Il fut un des architectes français des plus talentueux : Antti Lovag nous a quitté ce samedi 27 septembre 2014.
L’architecture ne m’intéresse pas. C’est l’homme, l’espace humain, qui m’intéressent ; créer une enveloppe autour des besoins de l’homme. Je travaille comme un tailleur, je fais des enveloppes sur mesure. Des enveloppes déformables à volonté.
Antti Lovag
Antti Lovag, architecte-habitologue, personnage discret au contraire de ces maisons bulles, n'est pas un contestataire politique, ni même un polémiqueur, et seule son oeuvre présente un anti-conformisme architectural radical. Une radicalité qui s'est exprimée quasi exclusivement au service de riches mécènes avec une production centrée principalement sur l’habitat [1], Antti Lovag garde l’image d’un habitologue à la clientèle aisée voire richissime, dont notamment Pierre Cardin, propriétaire d'un magnifique palais-bulle.
Mais cette clientèle ne doit pas occulter le fait que les techniques de construction imaginées peuvent être à la portée d'un simple particulier pas forcément fortuné. C'est ainsi que Joêl Unal, avec des moyens financiers limités, sur la base des principes constructifs lovagiens et du même style architectural, s'appliqua à auto-construire sa demeure.
Mais cette clientèle ne doit pas occulter le fait que les techniques de construction imaginées peuvent être à la portée d'un simple particulier pas forcément fortuné. C'est ainsi que Joêl Unal, avec des moyens financiers limités, sur la base des principes constructifs lovagiens et du même style architectural, s'appliqua à auto-construire sa demeure.
Au-delà de l'originalité, les réalisations d’Antti Lovag nous démontrent que d'autres architectures de l'habitat sont possibles ; et qui nous interrogent sur la banalité et la répétition des types d'habitat individuel sévissant depuis des décennies. En France et en Belgique, les architectes assurent qu'ils se trouvent confrontés à la réticence et au mauvais gout de leurs clients [l'inculture en matière d'architecture est largement dénoncée] ainsi que de l'administration. Car il s'avère particulièrement difficile en France de bâtir quoique ce soit n'obéissant pas à des règles strictes, évacuant toute originalité. Les maisons d'Antti Lovag et celle de la famille Unal sont aujourd'hui inscrites au patrimoine mais avant cette reconnaissance ministérielle, les permis de construire auront été bien difficile à obtenir [pas de permis pour les maisons de Lovag, selon la légende]: les administrations locales n'appréciant guère l'originalité, le non-conformisme, estimaient et estiment que ces constructions défigurent le paysage, s'opposent aux traditions, au folklore et au pittoresque architecturaux régionaux.
Ce conformisme en vigueur depuis des décennies est depuis peu renforcé par l’article 90 de la loi Loppsi 2, faisant la chasse à l'habitat précaire, et notamment aux personnes défavorisées ne disposant pas d'un logement décent. Tout doit être conforme aux normes.
ANTTI LOVAG
Par : Pierre Roche & Christel Frapier
Né en 1920 en Hongrie d’un père russe et d’une mère finlandaise, Antti Lovag a étudié la construction navale et la construction mécanique en Suède, avant d’étudier l’architecture en France, où il s’installe en 1947, après avoir vécu en Turquie, en Finlande, en Suède et combattu comme aviateur lors de la Deuxième Guerre Mondiale dans l'armée russe. À partir de 1963, il travaille aux côtés de Jacques Couëlle, l’un des premiers architectes à développer en France une architecture organique. Vers 1970, il collabore avec Chanéac et Pascal Haüsermann à des projets d’habitats évolutifs ; ils conçoivent alors tous trois des cellules susceptibles de se connecter les unes aux autres selon le désir de leurs habitants. En 1968, pour convaincre son client, il élabore à Tourrettes-sur-Loup (Alpes-Maritimes) une maquette expérimentale à l’échelle 1 de la Maison Antoine Gaudet, dans laquelle il vit toujours.
