer indirectement l’entreprise lorsque celle-ci s’est avérée déficitaire. Nulle part en Europe ne pouvaient être aussi étroitement combinés les trois ingrédients indispensables à la conduite de cette aventure : une position géographique centrale, une économie de marché accueillante et un Etat puissant.


LONDRES 2012 | Jeux Olympiques


London | 2012

On ne peut pas séparer le sport de la logique compétitive imposée aux êtres humains. A l'affrontement sportif correspond la lutte pour la survie, le "struggle for life" du capitalisme.

Les Jeux Olympiques contemporains sont sous stéroïdes, commente le quotidien anglais The Guardian :
« Ils reflètent les changements du monde moderne : des inégalités toujours grandissantes, la montée en puissance des multinationales, l’escalade du complexe de la sécurité domestique et la transition vers des styles de gouvernement plus autoritaires largement obsédés par l'attention mondiale et le prestige de spectacles médiatiques ».

Les Gares... marchandises





Garder les gares telles qu’elles sont. Leur laideur assez émouvante
ajoute beaucoup à l’ambiance de passage qui fait le léger attrait de ces
édifices. Gil J Wolman réclame que l’on supprime ou que l’on fausse
arbitrairement toutes les indications concernant les départs
(destinations, horaires, etc.). Ceci pour favoriser la  dérive. Après un
vif débat, l’opposition qui s’était  exprimée renonce à sa thèse, et le
projet est admis sans réserves. Accentuer l’ambiance sonore des gares
par la diffusion d’enregistrements provenant d’un grand nombre
d’autres gares – et de certains ports.

POTLATCH 
Bulletin d’information de l’Internationale lettriste. 
Mensuel. 
N° 23 – 13 octobre 1955 

Le phénomène de la marchandisation des espaces publics est observé depuis des décennies, critiqué par l'universitaire Marcel Roncayolo, admis par l'architecte Rem Koolhaas, le constat est évident : la progression des surfaces dédiées au commerce prend des proportions inquiétantes dans les coeurs mêmes des édifices publics. Le simple souterrain qui reliait la station de métro Hôtel de Ville au Bazar de l'Hôtel de Ville, à Paris, première manifestation d'un nouveau type d'urbanisme commercial moderne devint dans les années 1970, le gigantesque complexe souterrain du Forum des Halles ; le summum, en France, d'un espace public dédié autant aux transports en commun qu'à l'activité commerciale. L'un soutenant l'autre. 


Gare du Nord : La fabrique du non-lieu


 Julia Z 

Gare du Nord : La fabrique du non-lieu 

Article paru sur le site Article 11


Gare du Nord, froid polaire. Le lieu vaut parfaite illustration d’une déshumanisation clinique, mêlant modernité urbaine, contrôle social et transit de masse. En ce qu’elle montre et exhibe, en ce qu’elle tait et induit aussi, la Gare du Nord dit beaucoup sur notre monde. Julia Z s’est penchée sur le sujet, sillonnant les lieux pour mieux les décrypter.

Gares de Paris : nouveaux espaces de consommation


Claude Monet, gare St Lazare, 1877 - AREP, gare St Lazare, 2011


Concevoir un espace de transit et de consommation : 
des modèles de gestion de site dans les gares parisiennes.


La transformation de trois grandes gares parisiennes, par la diversification de leurs activités et l’intégration plus poussée d’une offre commerciale, impose une réflexion sur la gestion de ces sites, devenus polyfonctionnels. Comment articuler deux logiques, de transit et commerciale, parfois contradictoires ? L’article analyse une gestion de site qui cible des individus à la fois voyageurs et consommateurs.


Hélène DANG VU
Hubert JEANEAU
Espaces et sociétés
2008/4 (n° 135)

Rénovées, nettoyées, transformées, les gares françaises sont au coeur de grands projets de requalification urbaine et tendent à se détacher de l’image détériorée et peu sécurisante qu’elles ont véhiculée. Ce changement est directement lié à l’attitude de la SNCF vis-à-vis de ses voyageurs, qui sont passés ces quinze dernières années, du statut d’utilisateurs à celui de clients de la compagnie et peut-être finalement de voyageurs-consommateurs [1]. Associer transport et consommation permet, pour le voyageur, de gagner du temps en réalisant ses achats pendant son trajet, d’occuper son temps d’attente, et pour la SNCF de diversifier ses activités, de se moderniser, et de trouver de nouvelles manières de financer l’entretien et la gestion de ses gares.