Le
Comité des mal-logés créé en mars 1987, prend pour modèle les
luttes pour le droit au logement engagées entre 1972 et 1973, par le
Secours rouge
et les militants de la Gauche prolétarienne : aides légales aux
mal-logés, occupations illégales et autres
activités placées sous le double signe de la solidarité sociale et
de leur politisation. Guy Dardel, un des fondateurs de ce comité,
avait d'ailleurs été un jeune militant de la Gauche prolétarienne ;
puis fondateur du groupe Prolétaires
pour le Communisme (PPLC), avant de
créer le comité des mal-logés, avec d'autres militants de la
mouvance « Autonome ». Le comité s'autodissout en 1994. Nous
publions ici leur brochure datée de juillet 1991, intitulée :
L'EXPERIENCE du CML
« Et
aussi longtemps que subsistera le mode de production capitaliste, ce
sera folie de vouloir résoudre isolément la question du logement ou
tout autre question sociale concernant le sort de l'ouvrier. La
solution résidé dans l'abolition de ce mode de production, dans
l'appropriation par la classe ouvrière elle-même de tous les moyens
de production et d'existence. »
Friedrich
ENGELS |1872
Nous
dédions cette brochure à :
Mr
BINET, membre du Comité des Mal-logés, ancien routier, privé
d'emploi, qui s'est laissé mourir en 1988, à 50 ans, dans sa
chambre du 55 rue Compans plutôt que d'aller mendier des aides au
bureau d'aide sociale.
Mr
Mohamed KELIFATI, membre du Comité des Mal-logés, mort en 1991,
à 80 ans, dans une chambre sordide, après avoir été expulsé pour
la dernière fois du 13 rue du Tunnel. Il avait à cette occasion
déclaré à France Culture : « Le jour où ils me
relogeront ce sera au cimetière. »
LE COMITÉ DES MAL-LOGÉS :
POURQUOI ?
Dès
le départ, le Comité des Mal-logés a du s'opposer à la logique et
aux pratiques diverses amenées par la « lutte » menée
autour des sinistrés de l'hiver 86/87, et autour de l'occupation du
67 rue des Vignoles qui s'ensuivit. Des immeubles flambent :
En
hiver 86/87, quatre incendies provoquant de nombreux morts éclatèrent
dans le 20e arrondissement de Paris ; ces incendies se déclarèrent
dans (ou) a proximité de zones en voie de rénovation ou les prix du
terrain a bâtir allaient brutalement atteindre des sommes
faramineuses. L’intérêt des spéculateurs est double :
- Obtenir le départ immédiat des habitants qui faute de pouvoir accéder a un autre logement, s'accrochent a leur taudis.
- Revendre au prix fort l'emplacement du terrain occupé par l'ancien bâtiment a des promoteurs. (En quelques années un immeuble peut voir sa valeur doubler sans autres « travaux » que l'expulsion de ses habitants).
L'ouverture
du 67
Le
67 rue des Vngnoles a été ouvert en Novembre 1986, en réponse à
une situation d'urgence suite aux premiers incendies. Les enfants de
certaines de ces familles étaient scolarisés dans le quartier
Réunion : les instituteurs et les parents d'élèves s'émeuvent, le
curé s'en mêle, les militants associatifs prêtent leur concours et
battent le rappel de toutes les bonnes âmes secouristes : « Il
faut faire quelque chose, on ne peut pas les laisser dormir dehors
! ». L'équipée sauvage commence. Après une ouverture d'un
taudis invivable, l'idée d'un immeuble pour toutes les familles fait
son chemin.
A
proximité de l'un des hôtels incendies place de la Réunion dans le
20e, un immeuble vide tend ses bras, la chance sourit, le 67 s'ouvre.
Des jeunes squatters sont appelés en renfort pour leurs compétences
techniques et la « force militante » qu'ils pouvaient
représenter. Les gens qui ouvrent le 67 rue des Vignoles n'ont que
peu de rapports avec le ''collectif de soutien aux sinistrés",
majoritairement composé d'organisations et d'associations de
''Gauche", qui dés l'ouverture de l'immeuble se dédouanent
complètement en dénonçant l'aventure et la manipulation qui vise a
placer les familles dans l'illégalité, et a les envoyer au "casse
pipe". Seule la cellule PCF du 20e soutient publiquement
l'occupation.
Un
Comité de soutien déjà !
Cette
structure orientait sa propagande sur "l'aspect particulièrement
odieux d'attentats racistes" dont la responsabilité était
implicitement attribuée a l'Extrême-Droite (le 20e était
l'arrondissement de Le Pen) et à la Droite Chiraquienne qui refusait
de reloger les familles sinistrées. Pour nous cette démarche était
négative à plusieurs titres :
- Elle dédouanait une Gauche qui fait preuve d'autant de racisme dans le quotidien (travail, logement, répression, etc...).
- En refusant d'aborder le problème en amont (dégradation générale des conditions de logement, spéculation immobilière), on pouvait s'attendre å d'autres incendies criminels ou "accidents", ce qui n'a pas manqué de se produire.
- Enfin l'hypocrisie d'un tel anti-rascisme se traduisait par des attitudes méprisantes et révoltantes des "souteneurs" envers les sinistrés.
Cette
impasse sur les questions de fond s'explique par les projets de
société des réformistes d'aujourd'hui, qu'iIs soient au pouvoir ou
non. Le P.S., mais aussi toutes les forces de "Gauche",
n'ont aucune proposition de réforme susceptible de ménager à la
fois le maintien du niveau de vie des travailleurs et une économie
capitaliste, qui n'a d'autre choix pour se maintenir que d'exploiter
toujours davantage.
Qu'il
s'agisse de salaires, d'emplois, de logements, de protection sociale,
d'immigration, les désirs de justice sociale se heurtent
immédiatement aux impératifs économiques que le Gouvernement PS
gère et que la "Gauche" justifie.
Face
a une économie en difficulté, les réformistes, puisqu'ils se
refusent å remettre en cause la nature du système, cèdent en
permanence aux impératifs de l'économie de marché et renvoient
leurs idées généreuses au placard. Engager la lutte sur le
logement, à partir de ces incendies, aurait signifié de s'engager
dans une lutte qui se heurte à leur goût de façon trop flagrante
au système. Et d'ailleurs en revendiquant des logements H.L.M.
(cages à lapins dont personne ne voulait il n'y a pas si longtemps)
le Comité des Mal-Loges s'est vu qualifié d'organisation jusqu'au
boutiste de nature à déstabiliser l'Etat.
Les
incendies et la brutalité avec laquelle avaient été traités les
sinistrés, avaient sensibilisé la population locale. Les
organisations réformistes se sont donc employées à contrôler une
mobilisation naissante et a l'orienter sur des impasses
électoralistes et inter-classistes.
Pratiquement
le Comité de Soutien aux sinistrés s'octroyait la direction de la
lutte et la propagande :
- En axant les interventions en direction des mass-médias et des responsables politiques (interventions dont ils ont la maîtrise à la différence des sinistrés), ils dépossédaient sciemment les premiers concernés de leur lutte.
- En plaçant en avant le seul cas des sinistrés, ils isolaient ces derniers d'autres Mal- Logés qui auraient pu entrer en lutte à leur coté.
L'organisation
du 67 et l’éphémère "Un logement d'abord"
Le
soutien a l'occupation du 67 se manifeste de diverses manières,
notamment par la création au bout d'un mois de l'association : “Un
logement d'abord". Dans cette association c'est un point de vue
défendant les intérêts de la petite bourgeoisie et des classes
moyennes contre la spéculation qui l'a emporté, en se servant des
prolétaires comme masse de manoeuvre, développant l'assistanat et
le clientélisme pour bloquer des perspectives d'élargissement.
Pendant qu'une cinquantaine d'associations et d'organisations
diverses rassemblent péniblement une centaine de personnes pour des
manifestations furtives, au 67 règne l'effervescence : il faut
organiser l'installation des familles, la vie au quotidien et gagner
la loi d'hiver.
Le
67 devient vite le lieu phare de toutes les forces combatives,
oisives et inorganisées présentes sur le secteur, jusqu'en février
1987. Les connaissances de chacun sont mises bout à bout, tant bien
que mal, et parfois au détriment de la tranquillité de l'immeuble ;
un soutien å l'occupation se formalise au travers de la création
dès les premières semaines de Un logement d'abord : association loi
1901 aux objectifs flous et au fonctionnement aléatoire. Entre les
canettes de bières des oisifs et les dossiers d'aide judiciaire des
familles, gérés par des "petits blancs instruits", la
confusion s'installe.
Des
contradictions qui se retrouveront sur la place de la Réunion
s'enracinent durablement. D'un coté beaucoup, chacun à sa manière,
partent d'un principe simple : des maisons vides, des gens à la rue,
marions-les. Mais ils n'ont aucune connaissance des enjeux et peu de
combativité à défendre leurs principes, derniers avatars
des critiques radicales des années 70 : ils condamnent l'assistanat
en posant les verrous des familles, brocardent les chefs, en
organisant les corvées de chiottes, s'affirment autonomes face aux
partis ou organisations politiques en leur laissant la direction
diffuse de la lutte, se revendiquent révolutionnaires en crachant
sur le pauvre couillon de prolo, qui "perd sa vie a la gagne",
dénoncé comme "beauf".
De
l'autre les bonnes âmes du quartier qui se regroupent autour d'Un
logement d'abord. Les habitants du 67 épurent peu à peu le tumulte
du soutien qui s'était crée à l'ouverture. Les squatters pensent à
leur squat et Un logement d'abord finit par n'être plus
qu'une signature au bas d'un tract rédigé à trois ou quatre
personnes, ou un tampon au bas d'une lettre recouvrant la signature
du président.
La
création du Comité des Mal-Logés : lutte des travailleurs
C'est
dans ce contexte qu'un groupe de militants a proposé d'élargir la
lutte : en refusant de lutter contre le racisme et les problèmes de
logement en soi, mais comme les conséquences de notre exploitation.
Le
Comité des Mal-Logés réquisitionna deux appartements H.L.M. en
avril 1987, des actions communes furent menés avec la Coordination
des Hôtels Meublés, des immeubles menacés d'expulsion
s’organisaient, la permanence du C.M.L. au 67 rue des Vignoles
s'enracinait dans le quartier.
En
juin 1987, après des mois, la plupart des familles sinistrés
furent relogées. Parce que laisser davantage traîner la situation,
c'était aussi bien pour la "Gauche" que pour la Droite,
prendre le risque de voir le Comité de Soutien se faire déborder
par une lutte qui s'élargissait.
Regrouper
les mal-logés pour la plupart immigrés, vu les dangers de
répression dus a l'isolement dans lequel les confine un racisme
dominant en à fait sourire plus d'un. C'était oublier que
l'élargissement n'est pas un gadget, ni des principes énoncés au
bas de tracts et pas davantage des bouffes ou concerts mélangeant
les genres. L'élargissement se construit en mettant en avant des
intérêts communs, et lorsqu'il progresse il devient une force qui
protégé de la répression.
C'était
oublier que ces mal-logés là ne sont pas simplement immigrés, mais
avant tout des ouvriers indispensables au fonctionnement économique
(70% des adhérents du Comité des Mal-Logés sont des travailleurs
venus des différents pays sous domination économique de la France
(Algérie, Mali, etc...), c'est que c'est la partie de la classe
ouvrière de la France qui est le plus durement touchée dans ses
conditions de vie par la crise : salaires, logements, scolarité,
santé, etc...
C'est
la conscience d'avoir un rôle actif dans la société qui a amené
des travailleurs à se révolter contre les conditions de logement
qu'ils subissent. Même lorsque la misère remet en cause la survie
immédiate (incendies, accidents mortels, maladies) cela ne suffit
pas nécessairement a engendrer la révolte, pour peu que cette
misère soit comprise comme l'ordre normal des choses ou une
fatalité. C'est sur la conscience d’être volé, exploité, que
naît la révolte. C'est en mettant en évidence, par des actions
concrètes le sort que subissent ceux qui produisent les richesses,
(travailleurs du bâtiment par exemple) que l'on dévoile la nature
même du système. On situe par là, la frontière entre les
exploités (ou ceux destinés à l’être) et les exploiteurs.
En
opposant les intérêts de ceux qui produisent, à ceux de la
bourgeoisie qui tire profit du travail des premiers, un groupe de
militants a défini les bases de l'unité et de l'élargissement.
Car une fois les camps clairement délimités, l'élargissement peut
s'étendre à l'ensemble de ceux qui n'ont que leur force de travail
à vendre pour survivre.
Ainsi,
si logiquement se sont des travailleurs actifs qui ont été les
premiers à se reconnaître sur ces bases, cela n'a pas constitué
une limite. Bien évidement, le camp de ceux qui ont intérêt a
lutter contre l'exploitation ne se limite pas å ceux qui
transforment la matière et se font voler le fruit de leur travail.
C'est la bourgeoisie qui fixe notre place dans la société, qui gère
au grès de ses intérêts, une masse de main d'oeuvre exploitable.
Quelque soit nos statuts : retraités, intermittents, RMIstes,
actifs, à la production, ou à sa périphérie, chômeurs, notre
sort, nos conditions de vie sont liés, et sont fixés par la
bourgeoisie.
De
toute évidence les Mal-Logés sont ceux qui ont de faibles revenus,
qu'ils soient chômeurs ou travailleurs en fixe, français ou
immigrés, etc... et très rapidement, des retraités, invalides,
travailleurs au chômage ont rejoint le Comité des Mal- Logés. En
revanche ceux qui vivent du travail des autres sont bien logés.
Développer
une telle unité, se transforme en rapport de force, non pas qu'il y
ait là un quelconque enjeu électoral, ni la possibilité physique
d'affronter la police. En revanche la bourgeoisie craint de provoquer
une prise de conscience dans le prolétariat qui remettrait en cause
la légitimité du fonctionnement capitaliste. Les C.R.S. n'ont pas
évacué par la force la place de la Réunion, parce qu'ils ont
craint l'émeute dans un quartier de travailleurs, émeute qui
risquait de dévoiler le vrai visage du Gouvernement social-démocrate
et du coup cristalliser, un mouvement uni de travailleurs contre
l'exploitation.
Cependant
il n'a pas craint quelques jours plus tard de matraquer sévèrement
des personnalités. Lorsque les bourgeois déclarent à propos du C.
M. L. : "Ces gens-là cherchent la rupture" ou encore "La
'Gauche' est en danger", ils dévoilent leurs craintes de voir
des prolétaires prendre conscience qu'ils ne sont pas "exclus"
mais bel et bien indispensables à une économie qui les oppresse
toujours davantage. Ils craignent de voir des travailleurs ne plus
justifier les salaires de misère, la précarité de l'emploi, du
logement, le chômage, au nom d'une fatalité, au nom de la
nécéssaire concurrence entre multinationales. Ils craignent que les
travailleurs prennent conscience que leurs sacrifices ne serviront
qu'a enrichir la bourgeoisie et qu'ils n'auront que des coups de
matraques lorsqu'ils demanderont le minimum en retour.
