Dans
la nuit du 4 au 5 juin 1977, soixante partisans du politicien et
premier ministre socialiste France-Albert René, allaient s'emparer
du pouvoir avec une étonnante facilité. Il leur aura suffit
d'attendre un voyage du président James Mancham, de prendre d'assaut
un dépôt d'armes, d'occuper les points stratégiques, dont
l'aéroport et les studios de Radio-Seychelles, et enfin d'instaurer
un couvre-feu, pour réussir une révolution “tranquille”, ayant
fait deux victimes, un partisan et un policier. Il est vrai que face
aux faibles forces de la police – le pays n'ayant pas d'armée -,
les putschistes n'ont rencontré guère de résistance pour réussir
leur révolution socialiste, plutôt bien accueillie par les classes
populaires, condamnée par les vieilles familles de colons, et
inquiétant l'État-major américain.
Les
Seychelles [1], cette «
nation de maîtres d’hôtel », néo-colonisée par les « Tous
Riches » en dialecte créole, par un tourisme prédateur,
selon les propos du camarade René, allaient devenir une
nation dirigée par un parti unique, instituant un régime que l'on
peut qualifier de social-démocratie « radicale ».
Plusieurs quotidiens du monde entier titraient ainsi à propos de la
révolution aux Seychelles :
« Lénine au paradis » ou bien « Marx
Paradise »...
Avant
que les premières mesures de libéralisation de l'économie,
imposées par les organismes internationaux en 1992, viennent
changer, mais sans le compromettre, le système social ; par la
suite, le départ volontaire de France-Albert René et l'arrivée du
président Michel en 2004, puis la crise de 2008 achèveront
complètement le socialisme « créole » seychellois,
néanmoins réélu démocratiquement en 2006 et 2011, mais reniant à
présent leurs devoirs envers les plus humbles, condamnant
l'assistanat d'hier, faisant au contraire l'apologie de la libre
entreprise, et savourant l'arrivée des investisseurs étrangers,
dont notamment ceux prodigieusement riches des Émirats Arabes Unis,
nouveaux néo-colonisateurs des temps modernes, qui entament
méthodiquement, l'exceptionnel héritage du patrimoine naturel, et culturel de ce paradis.