Le stade DUBAÏ du capitalisme

DUBAI, Luxe et Travailleur/ étranger

Contrairement à la légende, Dubaï n'est pas une ville champignon née de rien. Dubaï, à l'origine village de pécheurs et de contrebandiers, était au début du 20e siècle un port dynamique. La transformation de Dubaï a commencé dans les années 60. Son développement a été tributaire des événements dans la région du Golfe Persique et des conflits du Proche-Orient : la guerre civile au Liban à la fin des années 1970, la guerre Iran-Irak (1980-1988) et la guerre en Irak suite à l'intervention américaine à partir de 2003. Dubaï a acquis une extraordinaire notoriété depuis quelques années. Magazines et journaux du monde entier ne trouvent plus d’adjectifs pour qualifier le développement fantastique de cette petite cité-État de la péninsule arabique : Dubaï s’est surtout fait connaître pour ses projets architecturaux pharaoniques et ses gratte-ciels gigantesques. Dans le texte que nous publions ici, initialement publié par la New Left Review Mike Davis dresse le portrait de cette future capitale du XXIe siècle, mélange fascinant et terrifiant de capitalisme sauvage, d’absolutisme féodale et d’extravagance urbanistique, fruit de la rencontre improbable « d’Albert Speer et de Walt Disney sur les rives d’Arabie ». Mais Davis décrit aussi les conditions de vie et de travail cauchemardesques, voire inhumaines des dizaines de milliers d’ouvriers et d’employés venus de toutes l’Asie pour transformer ce petit bout de désert en paradis pour touristes milliardaires et stars du show business.

DUBAÏ, vu par Thomas Kalak




Nous présentons ici, les très belles photographies de Dubaï, de Thomas Kalak. Photographies prises d'hélicoptère [en 2011] qui nous permettent d'apprécier l'ampleur du chantier. Tout simplement impressionnant.

Chandigarh : d'une utopie sociale et architecturale

CHANDIGARH, Segregated City



Chandigarh


une utopie sociale et architecturale 
au service du néo-libéralisme


Aujourd'hui, le prétexte de conserver le patrimoine urbano-architectural de Chandigarh est utilisé par les élites des municipalités successives pour assurer à la ville un rôle de Segregated City, réservée aux classes supérieure et moyenne. L'opposition idéologique avec la politique du gouvernement du Pandit Jawâharlâl Nehrû, qui a décidé de bâtir la ville en 1948, est, tout simplement prodigieuse. Nehrû dont la volonté reposait sur le grand espoir des possibilités offertes par la modernisation du pays pour améliorer le sort de l'ensemble des classes sociales ; une de ses plus grandes réformes sera d'abolir le système de caste, vieux de trois millénaires (voir appendice en bas de page). Une ville Ouverte à tous, selon la volonté de Nehrû et symbolisée par la sculpture monumentale de la Main ouverte, placée dans le complexe administratif.

INDE : la guérilla Naxalite



Selon les sources officielles, plus de 400 millions d'Indiens, sur une population totale de 1.21 milliard, vivent aujourd'hui dans la plus grande pauvreté. Pour d'autres experts, le seuil officiel de pauvreté (17 roupies [0,29 euro] par jour en milieu urbain et 12 roupies [0,20 euro] en milieu rural) n'est guère admissible et largement sous-évalué. Selon eux, si l'on relevait le seuil de pauvreté à 2 dollars, soit 90 roupies (1,50 euro) par jour, le nombre de pauvres dépasserait les 

800 millions.

INDE : Arundhati Roy, Ma marche avec les Camarades


Arundhati Roy
Ma marche avec les Camarades

in Outlook Magazine de Delhi
mars 2010
Publié [et traduit] par le Secours Rouge de Belgique.


Arundhati Roy est née en 1961 d’une mère militante pour les droits de la femme et d’un père planteur de thé. C’est en 1996 que Roy est projetée sur le devant de la scène internationale à la publication de son premier roman The God of Small Things, vainqueur de plusieurs prix littéraires et gros succès commercial, ce qui lui a permis de se consacrer totalement à l’écriture. Dès lors, elle décide de s’engager dans la rédaction d’essais politiques et de non-fictions, publiant deux collections de textes, tout en militant pour des causes sociales. Elle est une des porte-parole du mouvement anti-globalisation et une critique véhémente de l’impérialisme. Elle critique également ouvertement l’actuelle approche de l’industrialisation et du développement rapide menée par le gouvernement indien, en ce y compris les grands projets des compagnies étrangères soutenues par le gouvernement de l’Etat. Son militantisme lui a notamment valu d’être condamnée en 2002 par la Cour Suprême alors qu’elle s’opposait publiquement à un projet de barrage qui allait exproprier un demi million de personnes sans aucune compensation.

