FRANCE | La Force de l'Ordre



Anthropologie de la matraque

Fabien JOBARD

L’enquête qu’a menée Didier Fassin dans une brigade anti-criminelle fait froid dans le dos : violence, abus, racisme y règnent sans frein. Mais peut-on sans autre forme de procès élargir le constat à l’ensemble de la situation française ? Le sociologue Fabien Jobard s’interroge sur la méthode appliquée par son collègue anthropologue. Dans le second article, Didier Fassin répond à la critique et montre à quelles conditions une enquête ethnographique peut s’étendre à une analyse globale du fonctionnement de l’État


Didier Fassin
La force de l’ordre. Une anthropologie de la police des quartiers, Paris
Le Seuil | 2011

La force de l’ordre, l’ouvrage que publie l’anthropologue Didier Fassin, professeur de sciences sociales à l’Institute for Advanced Study de Princeton et directeur d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, s’annonce comme une « ethnographie de la force publique » . On peut le lire comme un manifeste ethnographique. Didier Fassin a en effet voulu répondre à l’urgence politique par une enquête par observation directe non participante, de longue durée, auprès de la brigade anti-criminalité (BAC) d’une agglomération de 200 000 habitants de la région parisienne. Son enquête répond à un double impératif : une « démarche critique » qui questionne la démocratie, enjeu du chapitre conclusif, à partir de l’ethnographie d’une BAC ; et une mise en évidence des pratiques policières à travers une « forme narrative, reconstitution aussi fidèle que possible des scènes observées, l’approfondissement d’études de cas [dotées] d’une portée générale », afin que « chacun [se saisisse] de ces questions ». L’ethnographie interpelle, par sa méthode propre, le politique. Il s’agit aussi d’un manifeste en ethnographie : Didier Fassin revendique une « anthropologie publique », à l’image de mouvements similaires, notamment en Grande-Bretagne et aux États-Unis 1. Cette anthropologie publique, servie par une connaissance remarquable de la sociologie de la police, fait à la fois la force, l’impact de l’ouvrage, mais comporte aussi des limites inhérentes au choix de focale retenu par l’auteur.




L’unité

L’enquête, substantielle, s’est déroulée de mai 2005 à février 2006, puis de février 2007 à juin 2007, période durant laquelle l’auteur a en toute liberté accompagné le travail des agents de cette brigade. Avec satisfaction, l’un des chefs du commissariat lui fait vite observer que les agents se comportent comme si leur observateur « n’était pas là » (p. 49). Cette remarque bienveillante s’avère glaçante à la lecture de l’ouvrage. Elle est du reste inexacte. À maintes reprises, les policiers observés par Fassin lui font remarquer que, s’il n’avait pas été là, « cela ne se serait pas passé comme ça » ; comprendre : ç’aurait été pire 2. Mais on peine à se représenter quel degré supplémentaire de veulerie les policiers observés auraient atteint sans présence extérieure, tant est sordide la réalité décrite par Fassin 3 : gardes à vue iniques, motivées par la simple présomption de culpabilité collective des « bâtards » 4 ; omerta ; racisme ; sexisme ; humiliation ; subornation ; discrimination ; sélection des agents selon des préférences raciales, sexuelles et politiques ; interrogatoires menés sous la menace, le mensonge et l’intimidation (quand ce n’est pas sous les coups), etc. Le tout sous l’oeil distant d’une hiérarchie qui balance entre impuissante résignation et satisfaction muette.

La brigade observée par Fassin est un « État dans l’État », un îlot de brutalité et de haine enkysté dans un commissariat de police dont on apprendra peu (le regard de l’observateur est exclusivement centré sur les équipages de la brigade en question), si ce n’est que la hiérarchie a laissé se perpétuer cette BAC confiée à un gradé de facto plénipotentiaire. La description ethnographique ne laisse aucun doute à ce sujet. Grand poster de Jean-Marie Le Pen affiché sur les murs du bureau ; conversations autour des propos tenus par « Jean-Marie » la veille, et plus fréquemment sur les immigrés ; grimage par l’acronyme K.K.K. (pour Klu Klux Klan) de la photo d’un policier parangon de corruption et de violence de la série américaine The Shield ; drapeaux français au mur, l’un flanqué du slogan « contre le racisme... halte à l’immigration », l’autre des chiffres 7,3,2 évoquant les exploits de Charles Martel à Poitiers... Didier Fassin montre l’importance dans la constitution de cette brigade de son chef « xénophobe et raciste » (p. 264, voir aussi p. 256) qui, sans exiger une stricte conformité idéologique des éventuels postulants, garde la haute main sur la cooptation de nouveaux membres. Ni Arabes, ni Noirs, ni femmes dans cette brigade, dont la considération des minorités, des éducateurs, des SDF etc. sur le terrain est à l’image d’une composition si uniforme.


