L’altro mondo club, Rimini |
Les jeunes avant-gardes de l'architecture "radicale" des années 1960, opposeront à la société considérée aliénée, le dé et re-conditionnement des individus, proposant autant de pilules architecturales "immatérielles" psychotropes - c'est-à-dire des antidépresseurs architecturaux -, que de nouveaux environnements multi et ultra sensoriels, destinés à opérer un lavage de cerveau bénéfique, capables de procurer à l'utilisateur-acteur un maximum de bonheur, et au-delà, de favoriser de nouvelles pratiques sociales émancipatrices. Des projets et des expérimentations placés sous le double signe, pour certains concepteurs, d'un marxisme régénéré et d'alternatives distractives désaliénantes. Dans ce cadre la discothèque occupe une place particulière dans leurs recherches, ponctuées de rares réalisations.
Carlotta
Darò
Night-clubs
et discothèques : visions d’architecture
Intermédialités
: histoire et théorie des arts, des lettres et des techniques
n° 14 | 2009
Dans cet article, je souhaite avancer l’idée que le night-club et la discothèque représentent, au cours des années 1960 et au début des années 1970, bien plus qu’un programme architectural. Pour la néo-avant-garde de cette période, certains projets voués au divertissement musical assument un rôle central dans leur recherche stylistique et fonctionnelle, et constituent dans certains cas l’image d’une inspiration idéologique. La discothèque symbolise une manière de penser l’espace architectural et d’organiser la ville. Le choix certainement non exhaustif des travaux qui vont suivre trace une progression autant au niveau de l’échelle représentée, que dans l’implication idéologique des projets.
D’après l’Oxford English Dictionary, une première trace d’utilisation du terme night-club apparaît en 1871, dans l’Appletons’ Journal, pour décrire un club londonien nocturne avec salle de billard. Au fil du temps, le terme désigne tout local de nuit offrant en particulier un environnement musical. En anglais, le substantif a assumé aussi une valeur de verbe – to nightclub – indiquant la forme de divertissement associé à ce lieu. Night-club a été par la suite emprunté par d’autres langues dont le français. L’étymologie du terme discothèque, quant à elle, vient de l’assemblage de disco et thèque. Ce mot entra dans l’usage, d’après Le Petit Robert de la langue française, en 1928, pour désigner une collection de disques. Ce n’est que vers les années 1960, toujours d’après la référence française, que cela désigne aussi un lieu de réunion où l’on peut danser au son d’une musique enregistrée 2. Le terme a été, pour sa part, adopté par la langue anglaise. Ainsi, on retrouve plus précisément trace de son usage, d’après l’Oxford English Dictionary, dans un numéro du New Yorker de 1954 mentionnant des night-clubs de Saint-Germain-des-Prés, à Paris, où une musique pour danser était jouée par des phonographes. Le juke-box, machine qui fait automatiquement jouer des disques, était aussi utilisé dans ces premiers lieux de diffusion musicale enregistrée. Par ailleurs, l’utilisation du terme discothèque pour désigner la boîte de nuit coïncide avec un moment particulier d’éclosion de plusieurs de ces lieux. La « disco » devient un lieu de rencontres et une pratique de divertissement très à la mode, notamment parmi les noctambules des sixties.
D’après l’Oxford English Dictionary, une première trace d’utilisation du terme night-club apparaît en 1871, dans l’Appletons’ Journal, pour décrire un club londonien nocturne avec salle de billard. Au fil du temps, le terme désigne tout local de nuit offrant en particulier un environnement musical. En anglais, le substantif a assumé aussi une valeur de verbe – to nightclub – indiquant la forme de divertissement associé à ce lieu. Night-club a été par la suite emprunté par d’autres langues dont le français. L’étymologie du terme discothèque, quant à elle, vient de l’assemblage de disco et thèque. Ce mot entra dans l’usage, d’après Le Petit Robert de la langue française, en 1928, pour désigner une collection de disques. Ce n’est que vers les années 1960, toujours d’après la référence française, que cela désigne aussi un lieu de réunion où l’on peut danser au son d’une musique enregistrée 2. Le terme a été, pour sa part, adopté par la langue anglaise. Ainsi, on retrouve plus précisément trace de son usage, d’après l’Oxford English Dictionary, dans un numéro du New Yorker de 1954 mentionnant des night-clubs de Saint-Germain-des-Prés, à Paris, où une musique pour danser était jouée par des phonographes. Le juke-box, machine qui fait automatiquement jouer des disques, était aussi utilisé dans ces premiers lieux de diffusion musicale enregistrée. Par ailleurs, l’utilisation du terme discothèque pour désigner la boîte de nuit coïncide avec un moment particulier d’éclosion de plusieurs de ces lieux. La « disco » devient un lieu de rencontres et une pratique de divertissement très à la mode, notamment parmi les noctambules des sixties.
Le
Piped
Environment introduit
une réflexion sur le progrès de la technologie audio et son impact
sur la perception des usagers. La recherche sur les Piper
témoigne
d’une curiosité pionnière de la part des architectes « radicaux
» italiens pour des programmes novateurs dans l’enseignement de
l’architecture comme le night-club.
D’autres exemples de discothèques multimédias témoignent de
l’attrait pour ces programmes de la part d’artistes intéressés
par la construction d’environnements à sensations. Enfin, deux
projets visionnaires de villes empruntent des images relatives aux
discothèques pour repenser idéalement la structure de la société.