Ils
ne craignent pas quotidiennement de mettre en péril la vie, la santé
d'enfants en les maintenant dans leur taudis. Les accidents, le
redéveloppement de maladies graves ou contagieuses tel que la
tuberculose, le saturnisme chez les enfants en témoigne. C'est une
vaste hypocrisie collective que de parler "des familles",
cela ne sert qu'à masquer que la bourgeoisie craint la réaction
d'ouvriers organisés si on les place dos au mur.
Or
la bourgeoisie ne peu plus se permettre de voir la main-d'œuvre ne
serait-ce que rechigner à la tâche. Plus la crise avance, plus la
bataille de la concurrence est vitale pour les bourgeois, plus ils
leur faut pour la gagner, une main-d'œuvre docile et prête à
sacrifier les acquis sociaux.
Le
rapport de force
C'est
ce rapport là qui dès le départ a protégé la lutte du Comité
des Mal-Logés. Si le Gouvernement n'a pas expulsé dès le départ
les immeubles du C.M.L. c'est qu'il craignait ce qui a commencé à
se produire début mai 1990, place de la Réunion en réponse à deux
expulsions : la cristallisation d'une nouvelle unité entre
travailleurs, passant au-dessus des divisions qui permettent au
système de se maintenir.
En
expulsant deux immeubles du C.M.L. le Gouvernement a provoqué ce
qu'il craignait lui-même, voir des chômeurs, des actifs, des
francais, des immigrés, des jeunes et des vieux au coude à coude
contre lui. Montrant ainsi que les divisions peuvent se dépasser, et
donc que les moyens pour les prolétaires de lutter et d'obtenir des
victoires existent.
L'aspect
le plus flagrant de ces perspectives d'unités, tient au fait d'avoir
vu des immigrés à l'avant-garde de la lutte, campant ainsi avec
l'histoire des mouvements sociaux.
L'état
des contradictions existantes au démarrage même du 67 rue des
Vignoles et du C. M.L. se retrouvent sur la place de la Réunion. Le
'Soviet' impulsé par les éléments moteurs du C.M.L. et des jeunes
squatteurs, mal supporté par les "chefaillons" blancs du
67 et les professionnels du soutien, semblera faire croire un moment
à une résolution de ces divisions dans une pratique euphorisante.
Or
les contradictions subsistent. Au sein du Comité des Mal-Logés,
dans ses assemblées
générales quand elles purent se tenir, ces contradictions ont été
largement débattues. Même si les discussions n'ont pas permis de
résoudre les oppositions, une unité de fonctionnement et de lutte
par rapport à la place à toujours su se dégager. Ce qui fut loin
d’être le cas du collectif de soutien et des diverses
organisations qui le composaient où là, le débat à souvent été
volontairement escamoté. L'unité qui s'y dégageait était ce que
nous appelons une unité à la baisse faite du plus petit
dénominateur commun de regroupements d'intérêts opposés (les
pauvres familles a la rue). Ces contradictions ne pouvant de fait se
résoudre, elles s'affirmèrent souterrainement, progressèrent, et
semèrent durablement une confusion par rapport aux enjeux et aux
formes de luttes, ceux-ci finissant par s'opposer dangereusement. La
fin de l'occupation du square de la Réunion et l'éclatement en
plusieurs pôles le démontrent.
Ce
que la place avait pu donner comme illusion de dépassement reste à
construire et le débat reste entier pour qu'une unité de classe
soit trouvée.
Un
logement décent pour tous
En
revendiquant des logements décents pour tous (les bourgeois, eux en
ont) et plus concrètement des HLM., le C.M.L. organiserait pour
certains le recul des avantages sociaux. C'est à dire qu'il
lutterait sur ce que la bourgeoisie finirait par octroyer si on la
pousse un peu. Effectivement il n'y a pas si longtemps, beaucoup
refusaient de se voir loger dans des "cages à lapins",
situées dans des banlieues dortoirs loin de tout, pour des loyers
pas si modérés que ça.
Pour
nous aussi l'existence de situations extrêmes de logement ne peut
justifier d'accepter des reculs. Accepter des H.L.M. sous prétexte
que c'est mieux que rien revient à accepter d'être éternellement
battus, de voir sans cesse son niveau de vie baisser sans espoir de
voir la tendance s'inverser.
Mais
comme l'Etat n'a plus la possibilité de loger a bas prix le
prolétariat, (limitation de constructions H.L. M. : en 1981 182000,
en 1990 85000, organisation des hausses de loyer dans le secteur aidé
et surtout privé), revendiquer des H.L.M. se heurte à la logique
capitaliste. En revendiquant des H.L.M., par un biais, le C.M.L.
attaque un effet de la crise du système capitaliste : la baisse des
revenus des travailleurs. Et en argumentant cette revendication comme
le minimum en retour, par rapport aux richesses que nous produisons,
c'est la nature même de l’exploitation qui est dénoncée.
La
logique du C.M.L. est donc d'unifier des producteurs actifs ou
potentiels pour lutter contre l'un des effets de l'exploitation : la
dégradation des conditions de logements.
S'attaquer
à la propriété privée du logement ?
Être
propriétaire de logement ne signifie pas que l'on soit exploiteur et
inversement être locataire ne signifie pas non plus que l'on soit
exploité. D'ailleurs la bourgeoisie se sert de ces conceptions pour
diviser les prolétaires. Ainsi nombres de propriétaires occupants
se croient nantis, du fait de leur statut, alors que beaucoup ne sont
pas sûrs de pouvoir rembourser les prêts qu'iIs ont du contracter.
Dans ce cas le titre de propriété n'est qu'un bout de papier qui ne
reflète pas la réalité. En fait seule une intime partie de la
population propriétaire, se range clairement du coté de la
bourgeoisie (entre 100 et 200.000).
Propriétaires,
bailleurs d'un nombre important de logements, mais qui également,
spéculent sur les terrains à bâtir, ou possèdent des entreprises
de construction. En revanche le bourgeoisie oppose les soi-disant
intérêts de 60% de propriétaires aux 40% de locataires alors que
de toute évidence il n'y a pas 60% d'exploiteurs et 40% d'exploités.
Attaquer
la propriété privée du logement, donc d'une marchandise ne dévoile
qu'une conséquence de notre exploitation. C'est la propriété
privée des moyens de production (machines, entreprises, etc...) qui
permet à la bourgeoisie de payer les travailleurs infiniment moins
que l'équivalent des richesses qu'ils ont produits. Une fois ce vol
effectué, un travailleur peut trés bien devenir propriétaire d'une
marchandise, son logement par exemple. Il n'en est pas moins
exploité, puisqu'il lui aura fallu produire x fois la valeur
équivalent à son logement pour en devenir propriétaire.
S'attaquer à la spéculation ?
Prendre
la question du logement uniquement sous l'angle de la spéculation,
particulièrement dans les gros centres villes, ne dévoile pas
davantage la nature de l'exploitation. Paris, le centre des villes
assez importantes, hormis quelques ilots dont les ouvriers n'ont pas
encore été chassés, sont beaucoup trop chers pour les
travailleurs, mais aussi pour les classes moyennes et pour la petite
bourgeoisie. (83 % de la population française n'a pas les moyens
financiers de se loger à Paris intra-muros, dans les logements neufs
ou réhabilités).
Dans
les centres des villes, qui sont des pôles économiques, les
bourgeois achètent très cher le privilège de pouvoir se loger au
centre des activités. La rareté du terrain disponible crée un
problème d'offre et les prix flambent, c'est avec l'argent volé sur
notre travail, la plus-value extraite sur les ouvriers, au niveau
mondial, que les bourgeois s'échangent ces logements. Le prix des
logements à Paris, dans les centres villes, n'ont pas une valeur
complètement irrationnelle mais correspondent à ce que l'on vole
aux travailleurs.
Ce
qui est délirant dans les barèmes pratiqués au sein des centres
villes, c'est le prix de l'exploitation de l'ensemble des
travailleurs qui apparaît au travers des opérations spéculatives.
Ceux, petits bourgeois, qui n'arrivent pas à exploiter suffisamment
se voient aujourd'hui évincés par les plus gros d'un marché
juteux.
Les
classes moyennes et la petite bourgeoisie ont intérêt à voir la
spéculation se faire moins brutale, mais ce type de contradiction ne
peut aller très loin, car la grande bourgeoisie, celle qui décide,
a elle un intérêt vital à favoriser la spéculation immobilière
même si les rapports de force qu'elle crée entre capitaux ne sont
pas bien vécus par certains capitalistes. De tout temps la petite
bourgeoisie a essayé de détourner les luttes pour le droit a un
logement vers la dénonciation de la spéculation à Paris, et
l'histoire a montré le danger pour les prolétaires de s'unir a la
petite bourgeoisie, car le sens de sa lutte c'est d'obtenir un plus
grand partage du gâteaux sur notre dos. Elle cherchera, dès un
rapport de force établi, la conciliation avec le pouvoir, défendant
ses propres intérêts, sacrifiant le moment venu celui des
travailleurs. (Nous revenons plus loin dans la brochure sur cet
aspect.)
La
réquisition populaire de H.L.M. Vides
La
réquisition de logements HLM. est la forme d'action qui exprime le
plus clairement les revendications du C.M.L., puisque cela revient à
prendre ce que nous demandons : rien de plus que nos droits. C'est
donc l'occasion également de re-situer la lutte comme un
affrontement direct et concret. De plus, en s'attaquant aux H.L.M.,
le C.M.L met le doigt sur la responsabilité de L'Etat quant aux
conditions de logements.
En
prenant l'initiative, en s'installant dans des logements vivables et
non des taudis a rénover ou aménager, on se place en situation
avantageuse pour continuer la lutte. Des bas loyers (environ 20% du
S.M.I.C.) sont envoyés aux Offices de H.L.M. parce qu'il s'agit de
signifier à la population que la lutte du C.M.L. n'est pas de
s'attaquer à la propriété privée des marchandises, puisque le
rapport de force politique et organisationnel ne le permet pas dans
le cadre de la société actuelle. Mais c'est surtout le cadre dans
lequel les réquisitions s'inscrivent : luttes de producteurs contre
la baisse des revenus, qui lui donne un contenu radical.
D'autres
réquisitions ont été menées dans d'autres contextes sans
provoquer une telle conflictualité. Des réquisitions ouvrières de
logement avaient déjà eu lieu dans l'histoire récente et plus
spécialement a Lyon en 1986, mais elles se limitaient à dénoncer
les quotas racistes dans les attributions de logements H.L.M.
Les
attaques diverses contre le C.M.L.
Le
C.M.L. au cour de son développement a été l'objet de nombreuses
attaques, qui si elles ne l'ont pas détruit, l'ont affaibli, et ont
considérablement freiné son développement. La Mairie de Paris et
le Gouvernement Socialiste par le biais de la police et des médias
ont toujours cherché à enfermer le Comité des Mal- Logés dans un
problème relevant strictement de l'immigration. Ils ont fait leur
posible pour réduire le C.M.L. a un Comité d'immigrés. Des
français (blancs) furent rapidement relogés, d'autres subirent des
pressions policières. Si finalement ce type d'attaques n'a pas
empêché le C.M.L. de vivre, c'est le contenu de sa propagande, ses
revendications, qui lui ont permis de devenir une structure de lutte
pour tous les travailleurs même si sa composition est
majoritairement immigrée.
Très
vite, en Juin 1988, le Gouvernement de "Gauche" s'est
refusé à employer une répression qui risquait de se retourner
contre lui. L'enjeu n'étant plus d'empêcher une agitation
incontournable, mais de peser sur les contradictions du mouvement, en
vue de l'orienter, le freiner, éventuellement s'en servir et le
réduire le moment venu.
Les
principales attaques ce sont faites simultanément dans deux sens :
d'une part lors des dernières réquisitions et quelques mois durant
avant les expulsions du 2 Mai 1990, noyer l'impact réel du C.M.L. en
le surmédiatisant (avec l'aide des journalistes) en cherchant a
détourner le sens de sa lutte, tantôt contre la question
chiraquienne, tantôt strictement contre la spéculation à Paris, ou
développant l'idée de charité comme palliatif aux problèmes de
logement. Il s'agissait pour le Gouvernement de donner la possibilité
aux organisations qui lui sont proches et à son collaborateur (cela
est défini au cours de cette brochure) au sein du C.M.L., de
reprendre l'initiative et la direction de la lutte. En exemple
l'occupation de la rue Keller qui avait été, en réunion, refusée
par les membres du C.M.L. tombait a point pour détourner la
responsabilité de l'Etat. Les responsables de cette 'opération',
malgré ce refus, se sont empressés de distribuer des tracts, faits
en douce, signés du Comités des Mal-Logés. C'est à partir de
cette intervention, très médiatisée bien sûr, sur des logements
privés que sont réapparus les discours préconisant une meilleure
défense de la propriété privée du logement aboutissant après
quelques mois à l'adoption de l'article 61 du code de procédure
civile, excluant les occupants sans droit ni titre du bénéfice de
la loi d'hiver.
D'autre
part, à coup d'opérations orchestrée (campement rue de Tourtille,
grève de la faim devant la Mairie du 10e, et donc occupation du 5
rue Keller), à coups de manigances auxquelles des arrivistes ont
prêté leur concours actif, le Gouvernement a cherché à faire
croire aux membres du C.M.L. que l'économie d'une structure stable
et organisée pour lutter était possible. Ainsi petit a petit, il a
réussi à favoriser au sein du Comité des Mal-Logés un point de
vue prônant le clientélisme voir l'individualisme. C'est une fois
l'unité du C.M.L. bien entamée que le Gouvernement crut pouvoir
employer la répression ce 2 Mai 1990.
Les
expulsions du 2 Mai
Malgré
l'occupation policière du quartier et la dispersion pratiquée
volontairement par la Préfecture des expulsés aux quatre coins de
la Région Parisienne, l'expérience acquise au sein du Comité des
Mal- Logés depuis plus de trois ans permit le regroupement au pied
du 67, dans la journée même. Ce regroupement fut constitué de tous
les expulsés et de leur soutien le plus immédiat (les membres du
C.M.L. non expulsés et disponibles, les jeunes squatters qui ont
toujours soutenu ses pratiques, et les habitants du quartier
sensibilisés depuis longtemps par le travail de propagande de
celui-ci). C'est parce que le C.M.L. Est le lieu central
d'organisation d'occupants et d'immeubles en lutte qu'il a réussi à
faire vivre concrètement la solidarité et l'unité entre Mal-Logés.
C'est
pourquoi la place de la Réunion a pu être occupée immédiatement,
malgré l'état de siège du quartier imposé par la Préfecture. Au
bout d'une semaine les directions des diverses associations,
organisations syndicales et politiques se prononcent pour la
légitimité de la lutte menée par le C.M.L., pour le relogement des
familles expulsées. Ces prises de positions sont pour une grande
part le résultat de plus de trois années de lutte précédant
l'expulsion du 92 rue de la Fontaine au Roi et du 67 rue des
Vignoles.