Les conditions du possible et les conditions de survie

L’ouvrage de Didier Fassin est une contribution de premier plan sur la police française d’aujourd’hui. Dans cette institution centralisée se constituent des baronnies imprenables, forteresses insulaires dont la perpétuation est encouragée par le fait que ce qu’elles font est tangible, mesurable, chiffrable 5. À la différence de la police en tenue, jugée sur des critères contingents et qualitatifs, l’évaluation d’une brigade anti-criminalité est réduite à sa plus simple expression : les chiffres d’interpellation, et tout particulièrement les fameuses « infractions révélées par l’action des services » (étrangers en situation irrégulière, fumeurs de joints, quand ce ne sont pas de simples infractions au stationnement). L’enquête de Didier Fassin montre dans le détail un envers sous-estimé de cette production de chiffres, partout dénoncée. Le commissaire, malgré les risques substantiels de bavure et de scandale qu’une pareille brigade lui fait courir en permanence, se trouve pris au piège d’une relation ancillaire à son égard. Non seulement la BAC contribue à l’évaluation chiffrée globale de son commissariat (interpellations, gardes à vue, éventuellement mandats de dépôt ensuite prononcés), mais elle se constitue en point d’accès unique au terrain de la délinquance locale, amenant ses supérieurs à se rendre dépendants d’elle s’ils veulent disposer d’informations valorisantes 6.
Fassin consacre une réflexion particulièrement intéressante sur les forces susceptibles, au sein du commissariat, de résister à cet « État dans l’État » (p. 272). On trouve dans cette BAC en effet des policiers « professionnels », ceux qui poursuivent les finalités policières (interpellations, contrôles, etc.) tout en respectant la déontologie. Mais ils n’y sont que deux. D’autres policiers ont craqué et, après quelques mois, ont demandé leur affectation dans d’autres unités, abandonnant les avantages de la BAC (faible contrôle hiérarchique, sélection des tâches, horaires fixes, prestige..). Le poids de l’idéologie entretenue par la BAC leur était devenu insupportable, et les possibilités de la réformer trop improbable pour imaginer d’autres voies que la défection. Didier Fassin mêle très astucieusement la typologie de William Ker Muir 7 sur les types de policiers à ses propres constructions théoriques autour de « l’économie morale » de la police, ce qui lui permet de rejeter le triptyque de Hirschman (exit, voice, loyalty), qu’il juge trop rigide. Il montre que le pragmatisme policier autorise la survie du « bon policier » (au sens de Ker Muir) dans cet environnement producteur de cynisme ou de clivage moral, dès lors que, même s’il respecte « l’ennemi », il produit de bons résultats. Ainsi, même au sein d’une telle brigade, le « principe de justice » peut l’emporter sur « la logique du ressentiment » (p. 297) et permettre le maintien de policiers déviants aux côtés de policiers plus « professionnels ».


L’unité et son contexte

Il aurait été à bien des égards éclairant de connaître plus précisément les trajectoires de ces deux professionnels qui ont choisi de rester dans une telle BAC, par exemple par des entretiens biographiques qui auraient dépassé les premiers signes de réticence des intéressés à la conversation. Mais Didier Fassin n’a pas voulu déroger à sa méthode privilégiant la seule observation des équipages de sa BAC : ni entretiens approfondis avec les acteurs, leurs supérieurs ou leur environnement, ni historicisation ou contextualisation de la circonscription étudiée, ni exploration des relations entre l’institution policière locale et son environnement institutionnel (justice pénale et élus, notamment). L’insularité caractérise la BAC observée, mais aussi le dispositif d’observation choisi par l’auteur. C’est un parti pris fécond, mais qui, à nos yeux, nuit à son propre projet.

