Les
ouvrages concernant l'urbanisme insurrectionnel, révolutionnaire
sont rarissimes. Est aujourd'hui préférée la sacro-sainte question
du Pourquoi,
au détriment du Comment,
question abandonnée à la science militaire-policière. L'ouvrage
de Chris Ealham est donc bienvenu (remercions au passage l'éditeur !), par le thème abordé, « les
aspects socio-temporels, symboliques, pratiques et spatiaux de
l’urbanisme révolutionnaire à Barcelone » et une analyse
remarquable.
Passons sur ses références au Droit
à la ville
d'Henri Lefevbre, l'étude est objective car sans complaisance
aucune, mais malheureusement bien trop courte, une centaine de pages
seulement pour un aussi vaste sujet d'étude, concernant « la
plus grande ville industrielle d'Espagne qui a connu plus de combats
de barricades que n'importe quelle autre ville du monde » comme
l'évoquait Engels dans Les
Bakouninistes en action (1873). Cette culture de l'organisation
insurrectionnelle de l'espace urbain,
cet héritage transmis de génération en génération de luttes
ouvrière et anarchiste, cette « mémoire sociale »
servira les insurgés de juillet 1936, juge ainsi Chris Ealham. Ces vaillantes et victorieuses barricades, ces comités de quartier, entre autres, seront, pouvons-nous ajouter, les derniers sérieux obstacles érigés à Barcelone contre le fanatisme du capitalisme, et le terrorisme d'Etat.