Ainsi
ce sont bien des structures locales ou de bases qui ont imposé à
leur directions nationales ou parisiennes de soutenir cette lutte de
la place, car elles connaissaient le C.M.L. Individuellement ces
gens, militants ou adhérents se sentirent concernés par la
situation globale du logement des travailleurs en Région Parisienne
illustrée très concrètement sur cette place occupée.
C'est
l'aspect 'solidarité de lutte" qui est dominant les deux
premières semaines : Collectif d'Occupation de la place, où les
militants, les habitants du quartier et les expulsés se sont
naturellement retrouvés côte à côte, avec les militants qui
n'avaient pas attendu les consignes de leurs responsables.
Plus
que les réquisitions, méthode de lutte, c'est l'indépendance du
C.M.L. qui est le plus attaquée. Le plus important a détruire pour
la bourgeoisie, c'est l'idée que les travailleurs puissent s'unir,
s'organiser eux mêmes, défendant leurs propres intérêts. Et dans
cette optique elle a malheureusement de nombreux alliés conscients
ou non. On l'a vu lors de l'occupation de la place, les organisations
qui composaient le Comité de Soutien peuvent se mettre en avant de
la lutte jusqu'à prendre physiquement des risques face aux C. R.S.,
jusqu'à envisager de réquisitionner des logements HLM pour peu
qu'elles aient, au travers de cet engagement la direction de la lutte
et l'opportunité de dénaturer le contenu du combat. Cela a été le
sens de leur soutien, matériel et politique. Parallèlement ils ont
impulsés en concurrence les tentes installées devant la Mairie du
19e et au Sacré Cœur durant l'occupation de la place. Dans ces
entreprises les principaux acteurs négatifs du soutien : le P.C.F.,
Emmaüs, L.C.R., LD.H., C.F.D.T., etc... ont fait cause commune car
ils ont tous eu intérêt et on encore intérêt à déstructurer le
Comité des Mal-Loges. Ils sont pour la plupart complices du
Gouvernement et donc de sa politique sur le logement, car ils ne
remettent pas en cause la logique capitaliste. Durant l'occupation du
square de la Réunion le C..M.L. a toujours pu imprimer ses principes
de lutte (non sans affrontements) a l'intérieur d'une gestion
matérielle et politique qui lui échappait peu à peu sous la
pression des organisations et autres sus-citées. Ces derniers
créèrent une autre structure, afin d'imposer :
- D'une part la manifestation de la honte du 16 Juin 1990 où le P.S., Parti des expulseurs serait présent.
- D'autre part un discours ou l'on ne parlait plus de travailleurs en lutte pour leur droit au logement mais de pauvres familles à la rue.
Cette
structure se situait bien en dehors de celle mise en place par les
membres du C.M.L., où les principes de l'autonomie de la lutte
étaient défendus par beaucoup.
C'est
bien dans cet esprit, que l'Abbé Pierre, figure ô combien
médiatique d'Emmaüs, a été mis en avant de manière outrancière
lors de cette lutte.
Le
rôle des « souteneurs » professionnels : étouffer la
lutte
L'Abbé
Pierre et les Emmaüs
Leur
rôle, comme leur histoire et leurs pratiques constantes le
démontrent depuis leur origine, est d'éviter qu'il se creuse un
fossé entre le prolétariat et la bourgeoisie, fossé qui s'il
s'accentuait la mettrait de fait en danger.
1945,
le pays est prêt a être reconstruit. La bande a bourgeois a réussi
son cyclique tour de passe-passe magique qui vise a transformer, par
le biais d'une guerre, sa perte d'accumulation de capital, en marchés
a nouveau ré-ouverts et en misère humaine grandissante. 1945 à
nouveau l'exploitation du monde du travail peut reprendre dans les
meilleures conditions. Et comme le disait le camarade Maurice, alors
au Gouvernement : 'la grève c'est l'arme des trusts".
Dans
ce contexte de restrictions, de rationnement, de précarité absolue
que connaissait des centaines de milliers de prolétaires, des luttes
et des mouvements sociaux apparaissent, qui connaîtront leur apogée
et finalement leur écrasement dans les années 1951-1.958. Au milieu
de tous ces prolétaires, qui soit tentent de s'organiser et de
lutter, soit se replient dans une soumission a la fatalité
diabolique de la misère, l'Abbé Pierre ex-député et d'autres
prêtres lancent les communautés de survie, les chiffonniers
d'Emmaus. Dans un environnement de bouillonnement social où beaucoup
de travailleurs encore croyaient a la possibilité d'une reconquête
de leurs droits et donc d'un bouleversement social, l'Abbé et ses
premiers compagnons viennent se vautrer sur la misère. Il s'agit
dans leurs conceptions d'éviter à tout prix que des prolétaires
pris a la gorge et n'ayant plus d'autre choix pour survivre que la
révolte voire la révolution, trouvent dans l'organisation d'une
survie moins misérable des raisons de patienter et de ne pas
franchir le pas. En faisant appel à des valeurs réactionnaires
considérées comme nobles telles que la rédemption par le travail,
le libre arbitre, la bonté et le pardon, ils organisent des
« déshérités » ou « laissés pour compte »
toujours de sexe masculin et sans attaches familiales, dans des
communautés autarciques et de fait coupées de la réalité sociale.
Ce
sont ces communautés qui leur permettent de structurer des zones de
survie en 1954, dans les environs immédiats des quartiers les plus
dévastés et touchés par la crise (ce sont de véritables villages
de tentes installés dans des terrains vagues) appelant la
bourgeoisie, les classes moyennes et les ouailles de toutes les
paroisses de France a soulager un peu de misère afin d'éviter
l'explosion.
Emmaüs
n'est rien d'autre qu'un rouage critique mais intégré du système
capitaliste. Auparavant, certains travailleurs mal-logés ayant
connaissance de l'ordonnance du 19 Octobre 1945 instituant le droit
de réquisition des logements vacants au profit des sans logis, mais
qui était restée quasiment sans application dans certaines grandes
villes, occuperont collectivement et populairement dés 1947 des
villas, appartements, et immeubles. Des militants audacieux, par leur
action, permirent a plus de 5000 familles de se reloger à Marseille,
Nice, Lille, Rouen, Angers. A la traîne de ces mouvements
sporadiques et pas toujours organisés, l'Abbé et ses compagnons à
partir de leurs bases d'implantation, feront parti en 1954 (grâce a
leur logistique) en créant des rapports de dépendance matérielle,
d'un soutien mou à ces réquisitions.
C'est
dans cette situation que des familles se verront inculpées à de
nombreuses reprises par les pouvoirs judiciaires et que toute
ouverture de porte devra par la suite recevoir l'aval ou le soutien
des curés « anarchisants ». Le pouvoir peut alors
transformer le grand élan populaire de soutien, en mouvement
d'opinion et de compassion pour ces « pauvres sans logis »
qui se révoltaient. L'insurrection populaire urbaine qui couvait
pouvait alors être transformée par le pouvoir politique en
« insurrection de la bonté » . La France pleurait dans
les chaumières sur ces enfants morts de froid pendant cet hiver
53-54. Combien y en avait-il eu avant? L'hiver était rude, l'Abbé
veillait, et le problème du nécessaire logement des travailleurs ne
se posait plus en termes de structures économiques a bouleverser. La
petite bourgeoisie et les bourgeois n'avaient plus a craindre qu'une
révolte des gueux ne leur ôte leurs privilèges.
C'est
bien dans le même sens que l'Abbé et sa logistique sortirent de
leur retraite au moment de l'occupation du square de la Réunion.
L'objectif en était bien, comme a l'accoutumé, de briser, de noyer
ou de marginaliser la lutte de classe impulsée par le Comité des
Mal-Loges sur le logement, pour prendre la direction médiatique et
politique de celle-ci. Le pouvoir pouvait se permettre de dire qu'il
relogeait des « pauvres familles sans abris dormant sur le
sable, au 20e siècle, pour raisons humanitaires »,
certainement pas de laisser l'exemple d'une lutte revendicative, de
travailleurs Mal-Logés, qui paie. Ce sont, par exemple les
responsables d'Emmaüs qui au travers de l'A.R.I.L. (l'A.R.I.L:
Association pour le Relogement en Ile-de-France est une structure
mise en place par le Gouvernement, sous couvert de gestion sociale,
pour orienter les dossiers de demandes de logements « pris en
compte » par les Préfectures, dans un objectif certain qui est
de calmer les « remous » pouvant exister dans ce domaine
! ) gèrent jusqu'au bout une partie des dossiers de relogements et
notamment les baux glissants. Dans un autre registre ce sont
également eux qui sont responsables pour une partie de la
« distribution » du RMI. Ce sont eux qui auront tenté
jusqu'au bout encore de s'imposer dans la lutte par le biais du
paiement de nourriture et de tentes, objectifs toujours contrariés,
même imparfaitement parle C.M.L. Les travailleurs Mal-Logés ne
réclament pas l’aumône (les moyens matériels de survivre sous
une tente) mais l'obtention d'un droit réel à un logement.
A
la suite de la place, lors des différentes actions du Comité des
Mal-Logés consécutives à de nouvelles expulsions (oct-nov 1990),
comme l'implantation de la tente de la Mairie du 18è, les compagnons
de l'Abbé feront systématiquement le forcing auprès du C.M.L. afin
d'organiser une réquisition d'hôpital désaffecté pour y loger les
familles qui risquaient de se faire expulser. Proposition bien
évidement refusée en assemblée générale par ses membres. Lorsque
l'on réclame des logements décents, ce n'est pas en organisant des
solutions de précarité absolue (des asiles pour clochards, exemple
classique) que les familles de travailleurs obtiendront leurs droits.
La seule réquisition possible c'est celle de logements qui nous sont
dus.
Quand
au fonctionnement interne de leurs troupes, nous avons pu constater
qu'un de leurs compagnons, conducteur d'un des camions qui nous livra
les tentes, par le fait qu'il se rapprochait du point de vue de la
lutte du Comité des Mal-Logés se verra à titre punitif,
"déclassé", retiré de la place et envoyé au tri de la
ferraille durant une quinzaine de jours. Bonjour les scouts ! Mais
lors des deux interventions musclées des C.R.S. (l'une lors du
déchargement des tentes, l'autre lors de la tentative d'expulsion
d'un squat de jeunes de la rue Ligner) les responsables d'Emmaüs
feront partie des résistants et se prendront, avec autant de courage
que d'humilité, de violents coups de matraque. Ça rapproche du
peuple !!
Le
PCF
Vu
l'ampleur de la solidarité, le P. C. F . a soutenu par obligation la
lutte place de la Réunion et malgré ses déclarations sur le droit
des travailleurs a se loger, en orientant ses revendications sur le
droit de vivre à Paris, (revendications interclassistes par
excellence) il a sacrifié une fois de plus, fidèle a son histoire,
les intérêts généraux du prolétariat : en particulier la
fraction dont le niveau de revenus l'exclu durablement d'un logement
décent. Il est prêt a lutter avec les gens dont la défense des
intérêts immédiats est conciliable avec la logique capitaliste à
Paris et en banlieue : l'aristocratie ouvrière, la petite
bourgeoisie, et même les classes moyennes.
Affiche PCF | Année 1970 |
Il
craint aussi que l'extension de l'autonomie ouvrière et ses formes
d'actions n'atteignent les Municipalités qu'il gère. C'est pour
cela que sur Paris, il soutient les occupations et réquisitions et
qu'à Ivry, St Denis, Champigny, Bagnolet, etc..., il étouffe ou
condamne les Mal-Logés qui s'auto-organisent. Témoin l'exemple
récent de la réquisition de H.I.M. À Bagnolet le 16 Mars 1991. Le
P.C.F., bien que prévenu par une diffusion de tracts à la
manifestation “prière” (mon Dieu donnez-nous des logements) à
laquelle il avait appelé et organisé avec la clique de l'Abbé
Pierre devant Notre Dame, non seulement ne viendra pas soutenir les
travailleurs occupants cinq appartements, mais de plus critiquera
vertement par la suite cette action. Les arguments développés au
travers de sa presse ou de l'amicale des locataires de cette cité :
l'O.S.C.A.R., (association faisant partie de la CNL) mettront en
avant les divisions organisées par la bourgeoisie entre les
travailleurs. Du style : « Ce sont des Africains de Paris
qui sont venus à Bagnolet », « le Comité des Mal-Logés
est un Comité Parisien ». Nous prétendons, nous, fidèles à
une longue tradition de pensée et d'action du mouvement communiste
que le combat des prolétaires contre leur exploitation ne connaît
ni patrie, ni frontière, et encore moins de limites communales.
La
CFDT
Elle
a servi notablement de courroie de transmission au P.S. dans la lutte
afin d'orienter celle-ci dans une bagarre contre Chirac, pour
dédouaner le Gouvernement. Concrètement : l'U.D.C.F.D.T. mobilisa
régulièrement et en
nombre
aux rassemblements hebdomadaires devant la Mairie du 20e, mais
sûrement .pas place de la Réunion. A l'occasion de la troisième
manifestation, celle du 19 Mai, une note interne du P.S. conseillait
a ses militants de se placer dans le cortège de la C.F.D.T. afin de
ne pas étre isolés.
La
LCR
Parce
que la Ligue Communiste révolutionnaire [NPA aujourd'hui] détermine
ses activités en fonction de la politique des grandes organisations
réformistes (PS, PC) elle a privilégié une unité de partis et
d'associations de 'Gauche' au détriment de l'unité des concernés
eux-mêmes : les travailleurs défendant leurs droits et de fait en
lutte contre leurs expulseurs : le Parti Socialiste. Sa conception de
la révolution est celle d'un renversement guidé par un Parti-Etat,
contrôlé par une élite pour 'le bien de la classe ouvrière".
Elle ne peut supporter l'idée de voir les ouvriers défendre eux
mêmes leurs propres intérêts. .
La
Ligue des Droits de l'Homme
De
notoriété publique la LDH est un des pions du PS. Sous le couvert
d'arguments généreux et humanistes elle défend un point de vue
interclassiste et renvoie dos à dos l'oppresseur et l'oppressé dans
un oecuménisme bon enfant. Nous ne nous étonnons pas que la LDH
n'ait jamais soutenu le C.M.L., lorsqu'il réquisitionnait
publiquement des HLM. vides pour affirmer, par le fait, le droit des
travailleurs qui produisent les richesses a disposer d'un logement
décent. En effet cela heurtait pour elle le droit des promoteurs
d'entreprendre ou des marchands de biens, privés ou publics, de
disposer librement des biens volés à la classe ouvrière.