Jacques Couelle, architecte avec Antti Lovag |
S’intéressant davantage à l’homme qu’à l’architecture elle-même, Antti Lovag ne se dit pas architecte mais “habitologue”. Il définit le jeu “habitalogique” par différents assemblages possibles de formes, variant en fonction du site d’implantation et des aspirations de l’habitant. C’est notamment à partir de voiles de béton projeté sur un certain type de ferraillage ou de ciment armé de fibres qu’Antti Lovag développe des espaces sphériques ou cylindriques. Pourfendant l’esthétique, ses réalisations partent des gestes de l’homme dans son espace domestique. “L’architecture ne m’intéresse pas. C’est l’homme, l’espace humain, qui m’intéressent ; créer une enveloppe autour des besoins de l’homme. Je travaille comme un tailleur, je fais des enveloppes sur mesure. Des enveloppes déformables à volonté.” (Antti Lovag) Sa définition de la mobilité est celle de l’évolution, de l’adaptation de l’espace à l’usage. Espaces, formes et enveloppes ne sont pas figés, déterminés, mais modifiables à volonté. Le client se trouve dès lors, dès le début de l’aventure, confronté à l’élaboration de sa propre maison : Antti Lovag implique, en effet, l’utilisateur dans la conception de ses espaces, le fait participer, revendiquant les principes d’autoconstruction, en adéquation avec l’association “Homme & Habitat” (Lyon), qui favorise l’expérimentation de “nouveaux modes de vie”. Ce sont désormais ces nouveaux modes de vie qui sont la finalité, les matériaux et les techniques étant les moyens.
Photos : Jan-Richard Kikkert |
L’espace des habitations d’Antti Lovag procède par “simulation des fonctions et des situations ; on mime les gestes et les déplacements. Ce n’est donc plus le dessin préalable qui mène à la construction, mais la “valeur d’usage” de la maison et du mobilier.” (M. Ragon) Par le biais d’une maquette de travail, puis par l’adaptation de la construction en cours de chantier, l’habitat devient un prototype fait sur mesure, adaptable aux besoins de l’habitant, sur un site choisi par ses soins. “Dans une maison-bulle, l’espace intérieur est structuré par le mobilier et les espaces de circulation. La recherche de formes pratiques conduit à l’élimination des angles et à la conception d’espaces centrés favorables à la vie de groupe. L’extérieur est la traduction de l’intérieur. Il n’y a plus de distinction entre murs et toiture. Il s’agit d’une coque qui assure les deux fonctions, en continu. La demi-sphère outrepassée enveloppe, sans enfermer. Les trouées de lumière et de vue nous mettent en position d’observateur protégé et naturellement tourné vers l’extérieur. Les perspectives intérieures non linéaires créent une impression d’ampleur. Comme dans tout espace délimité par des courbes, chaque déplacement entraîne une modification de perspective. Ce qui contribue à créer une impression de variété inépuisable.” (Christian Roux). L’interpénétration des espaces intérieur et extérieur, selon les saisons et les humeurs, est rendue possible par des “modules ouvrants” (coques et espaces meublés), qui permettent de déboîter et d’ouvrir les murs vers l’extérieur et de changer la configuration initiale de la maison. La recherche d’adéquation la plus totale entre l’homme et son habitat est le vecteur de toutes les solutions plastiques d’Antti Lovag. À l’orthogonalité, au strict alignement des ouvertures et aux fenêtres en bande du mouvement moderne, Antti Lovag oppose un éclairage zénithal par “skydômes”, selon lui le mieux adapté pour retrouver ventilation et lumière naturelle, complétés d’oculi et de baies ovales qu’il place à hauteur de vue. À chaque pièce correspondent au moins deux ouvertures sur l’extérieur, placées tous azimuts, largement ouvertes sur le paysage ou au contraire focalisant sur un point précis. À rebours de la “géométrie restreinte” et de la théorie de l’angle