Raymond DEPARDON | La France
PRÉCISIONS A PROPOS
DE L'URBANISME COMMERCIAL
EN FRANCE
No parking,
no business.
Empilez
haut et vendez bas.
Supprimez des vendeurs, spécialement ceux qui ne sont que des tueurs de vente ; remplacez-les par des pancartes. La pancarte est le meilleur vendeur : vous ne la payez qu’une fois et elle ne prend pas de vacances.
Supprimez des vendeurs, spécialement ceux qui ne sont que des tueurs de vente ; remplacez-les par des pancartes. La pancarte est le meilleur vendeur : vous ne la payez qu’une fois et elle ne prend pas de vacances.
Bernardo
Trujillo | 1950 -1960
Fleurons de l'industrie française, les groupes de la grande distribution ont pu bénéficier, et bénéficient encore aujourd'hui, de la bienveillance de l'Etat, malgré des lois restrictives (notamment en matière d'urbanisme et d'environnement) : il en aurait pu être autrement pour expliquer un constat jugé "alarmant" par... l'Autorité de la concurrence :
En France, 62 % du chiffre d’affaires du commerce se réalisent en périphérie, contre 25 % en centre-ville et 13 % dans les quartiers. Dans les cas extrêmes, la périphérie capte jusqu’à 80 % du marché [Source AdCF, 2012]. Le commerce périphérique étant, bien sûr, constitué quasi exclusivement, de parcs ou zones commerciales, de centres commerciaux, et d'hypermarchés. L’Allemagne présente une configuration qu'il est inutile de qualifier d'équilibrée : 33 % en périphérie, 33 % en centre-ville, 33 % dans les quartiers. A Paris*, l'on observe l'inquiétante domination des deux principaux groupes de la grande distribution, Casino et Carrefour ayant accaparé 80 % de la surface de distribution (70 % du marché), dont 62 % par les enseignes Casino (Monoprix, Franprix, Casino, etc.). Des cas identiques se produisent dans certaines villes de province.
La périphérie "saturée" (à 62 %) d'hypermarchés et de centres commerciaux, n'intéresse plus autant qu'auparavant les groupes de la grande distribution : à présent, il s'agit de s'attaquer aux centres-villes. Une stratégie (de la stratégie militaire de Mao-Zedong : contrôler les campagnes et encercler les villes...) plus que facilitée par les grandes opérations d'urbanisme de requalification de quartiers de centre-ville : les zones piétonnes-marchandes s'étendent, contraignant voire interdisant - comme à Paris - les déplacements en automobile, et l'inévitable hausse des loyers chasse de ces zones franchisées, les commerces indépendants traditionnels. Le terrain est, pour ainsi dire, mis à disposition pour que les grands groupes de la distribution investissent en toute quiétude la ville, comme ils ont massacré, jadis, la périphérie, avec le consentement du politique.
Un article de Yann Tanguy, au titre évocateur, Quand l'argent fait la loi, le cas de l'urbanisme commercial, accusait une corruption quasi institutionnalisée, admise publiquement (le député Jean-Louis Masson défia ses collègues parlementaires de venir déclarer que leur formation politique n'avait pas reçu d'argent par ce « canal »), et il proposait aux législateurs, à défaut de légiférer efficacement, d'intituler les lois concernant le commerce et l'artisanat : « Loi sur le financement complémentaire des partis politiques. »
En France, 62 % du chiffre d’affaires du commerce se réalisent en périphérie, contre 25 % en centre-ville et 13 % dans les quartiers. Dans les cas extrêmes, la périphérie capte jusqu’à 80 % du marché [Source AdCF, 2012]. Le commerce périphérique étant, bien sûr, constitué quasi exclusivement, de parcs ou zones commerciales, de centres commerciaux, et d'hypermarchés. L’Allemagne présente une configuration qu'il est inutile de qualifier d'équilibrée : 33 % en périphérie, 33 % en centre-ville, 33 % dans les quartiers. A Paris*, l'on observe l'inquiétante domination des deux principaux groupes de la grande distribution, Casino et Carrefour ayant accaparé 80 % de la surface de distribution (70 % du marché), dont 62 % par les enseignes Casino (Monoprix, Franprix, Casino, etc.). Des cas identiques se produisent dans certaines villes de province.
La périphérie "saturée" (à 62 %) d'hypermarchés et de centres commerciaux, n'intéresse plus autant qu'auparavant les groupes de la grande distribution : à présent, il s'agit de s'attaquer aux centres-villes. Une stratégie (de la stratégie militaire de Mao-Zedong : contrôler les campagnes et encercler les villes...) plus que facilitée par les grandes opérations d'urbanisme de requalification de quartiers de centre-ville : les zones piétonnes-marchandes s'étendent, contraignant voire interdisant - comme à Paris - les déplacements en automobile, et l'inévitable hausse des loyers chasse de ces zones franchisées, les commerces indépendants traditionnels. Le terrain est, pour ainsi dire, mis à disposition pour que les grands groupes de la distribution investissent en toute quiétude la ville, comme ils ont massacré, jadis, la périphérie, avec le consentement du politique.
Un article de Yann Tanguy, au titre évocateur, Quand l'argent fait la loi, le cas de l'urbanisme commercial, accusait une corruption quasi institutionnalisée, admise publiquement (le député Jean-Louis Masson défia ses collègues parlementaires de venir déclarer que leur formation politique n'avait pas reçu d'argent par ce « canal »), et il proposait aux législateurs, à défaut de légiférer efficacement, d'intituler les lois concernant le commerce et l'artisanat : « Loi sur le financement complémentaire des partis politiques. »
La lecture est réservée
à nos donateurs.
Renseignements :
akorsyul@gmail.com
Remarquable document de synthèse, merci !
RépondreSupprimerMerci pour ce beau recueil de l'histoire du commerce :)
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