Par
contre on l'a vue intervenir avec un retard notable à l'allumage,
lorsque l'état des contradictions existantes lui permettait de
soutenir la frange la plus opposée au discours de classe soutenu par
le Comité des Mal-Logés. Ce n'est en effet que lorsqu'il y a moyen
de nier ou de noyer la lutte des travailleurs pour leurs droits, dans
une lutte qui puisse être intégrée par le système dominant, que
la LDH sort de son apathie. Des centaines d'enfants sont atteint de
saturnisme ou de tuberculose, des milliers sans abris, des dizaines
de milliers sont frappés de retard scolaire à cause des conditions
désastreuses de logement qui sont faites a une partie de plus en
plus importante de la classe ouvrière ; cela n'effraie pas son sens
aigu des droits de l'homme et du citoyen. Tout est bien dans le
meilleur des mondes possibles, il suffit simplement que des familles
ne dorment pas a la rue ça fait "tache". Dans des taudis
cela se voit moins.
C 'est
une fois que l'unité autour de la place et des principes défendus
par le C.M.L., le S.M.O., la C. N.T., V. P., et autres, ainsi que
diverses personnes, a été suffisamment entamée par l'action
conjointe des « petits chefaillons blancs » du 67,
épaulés par les militants de la LCR, du PCF, d'Emmaüs, de S.O.S.
racisme et des Verts, que la L.D.H. est intervenu dans le but de
peser sur le détournement en cours de ce mouvement populaire
naissant. La suite de ces menées donnera, en accord avec le P.S. et
les institutions gouvernementales, naissance au D.A.L. (Droit Au
Logement). C'est bien parce que la place était chaude et toute
préparée pour cette naissance que les fondateurs du D.A. L. n'ont
fait aucune difficulté pour quitter le Comité des Mal-Logés lors
de sa première Assemblée Générale de l'après relogement.
Le
Droit Au Logement
De
l'aveu même de militants indécis au moment de la création de cette
structure, les locaux du DAL. présentent tous les aspects d'un
bureau d'aide sociale. On retrouve bien la les pratiques sécurisantes
mais au combien déresponsabilisatrices qui avaient déjà cours au
67 rue des Vignoles, à des fins très précises : déposséder les
travailleurs de leurs possibilités d'organisation autonome dans la
lutte en leur faisant prévaloir que la confiance aveugle en des
gestionnaires de dossiers « ayant le bras long » leur
fera faire l'économie de cette lutte et de la construction d'un
rapport de force. Il faut rappeler que la grande majorité des
familles et des célibataires du 67 n'auront prit leurs cartes du
Comité des Mal-Logés qu'au lendemain du 2 Mai 1990 alors que la
permanence existait déja depuis trois ans et demi en ce lieu et
protégeait de fait le 67.
L'existence
du DAL n'est que la conséquence même d'un faire valoir, sous forme
d'une association loi 1901, mise en place par la plupart des
principales organisations citées plus haut. Ces organisations étant
de façon claire les représentantes de la petite bourgeoisie, qui
elle, ne cherche qu'à maintenir ses privilèges sur le dos du
travail ouvrier. De plus elles ne conçoivent pas de laisser se
développer sans contrôler toute forme de lutte revendicative dans
le domaine du logement ouvrier qui tendrait à moyen ou long terme à
une remise en cause globale du système capitaliste. Dans un premier
temps, lors de l'occupation de la place et même antérieurement, ces
organisations, regroupées par la suite avec le D.A.L. Au sein d'un
Comité de vigilance contre les expulsions, ont tenté de
déstructurer et d'anéantir le Comité des Mal-Logés, soit en
essayant de contrôler ses diverses luttes, soit au sein même du
C.M.L. avec l'aide de certains de ses militants bien décidés a
créer des divisions et refusant de respecter sa Charte. Tout au
cours de la résistance place de la Réunion ces organisations ont
rapidement compris qu'iI ne leur serait pas possible de voler
l'autonomie de la lutte des membres du Comité des Mal-Logés. Cette
tentative d'anéantissement n'ayant pas réussi, ces organisations
décident d'épauler une certains nombres de gens, dont certains
membres du CML, qui le quittent sans tambour ni trompette, afin de
créer le D.A.L. chargé entre autre de continuer leur entreprise de
déstructuration du Comité des Mal-Logés.
Quelques
techniques utilisées, et que nous avons pu vérifier à maintes
reprises: faire croire aux gens que le C.M.L. n'existe plus, ou bien
que le D.A.L. et le Comité des Mal-Logés c'est la même chose.
Certains membres de celui-ci menaient un travail politique depuis
plus d'un an en son sein afin de s'allier aux organisations
traditionnelles pensant que cela ferait plus de poids auprès des
autorités pour l'obtention des logements dont ils avaient besoin.
C'était ne pas comprendre que ces organisations ne se déplacent que
si un rapport de force concret existe non pas dans le but de soutenir
une lutte juste de travailleur (c'est à dire une unité et une
pratique commune de travailleurs défendant leurs droits et vivant
des rapports de solidarité et de corresponsabilité transformant en
partie leurs vies) mais de réorienter celle-ci, sous leur égide si
possible, dans une pratique servant leurs intérêts particuliers.
Ce
sont ces membres là, dont certains habitaient le 92 rue de la
Fontaine au Roi, qui avaient pratiquement abandonné la lutte un an
avant leur expulsion. Ce qui dirige idéologiquement ces
comportements et ces choix c'est une conception petite bourgeoisie de
la lutte. Les revendications de la petite bourgeoisie n'iront jamais
jusqu'à remettre en cause la société telle qu'elle est, mais
plutôt à obtenir plus d'avantages et de privilèges qu'elle n'en a
déjà. Mais quand elle n'en a pas les moyens, sa pratique est de
rallier les luttes ouvrières afin d'utiliser le rapport de force de
ces ouvriers dont les conditions de vie lui importe peu. On s'en rend
encore mieux compte des qu'elle a atteint ses objectifs. Un exemple,
alors que la famille Diouara occupait encore la tente devant la
Mairie du 18e dans le but d'obtenir un logement suite a son
expulsion, une proposition de logement fut faite via un des
responsables du DAL, par la Préfecture qui le croyait, représentant
du C.M.L. Celui-ci, envoya un de ses émissaires sous la tente pour
prendre la température (voir si la famille Diouara était prête à
adhérer au DAL ce qui se solda par un refus catégorique). Celle-ci
s'avérant plus que fraîche, il se garda bien de mettre au courant
de la proposition de relogement la famille qui vivait depuis plus de
deux mois sous la tente dans le froid et la pluie. Ce n'est que bien
plus tard que Mr Diouara en prit connaissance de la bouche même d'un
des administratifs de la sous-direction du logement de la Ville de
Paris.
Un
des objectifs qu'ont confié ces diverses organisations au DAL est de
déstabiliser et de réduire à zéro, si possible, le CML, pour la
bourgeoisie, le Comité des Mal-Loges, de part la justesse de sa
lutte, empêche entre autre celle-ci de réaliser le plus sereinement
possible l'évacuation des derniers quartiers ouvriers de Paris. Pour
ce faire le DAL est embauché a cette tache et de fait se contente de
mener une « lutte » contre les diverses Municipalités de
Paris et sa Mairie en se gardant bien de « montrer » les
dents auprès des représentants gouvernementaux tels que Préfectures
et autres. La petite bourgeoisie tient à conserver ou a acquérir a
n'importe quel prix, sur le dos de luttes de travailleurs, ses
privilèges, aussi minimes soient-ils. Elle ne souhaite sûrement pas
prendre le train de banlieue avec les "prolos". Elle a
également besoin de la place qui sera ainsi laissée libre. Or, a
elle seule elle n'a pas la force de résister contre les promoteurs,
c'est donc la force des ouvriers qui s'organisent qu'elle brandira en
menace pour obtenir « Le droit de vivre a Paris » pour
elle-même. Droit accompagné de passages piétons, crèches
parentales, lieux de culture, espaces verts, etc...
Mais
cette force ouvrière est à contrôler également, ou à détruire
dès l'instant qu'elle affirme son autonomie. Le Comité des
Mal-Logés se fera expulser une permanence dans le 19e au 13 rue du
Tunnel, en Octobre 1990 et une tente devant la Mairie du 18e en
Décembre 1990, après les relogements des familles occupants la
place de la Réunion, dans l'indifférence la plus totale malgré le
froid. Une permanence d'assistance sociale (le DAL) et une grève de
la faim d'une pauvre démunie attireront par contre ces organisations
et les honneurs de la presse. La petite bourgeoisie n'aime l'ouvrier
que pauvre et à aider.
Il
ne faut donc pas que la confusion qui fut, est et sera entretenue par
le DAL et ses sympathisants, fasse perdre de vue que c'est sur la
base de contradictions politiques et de profondes divergences
d'intérêts qu'il existe ces deux structures. Il est également
important de dire pour une meilleure compréhension que la création
de cette association a bénéficié du soutien d'une partie des
familles du CML, essentiellement celles ayant déjà obtenu leurs
relogements sur la place de la Réunion.
Le
Comité des Mal-Logés doit vivre !
Pour
beaucoup de ceux qui sont venus sur la place de la Réunion durant le
printemps et l'été 1990, cette mobilisation restera dans les
annales de leur mémoire comme la consécration de tous les espoirs.
Or cette occupation et le soutien pratique qui a été apporté (par
les Squatters Mal Organisés, les membres du S.C.A.L.P., la C.N.T.,
les habitants du quartier, les inorganisés divers et variés, et
toutes les tendances 'révolutionnaires' des militants politiques
parisiens, etc...) n'a été en fait qu'un épisode de plus dans la
résistance de beaucoup face à la dégradation de leurs conditions
de vie. Cela a montré malgré tout qu'une lutte au point de vue de
classe affirmé, si momentanée ou si parcellaire soit-elle peut
amener a un très grand rassemblement. Le Comité des Mal-Logés
quand à lui a choisi avec les militants qui étaient alors
disponibles, de continuer la lutte en son sein même, au travers de
la refonte et de la création de nouvelles permanences, du maintient
des réunions centrales, de diffusions de tracts, de propagande, sans
se cristalliser sur ce qui se passait dans le square. L'épisode de
la place de la Réunion n'était qu'un remake plus massif, mais moins
radical que d'autres pratiques du CML cette lutte devait de toutes
façons s’arrêter, parce qu'à ce jour l'état du rapport de force
contre la bourgeoisie ne permettait pas d'aller plus loin. Le Comité
des Mal-Loges n'est pas une organisation politique révolutionnaire,
mais bien un Comité de lutte de travailleurs. Ceux qui lui
reprochent implicitement de ne pas être le « fer de lance de
la révolution » sont loin d'avoir compris ce qui est sa raison
d'être et sa marge de manoeuvre.
La
radicalisation de la lutte alors que la majorité du prolétariat
reste globalement désorganisée, aurait conduit inévitablement à
l'isolement, la récupération ou la défaite. Négocier une victoire
même partielle n'est pas sans compromission. Compromissions que
l'ensemble des prolétaires, fussent-ils les militants les plus
radicaux, acceptent quotidiennement (la radicalité de leur
vocabulaire ne fait que masquer la misère de leur pratique sociale).
Le
Comité des Mal- Loges à sa création, de part son isolement, n'a
pas été en mesure d'éliminer tous les points de vue
individualistes et petit bourgeois en son sein, points de vue sur
lesquels s'appuie la bourgeoisie pour miner les luttes. Aujourd'hui
fort de l'expérience et de l'histoire, la possibilité existe de
regrouper des prolétaires dans des perspectives de construction d'un
rapport de force.
Le
Comité des Mal-logés est un comité de lutte qui se donne pour
tache d'unifier les luttes sur le logement prolétaire et de dénoncer
les responsables de la situation catastrophique des travailleurs dans
ce domaine. Pour nous ce Comité constitue un premier moment
d'organisation, il est le lieu où les prolétaires qui font le choix
de la lutte, s'unissent, se donnent les moyens de résister.
Différentes
actions et différentes mobilisations de solidarité
MARS
87
Intervention
contre des escrocs qui vendaient des chambres à squatter à des
travailleurs au 55 rue Compans, les escrocs ont du rembourser et
"déménager".
Diffusion
d'une demande collective d'HLM qui a recueillie 400 signatures.
AVRIL
87
Réquisition
populaire de deux logements H.L.M. vacants au 140 rue de Ménilmontant
pour deux familles nombreuses.
MAI
87
Occupation
au 50 rue Turbigo des services de l'hygiène par les habitants de
plusieurs immeubles pour la réouverture d'un compteur d'eau.
Organisation
avec la Coordination des locataires d'hôtels Meublés au conseil
municipal du 14e arrondissement contre l'expulsion d'un hotel meublé.
Coordination
de deux journées de mobilisation et de discussion a Belleville, le 2
mai et lors de la fête de l'A.I.D.
JUIN
87
Action
spectaculaire a Beaubourg (pose d'une banderole sur la façade du
bâtiment).
Suite
à une mobilisation pour le procès des deux réquisitions du 140 rue
de Ménilmontant, départ groupé du Palais de Justice et occupation
de la direction de l'0ffice HLM, avec dépôt de la demande
collective de HLM..
JUILLET
87
Manifestation
dans les secteurs Ménilmontant- Belleville-l'Orillon. A noter que
c'est a cette occasion que la presse télévisée (FRB) diffusera
pour la 1ère fois un reportage rendant compte des activités du
C.M.L.
AOUT
87
Procès
en appel de la réquisition du 140. La cour d'appel confirmera
l'expulsion mais annulera les amendes fixées en première instance,
et, considérant au vu des dossiers que l'office avait failli à son
rôle social, elle accordera un sursis de 2 ans et condamnera l'OPHLM
de la ville de Paris aux dépens.
FEVRIER
88
Intervention
au conseil municipale du 20e arrondissement pour le relogement de
tous les occupants du 67 rue des Vignoles.
MARS
88
Sortie
du Bulletin N°1
AVRIL
88
Occupation
du quartier général de Raymond Barre au 192 Bd St Germain Paris,
pendant la campagne présidentielle.
MAI
88
Début
de la résistance à l'expulsion d'un hôtel meublé au 46 rue de la
Réunion. Grâce a leur lutte ces habitants ont tous été relogé au
bout de deux ans.
Réquisition
populaire du 32/34 rue du Volga 75020.
Huit
F3 neufs sont occupés sur les dix logements que compte ce bâtiment
H.L.M.. L'immeuble était vide depuis plus d'un an et le chauffage
marchait en permanence pour les peintures, papiers peints et
moquettes ne s'abîment pas.
JUIN
88
Occupation
pendant deux jours et une nuit du siège de l'Office public H.L.M. de
la ville de Paris, 49 rue Cardinal Lemoine, par deux cent membres du
Comité des Mal-Logés. Des centaines de C.R.S. furent nécessaires
pour l'évacuation.
OCTOBRE
88
Manifestation
a la Préfecture de Paris pour demander l'application de la loi de
réquisition et l'accélération des dossiers des membres du CML. Le
Préfet reçoit.
Le
lendemain installation d'une tente, pour 4 familles expulsées du
20e, 11e et 19e, place de la Réunion. Tout le monde sera relogé,
sans comité de soutien.
DECEMBRE
88
Sortie
du bulletin N°2
Malgré
l'lîlotage des cités HLM par des vigiles privés, nouvellement mis
en place par l'office pour, entre autre, empêcher nos actions,
réquisition de deux logements H.L.M. le jour de Noël, cité des
hauts de Belleville dans le 20e.
