Si no hay justicia, hay escrache
S'il n'y a pas de justice, il y a l'escrache [1]
Une décennie après la dictature, les militaires et civils ayant participé à la répression dictatoriale, [ dont le bilan est de 30 000 détenus disparus, 10.000 prisonniers politiques, des milliers d'exilés] avaient obtenu le pardon, amnistiés par le gouvernement de Alfonsín et du président Menem. Les lois dites d'impunité et notamment la Ley de Punto Final [Loi du Point Final] et la « loi d'obéissance due » pour les sous-officiers et les sans grades, avaient été adoptées dans un esprit de réconciliation supposée. Ces lois signifiaient un revers pour les organisations des droits de l'Homme et pour le peuple argentin, un sentiment d'impunité et de faiblesse des institutions démocratiques face aux milicos. Il faut préciser que rétroactivement, le modèle argentin en terme de « réconciliation » ne fut que très peu satisfaisant. En Argentine, les demandes de vérité s'accompagnèrent de demandes de sanctions et, en définitive, il y eut peu de sanctions, et peu de vérités -du moins, avouées par les acteurs militaires. Ce nombre relativement faible de sanctions peut d'ailleurs parfaitement s'expliquer par le fait qu'il aurait été difficile pour l'État (ou du moins pour la Justice Argentine) d'emprisonner à vie plus de 2000 militaires ayant directement participé à la dictature, car l'armée l'aurait évidemment empêché par un nouveau soulèvement.
L'organisation des Hijos e Hijas por la Identidad y la Justicia contra el Olvido y el Silencio [(acronyme de H.I.J.O.S. ) [2] fils et filles de disparus pour la justice, contre l'oubli et le silence] est créée en 1995, comme réponse face à cette trop grande indulgence et demande Justice pour les 30.000 disparus.
Le mot Escrache désigne la recherche patiente et méthodique puis le marquage des personnalités impliquées (genocidas, selon la terminologie du groupe) dans les violations des droits de l'Homme pendant le Proceso [qui désigne la dictature militaire en Argentine, Proceso de Reorganización Nacional] : une forme inédite de Justice Populaire, sans précédent en Argentine. Ainsi, leur slogan principal est simple et évident : « si no hay justicia, hay escrache » (s'il n'y a pas de justice, il y a l'escrache) et a eu tôt fait de leur rallier d'autres organisations argentines, comme la Mesa de escrache popular, dont les membres ne sont pas spécifiquement des fils et filles de disparus. « (...) Avec l'escrache, H.I.J.O.S. à présenté le passé d'une manière radicalement différente de la manière dont il était présenté. Le passé, c'était de l'histoire (...). H.I.J.O.S. l'a transformé en lui donnant une dimension actuelle, d'aujourd'hui. L'escrache actualise le passé en pointant le fait que le militaire évolue tout comme vous, dans le présent... » L'escrache n'est pas une pratique déconnectée des luttes passées, comme celle des Mères de la Place de Mai, mais plutôt un renouvellement des répertoires d'action, l'expression d'une nouvelle mobilisation pour la justice et justement la mémoire des disparus.
L'escrache est donc d'autant plus important, que l'idée qui le sous-tend est de l'ordre de la réappropriation de la justice par la population. Or, cette justice qui ne s'est pas exercée contre les anciens membres de la junte, amnistiés en vertu de la loi du point final se doit d'être appliquée, mais sous une forme différente. Une fois retrouvé un des genocidas ( milicos ex-tortionnaires, prêtres ayant absout le régime, etc.), H.I.J.O.S. entame un long travail de terrain, parfois de plusieurs mois, dans le quartier ou sur le lieu de travail (ce qui fut le cas pour un escrache dénonçant un ancien militaire travaillant dans une bibliothèque publique), d'information et de sensibilisation de la population locale. En ce qui concerne la cible à proprement parler, il faut qu'il y ait consensus autour de l'enjeu car la réussite de l'action dépend largement de la bonne volonté d'une population pas toujours encline à stigmatiser un régime qu'elle avait parfois soutenu. Le jour de l'escrache, c'est souvent un véritable carnaval qui défile « sous les fenêtres » du genocida (certaines actions ont pu rassembler jusqu'à 2000 personnes) et qui affiche le jour J, l'adresse exacte, le nom associé à la photo de la cible ainsi que son numéro de téléphone. Dans le cas où le quartier s'est montré réceptif à l'escrache, l'environnement proche des individus ciblés peut rapidement devenir un enfer : les boulangeries refuseront de leur vendre du pain, les gens les dévisageront et les harcèleront dans la rue... à tel point que certains « ex » de la junte ont dû déménager.
Se realizó escrache a Julio Barroso
Mesa de escrache : http://mesadeescrache.blogspot.com/
Julio Barroso está sindicado en informaciones oficiales como quien comandaba el Centro Clandestino de Detención “La Cacha” (ubicado en la localidad de Olmos, en La Plata). En aquel centro del horror, mujeres dieron a luz a niños que luego fueron apropiados. Barroso, en su condición, no podía desconocer ese robo de decenas de hijos de desaparecidos, sino formar parte de la maquinaria perversa de apropiación. Actualmente vive en la calle 5 Nº 1682 e/ 66 y 67. Su teléfono es 422-1477. Maneja un Peugeot 307 HDI - Patente: HJB 347
Escrache y pedido de justicia frente a la casa del ex árbitro y represor Bujedo : http://www.diarioelatlantico.com/
Sans aucun doute, l'escrache est une pratique qui doit être incluse dans la liste des expériences politiques innovantes, une pratique politique populaire sans lien organique avec les partis politiques traditionnels, qui ne signifie pas, toutefois, un rejet de la politique, mais plutôt la recherche de nouvelles formes de démocratie directe, d'actions communes basées sur l'obtention d'un consensus.