INDE : les naxalites



Lal SALAAM
Les naxalites en Inde

Un document au format pdf à propos
de la guérilla Naxalite en Inde.

Via :



Le sous-continent indien est marqué par une gigantesque révolte, qui se confronte au système des castes, à la féodalité, au pillage des ressources par les multinationales, à la violence généralisée contre les femmes, au racisme et aux fondamentalismes qui prônent les affrontements inter-communautaires. Une bataille titanesque, à l'échelle de l'importance de cette partie du globe terrestre dans l'histoire de l'humanité, dont le document présente la culture "rebelle", celle des naxalites, qui organisent la conquête des terres et une Inde ouverte à ses multiples peuples et communautés. 

INDE : Lavasa City Hill Project, ville nouvelle privée

Lavasa City, idyllique  illustration de la plaquette commerciale



Article faisant suite à l'article sur la guérilla Naxalite.

Une étude récente du McKinsey Global Institute prédit qu’en 2030 70% des emplois de l’Inde seront créés dans les villes, et que 590 millions d’Indiens seront des citadins. Pour faire face à la demande de logements, d'immeubles tertiaires et de locaux commerciaux nécessaires, l’Inde va devoir construire l’équivalent d’une ville comme Chicago chaque année. Mais l’Inde qui a basculé dans l'ultra-libéralisme en 1991, n’a aucun plan d’une telle ampleur, ni d'ailleurs la moindre intention de fournir un logement décent à l'ensemble des citoyens. Les grandes villes croulent déjà sous l’afflux des migrants dont un grand nombre est contraint à vivre dans les gigantesques bidonvilles.

INDE, Milieux d’affaires, société civile & politiques anti-pauvres


 

Solomon Benjamin

Revitaliser la ville indienne,
Milieux d’affaires, société civile 
& politiques anti-pauvres


Revue Agone
n° 38/39, 2008


Faire des métropoles indiennes des lieux branchés dignes des réclames sur papier glacé des magazines anglais, transformer Bangalore en Singapour, créer les conditions de la concurrence de Mumbaï avec Calcutta pour le titre de « Nouvelle Shanghai » et Delhi de « Nouvelle Londres », ces rêves mondialisés sont portés par des intérêts divers. Les États et le gouvernement fédéral indiens, conseillés par des cabinets internationaux financés avec l’argent du développement et par les grands donateurs internationaux ; les institutions financières et les banques internationales ; bien sûr, les promoteurs immobiliers et les grandes chaînes de distribution qui cherchent à « organiser le commerce de détail » dans de gigantesques centres commerciaux ; et, tout à fait centrales, les élites expatriées revenues au pays. Ces dernières ont les moyens de leur consumérisme et sont nostalgiques des banlieues du New Jersey, se pinçant le nez devant une Inde qu’elles perçoivent comme couverte de bidonvilles, sale, anarchique et livrée au crime.

Liu BOLIN 刘勃麟 : Camouflage urbain


Liu Bolin [刘勃麟 ] est un artiste contemporain chinois né en 1973 dans la province du Shandong, diplômé de l'Institut Shandong Arts. Il a déménagé à Beijing en 1999 pour étudier la sculpture avec  Sui Jiangou à l'Académie Centrale des Beaux-Arts, où il a reçu un Master of Fine Arts en 2005. 

L'art de l’embourgeoisement à Paris

 La Liberté guidant le peuple d'Eugène Delacroix, 1830.


La seule fonction radicale pour l’art que nous connaissons est celle proposée par Bakounine au cours de l’insurrection de Dresde de 1849 quand il préconisait, sans succès, de sortir les peintures des musées et de les poser sur les barricades à l’entrée de la ville pour voir si elles pourraient stopper le feu des soldats arrivant sur elles.