IANVIER
89
Réquisition
d'un immeuble H.L.M. entier neuf et non encore habité, dont les
travaux étaient terminés au 92 rue de la Fontaine au Roi 11e Paris.
22 logements du dupleix au studio, furent ainsi récupérés et une
nouvelle permanence du CML vit le jour. L'0.P.H.L.M. pour se venger
leur coupera l'eau.
FEVRIER
89
Occupation
du 50 rue Turbigo (sous-direction de la construction et du logement,
et direction des services de l'hygiène) pour le rétablissement de
l'eau du 92. Nous en serons expulsés le soir par les policiers de
Mr. Joxe qui durent grimper sur des échelles pour passer par les
fenêtres du ler étage. Retour en manifestation jusqu'au 92 rue de
la Fontaine au Roi où celà prit fin. EDF en avait profité pour
couper l'électricité cet après-midi là.
JUIN
ET JUILLET 89
Manifestations
pour l'eau pour le 92 rue de la Fontaine au Roi et pour d'autres
immeubles à l'Hôtel de Ville de Paris, l'eau sera obtenue pour deux
bâtiments seulement : le 72 rue des Haies 75020 et le 124 Bd
Ménilmontant.
AOUT
89
Attaque
de vigiles contre le 32-34 rue du Volga. En riposte nous
réquisitionnerons deux logements que nous n'avions pas pris en mai
88 et qui étaient restés vacants.
OCTOBRE
89
Réquisition
de quatre pavillons H.L.M. à Champigny (94) appartenant à l'Office
Départemental du Val de Marne.
NOVEMBRE
89
Réquisition
rue de l'Orme de sept logements H.L.M. dans le 19e.
MARS
90
Mobilisation
massive (+ de 400 un jour de semaine) pour le procès des familles de
la rue de l'Orme. A l'issue des débats nous enchaînons par
l'occupation du Ministère de la Santé et des Affaires Sociales,
avenue de Ségur, encore et toujours pour le rétablissement de l'eau
d'immeubles en lutte. La première équipe n'ayant pu bloquer le sas
d'entrée, nous investissons le ministère par une fenêtre du
rez-de-chaussée négligeament ouverte. Une délégation est reçue.
Résultats : promesse de réouverture du compteur d'eau pour un
immeuble d'Ivry (94) ; des citernes d'eau seront livrées rue de la
Fontaine au Roi (son expulsion était en fait déjà prévue par le
gouvernement) et des palettes de bouteilles d'eau minérales pour le
36 rue de la Mare, le 5 rue Keller, et le 26 rue Petit.
AVRIL
90
Avec
le collectif du 36 rue de Mare nous lançons des rassemblements
hebdomadaires (tous les jeudi soir) devant la mairie du 20ème contre
toutes les expulsions sans relogement. Ceci afin de créer un pôle
régulier de regroupement que pourraient rejoindre des expulsables
que nous ne connaissons pas et élargir la lutte.
2
MAI 90
Expulsion
du 67 rue des Vignoles et du 92 rue de la Fontaine au Roi à Paris,
qui abritaient chacun une permanence du C.M.L., où il y a des
incidents avec les C.R.S. pour le campement qui durera cinq mois.
Suivi du relogement de toutes les familles (voir détails plus loin).
3
MAI 90
Première
manifestation après l'expulsion (rassemblement devant la mairie du
205” d'ou nous sommes repartis en manifestation jusqu’à la place
de la Réunion), avec affrontement avec les policiers de Joxe lors du
déchargement de quelques tentes.
JUIN
90
Mis
devant le fait accompli le C.M.L. se voit contraint de participer a
une manifestation où le P.S. avait été expressément invité par
ses initiateurs. Y participer revenait a défiler avec ses
expulseurs, ne pas y participer revenait a risquer d'être exclus des
négociations en cours. Ce fut la 4eme et dernière
concernant
la place de la Réunion. Nous l'appelons, comme beaucoup d'autres qui
en furent dégoûtés : la manif de la honte.
JUIN
90
Concert
a l'UNESCO en solidarité avec la lutte du CML, des milliers de
jeunes et de moins jeunes y assistèrent. Le campement sur la place
avait fait grand bruit, quand une personne de l'UNESCO nous proposa
de faire un concert de soutien au C.M.L., c'est ainsi qu'il eu lieu
dans la grande salle de conférence.
Ouverture
de deux permanences, en remplacement de celles expulsées, au 13 rue
du Tunnel, et 34 rue des Vignoles.
SEPTEMBRE
90
Une
semaine avant le fin du campement du square de la Réunion nous
installons une tente devant la Mairie du 18eme pour une famille du
Comité expulsée. Trois autres familles les rejoindront par la
suite.
OCTOBRE
90
Rassemblement
devant la mairie du 18eme.
Expulsion
d'une permanence du C.M.L, située 13 rue du Tunnel.
DECEMBRE
90
Expulsion
de la tente du 18e et en riposte occupation de l'antenne de
l'O.P.A.C. de la place des fêtes.
FEVRIER
91
Ouverture
d'une nouvelle permanence du C.M.L au 53 rue de la Fontaine au Roi.
MARS
91
Réquisition
de cinq logements HLM à Bagnolet, expulsion trois jours apres mais
deux relogements fermes et définitifs furent obtenus.
Par
ailleurs plusieurs interventions locales ont eu lieu telles que
réintroduction dans les lieux de camarades expulsés illégalement,
occupations de mairies pour des cas particuliers à Paris et en
banlieue etc... Des manifestations significatives de l'extension de
la lutte du C.M.L. se déroulèrent pendant l'occupation du square de
la Réunion en 90 : 500 personnes, 2500, 5000, 6000.
Collages,
affiches et journaux muraux du Comité des Mal-Logés, diffusions de
nombreux tracts, et recueil de milliers de signatures sur diverses
pétitions. Initier les gens a maîtriser la législation en vigueur
parla diffusion écrite
et orale de leurs droits (lors des permanences). Utilisation de tout
biais juridique permettant le maintien dans les lieux ou le retard
des expulsions.
Construire,
renforcer un tel Comité signifie entre autre : affronter la réalité
de l'atomisation des prolétaires. Toute cette chronologie s'est
déroulée ainsi que toutes les activités du C.M.L. dans le cadre de
la Charte du Comité des Mal-Logés (pour information ci-dessous
retranscrite dans son intégralité).
LOGEMENTS
ET EXPLOITATION
Les
logements comme tout autre produit sont le résultat du travail
d'ouvriers qui transforment la matière. Depuis l'extraction du sol
des matières premières, en passant par leur transformation en
ciment, plâtre, acier, etc... leur transport, par la conduite et
l'entretien des machines nécessaires, jusqu'à la construction, ce
sont des ouvriers qui à partir du sable, de l'argile, de la bauxite,
des minerais, transforment la matière en logements.
Lorsqu'une
machine vient remplacer l'homme elle n'est elle même que le produit
du travail d'autres ouvriers qui l'ont fabriqué. Si un bâtiment ou
autre produit a une valeur, elle correspond au travail humain
nécessaire pour sa réalisation. Sans ce travail, aucune matière
première, aucune énergie n'a de valeur et ne représente donc aucun
intérêt.
Or
lorsque nous transformons la matière, nous ne sommes pas rémunérés
en équivalence des richesses que nous avons produit. Avec leurs
paies, les ouvriers qui sont a un stade ou à un autre de la
production de logements, n'ont pas de quoi s'en acheter, voire même
les louer.
Les
capitalistes sont les propriétaires des moyens de production. Ils
sont propriétaires, des terrains d'où sont extraites les matières
premières, des moyens de transports (bateaux, camions, chemin de
fer) et des moyens de transformations (machines, outils) et par
conséquent du produit final. Ils sont donc les maîtres de tout le
processus de production et grâce à cette maîtrise, ils imposent
leur volonté. Ce contrôle ce fait par la force : lois qui leur
garantissent cette propriété. La Justice, la Police et l'Armée qui
veillent au grain. Et parce qu'ils se font concurrence cette dernière
aboutie a des guerres dont l'enjeu est de savoir lequel détiendra le
plus de moyens de production : champs de pétrole, mines, voies de
communication, etc...
Ainsi
la masse des producteurs ne sont pas payés pour ce qu'ils ont
produit. Ils reçoivent ce qui est nécessaire pour continuer a
produire et perpétuer le système. Ainsi dans certains pays les
ouvriers sont payés juste de quoi se nourrir, et encore, si le
travail est suffisamment déqualifié, s'il y a suffisamment de
chômeurs en réserve, on n'hésite pas a en massacrer en cas de
rébellion.
C'est
d'une part parce qu'ils sont indispensables mais également par leurs
luttes organisées, que les ouvriers ont obtenu de meilleures
conditions et infléchis la marche du système. Les capitalistes eux
cherchent en permanence a payer le moins cher possible la force de
travail. C'est notre capacité à produire, ou "force de
travail' que nous vendons aux bourgeois lorsqu'ils nous emploient.
Notre travail lui, vaut infiniment plus cher.
Par
ailleurs ce sont eux qui gèrent la force de travail que nous sommes
contraint de leur vendre. Ce sont eux qui décident s'ils nous
emploient à des travaux productifs, ou simplement nécessaires a
leur organisation (tertiaire), ou encore nous laissent au chômage,
fixent notre retraite etc... Ainsi généralement, ouvriers,
employés, fonctionnaires, actifs ou au chômage, etc... avons en
commun de n'avoir que notre force de travail a vendre pour survivre.
Nous ne contrôlons pas la façon dont les capitalistes se servent de
notre force de travail et donc nous perdons le contrôle sur
l'ensemble de notre vie.
En
conséquence non seulement les ouvriers de production, mais aussi
l'ensemble de ceux qui n'ont que leur force de travail a vendre pour
survivre, tendent à se voir exclus du bénéfice des richesses
produites. Et logiquement c'est dans cette population que I'on voit
aujourd'hui, les sans domiciles fixes, les mal-logés, ou encore ceux
avec des loyers impayés ou crédits surélevés.
LE
LOGEMENT : UNE MARCHANDISE
C'est
un paradoxe de voir dans les pays ou les techniques se développent,
et rendent possible ce qui hier était des rêves, une partie très
conséquente de la population franchement mal-logée : deux millions
de foyers en France et des milliers de Sans Domicile Fixe. C'est que,
c'est le propre du système capitaliste de produire des biens non pas
pour satisfaire les besoins de la population, mais pour les vendre et
en tirer profit. Les promoteurs, les entrepreneurs, ne font pas
construire des logements par humanisme... Mais pour les vendre ou les
louer le plus cher possible.
Ce
qui va déterminer la production de logements, ce ne sont pas les
besoins de la population mais la possibilité pour les capitalistes
de les vendre de les louer pour en tirer profit. La tendance est d'en
produire pour qui peut les acheter ou les louer. Les capitalistes
n'ont pas d'intérêt au premier abord à en construire pour des
populations dont les revenus sont faibles. De 1962 à 1984, alors que
le nombre de logements en France augmentait de huit millions, un
million devenait vacants. Les logements vides (actuellement près de
deux millions) sont une surproduction de marchandises. Dans le cas de
surproduction de produits alimentaires, on les
brûle
ou on les expédie dans les régions ou la famine fait des ravages,
ce qui permet de faire croire a une charité désintéressée auprès
des populations occidentales et de maintenir les populations des pays
dominés dans un état de dépendance.
C'est
la même logique qui est responsable d'autant de logements laissés
vacants, alors que la construction de logements sociaux est en baisse
constante depuis quinze ans et qu'en parallèle le nombre de
mal-logés et de sans abris ne cesse d'augmenter. Les logements
vacants sont une surproduction de marchandise du point de vue
capitaliste, car il ne manque pas de volontaires pour loger même
moyennant des loyers qui représenteraient de gros sacrifices. Mais
mettre ceux-ci sur le marché casserait l'effet de pénurie qui
entretient la hausse des loyers et du coup provoquerait la baisse de
l'ensemble du marché.
INVESTISSEMENT
DE LA BOURGEOISIE
DANS
LE LOGEMENT OUVRIER
Dans
le passé la bourgeoisie a été amenée à investir pour le logement
des travailleurs. A l'époque où le développement industriel fut
définitivement engagé, la bourgeoisie a du faire des efforts pour
loger la main d'oeuvre. Car le logement a un effet déterminant, sur
le travail, la santé, la scolarité, la consommation de la
population.
Pour
reconstituer la force de travail.
Au
début de l'ère industrielle, les épidémies se propageaient dans
les taudis où logeaient les ouvriers, a un tel point que la
production en était désorganisée. Les capitalistes ont donc
compris leur intérêt a lutter contre l'insalubrité des logements.
Pour
reproduire la force de travail.
Lorsque
l'industrie a besoin de main d'oeuvre qualifiée, elle la forme et
cherche a inciter les ouvriers a rester dans la région. Elle se
soucie également de la scolarisation des enfants des ouvriers afin
que ceux-ci soient capables de s'adapter aux futures techniques de
production. D'ou l'intérêt d'investir dans toute une infrastructure
: logements, écoles, etc... L'exemple des corons est des plus
significatifs. On a vu les entreprises minières fournir des
logements à proximité des mines, où elles ont insuflé tout un
mode de vie dont la mine est le centre, où le métier se transmet de
père en fils, où les valeurs sont liées au travail. Pour leurs
profits les compagnies minières ont ainsi crée des micro-sociétés
où l'ensemble de la vie des mineurs dépendait des impératifs de
l'extraction du charbon. On le voit bien avant l'Etat, les
capitalistes privés ont investi pour le logement des travailleurs,
afin de garantir leurs profits a long terme.
Pour
stimuler la consommation de masse.
Dans
les dernières décennies, les capitalistes ont cherché à réaliser
leur profit, en écoulant une partie des marchandises dans l'ensemble
de la population des pays développés. Or le logement et son prix
ont bien évidement un effet déterminant, sur les possibilités de
consommation. Tout foyer cherchera en premier lieu à se nourrir, a
se loger, bien avant de penser à acheter des meubles, une voiture,
des gadgets, de partir en vacances ou de penser aux loisirs. Dans la
même logique plus la part du budget familial sera investie dans le
logement, plus la part consacrée à d'autres dépenses sera réduite,
tous les commerçants vous le confirmeront.
Assurer
le minimum de logements à la population est une condition nécessaire
au développement de la société de consommation. C'est pourquoi
pour fournir a l'industrie une main d'oeuvre exploitable, pour
stimuler la consommation populaire ainsi que pour désamorcer des
conflits sociaux, l'Etat au sortir de la guerre a mené une politique
sociale du logement.
