Suketu Mehta,
auteur de Bombay Maximum
City
entretien avec Frédéric
Joignot
En 1950, Bombay comptait 2,9
millions d’habitants. Aujourd’hui 19 millions. Soit la moitié de
l’Espagne concentrée dans une ville. Ou deux Portugal. Des
projections de la « Far Eastern Economic Review » annoncent 33
millions d’habitants en 2030. Des chiffres comme « 20 millions
d’habitants » restent abstraits. De préciser qu’à Bombay la
moitié de la population n’a pas de toilettes donnera une idée des
conditions de vie. SUKETU MEHTA, auteur d'un
prodigieux reportage fleuve sur Bombay (aujourd'hui Mumbai), "Bombay
Maximum City" qui lui a pris trois ans. Pendant 700 pages
pleines de rebondissements et de rencontres, l'auteur décrit de
l'intérieur la folle mégapole indienne. Ses bidonvilles où
s'entassent 9 millions d'habitants, où se réfugient les voleurs et
tous ceux dont la vie s'effondre, sa pollution effrayante avec ce
soleil devenu invisible les jours de "fog", sa classe
moyenne en expansion faisant vivre d'innombrables petits métiers et
craignant toujours de redescendre, ses familles richissimes de
Malabar Hill et des producteurs de Bollywood, ses quartiers musulmans
inquiets, menacés par les hindouistes radicaux depuis les derniers
attentats islamistes, ses voleurs et ses trafiquants, ses prostituées
rodant dans les quartiers réservés, ses tueurs payés 500 euros.
Bombay, mégapole du Sud, l'avenir du monde - et déjà le présent.
"Une nouvelle espèce humaine, une espèce surpeuplée et
suburbaine" dit Suketu Mehta.
Vous
êtes né à Bombay, puis vous avez vécu 20 ans à New York. En
retournant à Bombay il y a cinq ans avec votre famille, décidé à
vous y installer, qu’est-ce qui vous a frappé en premier ?
L’odeur de la merde.
Bombay sent la merde et l’encens. Sur le bord de mer, à Dariya
Mahal où habitent les riches industriels et les gens de Bollywood,
d’énormes rochers contiennent les vagues sous les immeubles de
luxe. Des milliers de bombayites font leurs besoins là, tous les
jours. Ce sont les toilettes du quartier. Ça sent très fort la
merde dans les appartements luxueux d’au-dessus ! À Bombay, la
moitié de la population n’a pas de toilettes, plusieurs millions
de personnes défèquent dehors tous les jours, partout. Des tonnes
de déjections s’accumulent, s’incrustent. Toutes les toilettes
publiques sont bouchées à Bombay, depuis des semaines ou depuis des
années. Les femmes sont obligées de se cacher, d’attendre la
tombée de la nuit pour trouver une intimité. A peine je suis arrivé
à Bombay, mon film Gautama a attrapé une dysenterie amibienne à
cause de l’eau souillée par la merde. La plupart des canalisations
de Bombay fuient, sont défectueuses, ou sont piratées par des
squatteurs. Un tiers de l’eau distribuée à Bombay est volée.
Beaucoup de la tuyauterie date encore du temps des Anglais, alors
elles craquent, contaminent les canalisations d’eau à côté, les
eaux souillées et propres se mêlent. Il est dangereux de boire un
verre d’eau du robinet, l’eau qui a lavé des fruits, d’aller
dans une piscine.
Et
dans les bidonvilles ?
