Préserver la nature au sol : une aéro-ville (1923)
Lazar Khidekel (1904 - 1986), architecte et artiste suprématiste en Union soviétique, a été le premier concepteur au milieu des années 1920, à imaginer une ville hors sol, une « aéro-ville ».
Ah, encore, songeons nous à priori, un délire d’architecte sinon une utopie irréalisable. Et bien non : son projet de cité hors sol était parfaitement réalisable : techniquement ses constructions aériennes ne comportent aucune difficulté pour leur réalisation.
Mais ce projet nous intéresse particulièrement car en effet, l’idée maîtresse de l’architecte était de protéger le sol, de le laisser libre à la nature, dans une démarche que l’on qualifie de nos jours d’environnementaliste. Pour Khidekel, l'"interaction avec la nature environnante" devait être différente de l'approche adoptée par "les artistes du passé [qui] ne percevaient que l'aspect extérieur de la nature". Il soulignait que :
"avec la découverte des forces internes et cachées de la nature, une nouvelle civilisation supérieure est née, dans laquelle l'architecture de l'avenir doit être basée sur ses propres lois qui, au lieu de détruire le milieu naturel, entreront dans une relation bénéfique et spéciale avec la nature environnante".
Cette approche distingue les visions futuristes de Khidekel de celles de ses contemporains, qui envisageaient la victoire de la technologie sur la nature. Khidekel anticipe les approches modernes du changement environnemental et les développements des années 1950-1960. Bien avant les projets de villes aériennes de Yona Friedman, la New Babylon de Constant et le projet Clusters in the Air d'Isozaki, Khidekel imaginait un monde de gratte-ciel horizontaux qui, en apesanteur, semblaient flotter à l'infini à la surface de la terre, préservant au mieux, son milieu naturel.
Mais perchée à plusieurs dizaines de mètres au-dessus du sol naturel, la population bénéficiait ici de toutes les commodités d'une ville traditionnelle : des habitations avec jardin, des rues et places piétonnes, des squares et des équipements de quartier, etc. Les équipements de transport étant relégués au sol, ou enterrés sous les édifices aériens afin de limiter leurs nuisances, ou bien, profitant des cours d'eau navigables.
Ah, encore, songeons nous à priori, un délire d’architecte sinon une utopie irréalisable. Et bien non : son projet de cité hors sol était parfaitement réalisable : techniquement ses constructions aériennes ne comportent aucune difficulté pour leur réalisation.
Mais ce projet nous intéresse particulièrement car en effet, l’idée maîtresse de l’architecte était de protéger le sol, de le laisser libre à la nature, dans une démarche que l’on qualifie de nos jours d’environnementaliste. Pour Khidekel, l'"interaction avec la nature environnante" devait être différente de l'approche adoptée par "les artistes du passé [qui] ne percevaient que l'aspect extérieur de la nature". Il soulignait que :
"avec la découverte des forces internes et cachées de la nature, une nouvelle civilisation supérieure est née, dans laquelle l'architecture de l'avenir doit être basée sur ses propres lois qui, au lieu de détruire le milieu naturel, entreront dans une relation bénéfique et spéciale avec la nature environnante".
Cette approche distingue les visions futuristes de Khidekel de celles de ses contemporains, qui envisageaient la victoire de la technologie sur la nature. Khidekel anticipe les approches modernes du changement environnemental et les développements des années 1950-1960. Bien avant les projets de villes aériennes de Yona Friedman, la New Babylon de Constant et le projet Clusters in the Air d'Isozaki, Khidekel imaginait un monde de gratte-ciel horizontaux qui, en apesanteur, semblaient flotter à l'infini à la surface de la terre, préservant au mieux, son milieu naturel.
Ce projet d'avant-garde architecturale et urbaine – cent ans plus tard - semble être en avance sur son temps, notre époque. Mais Lazar n'aura pas été le seul concepteur à imaginer des villes futures préservant Dame nature, en Europe, aux Etats-Unis, en Union soviétique d'avant Staline, les architectes les plus remarquables tentaient de s'affranchir de la pensée conservatrice dominante.
Mais c'est un fait que les architectes soviétiques durant la toute première période de la Révolution, placée sous la haute autorité de Lénine, ont été influencé par la volonté du régime - déjà - de protéger l'environnement et les ressources naturelles de leur pays, ravagé par les guerres.
En exemples, le gouvernement soviétique aura été le premier au monde, en 1919, à établir des parcs nationaux totalement isolés (zapovedniki), voués exclusivement à l'étude des mécanismes de l'environnement et de réhabilitation des zones dégradées. En 1921 une loi est promulguée devant assurer la « protection des monuments de la nature », qui habilitait le commissariat de l'Education à créer, de sa propre initiative, des parcs naturels protégés : à cet égard a été créé un Comité d'Etat pour la protection des monuments de la nature, appelé aussi Commission temporaire de conservation. En 1923, à l'occasion de la grande exposition agricole de l'Union, le commissariat de l'Education organise des conférences et présente des photos, des cartes et des schémas pour stigmatiser l'action destructive de l'homme sur la nature et justifier la nécessité des parcs naturels. Une attention particulière durant cette période a été portée pour sensibiliser les jeunes élèves des écoles à la défense des richesses natures, faunes et flores. Cette période fut marquée par un autre tournant institutionnel : la création, en octobre 1925, d'une super-agence gouvernementale, le Goskomitet, chargée de coordonner les mesures et programmes de conservation de l'environnement. Au coeur de ses objectifs : le développement des parcs naturels voués à la recherche fondamentale, mais visant aussi à informer la pratique économique ou, simplement, à protéger les espèces menacées. Ainsi, parti de presque rien en 1917, avant la Révolution, le domaine des parcs naturels soviétiques atteignait déjà près de 10 000 km² en 1925 et quelque 40 000 km² en 1929, soit la superficie totale de la Suisse. Aucun pays, à cette époque, ne peut rivaliser avec l'URSS en matière de protection de la faune et flore.