Car, si l’objet de Didier Fassin est d’observer une brigade anti-criminalité, son projet est bien plus large. Cette « anthropologie politique » vise à interroger la « nature concrète » de la démocratie française, et notamment le régime politique particulier des cités de banlieue. Les cités sont, sous l’effet de l’intervention policière, des zones d’exception où se « manifeste le geste souverain de suspension de la règle démocratique » (p. 33) : « la politique des cités devient une politique de la guerre » (p. 71), dans laquelle les habitants ne sont « pas seulement des étrangers, [mais aussi] des ennemis » (p. 75), objets d’une mécanique de « racialisation » qu’on ne peut plus enrayer (p. 235). L’approche monographique resserrée qu’a choisie Didier Faasin satisfait-elle son projet d’anthropologie de l’État ? C’est ce que je voudrais discuter ici.

La focale d’observation retenue par Fassin est resserrée autour de son objet : une BAC. Dans le premier chapitre, « situation » 8, l’auteur dresse le contexte de ses observations. Il utilise à cette fin à des données de cadrage, notamment les enquêtes nationales de victimation et de la statistique policière, qui lui permettent de dire que la délinquance est en baisse, et que, de ce fait, l’intervention de la police ne répond pas à un besoin, à une demande sociale, mais qu’elle est l’instrument de la guerre ou de la rhétorique de la guerre menée par le pouvoir dans les cités. Malheureusement, ces données sont sans lien direct avec le terrain observé. Plutôt que les données nationales ou celles propres aux zones urbaines sensibles (ZUS), l’enquête régionale Ile-de-France de victimation aurait permis de réduire la focale à l’échelle du département concerné (sans bien sûr ainsi dévoiler le terrain examiné) 9. Les données produites par le commissariat où Didier Fassin a enquêté ou celles éventuellement délivrées par le conseil de prévention et de sécurité de l’agglomération concernée auraient, de même, offert un cadrage plus adapté. Le cadrage resserré de l’observation est contredit par le cadrage beaucoup trop large des données contextuelles. Par ailleurs, et surtout, ces données sont lues de manière très libre. Didier Fassin avance que si le sentiment d’insécurité dans les ZUS françaises est élevé, il s’agit principalement d’un effet de construction des représentations collectives par le politique ; car la délinquance, dit-il, baisse (p. 85-88 ou 121). Or si le lien entre délinquance et sentiment d’insécurité est en effet loin d’être univoque, il est audacieux d’affirmer comme « un fait » (p. 121) que la délinquance est en baisse sur une période significative (sauf sans doute les homicides), tant à l’échelle nationale qu’à celle des ZUS d’Ile-de-France. Cette appréciation des statistiques joue pourtant un rôle pivot dans la construction de l’anthropologie politique de Didier Fassin, puisque la « situation » qu’il dépeint dans le chapitre 1 et qui constitue le terreau rendant possible une telle BAC, est définie comme un écrasement du réel par le politique : puisque la délinquance ne monte pas, dit Fassin, « pour justifier le déploiement des forces de l’ordre dans ces quartiers défavorisés, il est nécessaire de créer un langage. La rhétorique de la guerre censée contrer la guérilla des cités se traduit par des opérations spectaculaires (…) La représentation de la banlieue comme une jungle et de ses habitants comme des sauvages appelle le recours à des unités spéciales mieux formées à la chasse qu’à la procédure... » (p. 96) ; « la politique des cités devient une politique de la guerre » (p. 71). La « situation » dont le premier chapitre de l’ouvrage pose les fondements est malheureusement trop redevable de ces statistiques trop lointaines et trop fragiles pour convaincre tout à fait quant à son statut déterminant du comportement policier observé.

Tout l’enjeu est de donner sens à la chose observée, de la faire vivre dans un ensemble plus vaste, apte à offrir matière à une anthropologie de l’État. Lorsque Dewerpe, qui poursuit une finalité comparable (une « anthropologie historique de la violence d’État »)10, observe la manifestation parisienne du 8 février 1962, il en fait bien sûr l’analyse la plus complète, mais il ne l’élève en anthropologie historique qu’au moyen de l’inscription de cet événement dans son histoire – histoire longue, complexe, multidimensionnelle. Didier Fassin, lui, s’est comme interdit cette contextualisation. La rigueur de l’observation se mue en rigorisme monographique dès lors que l’on aborde le rapport au politique. L’auteur explique trop souvent ce qu’il observe par le contexte politique national le plus large, par l’histoire immédiate, trop immédiate. Un examen plus approfondi de la place de la BAC dans les transactions entre préfet, élus municipaux, société civile lorsque la mairie se voit contrainte de mettre en place une réunion de conciliation après une intervention particulièrement désastreuse des policiers de l’agglomération, aurait offert une possibilité de donner à voir les médiations entre pouvoir national et situation micro-locale. Car autant sinon plus que la « situation » nationale, des configurations politiques locales plus larges peuvent expliquer la perpétuation d’une telle brigade.