The Occupation of Art and Gentrification, in « No Reservation », Londres, 1989

Abolition des musées, et répartition des chefs-d’oeuvre artistiques dans les bars (l’oeuvre de Philippe de Champaigne dans les cafés arabes de la rue Xavier-Privas ; le Sacre, de David, au Tonneau de la Montagne-Geneviève).

Projet d’embellissements rationnels de la ville de Paris
Potlatch , bulletin d’information de l’internationale lettriste.
n° 23 – 13 octobre 1955

Berlin : actions contre l’embourgeoisement des quartiers populaires



Nous sommes un peuple ! Et vous en êtes un autre.


Depuis plusieurs années maintenant des groupes anonymes luttent contre l'embourgeoisement des quartiers populaires de Berlin Est et d'autres villes de l'Allemagne. Voitures en flammes, affrontements de rue, cocktails Molotov lancés contre un commissariat ou un local utilisé par l’extrême droite, attaques contre des policiers… Mais si Berlin est concerné en premier lieu, le mouvement touche aussi Hambourg, Francfort, Leipzig, Potsdam…

Architecture et Bidonville : Humanisme et Néo-libéralisme


Projet de l'agence MVRDV pour un nouveau quartier d'habitations à Liuzhou en Chine, s'inspirant des bidonvilles de Caracas.



Le chaos urbain, le pittoresque, le vernaculaire ont de tous temps fascinés les architectes. Le bidonville intéressa les architectes et les jeunes sociologues peu après la seconde guerre mondiale, comme un espace remarquable par la créativité architecturale et les modes d'habitat, de vie de leurs occupants. Après la seconde guerre mondiale, à Alger et Casablanca, quelques architectes tentent de reformuler les principes de l'architecture moderne concernant l'habitat social. Sous la pression d'un exode rural massif, des politiques publiques d’une ampleur inédite sont lancées, en réponse auxquelles les urbanistes et architectes élaborent des programmes de logements en rupture avec les modèles européens utilisés auparavant. Dans une approche d'observation directe et d'enquêtes sociologiques, ils seront les premiers à prendre en considération les modes de vie rencontrés, et à s'inspirer des typologies urbano-architecturales [maisons à patio, ruelle étroite, etc.] des bidonvilles des grandes villes.

Hugo CHAVEZ | Habitat social

Barrios Caracas

Les détracteurs, les ennemis et les opposants de Hugo Chavez, président de la République Bolivarienne du Vénézuela, reconnaissent, avec amertume, que les réformes sociales engagées depuis son arrivée au pouvoir, en 1999, ont permis une formidable amélioration des secteurs de l'éducation et de la santé, félicitée par l’ONU, l’UNESCO et  l’Organisation Mondiale de la Santé. A l'inverse, l'habitat social n'a jamais été une des priorités du gouvernement Chavez, bien au contraire. Chavez emprunte ainsi, les mêmes chemins balisés par d'autres dirigeants marxistes ou sociaux-démocrates " radicaux ", pour qui le logement est considéré comme un élément de moindre importance, secondaire. 

« Le logement est un des grands échecs de ce gouvernement », constate l’historienne Margarita Lopez Maya, chercheuse à l’Université centrale du Venezuela. En 2011, selon la chambre vénézuélienne de la construction, « Il manque au moins deux millions de logements dans ce pays de 28,8 millions d’habitants », ce qui est considérable.


Hugo Chavez et l'habitat social





La Revolution Vive
2011


Le président Chávez ordonne d’accélérer les réquisitions de terrains pour construire des logements et prend de nouvelles mesures pour protéger les locataires. Peu avant de s’envoler pour une tournée officielle qui le mènera successivement au Brésil, en Equateur et ce jeudi à Cuba, le président vénézuélien a pris de nouvelles mesures sociales.

CARACAS, une favela verticale



La Confinanzas Tower, au centre de Caracas, construite dans les années 1990 devait symboliser l'optimisme et le progrès économique du pays. La crise économique de 1994 et le décès de l'investisseur laisseront ce building, un des plus hauts de l'Amérique du Sud, en état d'inachèvement. L'Etat devient propriétaire des lieux et Hugo Chavez accède à la présidence. 



Astérix : Anti-capitaliste ?