Cet âge d'or d'écologie - politique - prendra véritablement fin sous l'ère de Staline. Mais contre l'industrialisation massive et à outrance des ressources naturelles, imposée par les partisans de Staline, les écologistes soviétiques - reconnus internationalement - ne se privaient pas d'élaborer des études d'impact destinées à contrer cette vision utilitariste et de dénoncer les ravages des pollutions industrielles sur les éco-systèmes. « Nous retardons de cinquante à cent ans sur les pays avancés. Nous devons parcourir cette distance en dix ans. Ou nous le ferons, ou nous serons broyés », déclare Staline en février 1931. Il sonne ainsi le glas à la préservation de la nature, et exige toute mesure d'urgence en vue de « la grande transformation de la nature » au profit de l'Homme.
Ce n'est pas un hasard si en 1930 Lazar interrompt ces études sur ses cités aériennes, vision sans doute dangereuse à cette période de purge car considérée comme petite-bourgeoise réactionnaire par les partisans de Staline. C'est bien dans l'euphorie de la victoire communiste que Lazar a pu mener à bien ces recherches sur une cité idéale, le renouveau se devait de détruire les bases mêmes du capitalisme et ses villes jugées inhumaines. Car sous l'égide de Lénine, l'écologie aura progressé à la fois comme courant scientifique, comme mouvement d'opinion et comme groupe de pression organisé, auprès des dirigeants.
Lazar Khidekel sensible aux arguments écologiques des plus grands spécialistes et scientifiques de son pays aura ainsi été influencé par leurs thèses. Il n'aura pas été un architecte de la révolution mais un architecte révolutionnaire :
" Quand on parle d'art révolutionnaire, on entend deux sortes de phénomènes artistiques : les œuvres dont les thèmes reflètent la Révolution, et les œuvres qui ne sont pas liées à la Révolution dans le thème, mais qui en sont profondément imprégnées et colorées par la nouvelle conscience. issue de la Révolution."
Léon Trotsky
Enfin, terminons par l'héritage des cités aériennes imaginées par d'illustres architectes et artistes avec un projet moins ambitieux, certes, mais s'y référant directement, des architectes Lacaton & Vassal, d' "éco-quartier" à Saint-Nazaire.
Ils présentent ainsi leur projet :
" A la limite d’une zone boisée, à proximité du littoral et sur une pente
exposée plein sud, à la périphérie de St Nazaire, le projet d’écoquartier de la Vecquerie a pour objet la construction de 250 habitations,
individuelles ou semi-collectives, sur un site au potentiel extra-ordinaire.
Sa topographie, son occupation, sa diversité végétale, la présence d’un
bâtiment moderne abandonné, constituent un projet antérieur à part
entière aux qualités remarquables.
L’occupation végétale est encore prédominante sur le site, même
si la réduction de l’emprise de l’espace naturel et de l’espace boisé
est largement amorcée. Une modification du site, de son sol, de ses
composantes paysagères est exclue d’emblée de la réflexion. Alors qu’il
s’agit de construire un éco-quartier, il serait absurde de détruire des
qualités naturelles précieuses, -végétales, paysagères, topographiques-,
pour en reconstruire d’autres.
L’intervention architecturale est envisagée dans la possibilité de sa
délicatesse, de son pouvoir de légèreté. L’évolution de ce territoire vers
une artificialisation est tout à fait évitable et la nécessité d’habitation ne
doit pas conduire à diminuer ou à perdre les qualités évidentes et fragiles
du lieu.
Le projet mise sur la cohabitation et l’imbrication de deux systèmes
- la forêt et l’habitat - lesquels sont invités à se superposer sans se
gêner. Cette position implique la conservation des valeurs naturelles du
terrain, le maintien et la stimulation de l’évolution végétale existante, la
minimisation des surfaces imperméabilisées pour avantager le sol naturel
et enfin la réduction de l’empreinte des constructions pour éviter toute
déstabilisation.
Les constructions s’élèvent au-dessus du sol et de la végétation.
La création d’un rez-de-chaussée sur pilotis à hauteur de la canopée
reçoit les nouveaux logements qui semblent flotter au dessus de la masse
boisée. Une galerie couverte et protégée du vent distribue les accès
aux habitations. Par leur altimétrie, elles autorisent le développement
végétal et profitent de vues imprenables sur l’océan. L’empreinte au sol
est minimale et se limite aux poteaux de la construction, et à l’emprise
minimale des escaliers et des ascenseurs. Il n’y a pas de clôture, le terrain
est laissé à l’appropriation et à la gestion collective de ses habitants, et
au passage des promeneurs. La végétation n’est pas perturbée et peut se
re-développer et regagner le terrain perdu, pour retrouver après quelques
années un état stabilisé et optimal."
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