Dans les slums, l’eau
devient une denrée rare. Les femmes font la queue autour des points
d’eau, ouverts deux ou trois heures par jour. Quand l’eau arrive
jusqu’à un baraquement, quatre familles sont desservies par un
seul robinet, ce qui entraîne un fouillis indescriptible de
canalisations. Le plombier est roi à Bombay. Impossible de le
joindre. Il se fait payer 16000 roupies (280€) pour réparer un
tuyau. Souvent, il est incompétent. N’allez surtout pas lui dire
qu’il est nul, ou un escroc, car vous aurez bientôt besoin de lui
pour réparer les dégâts qu’il vient de faire. Il vous faut
construire avec lui une véritable relation. Bombay compte
d’innombrables artisans et bricoleurs de génie, dans les slums ils
travaillent le cuir comme personne en Inde, mais comme la plupart
viennent de la campagne, ils n’ont jamais eu accès à des produits
standardisés, aux normes industrielles. Ils ne savent pas comment
les réparer. Mêmes les petits professionnels qui vous proposent
partout leurs services. Où auraient-ils appris les dernières
innovations techniques ? Alors à Bombay, faute de maintenance, le
téléphone, les sanitaires, l’informatique, l’électricité
marchent au ralenti, ou très mal, s’arrêtent sans prévenir. Le
haut niveau de la main d’œuvre indienne dans les hautes
technologies la place au troisième rang mondial, mais plus de 300
millions d’Indiens ne savent pas lire. Des ingénieurs indiens
offrent assez de compétences pour construire un nouvel ordinateur
surpuissant, mais personne ne saura le faire marcher et l’entretenir.
Vous
appelez Bombay, « le pays du Non », pourquoi ?
Vous appelez un médecin ?
Il n’a pas le temps. Vous cherchez un électricien. Il n’a pas le
temps. Vous voulez faire réparer l’ascenseur, la clim, les
toilettes ? C’est « Non ». Trouvez une école, une crèche, une
place à l’hôpital. « Non ». A Bombay, tout se fait au piston,
au graissage de patte, dans l’attente. Tous ces retards, ces
lenteurs, ces refus, ces fonctionnaires irascibles et incapables
peuvent transformer en tueur enragé le plus pacifique des hommes.
Bombay concentre les contradictions les plus folles des mégapoles du
Sud. On ouvre des écoles de commerce de niveau international
inaccessibles aux millions d’analphabètes qui vivent dans les
ruelles d’en bas. La ville absorbe des populations immenses, mais
les services publics sont incapables de leur fournir l’eau et
l’électricité. Nous sommes à la pointe de l’imagerie médicale
et de la chirurgie cardio-vasculaire, mais les maladies infantiles
les plus connues se développent de façon endémique. Les marchands
d’informatique et de matériel électroménager vendent ordinateurs
et machines à laver aux jeunes générations dans des magasins
plongés dans le noir suite à la panne quotidienne.
Vous
dites avoir été frappé par l’extrême pollution de Bombay. Ici
encore, vous parlez de « maximum city »…
Respirer à Bombay équivaut,
question charge pulmonaire, à fumer deux paquets de cigarettes par
jour. L’air est chargé en permanence des gaz de voiture, par la
pollution liée aux artisanats, la teneur en plomb est dix fois
supérieure aux normes admises. On renifle, on éternue, on crache
sans arrêt. Sur Marine Drive, la grande artère qui longe la mer, la
voie la plus rapide de Bombay, la vitesse ne dépasse jamais 20km/h.
La ville connaît un embouteillage permanent, pris dans les gaz
d’échappements, les vapeurs d’essence et de goudron. Aujourd’hui
à Bombay, le soleil ne se couche plus sur la mer, mais sur le smog.
À peine arrivé, j’ai attrapé une pharyngite granuleuse. Pour
m’en débarrasser, il faudrait que j’arrête de respirer ! Mes
amis disent qu’il y a toujours « un virus dans l’air », mes
enfants s’en sont aperçus.
Vous
parlez, comme l’urbaniste Rem Koolhaas, d’une « nouvelle espèce
urbaine » vivant dans les mégapoles ?