Mais l'action des H.I.J.O.S. ne se limite pas à une transformation radicale des structures internes sinon à une action radicale dans et contre la société qui peu ou prou est la même que celle ayant accepté la dictature. Ce travail n'est pas uniquement destiné à convaincre les habitants du bien fondé des buts poursuivis, sinon qu'il a également pour fonction de renouer le lien social dans le quartier, de permettre aux voisins de se reparler, d'avoir de nouveaux liens de solidarité... toutes choses permettant de casser la logique de l'isolement et de l'individualisme qui commença à se développer sous la dictature.
NOTE :
[1] Selon l'académie des Lettres d'Argentine, Escrache se définit par une « plainte de citoyen contre des personnes accusées de violations des droits de l'Homme ou de corruption, qui se manifeste par des actions collectives devant le lieu de résidence de la personne accusée ou dans les lieux publics.
[2] Histoire du mouvement par le Collectif
El 3 de noviembre de 1994, un grupo de ex alumnos de la Facultad de Arquitectura de la Universidad Nacional de la Plata realizó un homenaje a los muertos y desaparecidos de esa Facultad. La jornada se llamó "Recuerdo, memoria y compromiso". Con infinita paciencia, lograron ubicar a los hijos y familiares de los compañeros homenajeados, que se encontraban regados por todo el país. A este primer encuentro le sucedieron los asados y las charlas, hasta que en semana santa de 1995 el Taller Julio Cortázar, organizó un campamento. Al principio sólo se buscaba estar juntos, conocerse y compartir experiencias. Pero surgió la necesidad de hacer algo, de hacer algo en función de la injusticia que supone que todos los asesinos y sus cómplices estén en libertad. Entonces, nació la idea de la agrupación y su nombre: "Hijos por la Identidad y la Justicia contra el Olvido y el Silencio"; nombre que resume los puntos principales de la agrupación: la exigencia de justicia, la necesidad de reconstruir la historia personal, rescatar el espíritu de lucha de nuestros padres y la búsqueda de nuestros hermanos robados y privados de su identidad. Al terminar el campamento, cada quien regresó a su casa y comenzaron a reunirse, creando así H.I.J.O.S. La Plata, H.I.J.O.S. Córdoba, H.I.J.O.S. Rosario, H.I.J.O.S. Santa Fe. Luego, a partir de otros homenajes, se formó también H.I.J.O.S. Capital Federal. A la par de esto, en abril de 1995 apareció Scilingo, militar que confesó públicamente lo que ya las víctimas de la dictadura habían dicho años atrás. Esto produjo una gran conmoción en Argentina e H.I.J.O.S. comenzó a aparecer en la prensa y en la televisión para presentar su posición. La gente nos vio en la televisión, otros hijos nos vieron en la televisión. Comenzaron a llegar más y más integrantes, de ocho que se reunían al principio en Capital Federal, en una semana ya eran treinta. Cuando se realizó el segundo campamento, H.I.J.O.S. ya contaba con más de 350 integrantes, de 14 regionales en toda la Argentina. Cuando cumplimos un año, el 14 de abril de 1995, ya éramos más de 600 los que nos movilizábamos por todo el país exigiendo justicia.
Qué buscamos :
Todo el trabajo de H.I.J.O.S. se basa en los siguientes lineamientos:
Todo el trabajo de H.I.J.O.S. se basa en los siguientes lineamientos:
Exigimos la reconstrucción histórica individual y colectiva: para que cada uno pueda reconstruir su historia, saber quién es, quiénes fueron sus padres, de dónde vienen. Porque la falta de nuestros padres es un agujero en la sociedad, los que hoy no están serían los profesores, colectiveros, carpinteros, abogados, actores, obreros, empleados, médicos que vivían entre nosotros.
Exigimos la restitución de nuestros hermanos apropiados durante la dictadura militar: porque esto tiene que ver con la identidad, y estos chicos son los más afectados.
Reivindicamos el espíritu de lucha de nuestros padres: porque ellos querían cambiar la sociedad, querían que las cosas fueran diferentes y por eso se los llevaron. Luchaban para que pudiéramos tener un trabajo digno, para que todos podamos estudiar, para que te atiendan bien en los hospitales, luchaban por una vida mejor.
Trabajamos para lograr, a través de la condena social, una condena legal que dé cárcel a los asesinos responsables del genocidio: porque no estamos de acuerdo con las leyes y el decreto que dejó a todos en libertad, porque un país nunca podrá estar en paz hasta que se castigue a los culpables y se demuestre que desaparecer, matar y torturar personas son los peores crímenes que se pueden cometer, porque no queremos que esos asesinos sean tratados como personas comunes.
Rechazamos la teoría de los dos demonios: porque lo que se cometió no fueron "excesos" en una guerra, sino que fue un genocidio orientado a matar a toda persona que buscara un cambio en esta sociedad.
Trabajamos para lograr juntarnos todos: para llegar hasta cada uno de los que están en nuestra misma situación y que conozcan de nuestro trabajo y tengan la posibilidad de acompañarnos.
Dónde estamos
Estamos conformados en dieciocho regionales provinciales y seis en el resto del mundo.
Estamos conformados en dieciocho regionales provinciales y seis en el resto del mundo.
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" ... la sensación concreta de que uno no está solo y de que tiene un compañero, de que hay un montón de compañeros, y que se puede hacer algo todos juntos".
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