droit, Antti Lovag défend par les généreuses courbes de ses habitations une construction libérée de toute contrainte géométrique et spatiale. Procédant par imbrications de modules sphériques de dimensions diverses, il accède, par la juxtaposition de ces cellules, à une impression toujours renouvelée d’espace, créant des perspectives inédites. Attentif aux matériaux et mises en œuvre de son temps, Antti Lovag expérimente toute technique susceptible de s’adapter aux besoins de l’homme et de son habitat, à la quête d’une économie à la fois temporelle, matérielle et énergétique. Après des premières recherches dans les années 50 aux côtés de Jean Prouvé ou Vladimir Bodiansky, il ne cessa d’expérimenter coques et autres “bulles”, selon différentes techniques. Il utilise notamment les techniques incluant ferraillages et treillis soudés ou une technique appelée “tricot tendu”, c’est-à-dire constituée d’arceaux sur lesquels est étirée une membrane. L’exécution même de la coque permet d’appréhender sa continuité visuelle et spatiale. Il n’y a plus de distinction entre le sol, les murs et la toiture. Ainsi, le réseau métallique constituant le ferraillage de la bulle assure la continuité avec le ferraillage du radier, incorporant dès cette étape le mobilier fixe (escalier, mezzanine-hamac, étagères, etc.). Le mobilier est ici destiné à faciliter la vie des usagers et à leur offrir un confort maximum par des éléments articulés.
La taille des coques est déterminée par le choix du mobilier et des circulations, adapté à la vie même des habitants. Afin de réduire les coûts de coffrage, réputés onéreux, Lovag invente ses propres coffrages, obtenus par projection de résine de polyester armée de fibres sur une matrice. Ce moule, alors léger et surtout réutilisable plusieurs fois, permet l’application de la matière. Cette matière est en réalité un sandwich de matériaux armés de fibres englobant trois épaisseurs d’alvéoles (composées d’un intérieur de polystyrène moulé de forme courbe, et de mortier armé de fibres à l’extérieur) disposées en quinconce. Nécessitant une quantité très faible de matière, la forme même de la coque permet l’obtention de propriétés mécaniques - et notamment une résistance - accrues, au point d’obtenir une stabilité parfaite en cas de séisme. Les possibilités de combinaison des éléments permettent une variété très importante de volumes. Autoportantes, les coques se contrebutent entre elles, ou sont reliées par des couloirs de formes courbes. La construction artisanale de ces coques s’appuie sur les recherches des ingénieurs des années 50-60 sur l’application des voiles de béton armé dans l’architecture.
La taille des coques est déterminée par le choix du mobilier et des circulations, adapté à la vie même des habitants. Afin de réduire les coûts de coffrage, réputés onéreux, Lovag invente ses propres coffrages, obtenus par projection de résine de polyester armée de fibres sur une matrice. Ce moule, alors léger et surtout réutilisable plusieurs fois, permet l’application de la matière. Cette matière est en réalité un sandwich de matériaux armés de fibres englobant trois épaisseurs d’alvéoles (composées d’un intérieur de polystyrène moulé de forme courbe, et de mortier armé de fibres à l’extérieur) disposées en quinconce. Nécessitant une quantité très faible de matière, la forme même de la coque permet l’obtention de propriétés mécaniques - et notamment une résistance - accrues, au point d’obtenir une stabilité parfaite en cas de séisme. Les possibilités de combinaison des éléments permettent une variété très importante de volumes. Autoportantes, les coques se contrebutent entre elles, ou sont reliées par des couloirs de formes courbes. La construction artisanale de ces coques s’appuie sur les recherches des ingénieurs des années 50-60 sur l’application des voiles de béton armé dans l’architecture.