Du plus riche au plus
pauvre, tous les bombayites ignorent la solitude, le repli sur soi,
l’isolement. Dans une maison des classes moyennes, protégée par
un gardien, un concierge, un responsable des voitures et plusieurs
mendiants, un défilé ininterrompu de petits métiers commence dès
le matin. Le laitier, l’affûteur de couteaux, le récupérateur de
vieux papier, la masseuse, le réparateur du câble, tandis que
plusieurs domestiques et subalternes s’occupent de la cuisine et
s’affairent dans l’appartement. Personne n’est jamais seul,
chez soi, dehors, au travail, dans les transports, les transport
inhumains de Bombay, surpeuplés, qui prennent des heures. Nous
faisons la queue en permanence, pour trouver un logement, réserver
une place de train, aller à la poste, acheter quelque chose, aller
aux toilettes. La personne juste derrière vous talonne, prête à
vous doubler si vous faites un pas de côté. Aucune intimité,
jamais une pause, une retraite, depuis l’enfance, jamais seuls,
mêmes aux toilettes, je ne parle pas des amoureux ! Dans les rues,
les jardins, les passages, partout, les hordes de piétons t’avalent,
une foule pressée t’encercle, même au restaurant, dans les cafés,
les bordels, au cinéma. L’individualisme à l’européenne
n’existe pas dans les mégapoles du Sud. Nous sommes une nouvelle
espèce d’urbains, celle du futur, celle de la Terre Ville,
habitués à vivre les uns sur les autres, dans une promiscuité
perpétuelle, chacun effectuant sa tâche, à la manière des
insectes, des « coakroach » ! Vous connaissez la philosophie Jaïn,
très importante en Inde, qui défend toutes les créatures vivantes
même les punaises et les moucherons ? Elle prétend que les humains
peuvent connaître sept formes de vie différentes. La survie dans
les énormes villes surpeuplées en est une.
L’immense
Bombay a la réputation d’une ville violente …
Si vous êtes un étranger,
vous risquez les voleurs, les pickpockets, au fond pas grand-chose.
Vous pouvez vous promener partout dans Bombay sans danger, une femme
ne risque pas d’être ennuyée, vous pouvez prendre le taxi sans
risque, mais Bombay est une ville violente. Entre 1992 et 1993, les
émeutes entre hindous et musulmans ont fait 1400 victimes. J’ai
rencontré des émeutiers hindous, des hommes qui ont brûlé vif des
musulmans, attaqué des gens de leurs quartiers, qu’ils
connaissaient depuis longtemps. Ils disent que la haine les a rendu
fous suite aux attentats musulmans qui avaient tué 317 personnes au
siège d’Air India et brûlé vif toute une famille hindou. Il faut
dire qu’avant ces attentats monstrueux, Bal Thackeray, le Le Pen
indien, le leader du parti hindouiste radical Shiv Sena, qui tient la
mairie de Bombay avec le BJP (hindou modéré), avait organisé une
véritable chasse aux musulmans. Les militants repéraient les
maisons, les assassinaient chez eux, dans leurs boutiques. Les
musulmans, 17% de la population de Bombay, marchaient la tête basse,
certains changeaient de carte professionnelle pour continuer leur
commerce, prenaient des noms indiens. Quand les fondamentalistes ont
fait exploser les bombes, les musulmans ont redressé la tête dans
la rue, les transports. Les émeutes ont suivi. Enragées.
La
violence religieuse, écrivez-vous, ferait désormais partie de
l'inconscient de Bombay ?
Depuis ces affrontements,
Bombay se souvient. Le déchaînement de violence fait partie de
l’inconscient de la ville, comme de toutes les mégapoles
cosmopolites avec des tensions ethniques et religeuses. Aujourd’hui
la pression reste forte, mais les affaires et l’argent menant la
ville, hindous et musulmans se sont remis à travailler ensemble
comme avant. Le calme est trompeur, mais l’émeute n’est pas
permanente. Aujourd’hui la tension reste forte, avec des
accrochages, relayés par la guerre au Cachemire ou les tensions avec
le Pakistan. A Bombay, nous sommes tous schizophrènes, hindous et
musulmans possèdent des personnalités multiples, ils se détestent
tout en faisant du business, ils se côtoient tous les jours et se
surveillent, ils se tolèrent le lundi et s’affrontent le week-end.