L’ensemble de ces travaux illustre comment l’acte de bâtir, à
partir de ces recherches, n’aboutit pas à un résultat formel
figé, mais plutôt à une succession d’expériences et de
stimulations perceptives. Au-delà de son aspect formel,
l’architecture de ces projets expérimentaux est caractérisée par
la construction d’atmosphères artificielles changeantes par
l’intermédiaire de dispositifs technologiques et d’effets
environnementaux. Cette transposition du rôle de l’architecture de
l’objet bâti à l’expérience vécue transforme immanquablement
le rôle de l’usager. D’objet réceptif plongé dans des
environnements multimédias, il devient, dans les dernières visions
urbaines qui vont suivre, le principal aménageur des lieux qu’il
habite.
PIPED
ENVIRONMENT
It
seems to have all started with Bell, Baird, Faraday, and the rest,
although I doubt if they had thought of it in this way. What they did
was to discover the facilities which have led to the Piped
Environment. The immediacy of electrical response gave independence
from the sun for light and heat and freed up many other situations in
which the time lag of reaction had become an embarrassing
restriction. Then the transmission of sound for communication made
for an infinite expansion of the available information and exchange
services 3.
Pour
Denis Crompton, un des membres du groupe d’architectes anglais
Archigram 4, le Piped
Environment fit
son apparition au temps de la génération de ses parents, à
l’époque de l’invention des systèmes d’enregistrement et de
diffusion sonores. À l’origine, la musique enregistrée était
transmise par radio ou par ligne téléphonique. Elle créait un
environnement individuel hautement personnalisé, qui ne s’imposait
pas aux autres s’ils n’étaient pas branchés à ces dispositifs.
Dès que les amplificateurs et les haut-parleurs furent inventés,
cette qualité d’écoute individuelle déclina, nous plongeant dans
un monde d’excès sonores collectifs 5. L’utilisation des
écouteurs, ou l’écoute individuelle, fit son retour, toujours
selon Crompton, avec l’invention des radios transistor portables.
« The
astronaut cult so that the hi-fi man can now sit in oblivion
extending himself in full frequency stereo sound without including
the block in his experience 6.»
En
1972, quand le texte The
Piped Environement fut
publié, le walkman n’avait pas encore été inventé, mais la
technologie était prête à laisser Crompton imaginer une immersion
dans des environnements sonores portatifs. En 1979, quand Sony
produit le TPS
L2,
le premier modèle de walkman, le « culte de l’astronaute »
devient une réalité à succès, et l’écoute individuelle et
mobile, une pratique de tous les jours. Crompton, comme tous les
membres d’Archigram, croyait dans le potentiel offert par la
technologie pour repenser le rôle de l’architecture et de la
ville. Plus qu’un objet physique, l’architecture désignait la
construction d’environnements, et l’environnement, l’extension
de l’expérience humaine. La technologie représentait donc cette
possibilité d’extension de l’expérience humaine. « If the
environmental business is concerned with the extension of man’s
experience then the means of achieving this is by pushing current
technology 7. »
Depuis
l’avènement de la modernité, les architectes ont considéré le
progrès technologique comme une possibilité de s’affranchir de la
domination de la nature. Comme l’affirme Crompton, l’électricité
a offert l’autonomie vis-à-vis du soleil pour l’alimentation en
lumière et en chaleur, mais elle a aussi contribué, avec
l’invention des systèmes d’enregistrement, à abolir les
barrières spatiales et temporelles qui limitent la transmission du
son. Grâce à la technologie électroacoustique, le son, comme la
musique, n’est plus juste l’effet instantané d’un mouvement
mécanique, mais aussi un phénomène reproductible à travers
l’espace et le temps 8. Plusieurs conséquences se dégagent de
cette révolution technologique, mais ce qui frappe avant tout, c’est
que la pratique de l’écoute musicale devient progressivement une
constante de tous les jours. Haut-parleur, amplificateur, radio,
stéréo : grâce à ces objets, la musique s’insinue dans la
maison, au bureau, au supermarché ou dans l’ascenseur, sans plus
besoin d’une performance en temps réel. De plus, l’écoute de
différents genres de musique populaire devient, au cours du 20e
siècle, une activité répandue qui n’appartient plus uniquement
au cercle des habitués du concert. Des lieux comme le nightclub
et
la discothèque accueillent cette forme de divertissement très
appréciée des amateurs du monde de la nuit.
PIPER
À
l’origine de la néo-avant-garde « radicale », au moment des
dernières années de formation à la faculté d’architecture de
Florence, les étudiants – futurs architectes « radicaux » 9 –
avaient suivi un cours particulièrement significatif pour les idées
qui allaient se développer par la suite. Dans un contexte
d’enseignement très académique, comme celui de l’Université de
Florence, et en particulier dans la période qui précède 1968, le
professeur Leonardo Savioli organisa un studio de projet
d’aménagement d’intérieur sur le thème du « spazio
di coinvolgimento »
– traduisible en « espace de participation » – pendant l’année
1966-1967 10.
Fig.
1 : Bellini, Musetti et Pedrini, projet d’étudiants réalisé dans
le cadre du cours du professeur Leonardo Savioli « Spazio di
Coinvolgimento » (1966-1967), dans Leonardo Savioli et Adolfo
Natalini « Spazio di coinvolgimento », Casabella,
n°
326, juillet 1968, p. 35.