Politisation et racialisation

L’interrogation centrale porte sur la singularité de la brigade observée. Des échanges avec le « représentant national d’un syndicat de policiers » et un « haut fonctionnaire de la direction centrale de la sécurité publique » convainquent l’auteur que ce qu’il a observé « est aussi vrai ailleurs ». Certes, il n’est pas possible de déterminer l’exemplarité ou au contraire la singularité d’une telle brigade, compte tenu du faible nombre d’enquêtes sur les BAC en France et de l’absence de tout recensement de ces unités 11. Mais il semble y avoir là un degré de politisation des agents sinon exceptionnel, du moins singulier : la fréquence des conversations politiques, le raffinement, pour ainsi dire, des symboles courants (le T-shirt Charles Martel, les inscriptions gothiques sur le drapeau français, la référence au Ku Klux Klan...), l’exacerbation de la virilité (jusqu’à refuser de porter le gilet pare-balles léger, pourtant attribut de virilité chez les fonctionnaires de police), etc.

Ce degré de politisation (à la fois culture politique et intérêt pour la politique) est peu fréquent chez les policiers 12. Il n’est pas sans conséquence, bien sûr, sur la perception d’une constante homologie structurale entre l’orientation politique gouvernementale et le comportement des policiers sur leur terrain.

Ce degré inhabituel de politisation n’est pas sans incidence non plus sur l’interprétation des événements relatés. N’évoquons que le chapitre « discrimination », dans lequel l’apport interprétatif de Didier Fassin est des plus riches. À l’encontre des sociologues français qui se sont penchés sur la question 13, il défend une hypothèse de « racialisation » des interventions policières, « entendue comme le processus par lequel on différencie des individus ou des groupes à partir d’une qualification raciale » (p. 235) ; processus qui joue un rôle déterminant dans l’explication des comportements observés à l’égard des minorités. Nous pourrons objecter que la dimension raciale ou raciste est incontestable dans une telle BAC. Nous restons convaincu que la notion de racialisation n’est pas universellement nécessaire pour comprendre la dynamique de sélection de leurs populations par les policiers (pouvoir discrétionnaire sur lequel l’auteur insiste très justement), ni même par les policiers en civil intervenant dans les cités françaises.

On ne peut, dans le cadre de ce compte rendu, confronter nos terrains relatifs aux BAC 14. Mais pour donner une idée de l’importance des terrains, observons que dans la BAC observée par Didier Fassin les adversaires ou « ennemis » (p. 75) sont qualifiés de « bâtards ». L’auteur précise avec justesse que « cette insulte n’est pas anodine, elle implique une banalisation des idées d’impureté, d’indétermination et de dévalorisation », « forme particulière de stigmatisation socioraciale » (p. 154-155). Dans les BAC dans lesquelles j’ai enquêté, l’idiome commun n’était pas « bâtard » mais « crapaud ». Or le « crapaud » doit son nom au pur pragmatisme policier : c’est le comportement supposé dans l’interaction (il dit « Quoi? Quoi ? » en toute occasion, comme dans les livres d’enfant), et non l’assignation raciale, qui lui donne son nom. Nulle interprétation ne saurait, à notre sens, l’emporter sur l’autre. Chacune est le produit particulier de son terrain particulier.