Lorsque
le P.S. prône une économie "mixte", avec un Etat puissant
garant de la justice sociale, il fait l'impasse sur l'histoire. Les
capitalistes privés ont dû dans leur intérêt promouvoir les
premiers un minimum de logements sociaux. C'est parce que
l'écoulement massif de marchandises nécessitait une politique
globale, ingérable par les intérêts privés que ces derniers ont
renforcé le rôle de l'Etat en particulier dans le logement. Cette
économie n'est pas "mixte" mais unilatérale c'est à dire
capitaliste, et dans cette situation l'Etat n'est que l'instrument de
ce capitalisme. D'ailleurs depuis que le P.S. est au pouvoir, l'Etat
poursuit une politique (engagée par la Droite) qui ne cesse de
préserver les intérêts capitalistes au détriment des
prolétaires.
LA
RENTE FONCIERE
L'exploitation
n'a de sens que si les capitalistes peuvent vendre les richesses que
nous produisons. Accumuler, des logements par exemple, n'aurait pas
de sens, il leur faut les échanger (les vendre) contre d'autres
richesses, des moyens de production généralement, pour qu'ils
perpétuent et augmentent leur domination.
Les
logements sont donc mis sur le marché et leur prix dépend de lois
économiques propres au système actuel : concurrence, coûts de
production, loi de "l'offre et de la demande". Si les
prolétaires avec l'argent dont ils sont propriétaires (issue des
salaires, indemnités, allocations, etc) n'ont pas de quoi acheter ou
louer des logements décents, c'est qu'ils sont payés infiniment
moins que l'équivalent des richesses qu'ils produisent (on l'a déjà
dit mais on le répète quand même ! ).
L'exploitation
se situe avant le stade de la location ou de l'achat. Au moment de la
location nous échangeons nos salaires contre des logements, le
problème c'est qu'il s'agit de salaires et qu'en plus ils sont bas.
Le prix des logements lui n'est pas surévalué, il est fonction des
possibilités financières des populations (bourgeoisie et
prolétariat confondus) existantes dans le monde. La rente a une
influence particulière sur le prix des constructions et donc des
logements. En s'appuyant sur une pénurie organisée, les rentiers
propriétaires de terrains à bâtir ou de logements, se positionnent
dans un rapport de force faisant jouer la loi de l'offre et de la
demande.
La
demande c'est notre nécessité de nous loger, mais c'est également
la volonté de la bourgeoisie de se loger d'installer ses bureaux
dans les meilleurs endroits, volonté qui permet la hausse des prix.
L'offre
se sont les centres villes et leur rareté, les logements et leur
pénurie que l'on organise (logements vides, baisse des prêts a la
construction).
Les
rentiers cherchent ainsi a récupérer l'argent en circulation, plus
une construction sera bien située, plus elle sera convoitée, plus
elle se vendra cher, ce, dans la limite de la richesse du potentiel
de l'acheteur donc de l'exploitation qu'il aura fait subir à des
prolétaires.
C'est
avec l'argent volé sur notre travail que sont achetés les immeubles
de luxe, les bureaux, les hôtels, etc... Cette récupération
d'argent se fait dans un cadre de concurrence :
Locale
: la concurrence impose une échelle de tarif qui croît au fur et à
mesure que l'on s'approche d'un centre ville. C'est flagrant pour le
prix des terrains à bâtir en région parisienne qui sont facilement
dix fois plus chers à Paris qu'à quelques kilomètres en banlieue.
Nationale
: Paris en tant que capitale de la France bat les records de cherté
(80% environ de la population n'a pas les moyens financiers de se
loger dans les logements nouvellement mis sur le marché a Paris).
Internationale
: En vendant ou louant des bâtiments, à des investisseurs
étrangers, la bourgeoisie d'une métropole récupère l'argent issue
d'une exploitation opérée ailleurs. Les métropoles entrent ainsi
en concurrence, à qui fera le mieux jouer la rente. C'est entre
autre le sens des opérations de prestige que se disputent Mitterand
et Chirac.
C'est
surtout sur le terrain a bâtir que s'exerce la rente (25 a 30% du
prix total d'un immeuble en moyenne, jusqu'à 60% à Paris). Le prix
de ces terrains se justifie en partie par le travail humain qui s'y
est accumulé.
Soit
directement : adduction d'eau, d'électricité, etc...
Soit
indirectement : proximité d'un aéroport, d'une gare ferroviaire ou
d'une station de métro ou de RER, etc...
Mais
cela ne peut justifier par exemple que de 1985 à 1989 le prix du
terrain à Paris ait plus que doublé pour atteindre en moyenne 14
000 Fr le mètre carré.
C'est
la rareté de l'habitat parisien et la solvabilité des acheteurs qui
explique ce phénomène. A de tels prix uniquement pour le terrain,
les logements construits dessus ne peuvent être bons marchés,
fussent-ils “H.L.M.". Le simple remboursement du terrain au
travers de loyers donne des mensualités hors de portée des SMICards
(qui ont encore la “chance” d'être salariés a ce tarif ! ). De
fait à Paris même les habitats alternatifs, foyers autogérés,
sont réservé à des couches aisées ; quant aux récents "hôtels
sociaux", baux glissants destinés aux plus démunis, ils sont
généralement et à long termes inapplicables à Paris.
L'
Etat intervient sur le prix du foncier avec ses réglementations,
lois, prêts, etc... La flambée spéculative du prix des terrains a
bâtir à Paris est la conséquence d'une politique économique
nationale, Chirac ne fait qu'intervenir dans un cadre fixé par
l'Etat.
Rénovation
et spéculation
Le
prix du fonder tend constamment a augmenter tant que l'exploitation
s'étend et tant que les populations des pays impérialistes restent
solvables.
Pour
vendre au prix fort les logements et bureaux, ils rénovent avant
l'heure les quartiers des centres urbains. Dans l'operation ils
évincent la partie insolvable de la population en place car elle
constitue un obstacle social à la hausse des prix. Les travaux,
constituent un prétexte au déménagement des indésirables. Les
quartiers visés sont généralement frappés d'une absence
d'entretien, d'un laxisme surprenant de la part des pouvoirs publics
quant a l'application des réglementations en matière de logement et
à la répression de la délinquance, jusqu'au moment où le désir
de la population de voir le quartier restructuré est suffisamment
fort pour que les opérations commencent.
C'est
à rapproche des travaux que les prix du terrain flambent, la
perspective de voir une population plus fortunée s'installer,
stimule la spéculation. Les spéculateurs, généralement marchands
de biens soutenus par des banques ou trusts, achètent a bas prix des
taudis ; les anciens propriétaires voient leur immeuble subitement
frappé d'obligation de ravaler les façades (légalement obligatoire
tous les dix ans), d'arrêtés d'insalubrité, (après des années
d'oublis) et contraints de vendre à bas prix. Souvent des syndics de
copropriétés en cheville avec des spéculateurs, ou spéculateurs
eux-mêmes, ont gelé les travaux d'entretien pour faire baisser
davantage les prix.
Ces
bâtiments sont ensuite revendus x fois le prix d'achat (puisque les
nouveaux arrivants ont de quoi payer), principalement pour
remplacement qu'ils occupent. Dans quelques cas les immeubles sont
incendies ou volontairement mis en péril par des « travaux un
peu trop lourds », pour en déloger les occupants. Puisque de
toutes façons c'est sur le prix du terrain qu'est fait le bénéfice,
les immeubles sont le plus souvent promis a la démolition.
La
rénovation achevée, toute une partie de la population n'a pas les
moyens de payer les nouveaux loyers et ne peut être relogée sur
place. Ainsi, de cette façon, Paris et les centres villes se vident
de leur population ouvrière depuis des décennies.
Dans
le récent contexte de désengagement de l'Etat du logement social,
les opérations de rénovation deviennent de plus en plus brutales.
Parce qu'une frange de plus en plus importante de la population se
voit financièrement exclue de tout logement légal, il ne s'agit
plus de déporter des populations mais de les réduire à la
précarité la plus extrême. Et effectivement cette population tend
à se reloger dans d'autres quartiers promis eux-mêmes à la
rénovation,
la où des propriétaires lui loueront des taudis en dehors de toute
réglementation, un bail entraînerait plus tard une obligation de
relogement.
Parce
que la rente si elle est moins spectaculaire en banlieue ou en
province qu'a Paris ne s'en exerce pas moins dans toutes zones
urbaines, la proche banlieue de Paris devient une cible de la
spéculation. La déportation de ceux qui peuvent prétendre aux
logements réglementés se fait de plus en plus loin (grande
banlieue).
`
En
conséquence ces prolétaires n'ont d'autres choix que de s'accrocher
aux tandis qu'ils occupent dans des quartiers du 20e, 11e, 18e et de
la proche banlieue, malgré les rackets de marchands de sommeil,
l'insalubrité et les menaces réelles (puisque il ne faut pas
l'oublier, qu'en dernier recours les bâtiments peuvent être
incendiés.)
Le
mouvement se poursuit et l’État y accorde une attention toute
particulière. Le processus de déportation sur Paris aujourd'hui
quasiment achevé, il se prépare à gérer celui de la proche
banlieue et l'affaire s'annonce rude. A travers le livre blanc sur
l’Île de France il esquisse les projets de rénovation la ou le
prix des logements est deux voire trois fois moins chers que ceux
pratiqués à Paris (parfois distants de cent mètres). Projet qui
implique la déportation de population à une échelle encore plus
importante, et notamment lors de la rénovation des cités "chaudes".
Plutôt que de laisser les logements vides visible aux yeux de tout
le monde, il a préféré dynamiter une barre de la cité des 4000 a
la Courneuve, comme il l'avait déjà fait aux Minguettes à Lyon et
ailleurs. D'où la dégradation des dites cites et les efforts
médiatiques du pouvoir prétendant lutter contre les ghettos et
justifiant a l’avance l'expulsion des populations insolvables.
En
exemple à Saint-Denis, la cité des Francs-Moisins, cité chaude par
excellence, a deux pas de celle des 4 000, le projet de rénovation
prévoit des dupleix, des ateliers d'artistes... Qui pourra en payer
les loyers? sûrement pas les travailleurs et leurs enfants, et donc
sûrement pas les actuels locataires.
LA
CRISE
Dans
les années 70, face à la crise, les capitalistes et l'Etat avaient
amorcé une restructuration de la production.
- En abandonnant la production de marchandises peu rentables, ou sur lesquelles la concurrence internationale était trop forte (sidérurgie, métallurgie, liquidation définitive des houilléres et du textile, etc... ).
- En concentrant les capitaux ainsi libérés sur la production de marchandises nouvelles (technologie de pointe, télécommunication, armement, espace, matériaux composites, etc.. ).
- En abaissant les coût salariaux, par le bloquage des salaires, la suppression des temps morts, l'augmentation des cadences et l’aménagement des horaires.
- En déplaçant les structures de production là ou la main d'oeuvre est plus concurrentielle que la main d'oeuvre en France et créant ainsi une masse de chômeurs ; main d'oeuvre en réserve influençant l'ensemble des salaires vers la baisse.
Les
restructurations économiques ont donc entraîné une baisse générale
du niveau de vie du prolétariat ainsi que la tendance à la baisse
de la consommation de masse. A partir de là l'Etat n'a plus le même
intérêt à intervenir en faveur d'une main d'oeuvre dont une partie
est inactive.
d'une
part, comme il n'y a plus de pénurie de main-d'œuvre il peut se
permettre de baisser le prix de vente de notre force de travail
(salaires, revenus, protection sociale etc...).
d'autre
part parce qu'il n'a plus intérêt à stimuler la consommation de
masse de par la réorientation de la production.
De
plus en plus il s'agit simplement de faire survivre le prolétariat
aprés avoir, il y a une dizaine d'années, réduit de manière
magistrale les indemnités de chômage, les allocations concernant le
chômage économique ont été réduites de prés de cinquante pour
cent et diminuées de manières conséquentes quant a leur durée. La
période d'indemnisation dans le régime général du chômage s'est
également vu tronquée de prés de deux ans. Très vite un chômeur
longue se retrouve à toucher 2300 francs par mois. Non content de
cette baisse catastrophique de droits sociaux, l'Etat transforme
l'assurance chômage en R.M.I.. Il est important de signaler que le
R.M.l. ne dépend pas des caisses de chômage telle que
l'U.N.F.D.l.C. ou autre mais de la Caisse d'Allocations Familiales,
ce qui en soi démontre un recul conséquent des acquis du
prolétariat. Par ce biais l'Etat tente d'établir un rapport de
dépendance et d'assistanat au regard des travailleurs privés
d'emploi. Récemment le R.M.I. a été complété par la loi Besson
en matière de logement.
Désorientes
par de telles offensives, les travailleurs se sont désorganisés et
la bourgeoisie peut se permettre d'attaquer les acquis des
travailleurs et de renoncer à sa domination sociale. La consommation
de masse n'étant plus une perspective de développement, elle a
entraîné une perte de réalisation de plus-value pour les
capitalistes Français, d'où la nécessité de la récupérer en
partie sur d'autres terrains, et en particulier dans le secteur
immobilier a l'heure actuelle.
ENGAGEMENT
ET DESENGAGEMENT
DE
L'ETAT
Les
premières interventions de l'Etat en faveur du logement social
datent du début du siècle ; création des H.B.L. en 1912. Mais
c'est au sortir de la seconde guerre mondiale jusque dans les années
60 que seront mis en place les principales dispositions. Il s'agit
pour l'essentiel d'une 'aide å la pierre sous forme de prêts très
avantageux et à très longs termes (jusqu'à 45 ans) octroyés aux
Offices H.L.M. et dans le cadre de réhabilitations. Ces prêts sont
gérés par la Caisse des Dépôts et Consignation et la S.C.I.C.
crée par l'Etat pour l'occasion. Les fonds correspondant à ces
prêts provenant pour l'essentiel des livrets A.
Dans
la même période les statuts H.L.M. des sociétés sera précisé,
des plans visant a la résorption de l'habitat insalubre seront mis
en place, le 1 % patronal sera institué. Parallèlement la loi 48
qui initialement visait a inciter les propriétaires privés à
mettre les logements aux normes de confort avant augmentation des
loyers fut maintenue malgré son inefficacité, bloquant de fait une
partie importante des loyers du secteur privé. L'effet le plus
apparent de cette politique fut le développement des cités H.L.M.,
qui a l'époque ont représenté une amélioration notable des
conditions de logements ; généralisation de l'eau courante, du
chauffage, disparition des bidons- villes.
Mais
cela ne signifie pas pour autant que l'Etat ait pris en charge le
logement des prolétaires. Il existe aujourd'hui environ trois
millions de logements H.L.M. pour vingt trois millions de résidences
principales, ce qui implique qu'une large partie de la population peu
fortunée est logée dans le secteur privé.
Le
principal effet de la politique « sociale » sur le
logement fut d'influencer l'ensemble du marché immobilier. En
injectant sur le marché des logements a « bas prix »
(H.L.M.), en bloquant une partie des loyers du secteur privé, l'Etat
a freiné la tendance à la hausse sur le secteur privé.
A
l'inverse lorsqu'aujourd'hui il se désengage du logement social, il
libère le secteur privé d'un carcan. La pénurie (organisée) de
logements refaisant son apparition, les prix du secteur H.L.M.
montant en flèche, la loi de 48 disparaissant, le secteur privé se
trouve en position de force pour augmenter les prix et la spéculation
se renforce.