Les
jeunes diplômés Adolfo Natalini et Paolo Deganello, respectivement
futurs membres des groupes Superstudio et Archizoom 11, assistèrent
Savioli, et les architectes Pietro Derossi – futur membre du groupe
Strum 12 – et Maurizio Sacripanti participèrent au projet en tant
que critiques extérieurs. Parmi les différents programmes dédiés
à la distraction et au divertissement, un thème fut
particulièrement exploré, celui des Piper.
Piper
vient
du nom d’un local – Piper
Club – qui
ouvrit ses portes à Rome en 1965 et devint mythique pour les adeptes
de la « dolce
vita »
locale 13. Situé dans un ancien cinéma, le Piper
Club s’inspirait,
dans son style et sa programmation musicale, de la scène beat
anglaise.
Des oeuvres pop d’Andy Wharol, Claudio Cintoli et Mario Schifano
étaient exposées aux murs du local, et une lumière stroboscopique
était projetée sur la piste de danse.
Plusieurs
stars italiennes et internationales vinrent s’exhiber dans ce
berceau de la mondanité romaine. Cet exemple devint très vite un
modèle, inspirant une production de projets particulièrement
inventifs. La recherche de flexibilité spatiale était au coeur de
l’intérêt de Savioli pour les Piper.
Les étudiants étaient, à cette époque, très informés des
développements de la culture pop anglaise, et notamment de la
production de leurs confrères Archigram. Ils empruntèrent, d’une
part, le principe d’utilisation de la technologie comme icône
fonctionnelle, esthétique, et force motrice du projet, et d’autre
part, une méthode de composition dégagée de la question de
l’échelle. Dépaysement, translation de l’échelle, assemblage,
montage, décomposition sont les méthodes qui étaient adoptées
pour composer des modèles-objets qui se posaient eux-mêmes comme
des « objets pop finis », avant même de renvoyer à une possible
réalisation concrète 14. On retrouve dans leurs projets d’études
un vocabulaire commun aux architectes pop anglais constitué de
structures réticulaires, coques subtiles, membranes et volumes
pneumatiques. Très peu de temps après cette année de recherche à
l’université, certains des participants au cours ont été amenés
à répondre à de véritables commandes de night-clubs dans
différentes villes d’Italie.
Fig. 2 : Pietro Derossi et Giorgio Ceretti, L’altro mondo club, Rimini (Italie, 1967), dans « Divertimentifici », Domus, n° 458, janvier 1968, p. 18.
En
1968, la revue Domus
publie
specifici dell’architettura : un article intitulé «
Divertimentifici 15 » –
traduisible
en Divertissementeries – sur deux nouveaux projets réalisés : le
Piper-Pluriclub
de
Turin et l’Altro
Mondo Club de
Rimini, des architectes Pietro Derossi – qui assista Savioli lors
du cours mentionné ci-dessus – et Giorgio Ceretti, lui aussi futur
membre du groupe Strum. Les deux clubs étaient conçus sur le
principe d’une boîte conteneur d’ambiances changeantes et
modulables en fonction des nécessités, qui pouvaient aller de la
clientèle à la programmation offerte. Dans un espace rectangulaire,
le volume pouvait être plusieurs fois modifiable grâce à la
présence d’équipements mobiles. Les chaises, les cimaises, les
tours de soutien d’équipements techniques étaient toutes posées
sur des roues et, au besoin, déplacées. Au lieu de proposer des
espaces fixes, ces lieux étaient pensés comme des « machines
sonores », comme on les avait dénommés. Du théâtre à
l’exposition d’art, en passant par le concert et la « disco »,
ces espaces accueillaient différents types d’événements. Du
beat au hippy, cette architecture, aussi définie comme « swinging
»
(sic),
répondait rapidement aux styles et aux modes du moment.
En
1969, le groupe Superstudio réalise le Mach
2 dans
une vieille cave auparavant inondée de Florence 16. L’idée de
boîte fermée de l’extérieur et conteneur d’effets
atmosphériques – sons, lumières, vapeurs – est ici poursuivie.
Carrément enterré, le volume intérieur était traversé par un
réseau d’implantations visibles. Câbles, ampoules et
haut-parleurs marquaient l’identité du projet en exaltant son
infrastructure technique. Citant l’exemple d’un sous-marin devenu
mythique dans l’imaginaire de l’époque – le Yellow
Submarine des
Beatles (1968) –, le projet était défini par le groupe comme un
conte de lumières colorées qui se réfléchissaient sur les
surfaces de la céramique noire posée au sol et sur les hublots en
miroir 17. Le milieu pop musical anglais devenait une des références
pour ce mouvement d’architectes qui souhaitaient libérer Florence,
ou bien ce berceau de la culture classique, du poids de l’histoire.
D’ailleurs, la terrible inondation de 1966, qui dévasta beaucoup
d’oeuvres d’art de la ville, avait été interprétée par
certains comme le signe représentatif d’un tournant radical qui
poussait à chercher des repères plutôt vers d’autres horizons
que vers les monuments du passé 18.
L’ART
EN « BOÎTE »
Si ces
premiers projets impliquaient le plus souvent la présence d’une
performance musicale, rentrant plutôt dans la catégorie des
night-clubs, la discothèque proprement dite remplace définitivement
la présence humaine des musiciens par une diffusion de musique
enregistrée, tout au plus réglée et manipulée par une nouvelle
figure légendaire, celle du disc-jockey orchestrant les boutons
d’une platine. La discothèque, en français appelée aussi «
boîte de nuit » ou « boîte », est un lieu de stimulations
sensorielles par des systèmes de contrôle de l’environnement. Ces
ambiances artificielles sont produites à l’intérieur d’une
enveloppe close par des réseaux d’équipements techniques qui
génèrent lumière, son, et contrôlent la circulation d’air.