L’extrémisme de la BAC étudiée par Didier Fassin oblige également à interroger la place faite par l’auteur à la « situation post-coloniale ». Là encore, étant donné le degré de conviction politique des agents, on ne peut s’étonner qu’ils en viennent à évoquer la guerre d’Algérie. Mais faut-il s’en tenir à ce que disent les agents ? Les travaux d’Emmanuel Blanchard montrent par exemple que la police des Algériens à Paris de 1945 à 1962 (dont il est inutile de rappeler la brutalité) n’est pas seulement singulière, c’est-à-dire explicable par la nature étrangère ou la différence raciale de la population visée. Elle est tout autant inscrite dans une histoire beaucoup plus longue du traitement que les policiers réservent aux « indésirables » – le traitement réservé aux Algériens emprunte à celui réservé aux prostituées, aux vagabonds, aux oisifs, etc. De ce point de vue, les « bâtards » que visent les policiers dans leur langage souffriraient des interventions policières, même si nul processus de racialisation n’était en jeu, tant les pratiques policières s’inscrivent dans une histoire longue entretenue à l’égard de leurs « clientèles ».

L’anthropologie politique menée par l’auteur, qui fait de cette brigade particulière le témoin d’un régime politique tout entier, constitue ainsi un parti pris méthodologique qui n’emporte pas complètement notre adhésion. Mais ces éléments de discussion ne doivent pas faire ombrage aux apports de l’anthropologie publique poursuivie par cet ouvrage. Le livre de Didier Fassin, adossé à une remarquable exigence théorique, présente au public, au politique et aux policiers le constat accablant d’une force publique incapable de maîtriser, ni même de connaître sa propre dérive.

Fabien JOBARD
Anthropologie de la matraque
Publié dans laviedesidees.fr | novembre 2011



Réponse à Fabien Jobard

Didier FASSIN
L’exception, ou la règle ?
De l’ethnographie de la police à l’anthropologie de l’État

.
Une ethnographie autorise-t-elle une anthropologie ? Telle est la question centrale posée par Fabien Jobard dans sa discussion de mon livre. Plus précisément, cette question en sous-entend deux autres, distinctes mais complémentaires : étudier un lieu particulier permet-il une généralisation à un ensemble plus vaste ? et analyser le travail de la police dans une circonscription de sécurité publique ouvre-t-il vers une compréhension du fonctionnement de l’État ?

L’enquête que j’ai conduite porte en effet sur une grande agglomération de la région parisienne dans laquelle j’ai observé le travail quotidien des unités qui
interviennent dans les quartiers. Il s’agit donc d’un sujet délimité non seulement
territorialement, mais aussi fonctionnellement : un espace urbain et une activité policière. La justification en est double : pratique, car l’espace est déterminé par les conditions de possibilité de la recherche (l’autorisation de la conduire) ; théorique, car l’activité éclaire les interactions entre les fonctionnaires et les populations dans le cadre de la sécurité publique (l’objet proprement dit). C’est là le propre de toute ethnographie : la durée de l’enquête, les relations de confiance qu’elle autorise, la connaissance du terrain qu’elle permet sont autant d’éléments qui font de cette méthode un outil privilégié pour approfondir la compréhension d’une réalité et de ses enjeux. Elle permet ainsi d’appréhender des faits auxquels les questionnaires et entretiens ne donnent pas accès.

Elle s’avère en l’occurrence doublement pertinente : d’une part, on ne disposait pas
jusqu’alors d’observation prolongée de l’activité des patrouilles, qui représente en
quelque sorte le coeur du métier, en France comme dans la plupart des pays occidentaux ; d’autre part, cette activité se trouvait impliquée dans la genèse de tous des désordres urbains qui se sont produits au cours des trois dernières décennies, y compris les émeutes de 2005 et 2007. Ma recherche visait donc à compléter le tableau progressivement dressé depuis plus de vingt ans par les sociologues et les historiens français, qui ont fait des études sur les forces de l’ordre l’un des domaines les plus féconds des sciences sociales, en abordant l’un de ses points aveugles.


Le caractère inhabituel, dans le contexte français, de l’approche proposée, conduit
Fabien Jobard à s’interroger sur les possibilités d’en généraliser les résultats. Pourtant, les travaux de William Westley, John van Maanen ou Peter Moskos, pour ne citer que quelques exemples désormais classiques dans la littérature nord-américaine du dernier demi-siècle, ont procédé de la même manière 15. La méthode ethnographique leur a permis de rendre visibles et intelligibles des logiques et des pratiques de la police que tous les chercheurs considèrent aujourd’hui comme autant d’évidences empiriques : le pouvoir discrétionnaire, la valorisation du secret, la banalité du racisme, les justifications de la violence, les représentations du public comme hostile, etc. Or, on n’a jamais reproché à ces analyses le manque de représentativité de leur terrain : on a vu au contraire ce qu’elles rendaient intelligible du travail des forces de l’ordre. Il est donc intéressant de relever que l’ethnographie qui ne posait pas problème aux États-Unis suscite des réserves lorsqu’elle est mise en oeuvre en France. Il est également remarquable que ce qui est retenu et discuté, dans mes résultats, concerne seulement les déviances de la police, et singulièrement le racisme et les discriminations, le harcèlement des jeunes des cités et les formes de violence auxquelles ils sont soumis.