Nous frôlons le chaos, et puis la vie reprend. Depuis les émeutes,
la pègre et les gangs musulmans recrutent auprès des jeunes. Des
fils ont vu leurs pères être battus à mort, leurs maisons brûler,
alors ils rejoignent les gangs pour se défendre, ou les partis
fondamentalistes pour se venger. Beaucoup s’arment. Les dirigeants
hindous qui ont échauffé les esprits et appelé au meurtre sont
devenus la cible des gangs musulmans, comme la Compagnie Nana de
Rajan.
Ils
se sont entretués. Vous avez enquété sur ces massacres ?
J’ai rencontré un jeune
tueur d’un gang musulman, il avait été payé 3500 roupies (12€)
pour abattre un avocat des émeutiers hindous. Un des chefs de la
police de Bombay, Ajay Lal, m’a expliqué qu’aujourd’hui il s’y
« perdait » entre les gangs et les terroristes musulmans, que
ceux-là s’étaient rapprochés, que les services secrets
pakistanais les infiltraient et les armaient avec des fusils d’assaut
AK 56. J’ai vu Ajay Lal torturer des hommes suspectés de
terrorisme, des durs. On lui a reproché d’avoir laissé faire les
émeutiers hindous, de maltraiter les musulmans. Il faut voir qu’en
face, les militants hindouistes radicaux, le Shiv Sena de Bal
Thackeray, les gangs hindous s’arment aussi. C’est à la police
de maintenir l’ordre. Les hindouistes montrent leur force de temps
à autre, tabassent un directeur de journal musulman, tue un
militant, pour montrer qu’ils peuvent lâcher la meute à des
émeutiers à tout moment si la police ne contient pas les musulmans.
En attendant, Bombay n’a pas connu d’affrontements de masse
depuis dix ans. Il faut bien que les petits commerces tournent, il
faut bien survivre. L’angoisse première du bombayite, avant tout,
est de finir sur le trottoir devant un brasero. Alors il continue des
affaires avec son voisin, qu’il soit hindou ou musulman.
Vous
comparez Bombay, en plus peuplé, à la Chicago des années 1920 ?
A Bombay, le crime paie. Il
y a le vol à la tire dans les trains, les extorsions de fond, les
trafics de toutes sortes, les vols organisés des gangs. Pas besoin
de connaître un métier, pour gagner gros, c’est ça l’attrait
du crime. L’attirance irrésistible de Bombay pour les Indiens
s’explique. N’importe qui peut tenter un coup fourré ici. Pas
besoin d’avoir à travailler. La police n’est pas assez nombreuse
pour empêcher tous les larcins d’une seule journée. Les voyous et
les flics se défient, et les voyous gagnent. Ils disparaissent dans
les slums, entreposent la marchandise, personne ne les retrouve. Un
assassinat ne coûte pas cher à Bombay. C’est un Chicago des
années 20 tropical, avec la mousson diluvienne qui fait s’écrouler
des immeubles. La mafia prospère, et on comprend pourquoi. A Bombay,
la proportion est de 13 juges pour un million de personnes.
L’instruction du moindre procès dure 5 ans. Il faut attendre 20
ans un verdict, une affaire de justice sur deux est traitée,
aujourd’hui il faudrait 350 ans pour épurer les dossiers en cours
! La justice ne décidant jamais, c’est la mafia, les « gondaas »
qui règlent en seconde main la résolution des conflits. Pour les
histoires de logements occupés, les factures impayées, les
remboursements, les travaux mal faits, les violences, etc, tous les
litiges qui paralysent le commerce, les agressions des personnes,
etc, les goondas traitent l’affaire. Ils vous disent : « Si tu
veux, on enlève la fille de ton locataire, il va payer son loyer ».
A Bombay, la voie légale ne fonctionnant jamais, la bureaucratie
étant si gigantesque, toute la population à décidé de couper «
au plus court », pour toutes les activités, que ce soit acheter un
billet de cinéma dans une queue kilométrique, inscrire son fils à
l’école, trouver un objet au marché noir. Le plus court, ce sont
les goongas. Ils établissent les tarifs de la corruption, le prix
des passe-droits, le coût d’une action illégale. Ils développent
une énorme économie parallèle derrière l’économie officielle.