Fig. 3 : Superstudio, Mach 2, Florence (Italie, 1968), dans « Superstudio : The architetture nascoste », Domus, n° 473, avril 1969, p. 29.
Un autre projet, fruit de la recherche néo-avant-gardiste, cette fois-ci américaine, vient démontrer la puissance de l’image de la discothèque comme source d’inspiration. Le Pavillon Pepsi a été construit à Osaka lors de l’Exposition universelle de 1970, manifestation particulièrement significative en matière d’expérimentation technologique et d’application à l’architecture.
Le vice-président marketing pour la firme Pepsi, David Thomas, invita Experiments in Art and Technology et le propriétaire d’une célèbre discothèque new-yorkaise de l’East Village – Electric Circus – à déposer leurs propositions respectives pour le pavillon qui, selon son souhait, devait incarner une sorte de « grande discothèque multimédia ». Le projet retenu a finalement été celui d’E. A. T. Fondé en 1966, par les ingénieurs Billy Klüver – ancien ingénieur chez Bell Telephone Labora tories – et Fred Waldhauer, et les artistes Robert Rauschenberg et Robert Whitman, E. A. T. combinait l’art et la science pour la création d’espaces et d’installations ouvertes au public.
Le vice-président marketing pour la firme Pepsi, David Thomas, invita Experiments in Art and Technology et le propriétaire d’une célèbre discothèque new-yorkaise de l’East Village – Electric Circus – à déposer leurs propositions respectives pour le pavillon qui, selon son souhait, devait incarner une sorte de « grande discothèque multimédia ». Le projet retenu a finalement été celui d’E. A. T. Fondé en 1966, par les ingénieurs Billy Klüver – ancien ingénieur chez Bell Telephone Labora tories – et Fred Waldhauer, et les artistes Robert Rauschenberg et Robert Whitman, E. A. T. combinait l’art et la science pour la création d’espaces et d’installations ouvertes au public.
Le
Pavillon Pepsi était constitué d’un dôme de 120 m de diamètre à
l’extérieur et 90 m à l’intérieur, conçu par l’architecte
John Pearce et construit par la firme d’architectes-ingénieurs
Takanata Komunten. Un groupe d’artistes ont collaboré à sa
conception et à sa réalisation suivant le concept promu par Robert
Rauschenberg : la création d’une expérience multisensorielle par
un « environnement invisible ». La liste des personnes ayant
participé à la réalisation du projet est interminable et comprend
plus d’une quarantaine d’ingénieurs ainsi qu’une vingtaine
d’artistes. Une synergie exceptionnelle de compétences au service
d’une expérience totalisante pour le spectateur.
Fig. 4 : Experiments in Art and Technology, Pavillon Pepsi (Osaka, 1970), dans Billy Klüver, Julie Martin et Barbara Rose, Pavillon, New York, E. P. Dutton, 1972, p. 248.
Différents
éléments composaient cet environnement 19. La Fog
Sculpture de
la sculptrice Fujiko Nakaya était un brouillard provoqué par des
vapeurs d’eau qui enveloppaient le pavillon ; le Suntrack
de
Forrest Myers était une image triangulaire projetée sur le toit du
pavillon qui suivait le trajet du soleil ; les sept Floats
de
Robert Breer étaient des sculptures flottantes qui se déplaçaient
sur la Plaza, à travers le brouillard, grâce à un système de
roues pivotantes cachées, en émettant des sons. Le Light
Frame de
Forrest Myers était composé de quatre perches verticales délimitant
les quatre coins de la Plaza, au bout desquelles des faisceaux
lumineux de xénon créaient des jeux de lumière. Le tunnel incliné
de l’entrée, pour sa part, était constitué de treize sections
fabriquées avec des matériaux différents – de l’asphalte à la
pelouse – et à l’intérieur, la Clam
Room –
en forme de coquille de palourde – était composée d’un plancher
mou et diffusait des rayons laser de lumières multicolores sur le
spectateur. Au centre, le Miroir,
une sphère dont les parois étaient composées d’une fine
pellicule de Melinex qui était soutenue par un système d’air à
propulsion. L’image du spectateur et du lieu était projetée sur
ces parois, créant une sensation de flottement. Enfin, un dispositif
d’écoute était fourni à chaque spectateur : il procurait une
variété de sons saisissants selon l’endroit de la déambulation
et en fonction des différents matériaux posés au sol. L’ensemble
des effets sonores avait été créé par David Tudor, en
collaboration avec Robert Whitman. Un système constitué de
trente-sept haut-parleurs, alimenté par trente-deux différentes
entrées et géré par un panneau de contrôle général, créait
techniquement plusieurs expériences sonores à partir de trois
principes perceptifs :
1. La
ligne sonore : un signal qui bougeait d’un haut-parleur à un autre
à une vitesse de 1/3 de seconde.
2. Le
point sonore : un seul signal émis par un haut-parleur placé à un
point spécifique du dôme.
3.
L’immersion : ou le son environnemental, des signaux provenant de
partout 20.
Dans
un bain de différentes sensations, le voyage du spectateur à
l’intérieur du pavillon restait marqué par une série
d’expériences changeantes et éphémères. Pour Billy Klüver, le
pavillon était une oeuvre d’art par son unité et son intégrité.