Pour autant, il est légitime de se poser la question : la circonscription que j’ai étudiée est-elle atypique, comme le soutient Fabien Jobard ? Il est important d’y répondre, car la réserve qu’il exprime est aussi l’argument utilisé par certains  responsables nationaux de la sécurité publique pour relativiser mes constats et mes  conclusions : ce qui est rapporté dans le livre est peut-être vrai, disent-ils, mais c’est l’exception, et non la règle. Qu’en est-il ? Faute d’enquête similaire, personne ne peut affirmer de façon sérieuse que la circonscription est représentative, ou ne l’est pas. Ainsi que je l’explique dans mon introduction, je n’ai pas été autorisé à réaliser un second, voire un troisième terrains, comme je l’avais souhaité. Cependant, je me suis efforcé de recouper mes observations. J’évoque dans le livre quelques-uns des échanges et des entretiens que j’ai eus avec des acteurs extérieurs à mon terrain : commissaire d’une autre circonscription, responsable d’un grand syndicat, ancien directeur départemental de la sécurité publique, entre autres. Tous me confirment la relative banalité de mes constats, dans des termes du reste inattendus de la part de policiers dont plusieurs étaient politiquement proches du gouvernement actuel : on me parle, à propos des unités spéciales d’intervention du type de la brigade anti-criminalité que j’ai étudiée, de « mal nécessaire », de « meutes qui vont produire plus de dégâts en allant sur le terrain que régler les problèmes », de « système pervers dans lequel les directeurs n’osent pas toucher à des structures qui les servent quelque part ». À ces éléments, je pourrais ajouter les témoignages que m’ont adressés, depuis la parution de mon ouvrage, des policiers, des magistrats, des journalistes et même des sociologues. Certains m’ont d’ailleurs fait observer, à juste titre : ce que vous écrivez, les habitants des quartiers populaires, et les jeunes en particulier, le disaient depuis des années, mais on ne les croyait pas. Cette
convergence des discours ne vaut certes pas administration de preuve, mais invite à une interrogation presque symétrique : pourquoi certains ont-ils tant de mal à reconnaître ce qui semble connu de beaucoup ?

La question est le point de départ du chapitre que je consacre au sujet du racisme et des discriminations dans la police. Je propose au lecteur deux séries de faits : d’un
côté, les sondages montrent que la France est l’un des deux pays d’Europe dont les niveaux de discrimination sont perçus comme les plus élevés et que les Français mettent la police au premier rang de ces pratiques, surtout lorsqu’ils appartiennent à des minorités ; de l’autre, les sociologues français qui ont travaillé sur le sujet discutent cette évidence, en s’appuyant notamment sur des auteurs anglo-saxons qui se sont efforcés d’isoler la composante ethnico-raciale dans certaines pratiques policières. Ayant repris un ensemble de recherches menées aux États-Unis, en Grande-Bretagne et plus récemment en France, j’essaie d’interpréter cette discordance. Contrairement à ce qu’écrit Fabien Jobard, qui voit dans les pratiques racialisées voire racistes que je décris sur mon terrain une sorte d’idiosyncrasie propre à mes enquêtés, je montre, sur plusieurs exemples qu’il utilise lui-même dans ses travaux pour contester l’existence de discriminations raciales dans la police, que la différence ne tient pas aux policiers observés mais au regard de l’observateur. Ce n’est pas le lieu ici de reprendre ces cas en détail, mais dans l’un d’eux, un policier s’en prend violemment à un jeune Arabe au sein d’un groupe de jeunes en train de discuter en buvant des bières dans un quartier populaire : l’ayant préalablement traité de « bâtard » (et non de « crapaud », comme indiqué), il l’insulte copieusement et le plaque contre le mur en lui criant : « je suis raciste, et alors ? ». L’auteur voit dans cette scène une « discrimination selon les territoires », alors que je m’interroge pour ma part sur la dimension raciale qui la sous-tend. Ce n’est donc pas la brigade anti-criminalité que j’ai étudiée qui est singulière, mais l’interprétation du sens des interactions qui diffère.

