Maquette de principe du complexe souterrain de Cu Chi. |
« Personne n'a démontré plus d'habileté à cacher ses installations que le Viêt-công, une organisation de taupes humaines ».
Dans la bouche du général William Westmoreland, commandant en chef de l'armée américaine au Viêt Nam, il s'agit bien d'un compliment. Il n'est pas immérité : les vietnamiens ont creusé - de la guerre contre la France à la fin des années 1940 jusqu'à la victoire finale en 1975 - l'immense réseau souterrain de Cu Chi, qui devait permettre aux combattants vietnamiens de ravitailler depuis la piste Ho-Chi-Minh et d'implanter une zone de combat sans massif forestier -après les bombardements- proche de Saïgon.
Le complexe souterrain de Cu Chi, au nord-ouest de Saigon, équivaut par sa taille au métro parisien : plus de 200 km de galeries étendues sur plus de 100 km2, capables d'abriter jusqu'à 16.000 clandestins, des caches d'armes et de nourriture, cuisines, infirmeries, dortoirs, salles de classe, postes de commandement, et même des salles de projection, etc. Le réseau était autant destiné au déplacement des soldats que de l'intendance ; puis de protection contre les bombardements aériens qui s'intensifièrent. Une véritable ville protégeant soldats, femmes et enfants. Les vietnamiens qui ont survécu témoignent d'un sentiment de fierté mais également d'une peur permanente : des soldats comme des serpents, des bombes et des éboulements consécutifs, des inondations...
A nouveau, les révolutionnaires vietnamiens ont pu mettre en échec la haute technologie américaine avec des moyens rudimentaires et une volonté qui forçait l'admiration de leurs ennemis. Une grande leçon dans l'histoire militaire et de l'urbanisme souterrain.
A nouveau, les révolutionnaires vietnamiens ont pu mettre en échec la haute technologie américaine avec des moyens rudimentaires et une volonté qui forçait l'admiration de leurs ennemis. Une grande leçon dans l'histoire militaire et de l'urbanisme souterrain.
Film d'époque de propagande.
L'armée américaine ne parvenait pas à comprendre l'anormale concentration élevée de soldats ennemis dans une zone qui était contrôlée et soumise à des bombardements massifs. Les attaques surprises se multipliaient, les VietCong étaient invisibles, de véritables fantômes -ghosts soldiers. Il y avait une forte présomption parmi les hauts gradés que les Viet Cong avaient non seulement ré-infiltrés la région et mis en place leur quartier général. Ils avaient raison, mais ce qu'ils ne savaient pas, c'est qu'il se trouvait juste sous leurs pieds. Car le réseau disposait d'accès au milieu du camp retranché de la 25e division de l'US army. Il fallut un certain temps aux militaires américains avant de comprendre comment les soldats vietnamiens parvenaient jusque dans leur camp... Mais ils ne doutaient pas, de l'immensité du réseau souterrain.
La zone rouge représente une partie de la zone des tunnels, la zone bleue le camp militaire américain, l'aéroport de Saigon figure en bas à droite |
Plan partiel du réseau effectué par l'armée australienne, 1967/1968 |
Les américains, dans un premier temps, évacuèrent la population des villages et adoptèrent la tactique de la terre brûlée, déversant sur cette zone des tonnes de défoliants [l'agent orange]. Le réseau en tunnel devenait ainsi la seule possibilité pour les combattants vietnamiens de se dissimuler, de se protéger et de se déplacer.
Devant l'inefficacité des armes chimiques, les militaires imaginèrent plusieurs solutions : une armée de rats, des chiens, ils constituèrent des brigades composées de soldats de petite taille susceptibles de s'engouffrer dans les tunnels étroits, ce seront les rats humains surtout des sud-vietnamiens et des mexicains qui subiront de lourdes pertes. Plusieurs régiments refuseront d'ailleurs d'entrer dans ce Death Tunnel.
Pour parvenir à la destruction de ce réseau souterrain, les ingénieurs inventèrent donc de nouvelles bombes aériennes, s'enfonçant plus profondément dans le sol avant d'exploser. La zone fut pendant des mois bombardée, les B'52 avait l'autorisation, avant d'atterrir sur l'aéroport de Saigon, de déverser leur trop plein de bombes au retour de leur mission.
Le réseau souterrain sera cependant utilisé pour l'offensive du Têt de 1968, puis à force de bombardements aériens et d'artillerie deviendra dangereux et stratégiquement moins efficace, tout en restant une menace pour la sécurité de Saigon.
Cu Chi est maintenant un musée très visité, par les touristes du monde entier.
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