« The Pavilion was a work of art with its unity and integrity, as
well as a new unexplored theatre and concert space, a recording
studio for multichannel compositions and a field laboratory for
scientific experiments 21. »
Du
point de vue de l’architecte, John Pearce, les artistes s’étaient
déclarés dès le début « anti-Expo », et affirmaient que le
meilleur pavillon serait un non-pavillon : « An ideal solution would
have been a pavilion that could disappear 22. » Plusieurs
propositions physiques, raconte l’architecte, avaient alors été
faites pour répondre à cette idée de disparition, comme des
entrées trous, des fontaines d’eau et des jeux de lumière qui
auraient caché le pavillon dans sa forme et sa structure. Le rôle
de l’architecte était alors celui de gérer la circulation du
public à l’intérieur de cet espace et d’en assurer le
fonctionnement : « Service areas, public toilets, offices, etc. were
never a problem, so, consequently, they were never discussed. They
were expected to disappear and they did 23. » À l’intérieur,
relate encore Pearce, la structure de support, l’air conditionné,
le circuit électrique, etc. devaient être intégrés au projet,
l’architecte avait une liberté totale, avec une seule contrainte,
celle de ne pas modifier les intentions des artistes. Entre
l’ingénierie et l’art, l’architecte devenait ainsi une sorte
d’interface de communication et son oeuvre, un objet absolument
invisible. Le Pavillon Pepsi, tout entier, est alors un lieu
d’expérience pour le spectateur. La lumière, le son et la
sensation tactile définissent cet environnement spécifique ; ils
remplacent enfin l’architecture bâtie.
La
discothèque a été le lieu de diverses expériences sensorielles
menées par d’autres artistes comme Jean-Paul Mousseau, qui, entre
1966 et 1976, réalise quatre discothèques dans la ville de Montréal
: des « boîtes à ambiance totale » réalisées par le recours au
son, à la lumière, et avec l’idée d’y ajouter des parfums 24.
Ou encore le Voom
Voom,
night-club réalisé à Saint-Tropez en 1966 par Nicolas Schöffer,
en collaboration avec l’architecte Paul Bertrand. Schöffer utilise
des dispositifs déjà existants, comme le prisme
et
le microtemps,
pour créer des effets luminodynamiques qui agissaient comme des «
massages neuronaux » sur le public. Voom
Voom n’était
pour Schöffer qu’une application à petite échelle de son idéal
urbain. En 1969, il publie un projet visionnaire de « ville
cybernétique », une extension du principe de contrôle des
environnements et de conditionnement des usagers par l’utilisation
diffuse de la cybernétique 25.
Voom Voom | Schöffer |
Le
projet de François Dallegret, en collaboration avec l’architecte
Joseph Baker, pensé en 1968 pour un fragment de ville souterraine à
Montréal, est pour sa part une proposition qui se situe entre l’idée
de boîte à distraction et un idéal urbain plus étendu 26. Palais
Métro était
un grand centre commercial auquel on pouvait accéder directement par
le métro. Une structure tubulaire d’échafaudages offrait une
grande flexibilité d’usage. Entre les magasins et les cafés,
Palais
Métro allouait
des plateformes pour différents événements et spectacles :
expositions d’art, concerts de jazz, groupes de musique
rock’n’roll, spectacles de danse, musiciens de la rue, défilés
de mode et tournages de films. Défini comme un « centre commercial
d’avant-garde » et un lieu « anti-tradition », le projet de
Dallegret, qui ne sera jamais réalisé, profite de sa localisation
souterraine et renfermée pour assimiler la ville à une méga boîte
de nuit combinant « the geometric forms and psychedelic colors of
contemporary art 27 ».
JUKE-BOX
URBAINS
Si,
d’une part, la discothèque constitua un laboratoire pratique pour
différents artistes, d’autre part, l’idéal du contrôle total
des environnements habita aussi certaines positions théoriques dans
le discours architectural. L’ouvrage de Reyner Banham, The
Architecture of the Well-Tempered Environment,
est à ce propos une référence fondamentale pour comprendre la
quête d’une conjonction progressive entre la notion d’architecture
et celle d’environnement contrôlé, notamment en ce qui concerne
le climat 28. Banham propose une lecture de la modernité du point de
vue de la technique et s’éloigne de toute interprétation
stylistique du fonctionnalisme en architecture. Pour le critique
britannique, certaines figures du panorama américain, comme Frank
Lloyd Wright et Louis Kahn, utilisèrent la technique comme
génératrice du projet, dans la forme comme dans l’usage,
désignant la vraie face de l’architecture moderne.
Fig.
5 : François Dallegret, Palais
Metro (1967),
dans Art
in America,
n° 4, juillet-août 1968.
L’opposition, puis le passage, de la masse aux fluides, d’une architecture de la structure à une architecture de l’énergie, est l’aspect qui caractérise cette approche de l’architecture moderne dont il est, pendant les années 1960, un fervent porte-parole. La production de ses compatriotes d’Archigram était donc particulièrement chère à Banham 29. Leur recherche, qui n’atteindra jamais l’état de la réalisation, représentait une version particulièrement « festive » de son attachement à la technologie. Pour revenir plus spécifiquement au centre du sujet, le night-club, ou la discothèque, est parfois représenté dans les projets d’Archigram, mais ce qui devient plus significatif dans le travail du groupe, c’est que la ville en ellemême se révèle par certains aspects une sorte de « boîte » à grande échelle. Le projet d’Instant City (1968) est sans doute l’exemple le plus éloquent. Constitué d’un système d’équipement multimédia transportable par un dirigeable et des camions, Instant City vient se greffer sur un centre urbain préexistant pour faire goûter aux habitants les bénéfices d’une métropole dynamique équipée d’un dense réseau d’information entre différentes communautés, mais aussi en lien direct avec la localité d’accueil. Des structures pneumatiques et des tentes supportent un système audiovisuel et des équipements d’éclairage électrique.