Cette interprétation peut toutefois évoluer. Dans sa contribution au volume collectif que j’avais codirigé sur la question raciale, Fabien Jobard mettait en cause les « témoignages sur les ‘contrôles au faciès’ », ajoutant que « rien ne permet d’affirmer
qu’il y ait un biais racial dans le choix que font les policiers de se porter vers tel individu ou groupe d’individus, et ce indépendamment des marques de racisme qui peuvent çà et là être observées » 16. Quelques mois plus tard, à l’instigation d’Open Society, il réalisait la première enquête française établissant statistiquement l’existence de discriminations raciales dans les contrôles d’identité dans les lieux publics. La réalité n’avait pas changé, mais son évidence empirique avait fini par s’imposer. La démonstration quantitative en étant désormais faite, il reste à établir la dimension qualitative de ces discriminations, ce à quoi je m’emploie dans le livre en suggérant aux chercheurs d’examiner non seulement la fréquence relative des contrôles d’identité, mais la manière dont ils se déroulent : l’usage du tutoiement, la démonstration d’agressivité, la pratique de brimades, l’humiliante fouille au corps complétée le cas échéant par la fouille du véhicule, la pratique du menottage pour conduire au poste en vue d’une simple vérification. Ce qui suppose alors une enquête d’une autre nature – ethnographique.


Mais là encore, il faut pouvoir remettre en question ce qui semble aller de soi. J’en donnerai un exemple, permettant de montrer comment il est possible de monter en
généralité à partir d’une telle enquête. Il concerne la « disponibilité » des individus,
souvent donnée comme l’élément décisif de la probabilité d’être contrôlé : c’est, nous disent certaines études, mais également le bon sens, parce que les jeunes appartenant aux minorités et vivant dans les cités sont présents dans l’espace public qu’ils sont contrôlés plus souvent, et non parce que les forces de l’ordre les traiteraient défavorablement. Cette explication ne vaut toutefois que pour autant qu’il soit considéré comme fondé de cibler les actions policières sur les quartiers en difficulté. Or, les chiffres que j’analyse à partir des données nationales et surtout franciliennes 17, contrairement à ce qu’affirme Fabien Jobard, montrent que la plupart des atteintes aux biens et aux personnes sont pourtant moins fréquentes dans les zones urbaines sensibles que dans les agglomérations environnantes. On voit ainsi comment la stigmatisation des milieux populaires, banalisées dans le discours public, en vient à rendre évidentes, pour les policiers comme pour ceux
qui les étudient, des pratiques qui ne reposent pas sur des logiques de prévention de la sécurité publique, mais de maintien de l’ordre social.

C’est justement cette montée en généralité que conteste Fabien Jobard, en recourant à deux arguments quelque peu contradictoires : je ne contextualiserais pas mes données, et je le ferais de manière trop incertaine. Sur le premier point, je consacre de longs développements à la « situation », terme que j’emprunte à Georges Balandier pour signifier « la dimension historique et politique », précisément pour montrer comment, d’une part, des phénomènes de concentration sociospatiale de familles de milieux populaires et d’origine immigrée depuis un demi-siècle, et d’autre part, des logiques de stigmatisation de ces populations se traduisant par de nouvelles orientations en matière policière et judiciaire depuis deux décennies, permettent de comprendre le développement des pratiques que j’observe sur le terrain : il n’en est fait nulle mention dans le compte rendu, qui assimile à tort mon analyse de cette « situation » à des « données de cadrage » sur la délinquance. Sur le second point, ce sont les statistiques que j’utilise qui sont présentées comme « trop lointaines et trop fragiles ». De fait, les chiffres que je reprends proviennent en bonne part des études rigoureuses produites au cours des deux dernières décennies par le CESDIP, laboratoire que dirige désormais Fabien Jobard. Tout en référant le lecteur intéressé à ces sources, que je cite précisément,
 j’en livre les principaux éléments, en faisant comme leurs auteurs, c’est-à-dire en ne me contentant pas de la comptabilité changeante présentée par le ministère de l’Intérieur, mais en interprétant les données au regard des variations des catégories de délits et de leurs critères d’enregistrement. Le tableau que j’en donne est par conséquent contrasté, s’efforçant de restituer les subtilités de ces analyses, mais montrant que les simplifications du discours public sur l’augmentation continue de la délinquance et de la criminalité ne résistent pas à un examen sérieux. Cette discussion me paraissait donc s’imposer, mais elle ne fonde aucunement l’analyse par laquelle j’essaie de rendre compte de mon enquête.