Photos : Jan-Richard Kikkert |
La Maison pour Antoine Gaudet, qu’il rencontre dans les années 60 [2], située au flanc de la montagne de Tourrettes, est l'une des premières réalisations de ce type par Antti Lovag. Cette habitation est une imbrication de portions de sphères et de lignes courbes. Les coques sont conçues en voile de micro-béton; le béton est projeté sur le ferraillage disposé en plusieurs nappes, des gabarits amovibles garantissant la régularité de la courbe durant le chantier. Un dessin en coupe révèle une étude de la perspective interne, en fonction des parois à double courbure et en fonction des différences de niveau du sol, de l’ameublement et des ouvertures. La lumière est captée et transmise par les skydômes et les oculi.
La Villa de Pierre Bernard à Port-la-Galère, commune de Théoule-sur-Mer, dans les années 70, est l’aboutissement des recherches habitalogiques menées par Antti Lovag. Pierre Bernard décède en 1991 alors qu’une deuxième villa est en cours sur la même commune de Théoule, au lieu-dit L'Esquillon. Pierre Cardin achète alors la villa de l’Esquillon en 1992, et arrêtera les travaux en mai 1993. Lové sur les hauteurs de Théoule-sur-mer, le Palais-Bulle de Pierre Cardin à l’Esquillon (1993) est un agencement de cellules développant un espace courbe, qui permet la coexistence de plusieurs secteurs de vie : salle à manger, dont la coque s’ouvre par son milieu sur la terrasse, avec table à plateau tournant, cuisine attenante (supprimée), mezzanine en forme de hamac avec son escalier d’accès. Le cheminement se fait sans entrave, quelques marches élèvent le sol d’un espace à l’autre, à l’aplomb de l’intersection de leurs voûtes respectives. Au fur et à mesure de l’avancée, les points de vue se renouvellent, la lumière se fait enveloppante, chaude et intense. Les skydômes ont une fonction de ventilation particulièrement efficace dans la partie haute du volume habité, mais constituent surtout, selon diverses inclinaisons, une source de lumière permettant de capter les rayons du soleil sans que jamais ceux-ci plongent de façon inopportune pour les usagers. Les baies et les oculi donnent une perspective externe selon un rapport d’échelle ; à la large baie est associée un oculus ciblant un rocher ou un arbre. Toute l’habitation est un agencement de sphères. Il en résulte un espace qui, sur plusieurs étages, se prolonge, donnant à cette enveloppe translucide une forme d’apparence labyrinthique. Il s’agit en réalité d’un assemblage de cellules qui, collées les unes aux autres, créent des micro-espaces dans l’espace comme le montrent les hamacs, contreforts sur la coque. Les coques sont liées entre elles par des “couloirs” courbes, des escaliers en demi-cylindre ; les quelques portes en matière synthétique translucide, et protégeant l’entrée des espaces privés, sont en forme de lentille allongée et légèrement bombée. Les coupoles sont dotées de skydômes en plexiglas, selon une orientation expérimentée. Les oculi (en verre) tels des orifices font pénétrer la lumière, composant ainsi avec la lumière zénithale.
On peut encore notamment citer, outre ses interventions à Castellaras pour Jacques Coüelle dès 1963, et à la Cité Marine de Port-la-Galère pour Kandjian (jusqu’en 1968), une maison à Fontaines-sur-Saône pour Hélène et Christian Roux qui concrétise d’importantes notions, comme celle de la mobilité des équipements. Les meubles d’Antti Lovag sont conçus séparément les uns des autres, et en fonction de l’usage attendu. Ce sont des instruments qui rendent opérationnels les espaces et leurs relations. Ainsi, la banquette lovagienne s’étire en un arc de courbure. Rembourrée et relativement basse, avec une assise et un dossier inclinés pour une meilleure détente, elle permet de converser avec tout interlocuteur. Elle peut cerner une table en forme de cercle ; le plateau est fixé au centre sur l’extrémité d’un bras de potence qui lui permet, par rotation autour d’un pivot latéral, de s’écarter de la concavité de la banquette. Dans une habitation lovagienne, les parois modèlent les espaces ouverts entre eux : des meubles spécifiques prolongent ces parties et participent à l’enveloppe en même temps qu’ils en définissent l’usage. Ainsi, les meubles de rangement sont des tambours tournants, intégrés partiellement à la paroi qu’ils animent ou à un repli de coque qu’ils occupent ; ailleurs, ils sont isolés sur un bloc de cuisine ou de toilette. Ce mobilier n’a, pour Antti Lovag, qu’une valeur d’usage, le lit est d’abord imaginé, puis l’orientation de la lumière du jour et la circulation alentour, et, enfin, l’insertion dans l’espace-chambre.