Fig.
6 : Archigram, Instant City,
1968.
Les
Audio-Visual
Juke Box sont
des machines qui permettent aux habitants de se brancher sur un
environnement choisi parmi une gamme de programmes audiovisuels. Il
s’agit de robots capables de conditionner l’environnement selon
la volonté des usagers. Ces machines descendent d’autres
dispositifs prototypes, réalisés à Oslo en 1969, et appelés Soft
Scene Monitor. À
l’intérieur d’une cabine fermée, le public était assis dans un
fauteuil confortable et immergé de tous les côtés dans un
environnement audiovisuel sélectionné par ses soins. Par une sorte
de télécommande insérée dans l’accoudoir du fauteuil, il
choisissait ses préférences. L’image du juke-box renvoie à
l’idée du divertissement musical, mais aussi au principe d’une
multiplicité de choix offerts à l’usager. Le contrôle des
environnements n’est pas imposé par un régisseur, ou bien par un
disc-jokey – ou dans ce cas par l’architecte –, mais il vient
du bas, du souhait de l’habitant. Instant
City, avec
ses dispositifs, représente une sorte d’interface technologique
qui offre la possibilité de communiquer, de s’informer et de se
divertir librement.
Le
même souci social habite, de manière encore plus décisive, le
projet de New
Babylon sur
lequel l’architecte situationniste Constant Nieuwenhuis travaille
de 1956 à 1974. Ce projet de ville part d’une position tout
d’abord politique. L’Homo
ludens –
nom de baptême de l’habitant de New
Babylon –
ne doit plus être contraint par une définition statique des espaces
qu’il occupe. À la différence de l’homme de la société
actuelle, essentiellement utilitariste, le New-Babylonien
habite
dans une société ludique et mobile où toute relation sociale doit
être libre et variable. Cette souplesse idéologique se reflète en
architecture par un système d’urbanisme unitaire, fruit d’une
créativité changeante et collective. Une grille continue, ou
macrostructure, occupe de façon régulière la totalité de la
surface terrestre, à la façon d’un échafaudage horizontal, et
est indépendante de toute intention esthétique. À l’intérieur,
on retrouve des secteurs – des micro-ambiances – déterminés par
les usagers qui peuvent choisir leur environnement de manière
créative et variée. Le principe de ces zones fermées est
comparable à celui des « boîtes » : isolées de l’atmosphère
extérieure et gérées par un système de contrôle technologique,
elles permettent une maîtrise totale et arbitraire de l’ambiance
intérieure, en totale indépendance des conditions naturelles
existantes. Persuadé que les effets produits par un environnement
sont capables de conditionner l’état psychique de manière plus
incisive que l’aménagement spatial des lieux, Constant offre aux
habitants de New
Babylon une
complète liberté de décision. À nouveau, la technologie joue un
rôle déterminant ; sans elle, la réalisation de ce collectivisme
expérimental n’aurait en effet pas lieu. L’architecte est
remplacé par une volonté plurielle qui se sert des capacités
révolutionnaires des systèmes de contrôle des ambiances.
Dans
le discours de Constant, on retrouve étonnamment l’image du
juke-box, ce « meuble musical » qui, une fois actionné,
conditionne, stimule et divertit le New-Babylonien,
auteur de son propre environnement. Comme un jukebox pluri-sensoriel,
les ambiances de cette ville déterminent la qualité de cette
nouvelle architecture multipliée à échelle urbaine, voire globale.
À
New Babylon, la climatisation ne sert pas uniquement à recréer,
comme dans la société utilitariste, un climat « idéal », mais à
varier, dans la mesure du possible, l’ambiance. Quant à la
télécommunication, elle ne sert pas seulement, ou principalement,
des intérêts d’ordre pratique. Elle est au service d’activités
ludiques, elle est une forme de jeu. Pour mieux comprendre, prenons
l’exemple d’un café de quartier, un café bien tranquille dont
l’atmosphère s’animerait soudain quand quelque nouveau venu
aurait jeté une pièce de monnaie dans le juke-box.
À New Babylon, chacun peut, à chaque instant, où qu’il se
trouve, changer l’ambiance en réglant différemment le volume
sonore, l’intensité lumineuse, l’ambiance olfactive, la
température 30.
L’UTOPIE
DE LA DISCOTHÈQUE
En
observant cette succession de projets, on retrouve des thèmes
récurrents. L’architecture, dans la plupart des projets
mentionnés, assume son importance principalement par son
fonctionnement interne et non pas par son image extérieure. La
concentration d’infrastructures à l’intérieur des lieux de
distraction devient, à l’échelle urbaine, une macro ou
mégastructure soutenant des réseaux technologiques diffus.
L’environnement à l’intérieur de ces architectures se construit
perpétuellement, et de manière variable, avec la participation plus
ou moins directe de l’usager. Le langage de représentation utilisé
emprunte le plus souvent à l’imaginaire pop et évoque par ses
modes de fabrication la dimension du jeu et du divertissement. Ces
diverses expériences partagent donc des objectifs, des méthodes et
des expectatives communs. Mais pourquoi le night-club et la
discothèque comme objet de recherche occupent-ils une place
particulièrement cruciale au sein de la néo-avant-garde
architecturale ? Tout d’abord la mode des night-clubs et des
discothèques marque la génération des architectes concernés en
dehors de leur profession, et en tant qu’utilisateurs directs.