A
partir de 1975 l'Etat va revenir sur sa politique du logement. A
cette époque monsieur Barre, grand défenseur de la « réalité »
des prix, sera l'auteur d'un rapport qui inspirera la loi de 1977
dont le sens général est de réduire l'aide à la pierre
(construction de logement H.L.M.) en rechange d'une Aide
Personnalisée au Logement qui ne tient pas compte de la chute des
revenus et de la précarisation du prolétariat. Par ailleurs cette
loi réoriente les prêts en faveur de l'accession a la propriété.
C'est là carotte (devenir propriétaire) pour pousser les ménages à
sacrifier une part plus importante de leur budget dans le logement.
Dans
la continuité une série de décrets et de lois vont déstructurer
le financement des logements H.L.M. et leur réglementation.
- Transformation des Offices d'H.LM. en O.P.AC. en 1986, les autorisant à réaliser des bénéfices et les libérant de l'obligation de rendre publique leur comptabilité ;
- Autorisation de vendre les logements H.LM. à leur occupant. Ce serait soit disant la solution pour combler les déficits ;
- Déréglementation des loyers HLM (loi Méhaignerie) ;
- Baisse conséquente des prêts a la construction.
En
conséquence. les logements "H.L.M." récemment construit
ou réhabilités deviennent des logements d'Etat, pour classes
moyennes, et sont inaccessibles au faibles revenus. Le taux des prêts
à la construction étant moins avantageux, le prix du terrain a
bâtir ayant augmenté, la différence se traduit par une hausse des
loyers.
L'A.P.L.
n'étant pas crédible, les technocrates appelés a gérer les HLM.
comme des P.D.G. d'entreprises privés, refusent de la prendre en
compte dans les revenus lors des attributions. On voit ainsi des
travailleurs contraints de payer bien plus cher dans le privé parce
que leurs revenus sont trop faibles pour les HLM.
Le
calcul de l'A.P.L. tient pour une bonne part a la situation familiale
(nombre d'enfants ), qui se modifie alors que les locataires
cherchent à rester dans l'appartement. Surtout l'A.P.L. ne comblera
pas la baisse du budget familial en cas de chômage d'où des risques
d'impayés. En fait elle permet de maintenir sur place une population
qui ne peut supporter les hausses, mais ne permet pas dans les faits
l'attribution de logements. Elle module un mouvement de changement de
population dans les H.L.M. qui sans elle serait extrêmement brutal
et risquerait de provoquer des explosions.
La
baisse de la construction H.L.M. entraîne un phénomène de pénurie
de logement qui favorise la réapparition de marchands de sommeil.
Les cités de banlieues sont visées par des opérations
spéculatives. A l'exemple de la rénovation des centres villes, on
laisse les cités se dégrader (défaut d'entretien, absence de lieux
collectifs, etc...), pour justifier des réhabilitations qui, sous
prétexte de lutte contre la délinquance ou autre phénomène de
ghettos, se traduiront par une modification de la population. Les
pauvres, « fauteurs de troubles », iront loger ailleurs
et seront remplacés par ceux dont les revenus correspondent aux
futures hausses.
L'ensemble
de la classe politique s'entend pour « valoriser ainsi le
terrain » et les Municipalités locales y voient l'intérêt de
se débarrasser de populations insolvables quand aux impôts locaux.
Quand
aux Prêts à l’Accession à la Propriété, leur mise en place a
tourné à la catastrophe. L'incitation a devenir propriétaire a été
trop forte alors que les situations financières des ménages sont de
plus en plus précaires. Le slogan « devenez propriétaire pour
le prix d'un loyer » s’appuie sur le calcul des mensualités
sur l'A.P.L. et des prêts bancaires complémentaires aux P.A.P. (pas
au même taux). En cas de chômage, de modification familiale (chute
de I'A. P. L. et des allocations familiales en cas de départ d'un
enfant), ou encore d'escroquerie (maison livrée sans finition) c'est
la catastrophe. Sans compter que bien souvent les travaux de
rénovation sont nécessaires avant le remboursement définitif des
prêts, ce qui conduit à s'endetter encore davantage. L’accession
à la propriété a eu des effets si catastrophiques, que c'est la
principale application de la loi d'aide aux ménages surendettés.
La
même volonté d'adaptation des lois à la "réalité du marché"
a prévalue dans le secteur privé. Baux ramenés a trois ans,
autorisation de sortie de la loi de 48. Facilitée lors des
renouvellement de bail, loyers libérés lors des nouvelles
locations. Autant de mesures qui incitent les propriétaires a se
débarrasser de locataires insolvables au vu des hausses rendues
possibles.
La
loi Besson et les décrets parus dans la même période sont le
complément “social” du désengagement de l'Etat. En atténuant
les injustices les plus flagrantes, le prix des logements peut
d'autant plus augmenter sans provoquer de conflit sociaux. Dans la
même logique on avait réduit les protections contre le chômage
avant d'instituer un R.M.I.
Les
prolétaires, premières victimes du chômage et de la baisse des
revenus voient la part de leur budget investie dans le logement
augmenter au delà des normes admises pour l'attribution de logements
sociaux. Les sans-domiciles fixes (des dizaines de milliers)
deviennent l'exemple vivant de la menace qui pèse sur des millions
de locataires qui du coup s'accrochent à leur résidence actuelle
acceptant hausses de loyers, l'absence d'entretien, et bien souvent
l'insalubrité ou l'absence de statut légal.
L'Etat
est le premier responsable de cette situation, car c'est lui à
travers les lois (code de la construction), les décrets, les
crédits, qui fixe les règles de l'immobilier et de l'urbanisme. Les
autres pouvoirs publics, Mairies, Offices H.L.M., Justice etc... et
les intervenants privés n'agissent sauf quelques exceptions que dans
le cadre des règles établies par l'Etat. Sa politique, il l'établit
(c'est sa nature) en fonction des besoins de la bourgeoisie, contre
les intérêts du prolétariat. Si hier il leur fallait nous loger
un minimum pour mieux nous exploiter, aujourd'hui le maintient de
leur profit passe par une dégradation de nos conditions de vie
jusqu'à la catastrophe. Dans les deux cas de figure nous sommes
toujours davantage exploités, dans les deux cas, la solution à nos
problèmes passe par la transformation de la société en une société
sans exploitation. Et aujourd'hui, même si on ne lutte que pour
obtenir un minimum vital, c'est la logique de la bourgeoisie et de
l'Etat que l'on affronte.
Les
événements place de la Réunion sont à cet égard significatifs.
Si le Préfet de Paris a cru judicieux de déplacer des milliers de
C. R.S., s'il a fallu l'intervention du premier ministre, du
président de la République, pour expulser puis reloger une
cinquantaine de familles majoritairement solvables au vu des loyers
H.L.M. normalement pratiqués, c'est que les enjeux de la lutte
dépassaient et de loin le simple sort de ces familles et l'Etat a eu
effectivement du mal à convaincre des organismes d'attribuer les
appartements qu'ils refusaient puisque cela va à l'encontre de sa
propre politique.
VIOLENCE
D'ETAT
VIOLENCE
INDIVIDUELLE
VIOLENCE
PROLETARIENNE
Lorsqu'un
employé de bureau ou un ouvrier dans une boîte quelconque doit
continuellement baisser la tête afin de préserver ses moyens de
survie, qu'il n'a pas choisi mais, qui lui ont été imposés par les
rapports sociaux existants dés sa naissance, il s'agit là d'une
violence , qui même si elle ne s'exprime pas toujours physiquement
et n'atteint pas toujours en blessures sanglantes, l'individu dominé,
entrouvre les portes d'un désespoir ou d'un fatalisme qui ne peut
que reproduire cette forme de violence dans des comportements
dominateurs généralisés individuellement à l'ensemble de la
société, mais dans les formes requises par les maîtres de nos
vies, les bourgeois possesseurs et dépossédeurs.
L'Etat
violant
La
violence de l'Etat n'est autre que la manière imposée de préserver
les intérêts et le statut dominant de la bourgeoisie. Que ce soit
au niveau du contrôle des mouvements sociaux revendicatifs quels
qu'ils soient (lutte de salariés, luttes de minorités sociales,
femmes, homosexuels, immigrés, jeunes marginalisés, retraités,
chômeurs, mal-logés, etc...), ou que ce soit au niveau du contrôle
personnalisé des individus par les circuits habituels (services
sociaux, R.M.I., réinsertion, éducateurs, ou mieux encore, pub,
idéologie dominante, modes, lois et principes imposés etc...),
l'Etat gère et légifère dans le sens des intérêts des
possédants. Là est la violence qui peut s'exprimer alors de
diverses manières : police, armée, milices, juges, matons,
sociologues, éducateurs, etc.
Face
a cette violence imprimée de manière quotidienne à l'ensemble des
couches potentiellement productives de la société découle divers
comportements, attitudes, fonctionnements, engendrant eux mêmes des
formes de violences variées (bagarres, esprit de domination,
violence physique, morale, etc....) qui ne remettent pas en question
le fonctionnement global de la société oppressive, mais permettent
à l'Etat, garant des bourgeois dominateurs, de perpétuer les germes
de division qui le font régner.
Violence
individuelle
Quand
la pression se fait trop forte au niveau d'individus se regroupant
pour y répondre (bris de vitrines divers, feux de joie variés...),
certains voient apparaître le “visage mythique de la violence
prolétarienne", le visage de la révolte, le visage de la
Commune. Or, il ne s'agit que de formes de violences produites,
prévues et intégrées par l'Etat gestionnaire de nos vies, survies
et situations, qui ne permettent pas d'affronter durablement et
effectivement la force colossale et nationalement voire
internationalement organisée qui nous est opposée (en cas de guerre
: guerre du Golfe par exemple). Les visages de Gavroche, de Rosa
Luxembourg et du Che Guevarra sont bien valorisés et vendus par la
bourgeoisie bien que ce soit des révolutionnaires qui l'ont
combattue les armes à la main. On voit bien la son intérêt a
réduire toute activité révolutionnaire à une prise d'arme dont
elle sait parfaitement se prémunir par son armée, ses flics et ses
vigiles. La violence qui sera nécessaire à la réappropriation des
moyens de production par le prolétariat sera plus complexe et
nécessitera plus de moyens et de courage que de simplement prendre
une arme.
Ces
formes de violences ne sauraient bien évidement nous laisser
indifférent dans le sens où lorsque ce sont des réponses
immédiates et agissantes contre l'exploitation qui nous asservit,
mais également ne sauraient nous faire prendre le bout du chemin
pour l'orée du bois. Il en faudra bien plus, bien évidement pour
nous libérer à tout jamais de cette société de classe qui ne
survit que par le vol quotidien de nos vies.
Il
en faudra bien plus... Violence prolétarienne
La
bourgeoisie est bourgeoisie, parce qu'elle vole au prolétariat les
fruits de sa production. La plus grande violence qu'il puisse lui
faire c'est de reprendre le contrôle de cette production. Cette
violence la, désarme la bourgeoisie, car elle ne peut détruire un
prolétariat qui la nourrit alors que à l'inverse celui-ci a tout
intérêt a la détruire.
La
violence prolétarienne s'oppose en résistance à la violence que le
prolétariat subit, par voie de grève, manifestation, occupation des
lieux de productions, blocage momentané de cette production,
sabotage, absentéisme, occupation des lieux de décisions (tel que
les Préfectures), Mairies, Offices privés, réquisitions populaires
de logements normalement dûs aux ouvriers et détournés pour les
classes moyennes (HLM.) etc...
Pour
que cette violence atteigne son but il ne suffit pas d'aller
affronter quelques centaines de CRS. lorsque la situation politique
le permet, même si cela aboutit à une victoire provisoire. Il faut
bien percevoir les enjeux et les possibilités réelles de
transformations sociales qui découlent des luttes menées. A savoir
: les possibilités de s'organiser politiquement.
La
véritable violence qui peut être faite à la bourgeoisie c'est
l'organisation des prolétaires dans la remise en question du système
capitaliste et dans la prise du pouvoir.
L'ORGANISATION :
LE PARTI.
L’aggravation
des conditions de logement que nous voyons à l'heure actuelle est
inhérente à la nature de la société dans laquelle nous vivons. Il
y a un lien évident entre le développement du chômage, la baisse
des salaires, la dégradation des conditions de travail et la
dégradation des conditions de logement. Le développement de la
crise entraîne pour les prolétaires la dégradation de l'ensemble
de leurs conditions de vie.
Lorsqu'au
sortir du gigantesque carnage que fut la deuxième guerre mondiale,
l'économie capitaliste s'est redéveloppée, en France et dans les
pays occidentaux, les prolétaires ont vu leurs conditions de vie
s'améliorer, parce que l'industrie de plus en plus performante
exigeait une main d'oeuvre relativement bien traitée.
Fin
du Communisme ?
Dans
le passé des tentatives de révolutions ont porté les espoirs des
prolétaires, notamment en Chine et en U.R.S.S.malgré la différence
de leurs projets politiques de développement. Leurs échecs sont
autant de déconvenues et la bourgeoisie s'en sert pour décourager
les critiques. Les révolutionnaires et des réformistes sont divisés
sur le bilan a tirer de telles expériences. Pour nous :
Dans
ces pays les prolétaires n'ont jamais cessé d'être exploités
quelque soient les transformations, ces dernières sont restées dans
le cadre d'une économie capitaliste. Il y a donc une tromperie a
appeler communistes des pays qui ne l'ont jamais été et qui ont
choisi bon an mal an le capitalisme d'Etat comme mode de
développement. En tout cas, même au lendemain des révolutions,
l'exploitation a subsisté et ces sociétés ne peuvent donc
représenter une alternative à l'exploitation.
Si
des révolutionnaires communistes ont pris le pouvoir, ont le voit
aujourd'hui, cela n'a pas suffit a libérer les populations et
eux-même de l'exploitation. Face à de nombreuses difficultés
ceux-ci sont devenu les gestionnaires de sociétés capitalistes en
développement. Les répressions qu'ont subies et que subissent
encore les populations de ces pays sont liées au développement de
l'économie capitaliste dans ces pays avec la constitution d'une
classe bourgeoise qui à travers le Parti, l'Etat affirme son
pouvoir.
S'organiser
pourquoi ?
C'est
parce que la bourgeoisie contrôle toutes les richesses produites :
les profits qu'elle en tire, leur destination ou utilité, les
conditions de leur fabrication, qu'elle détient le pouvoir et donc
l'organisation de la société. Elle détermine toutes les inégalités
pour ses profits. Elle va adapter notre culture, nos aspirations, nos
goûts (à travers la publicité, les mass-médias, la gestion de
notre quotidien, etc...) pour justifier la destination et l'utilité
des produits que nous fabriquons et dont elle tire tous ses profits.
Elle
n'a pas d'autre logique que de faire des profits, nous exploiter
toujours plus (exemple notoire en période de crise), et de ce fait
agrave continuellement nos conditions d'existence. En vendant notre
force de travail à la bourgeoisie c'est donc l'ensemble de ce qui
fait notre vie que nous lui vendons.