Pierre Roche & Christel Frapier
http://www.frac-centre.fr/public/collecti/artistes/lovag/noti01fr.htm
http://www.frac-centre.fr/public/collecti/artistes/lovag/noti01fr.htm
MAISON UNAL
La maison Unal, située à Labeaume en Ardèche présente d’évidentes parentés formelles avec les maisons bulles d'Antti Lovag, mais elle se singularise car ce seront les propriétaires-habitants qui l'auto-construiront. Joël et Claude Unal ont cependant fait appel à l'architecte Claude Haüsermann-Costy, qui a accompagné leur projet surtout dans le domaine technique. Ils ont entièrement réalisé la construction, dans des conditions difficiles : moyens limités, site isolé, absence d’eau et d’électricité. Élaboré à partir de 1972, le projet a été concrétisé sur le long terme, la construction se poursuivant jusqu’en 1990, 2000 pour la peinture extérieure, 2008 pour les extensions successives. le principe constructif reprend un de ceux imaginés par Lovag : voile de béton (graviers + ciment + eau), des fers à béton et du grillage.
La maison est constituée de bulles agglomérées les unes aux autres, qui, loin de dénaturer le caractère sauvage du site, font corps avec les rochers, auxquels se mêle telle une cascade l’eau des bassins de la piscine. Les espaces sont ouverts les uns sur les autres et une partie des meubles est intégrée à l’architecture. Les matériaux utilisés sont sobres et les finitions soignées : enduit blanc, mosaïques de couleurs vives, dallage en opus incertum de pierre de Ruoms, plexiglas diffusant une lumière orangée.
Cette maison jouit d’une certaine postérité puisque dès 1981, Joël Unal a partagé son expérience dans un manuel destiné aux auto-constructeurs désirant employer une technique similaire : Pratique du Voile De Béton en Autoconstruction publié aux éditions Alternatives en 1981. Par ailleurs, fort de l’expérience acquise sur le chantier de sa maison, il a créé une entreprise de ferraillage de structures à double courbure, dont l’expertise était reconnue à l’échelle nationale.
BARBAPAPA
La célèbre famille télévisuelle Barbapapa, s'est largement inspirée de l'architecture de Lovag, Chanéac, Couelle, Hausermann... Une véritable critique contre l'architecture conventionnelle des HLM, faite par les auteurs dont Annette Tyson qui est architecte de formation.
ORIGINALITÉ et ADMINISTRATION
Dans un article, Véronique Willemin - architecte, auteur de Maisons vivantes et Maisons mobiles dans la collection Anarchitecture - nous explique les difficultés inhérentes à ce type de projets hors normes.
Dans votre dernier ouvrage (Maisons vivantes), vous décrivez un état d'asphyxie de l'architecture contemporaine, en proie à des lois de plus en plus draconiennes en matière de construction. Comment se traduit cette crise ?
Véronique Willemin : En France, l'Administration bloque complètement l'innovation dans le domaine de la maison individuelle. Il est très compliqué pour un particulier d'obtenir un permis de construire et un projet original risque fort d'aboutir à un échec. Par conséquent, les architectes sont de moins en moins nombreux à se lancer sur ce type de chantier.
Quels projets ne peuvent pas voir le jour aujourd'hui en France ?