L’univers musical pop, puis disco, né au coeur de certains de ces
lieux légendaires, fabrique un imaginaire dans lequel ces jeunes
architectes et artistes puisent leurs références et repèrent leurs
héros. Ensuite, la place de la technologie joue sans doute un rôle
crucial. La « boîte » est proprement un lieu de concentration de
réseaux et d’infrastructures techniques. Pour la néo-avant-garde
des années 1960, le progrès technologique constituait un vaste
répertoire pour de nouvelles directions de recherche. La « boîte »
permettait d’expérimenter la création d’environnements
artificiels à une échelle concentrée. Le fonctionnement des flux
intérieurs était, dans ce type de programme, primordial par rapport
à l’aspect formel et au langage stylistique du projet. Enfin,
cette génération qui succède à la grande vague internationale du
Mouvement moderne cherche dans l’activité du divertissement une
manière de s’évader des préceptes rigides, parfois dogmatiques,
de ses pères. Dans une société qui traversait une période de
bien-être exceptionnel, comme celle des trente glorieuses,
l’industrie du plaisir occupait sans complexe ou pudeur la
créativité des nouvelles générations d’architectes. La «
société du spectacle »,
critiquée
par Guy Debord en 1967 en tant que stade achevé du système
capitaliste, était plutôt, dans cet ensemble de recherches, le
contexte pour l’affirmation de nouvelles pratiques sociales
émancipatrices.
Sans
renoncer à leur engagement politique, ces architectes et artistes
des sixties trouvèrent des nouveaux cadres – plus proches de leur
quotidien – à explorer, et poussèrent leur imagination parfois
jusqu’à l’utopie d’une société marchant au rythme d’un
tube de disco.
Nightclubbing we’re nightclubbing
We’re walking through town
Nightclubbing we’re nightclubbing
We walk like a ghost
We learn dances brand new dances
Like the nuclear bomb
When we’re nightclubbing
Bright white clubbing
Oh isn’t it wild
Iggy Pop (1977) 1
NOTES
1.
Extrait de la chanson Nightclubbing
sur
l’album The
Idiot d’Iggy
Pop.
2.
Par ailleurs, selon Jim Dawson, un night-club
appelé
La
discothèque ouvrit
ses portes, dès la fin des années 1930, dans la capitale française.
Voir Jim Dawson, The
Twist : night-clubs
et discothèques : visions d’architecture.
3.
Dennis Crompton, « The Piped Environnement » dans Peter Cook,
Warren Chalk, Dennis Crompton, David Greene, Ronald Herron et Michael
Webb (dir.), Archigram,
Londres, Studio Vista, 1972, p. 83.
4.
Fondé en 1961, le groupe Archigram est composé de Warren Chalk,
Peter Cook, Dennis Crompton, David Greene, Ron Herron et Michael
Webb.
5.
« This individual quality declined until we were all involved in the
hi-fi nut’s world of 100 watt Vorteixons and Tannoy drive units,
whether or not this was the form of extension of our experience we
were after », ibid.,
p.
83-84.
6.
Ibid.,
p. 84.
7.
Ibid.
8.
« The ease which records travel in space and time has enabled the
continual crossover and growing globalization that characterize the
post-war popular music. While not quite a “music hall without
walls,” recording technology does trespass on the borders of
neighborhood and nation. Significantly, it also traverses time :
records are now readily available and longer-standing than live music
; they efficiently distribute and preserve sound. It was in
exploiting the time and space-binding characteristics of recording
that disc cultures acquired distinction », Sarah Thornton, Club
Cultures : Music, Media and Subcultural Capital,
Londres, Verso, 1995, p. 70.
9.
Parmi les étudiants participant au cours, on peut nommer : Fabrizio
Fiumi et Paolo Galli, fondateurs du groupe 9999, Dario Bartolini,
futur Archizoom, Poli et Magris, futurs Superstudio, Carlo Bachi de
UFO, Alberto Breschi et Giuliano Fiorenzuoli cofondateurs du groupe
Zziggurat, et encore Lorenzo Barbieri, Massimo Cardini et Guido
Coggiola, personnalités importantes dans les années qui suivent.
Voir Paola Navone et Bruno Orlandoni, Architettura
« radicale »,
Segrate, Documenti di Casabella, 1974, p. 25.
10.
Leonardo Savioli et Adolfo Natalini, « Spazio di coinvolgimento »,
Casabella,
n°
326, juillet 1968, p. 32-45.
11.
Les deux groupes se forment pendant l’hiver 1966-1967. Les membres
de Superstudio étaient : Gian Piero Frassinelli, Alessandro Magris,
Roberto Magris, Adolfo Natalini et Cristiano Toraldo di Francia. Le
groupe Archizoom, quant à lui, se composait de : Andrea Branzi,
Gilberto Corretti, Paolo Deganello, Massimo Morozzi, Dario Bartolini
et Lucia Bartolini.
12.
Pietro Derossi, Giorgio Ceretti et Riccardo Rosso formèrent le
groupe Strum en 1971.
13.
Le Piper
Club naît
de la volonté des entrepreneurs Giancarlo Bornigia, Amerigo Crocetti
et Pier Gaetano Tornelli. Installé au 9 Via Tagliamento, à Rome, ce
grand nightclub connaît très rapidement un grand succès et une
réputation internationale.