Pour
défendre nos intérêts, pour faire face à cette logique, il faut
nous organiser : c'est a dire mettre en commun toutes nos capacités
dans un même but. Il est clair que si nous regroupons volontairement
nos connaissances et nos efforts nous pouvons bâtir une organisation
autrement plus efficace que la bourgeoisie qui par la constance de
ses contraintes gâche les potentialités de l'être humain.
Lorsque
un travailleur "lutte" de façon individuelle sur un ou
plusieurs aspects de son exploitation (salaire, logement, rapport
homme/femme, etc...) c'est d'une part, forcément sur le dos des
autres prolétaires, mais d'autre part il est d'office absorbé par
le système. lorsque la bourgeoisie accepte de faire aboutir une
“lutte” individuelle c'est bien sûr, toujours à son avantage :
tenter d'anéantir ou faire reculer les luttes collectives des droits
des travailleurs, semer le trouble au sein de la classe ouvrière,
etc... et à condition que "l'individualiste" change de
camp. Toute lutte individuelle est vouée à l'échec. Il est donc
nécessaire de s'organiser collectivement. S'organiser dans ce cadre,
c'est se donner les moyens d'affronter une organisation qui n'est
autre que l'un des rouages de l’exploitation (Office H.LM., loi,
prison, mass-médias, etc...). Lorsque des prolétaires luttent pour
des améliorations de leurs conditions de vie, de fait ils luttent
pour l'ensemble de la population.
Pour
les bourgeois octroyer des augmentations de salaire, de meilleurs
conditions de logement à des ouvriers c'est prendre les risques de
devoir céder à l'ensemble de ceux-ci mais aussi améliorer les
conditions de vie de tout ceux qui vivent de l'exploitation.
Augmenter les salaires des ouvriers implique évidement d'augmenter
celui des cadres. Alors que dans l'autre sens cela n'existe pas.
Loger les prolétaires décemment oblige a prévoir des meilleurs
logements pour les classes moyennes. En conséquence dans leur lutte
les prolétaires affrontent immédiatement les plus hauts niveaux de
l'organisation capitaliste. C'est ainsi que l'on voit fréquemment
l'Etat intervenir dans des luttes très limitées en apparence sous
forme de médiateurs ou d'escadrons de Gendarmerie.
Les
succès ou défaites de telles luttes dépendent en fait des rapports
de force présents dans l'ensemble de la société et dépassent les
problèmes concrets des acteurs de cette lutte. La lutte des
prolétaires de fait est politique, par l'impact qu'elle a sur
l’ensemble de la société, s'organiser uniquement sur des aspects
immédiats ou partiels ne peut permettre de maîtriser l'ensemble des
enjeux et conduit à l'échec.
C'est
une nécessité pour les prolétaires d'appréhender les problèmes
globalement donc de s'organiser politiquement.
L'organisation
comment ?
La
classe ouvrière seule révolutionnaire jusqu'au bout. Dans les pays
impérialistes tels que la France, les ouvriers sont devenus
minoritaires, mais une large partie de la population est restée
prolétaire dans le sens qu'elle n'a que sa force de travail à
vendre pour survivre, mais elle n'intervient plus directement dans la
production. Cette mutation de la société a entraîné une
modification dans les luttes, leur sens, et les organisations ont
bien du mal à s'y adapter.
Si
l'organisation du capitalisme a évoluée, la nature du système
reste capitaliste et basée sur l'exploitation de ceux qui
transforment la matière. Tout le système continu a vivre sur
l'exploitation d'ouvriers à la production (déplacement des aires de
production dans les pays dominés, où là, par contre le nombre
d'ouvriers à la production ne cesse d'augmenter). La gestion de ces
nouvelles divisions du travail au niveau mondial et leur coordination
génèrent le développement du secteur tertiaire dans les pays
impérialistes.
En
conséquence c'est le point de vue d'ouvriers contre l’exploitation
qui doit être le moteur des organisations révolutionnaires. C'est
une nécessité pour les ouvriers de s'organiser politiquement pour
abattre le système capitaliste s'ils veulent en finir avec leur
exploitation car d'autres couches sociales peuvent se contenter
d'aménagement du système capitaliste en guise de révolution (y
compris se contenter de la phase socialiste). Ce qui implique que les
ouvriers, ceux qui transforment la matière, doivent être partie
prenante des organisations. La centralité ouvrière ne peut vivre
dans l'organisation comme simplement l'appartenance de la majorité
de ses membres au monde ouvrier, parce qu'aujourd'hui en France, cela
signifierait exclure de l'organisation une majorité prolétarienne
de la population et en conséquence isoler les ouvriers de leurs
alliés les plus proches. D'autant plus qu'avec la précarisation
croissante des conditions d'exploitation et la
diversification/multiplication des tâches sur un même poste, le
même individu peut au cours de son cursus prolétarien se voir
employer à des postes de production qu'a la périphérie de
celle-ci.
Par
ailleurs le monde ouvrier ne peut être pris, comme un bloc homogène
et révolutionnaire. La bourgeoisie se plaît à différencier les
status ouvriers et amènent une fraction de ceux-ci a collaborer avec
elle pour éviter l'explosion générale. En l'absence de lutte, les
ouvriers subissent, intègrent et reproduisent l'idéologie,
bourgeoise. Ils peuvent se faire les défenseurs de l’idéologie
réactionnaire avec la même virulence qu'ils déploient, en d'autres
périodes, en affrontant le système capitaliste.
On
ne peut donc se borner a prêcher les buts finaux. Il faut confronter
les intérêts du prolétariat a ceux de la bourgeoisie au travers
des conflictualités. Dans ces confrontations les militants
révolutionnaires peuvent s'appuyer sur des faits concrets pour
dévoiler les antagonismes de classe et faire prendre vie au discours
communiste. C'est ainsi que dans la dynamique de la lutte s'ouvrent
des failles dans l'idéologie dominante et que se révèlent aux yeux
même du prolétariat sa force et les possibilités d'un monde
différent.
La
centralité ouvrière, doit se situer dans la conscience collective
de l'organisation, et doit l'amener a centrer son intervention contre
l'exploitation à la production comme la cause des injustices que
génère le système capitaliste. C'est en reprenant le pouvoir sur
la production et son
organisation,
que ceux qui subissent l'exploitation peuvent imposer leur volonté à
la bourgeoisie. Au travers de la nature des produits fabriqués (leur
utilité), leur distribution (répartition des richesses), les
prolétaires pourront modifier la nature des rapports sociaux dans la
société, en premier lieu au travail. De la même façon, qu'une
production destinée aujourd'hui à l'accumulation par une minorité,
génère l'exploitation et l'aliénation. Une production destinée a
satisfaire les besoins de la population, effacera les rapports
d'exploitation et détruira la classe des exploiteurs.
Le
rôle central de la production se vérifie y compris dans la
construction de rapport de force, de lutte revendicatrices. Les
moyens de lutte s'exercent sur l'organisation de la production, donc
sur l'extraction de plus value, et les rapports sociaux qui en
découlent.
Directement
: grèves, blocages de la production, occupations d'usines.
Indirectement
: mouvements d'opinion qui agissent sur la productivité
(démoralisation ), et sur les structures sociales nécessaires à la
bonne marche de la production.
Les
ouvriers ont donc un rôle central et immédiat dans tout rapport de
force contre la bourgeoisie. C'est ce rapport de force qui
généralement ouvre la voie à d'autres contestations de la société.
L'avant-garde.
C'est
une nécessité pour obtenir des victoires, pour faire avancer le
rapport de force, de s'unifier, de réduire les inégalités, les
spécialisations entre nous. Et c'est justement dans les luttes que
cette nécessité apparaît et se concrétise. Ce serait donc une
absurdité que ceux qui a travers leur lutte ont compris la nécessité
de détruire la logique capitaliste, attendent que la masse des
exploités ait eu la même compréhension, pour agir. Au contraire
les révolutionnaires doivent se regrouper, s'organiser pour, aux
travers de luttes faire partager leurs connaissances et engager un
processus de réappropriation du savoir. Même si ces tâches les
placent dans un rapport d'avant-garde .vis a vis d'autres
prolétaires, rapport qui ne correspond pas à l'idéal à atteindre.
En
effet la plupart du temps les prolétaires luttent contre des effets
immédiats de leur exploitation (bas salaires, loyers chers,
protections sociales, etc...). Même si quelquefois ils entrent
massivement en lutte contre un Gouvernement, leur démarche est à
priori d'améliorer leurs conditions de vie dans le système et non
de l'abattre.
Puisque
ce n'est pas la nature du système qui est critiquée, les
prolétaires tendent à reproduire dans les luttes les divisions que
le système génère : chef, délégation de pouvoir, suivisme,
corporatisme, etc.... Et tant que la bourgeoisie imposera sa
domination, tant que le rapport de force ne sera pas renversé, ces
divisions même réduites ne disparaîtront pas totalement.
Des
prolétaires, même devenus révolutionnaires, ne continuent pas
moins a subir dans tous les instants de leur vie les pressions de
l'idéologie bourgeoise. Et quelque soit la radicalité de leur
action, ils doivent au sein d'une organisation, comme en dehors,
chercher à briser les divisions : travail manuel et intellectuel,
création et exécution, dirigeants et dirigés, etc.... C'est la
réflexion et la confrontation collective qui permettent de faire
avancer la conscience et de se réapproprier le savoir.
Il
est bien évident que les prolétaires, fussent-ils militants,ne
peuvent prétendre individuellement se réapproprier la totalité des
connaissances existantes et utiles pour mener une lutte de
renversement de pouvoir ni même par la suite se réapproprier la
totalité du savoir qui permettrait de mener dans la réalité un
projet communiste de société.
Tel
en tout cas ne serait pas notre but, en considérant que cela puisse
étre possible (individu supra conscient, puits de savoir,
bibliothèque vivante). En effet, c'est en tant que classe et non en
tant que somme d'individus que le prolétariat doit se réapproprier
la globalité du savoir nécessaire à sa lutte d'émancipation. La
propriété de ce savoir doit être collective et non détenue par
une élite.
Les
organisations communistes mènent ce travail spécifique de réflexion
collective, d'analyse et de théorisation des luttes passées
présentes et à venir. L'objectif n'étant pas de faire de ce savoir
leur propriété privée (par exemple pour s'assurer la direction
d'une lutte, mais d'être le moteur du processus de réappropriation
du savoir par le prolétariat en le réinvestissant dans les
instances de lutte.
Ce
savoir bien évidement n'est pas une révélation mystique, mais bien
une recherche et une synthèse collective des expériences de lutte
passées ainsi qu'une analyse (collective également) des
contradictions actuelle et futures de la société. Une partie de ce
savoir dont nous pouvons disposer à l'heure actuelle est la
propriété collective et le fruit du travail du prolétariat mondial
et du mouvement communiste, acquis au travers des luttes, des
victoires et des défaites, des avancées et des reculs, et cette
propriété doit rester collective.
Le
Parti
Lorsque
les capacités de lutte du prolétariat se renforcent, à l'inverse,
la bourgeoisie menacée répond par la répression. Si le processus
de montée des luttes, de prise de conscience, passe par l'existence
de plusieurs organisations représentant des démarches différentes,
il arrive un moment où la violence de la confrontation avec la
bourgeoisie exige la centralisation des luttes vers le renversement
du rapport de force global sur la société, en faveur du
prolétariat.
Lorsque
le prolétariat est en lutte, qu'une fraction importante de celui-ci
(l'avant garde) oriente clairement sa lutte vers le renversement des
rapports capitalistes, lorsque les possibilités existent de
renverser le pouvoir en place et de détruire son appareil d'Etat,
les avant-gardes doivent concentrer et regrouper leurs efforts pour
attaquer avec succès la bourgeoisie.
C'est
pour nous dans cette démarche que se justifie et est nécessaire
l'organisation des révolutionnaires en un Parti unique et donc
hégémonique. S'organiser de la sorte est évidement en
contradiction avec l'idéal pour lequel nous luttons. C'est pourquoi
un tel Parti doit naître et être l'oeuvre de la masse de ceux qui
luttent pour cet idéal afin qu'ils puissent a tout moment renverser
une direction qui s'écarterait des intérêts du prolétariat. Ce
sont les prolétaires conscients de la nécessité d'en finir avec
l'exploitation qui doivent être les bâtisseurs d'un tel Parti, et a
ce titre imposer leur pouvoir à la façon des ouvriers face à leur
patron, à ceux qui tendraient a transformer le Parti en instrument
d'exploitation. Car on l'a vu, le danger est grand, de voir la
bourgeoisie et surtout les classes intermédiaires, plutôt que de
s'opposer à la révolution, chercher à en prendre la direction pour
mettre en avant leur propre intérêt.
La
prise du pouvoir par les révolutionnaires n'est qu'une phase de la
lutte pour la société sans classes. Parce que les révolutionnaires
peuvent contrôler les moyens de productions, ils peuvent commencer à
transformer la société. La vie des soviets et conseils d'ouvriers
étant le garant de ces transformations. Dans un premier temps il
s'agit de redistribuer les fruits de l'exploitation à la population
(socialisme) pour progressivement en finir avec l'exploitation
(communisme). Cette progression ne doit pas rester une idée vague,
mais doit se mesurer à des réalités concrètes : diminution du
temps de travail, amélioration du niveau de vie, évolution des
rapports sociaux, disparition de la propriété privée des moyens de
production, puis de la propriété privée, de la monnaie par exemple
; l'essentiel étant l'adhésion de plus en plus grande des
populations au projet communiste, et donc diminution du rôle du
Parti et de l'Etat de transition.
Si
dans cette phase les révolutionnaires ont pris le pouvoir, cela ne
signifie pas que la bourgeoisie soit définitivement battue.
Elle
peut être au pouvoir dans d'autres parties du monde, et déclencher
la guerre contre révolutionnaire.
Elle
peut subsister minoritairement et chercher à reprendre le pouvoir.
Enfin
des révolutionnaires, parce qu'au cœur de la lutte ils acquièrent
des privilèges, peuvent chercher a les défendre et finalement
changer de camp. On a vu ainsi dans les expériences Russe et
Chinoise, des tendances qui n'étaient pas déterminées à en finir
avec l'exploitation, se maintenir dans le Parti, mais aussi dans les
structures de base du prolétariat : Soviets, Syndicats,
progressivement affirmer leur pouvoir et faire le lit de la
bourgeoisie.
Après
la prise du pouvoir, rien ne sera donc joué et il est sûr que la
lutte de classe devra s'amplifier, qu'elle pourra être aussi
violente que dans la phase qui précède la prise de pouvoir. En
effet nous pensons que bien que l'ennemie ne soit plus aux commandes
de l'Etat et des trusts, il persistera à être présent dans les
structures de la nouvelle société, y compris révolutionnaires. Il
y aura nécessité de remise en cause permanente de l'idéologie
bourgeoise et des rapports sociaux hérités du capitalisme a tous
les niveaux de responsabilité.
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