A propos de l'album Le domaine des Dieux, Albert Uderzo déclarait : 
« Nous avions découvert dans des livres d’histoire que les insulae étaient déjà des habitations construites à la va-vite pour entasser les Romains les plus pauvres ensemble, et que ces bâtisses s’écroulaient régulièrement. Nous avons donc donné à César l’idée d’ôter l’invulnérabilité du village gaulois en faussant la nature qui l’entourait. Je dois avouer que j’ai rencontré pas mal d’architectes comme Anglaigus dans ma vie ! »

Slinkachu, "The Little People Project"



Slinkachu est un artiste anglais basé à Londres, dont l'oeuvre est de mettre en scène, dans les rues, des figurines miniatures et des objets les plus anodins qui peuplent notre quotidien... à l'échelle nano. L'artiste photographe nous révèle ainsi des paysages insoupçonnés et terrifiants à la fois et éveille notre attention à un monde -oublié- infiniment petit pour mieux appréhender la beauté, la banalité ou la laideur d'une plus grande échelle, celle de nos rues. Pas de message politique ou de critique sociale, mais une oeuvre surprenante que nous apprécions...

EZLN et Eco-tourisme au CHIAPAS

Photo : Martin Parr


Les formes de répression qu'exercent les autorités contre le mouvement zapatiste au Chiapas sont multiples : des tentatives d'institutionnalisation des municipalités autonomes à la violence, voire à l'assassinat, de militants ou de sympathisants de l'EZLN. D'autres formes plus subtiles s'y ajoutent : la disneylisation, la marchandisation des communautés du Chiapas, la folklorisation de la culture locale, le développement du tourisme labellisé écologique ou solidaire. La France y participe activement. Nous présentons ici quelques articles.


OVENTIC, Municipalité Autonome et Rebelle Zapatiste





À l’instar des autres mouvements autochtones, le mouvement zapatiste se caractérise par une identité collective et un ancrage territorial. La territorialité des nouveaux mouvements sociaux s’exprime clairement dans l’exemple zapatiste. En plus d’être un mouvement politique, le mouvement zapatiste établit un rapport inédit au territoire : une nouvelle territorialité sociale. L'EZLN a construit sa propre territorialité sociale en érigeant de nouvelles pratiques et instances autonomes. L’appropriation de ce territoire se fait par l’exercice de l’autonomie. Mais ces nouveaux territoires que le mouvement s’approprie se trouvent autant à l’échelle locale qu’à l’international, autant au niveau pratique qu’au niveau symbolique, et peuvent, de plus, constituer un espace institutionnel et fonctionnel, et non pas uniquement un territoire physique.

Les Municipalités Autonomes et Rebelles Zapatistes, Municipios Autónomos y Rebeldes Zapatistas



La lutte menée depuis 1983 par l'Armée zapatiste de libération nationale (Ejército Zapatista de Liberación Nacional, EZLN) a pris diverses formes du pacifisme assumé à la guérilla. Après son action d'éclat en janvier 1994, l'EZLN jugea préférable d'arrêter la lutte armée pour mener un combat politique tout en gardant une organisation militaire. Depuis, elle exhorte les populations opprimées -sans distinction- à s'unir autour de ses demandes qui concernent plus de Justice et de Liberté, une plus grande et réelle démocratisation de la société. Certains analystes mexicains avancèrent alors la formule plutôt inédite de « réformisme armé ». La lutte et l'organisation de l'EZLN sont donc tout à fait particulières car les insurgés ont ainsi constitué des Municipalités autonomes rebelles zapatistes (Municipios Autónomos Rebeldes Zapatistas, MAREZ) qui représentent la première structure de gestion mise en place par le mouvement zapatiste. Ces Municipalités autonomes doivent assurer l’auto-gouvernement d'un vaste territoire libéré décrété autonome. Leur lutte s'inscrit ainsi dans cette tendance de théoriciens critiques actuels, dont Holloway, qui défendent l'idée d'une stratégie visant à maintenir à distance l'appareil d'Etat plutôt qu'à l'affronter directement. Le philosophe anglais établi au Mexique, John Holloway, avance l'idée fondamentale, dans son ouvrage Changer le monde sans prendre le pouvoir, paru en 2002, d'un anti-pouvoir dont le but est de renoncer à la prise du pouvoir mais de changer le monde en profitant des espaces de liberté que le capitalisme produit inévitablement. Une célèbre phrase du sous-commandant Marcos résume parfaitement cette théorie : « Nous ne voulons pas le pouvoir, nous voulons pouvoir.»