14. «
L’adesione all’arte Pop del resto si manifesta, oltre che nella
scelta del repertorio formale e nel conseguente suggerimento di
precise scelte strutturali, anche nel tentativo di trasporne le
metodologie di lavoro all’interno dei procedimenti compositivi
spaesamento, traslazione di scala, assemblaggio, montaggio,
scomposizione sono dei metodi che vengono adottati per comporre dei
modelli-oggetto che si pongono essi stessi come oggetti pop finiti,
prima ancora di rinviare ad una loro possibile realizzazione concreta
», Navone et Orlandoni, 1974, p. 26.
15.
Tommaso Trini, « Divertimentifici », Domus,
n° 458, janvier 1968, p. 13-16.
16.
Superstudio, « Tre architetture nascoste », Domus,
n° 473, avril 1969, p. 18-22.
17.
Ibid.
18.
Arata Isozaki avança l’idée d’une connexion entre les deux
événements : « Alla fine del 66 ci fu l’alluvione di Firenze e
la mostra della “Superarchitettura” con cui nacquero l’Archizoom
e il Superstudio… forse gli storici dell’architettura radicale
non hanno mai meditato abbastanza su tale straordinaria concomitanza
di eventi, ma se ne con sottile intuito orientale, Arata Isozaki…
», Adolfo Natalini, Alessandro Poli et Cristiano Toraldo di Francia,
« Viaggio con la matita fra gli artefatti del mondo contadino »,
Modo,
n° 7, 1978.
19.
Une histoire du projet et la description exacte des dispositifs du
pavillon sont données par Sylvie Lacerte,
www.olats.org/pionniers/pp/eat/eat.php
(dernière consultation le 27 avril 2010).
20.
D’autres descriptions techniques et détaillées de l’ensemble
des dispositifs sont données par Elsa Garmire, « An Overview »,
dans Billy Klüver, Julie Martin et Barbara Rose (dir.), Pavilion
: Experiments in Art and Technology,
New York, E. P. Dutton & Co., Inc., 1972, p. 173-206.
21.
Ibid.,
p. xiv.
22.
John Pearce, « An Architect’s View », dans Klüver, 1972, p. 256.
23.
Ibid.,
p. 258.
24.
Pour en savoir plus sur ces réalisations, voir André G. Bourassa, «
Jean-Paul Mousseau : pour un nouvel espace scénique », Études
françaises,
vol. 34, n° 2-3, 1998, p. 125-139.
25.
Nicolas Schöffer, La
ville cybernétique,
Paris, Éditions Tchou, 1969. Schöffer publiera quelques années
plus tard un deuxième ouvrage sur sa théorie urbaine, sous un titre
qui fait clairement référence à l’oeuvre de Le Corbusier :
Nicolas Schöffer, La
nouvelle charte de la ville, Paris,
Éditions Denoël-Gonthier, 1974. Dans un entretien au sujet de Voom
Voom Schöffer
répond : « M.D. : Ne pensez-vous pas que ce complexe-loisir soit
une forme de conditionnement du public ?
S.N. :
Si. Mais c’est un conditionnement esthétique. Tous les night-clubs
sont des formes de conditionnement mais généralement par le bas. On
ne peut pas s’opposer à cette forme de loisir qui, par opposition
au loisir intellectuel, est plus propre à la détente et que
j’appellerai « loisirs sexuels », mais on peut orienter le
conditionnement, y introduire un élément esthétique. C’est ce
que j’ai essayé de faire.
M.D. :
Pourquoi avez vous réalisé cet ensemble ?
S.N.
: Par souci d’urbanisme. Il y a trois complexes d’urbanisme :
travail, repos, loisir. J’ai pu réaliser ici un complexe-loisir,
tel que je le souhaitais, sans aucune contrainte. Denise Miège et
Nicolas Schöffer, « Les merveilleux mirages de Schöffer », Arts,
17 août 1966, s.p.
26.
Joseph Baker, « Psychedelic Marketing : Palais Metro », Art
in America,
vol. 56, n° 4, juillet-août 1968, p. 92-93. Le projet Palais
Métro et
les discothèques de Jean-Paul Mousseau ont été montrés à
l’exposition Environnement
total : Montréal 1965-1975,
réalisée dans le cadre d’un séminaire de recherche de
l’Université de Montréal (et organisée par le professeur
Alessandra Ponte) qui a été présentée au Centre Canadien
d’Architecture du 19 mars au 23 août 2009.
27.
Ibid.
28.
Reyner Banham, The
Architecture of the Well-Tempered Environment [1969],
Chicago, The University of Chicago Press, 1984.
29.
Banham publie plusieurs projets d’Archigram dans son ouvrage sur la
mégastructure : Reyner Banham, Megastructure
: Urban Futures of the Recent Past,
Londres, Thames and Hudson, 1976. Le travail des étudiants de
Savioli, le projet de François Dallegret et New
Babylon sont
aussi mentionnés dans son ouvrage.
30.
Constant Nieuwenhuis, « Technologie », dans New
Babylon, Constant : art et utopie, textes situationnistes, édition
établie et présentée par Jean-Clarence Lambert, Paris, Les
Éditions Cercle d’Art, 1997, p. 96 (nous soulignons).
Carlotta Darò
Night-clubs et discothèques : visions d’architecture
Intermédialités : histoire et théorie des arts, des lettres et des techniques
n° 14 | 2009
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