Il faut respecter les règles. A Bombay, la mafia tient jusqu’à
Bollywood, et certains chefs mafieux adorent jouer les méchants dans
les films.
Vous
consacrez un chapitre entier à Bombay, « ville de plaisirs »...
A Bombay, dans les slums
comme les quartiers riches, chacun veut s’en sortir, chacun cherche
la « bonne combine » pour survivre, le métier qui marche,
l’affaire qui tourne, pour pouvoir ensuite profiter de la vie
matérielle, et des plaisirs de Bombay. Un bombayite qui trouve la
combine qui rapporte est plus respecté plus que celui qui réussit
en travaillant dur. A Bombay l’argent est roi. Les Européens
croient que les Indiens sont tous comme le mahatma Gandhi, des hommes
désintéressés, non-violents, cool, religieux, mais ils ne voient
pas que Gandhi a utilisé la non-violence parce qu’il était
désarmé, impuissant face à la puissance anglaise. Il a trouvé la
bonne combine pour se débarrasser d’eux ! Les Indiens ne sont pas
tous comme Gandhi, loin de là. Les Indiens sont des commerçants,
des débrouillards, ils adorent posséder, ils aiment les biens de
consommation, l’électroménager, se moderniser. Bombay est la
capitale de l’envie depuis les slums jusqu’aux studios de
Bollywood. La pub utilise comme slogan « J’ai acheté ça. Les
voisins en bavent ! », la télé raconte la vie rêvée des stars de
Bolliwood, la page trois du Bombay Times est consacrée aux people à
envier même quand on vit à six dans une baraque de planches.
La
nuit Bombay s'agite, sort, vit ?
La nuit, Bombay ne s’arrête
pas. La ville connaît toujours des réceptions, des premières, des
fêtes privées, des dîners, sans oublier les boîtes de nuit, les
bars à filles, les quartiers des bordels. Bombay pense sans arrêt
au sexe. Le bas du panier, ce sont les prostituées népalaises, qui
tapinent dans « la Maison Pila », un quartier qui s’étend autour
d’un vieux théâtre du dix neuvième siècle. Des centaines de
filles attendent dans les escaliers des immeubles délabrés. Les
coolies, les ouvriers, les terrassiers, les travailleurs de force,
les immigrés intérieurs venus du Bihar, de l’Uttar Pradesh
viennent là. C’est du bordel d’abattage. Il y a aussi le
quartier Bach-ni-wadi, moins sordide, une enfilade de ruelles sales
où on mange dehors, boit des bières, regarde les centaines de
femmes s’exposer aux fenêtres, tandis qu’on entend les joueurs
d’harmonium et de tablas accompagner des danseuses qui exécutent
le murja, l’ancienne danse des courtisanes. Trois cents roupies
pour trois chansons avec une femme. Et puis, il y a les centaines de
bars qui ont envahi les banlieues proches comme Chembur, Malad. Des
très jeunes femme dansent là, très habillées, sur les bandes sons
des films de bollywood ! Des jeunes mecs des gangs, de types avec de
l’argent les courtisent, les couvrent de cadeaux, espérant les
séduire. Il leur faudra beaucoup de patience ! Bombay est une ville
d’immigrés sans femme, de gens de la campagne aimantés par la
ville dépravée, de jeunes femmes qui rêvent de devenir des stars
de Bollywood ou top modèles, de marins en transit, d’hommes
d’affaires montés à la capitale, d’innombrables jeunes
célibataires (75% de la population). Tous veulent avoir du sexe. Le
soir, pendant les nuits chaudes, moites de Bombay, faute de chambre à
eux, on voit des couples s’embrasser et se peloter dans les trains,
les sièges arrière des taxis, dans les jardins publics, les
recoins, le long du bord de mer rocheux, sur Carter road à Bandra, à
Malabar Hill au promontoire appelé « scandal point ». Bombay est
une immense chambre à coucher.
Bombay : photo : Martin Roemers |
Suketu Mehta
auteur de Bombay Maximum City
entretien avec Frédéric Joignot :
PHOTOS :
Martin Roemers
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