Dès lors qu'un projet sort de l'ordinaire, les difficultés commencent. L'innovation fait peur. A force de vouloir rationaliser la construction à outrance, on est arrivé à une situation d'étranglement. Les chartes normatives établies au niveau des départements sont de plus en plus rigides. Par exemple, il est impossible de faire construire un chalet en Bretagne même si celui-ci est magnifique. De même, il n'est pas partout autorisé de peindre ses volets en bleu. Pourtant, il est intéressant de constater que les maisons d'Antti Lovag et la maison Unal ont reçu le label Patrimoine du XX e siècle alors qu'elles ont été édifiées sans permis de construire !
Est-ce que l'écologie peut conduire à réintroduire du vivant dans l'habitat contemporain ?
Aujourd'hui, les matériaux HQE - haute qualité environnementale - sont très en vogue, mais cela ne sert à rien de plaquer de tels matériaux sur des constructions qui ne sont pas innovantes. Il ne suffit pas de répondre au catastrophisme ambiant - le réchauffement de la planète, la montée des eaux - par des mesures ponctuelles isolées. Ce n'est pas non plus en proposant des maisons individuelles pas chères que l'on va résoudre les problèmes. La difficulté aujourd'hui, c'est qu'on manie en permanence de grands concepts : l'écologie, la mondialisation, le vivre mieux. Mais, sur le terrain, quand on arrive avec son crayon en main pour dessiner un projet, on a besoin de réponses concrètes. C'est oui ou non. On fait ou on ne fait pas.
Pourtant la demande en projets innovants est forte du côté des particuliers.
Les gens ont un fort désir de vivre différemment, ils ont envie de yourtes, de tipis ou de maisons végétales. Le blocage existe uniquement sur la mise en oeuvre administrative et politique. Je suis en train de travailler sur un prochain ouvrage dédié aux maisons sur l'eau qui ne répondent pas aux mêmes normes. Un bateau, par exemple n'est pas considéré comme un bien immobilier mais comme un bien mobilier et cela change toutes les perspectives.
NOTE
[1] à l’exception du CERGA - Centre d’Études et de Recherches Géodésiques et Astronomiques - en 1978 à Caussols et du CETE - Centre d’Études Techniques de l’Équipement - à Aix-en-Provence en 1988.
[2] La rencontre avec Antoine Gaudet, en janvier 1968, marque une année charnière dans la vie de Lovag. Séduit par une maquette-bulle vue par hasard dans la vitrine d’un marchand de biens à Cannes (projet d’opération immobilière de 12 maisons à Sophia Antipolis, non réalisé), Gaudet entre en contact avec Antti Lovag qui en est l’auteur. Passionné par les progrès de la technologie moderne et par l’architecture de coques au point de financer les recherches de Pascal Häusermann sur une coque préfabriquée en mousse phénolique et plaques d’inox, Antoine Gaudet trouve en Antti Lovag le partenaire idéal pour réaliser sa maison dans le Sud, qu’il souhaite de formes très originales et d’une technique inédite. Gaudet et Lovag partagent le même rêve d’un habitat alternatif et se lient d’une longue amitié. Suite à une crise cardiaque, en avril de la même année, Antti Lovag démissionne de l’agence de Jacques Couëlle et, fasciné par l’idée d’une architecture prospective (Michel Ragon, 1965), il entame une réflexion sur des formes alternatives d’habitat. Pour bien marquer la dimension non conventionnelle de son approche il se définit comme habitologue. En 1969, le chantier de la maison Gaudet démarre à Tourrettes-sur-Loup.
Bonjour,
RépondreSupprimerArticle très bien fait, nous aimerions rentrer en contact avec la ou les personnes qui ont écrit cet article, vous pouvez nous écrire à aventurebullepourtous@gmail.com.
Cordialement, M. Cuisin-Lovag Numa
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Excellente article ! merci
RépondreSupprimerlove it tanks
RépondreSupprimerAvez vous des plans détaillant la coupe des murs des bulles ?
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