À cet égard, comme c’est le cas de nombre de journalistes, Fabien Jobard retient principalement – et c’est compréhensible – les apparentes déviances des policiers que j’ai observés. Il les condamne, mais les réduit à de regrettables anomalies. Pourtant, l’observation que j’ai conduite met au coeur de l’analyse un certain nombre de faits permettant de comprendre les logiques ordinaires qui rendent compte de ces déviances : le recrutement dans des zones rurales et des petites villes de province de policiers qui sont envoyés dans des banlieues dont ils n’ont aucune expérience et qu’on leur décrit comme une « jungle » ; le ressentiment à l’encontre d’une société considérée comme hostile qui permet d’assurer au groupe sa cohésion contre un ennemi imaginaire ; l’incapacité de discernement à l’égard de la population des quartiers en difficulté qui a pour effet d’en rendre tous les membres potentiellement suspects ; l’inaction qui conduit les forces de l’ordre à substituer à l’approche réactive une démarche proactive basée sur un contact agressif avec un public ciblé, principalement dans les quartiers populaires ; l’ennui qui donne une dimension extraordinaire au moindre événement et suscite des réponses souvent disproportionnées ; la pression de la politique du chiffre qui amène les fonctionnaires à concentrer leur activité sur les infractions à la législation sur les
étrangers, donc à opérer une discrimination sur l’apparence, et sur les infractions à la législation sur les stupéfiants, donc à interpeller de simples usagers de cannabis dans les cités ; la disqualification de l’action des magistrats considérés comme laxistes qui s’appuie sur le discours des autorités publiques et légitime des formes de justice immanente rendue dans la rue par les policiers ; l’impunité des fonctionnaires se rendant coupables d’exactions que leurs supérieurs connaissent mais ne s’autorisent pas à sanctionner, dans un contexte où la seule instance indépendante, la Commission nationale de déontologie de la sécurité publique, a fini par être supprimée. Tous ces éléments résultent du travail ethnographique qui montre comment l’observation d’une institution – la police – permet de comprendre le point d’articulation de politiques publiques et de pratiques professionnelles, du macrosocial et du microsocial et, finalement, de proposer une anthropologie de l’État à travers ce qu’on peut qualifier d’exception sécuritaire.

Bien qu’il reconnaisse à ma recherche son apport ethnographique, Fabien Jobard n’en voit donc pas la portée anthropologique – alors même que c’est de celui-là que se nourrit celle-ci. Il la conteste même, en « insularisant », si l’on peut dire, à la fois l’objet étudié et le sujet étudiant (« l’insularité caractérise la BAC observée, mais aussi le dispositif choisi par l’auteur »). Pourtant, dans la mesure où divers éléments de recoupement montrent que la circonscription étudiée ne diffère guère de ce qu’on sait exister ailleurs, dans la mesure où mes observations rejoignent ce que certains ont décrit dans d’autres pays ou d’autres villes françaises, dans la mesure enfin où mes analyses visent à identifier, au delà des singularités, des logiques plus générales permettant d’expliquer des phénomènes de tensions, de frustrations, de conflits, voire d’émeutes, que l’on trouve sur tout le territoire national, on peut s’interroger sur cette insistance à rabattre ce que j’ai décrit et analysé sur un localisme atypique. Ce qui permet in fine de réduire les faits dont je rends compte à une simple – et certes répréhensible – aberration.

J’ai essayé de montrer ici les enjeux scientifiques de cette réduction. Il n’est pas difficile d’en comprendre aussi les implications politiques.

Didier FASSIN

L’exception, ou la règle ?
De l’ethnographie de la police à l’anthropologie de l’État

laviedesidees.fr
novembre 2011




NOTES

1 Voir par exemple la discussion critique de la « public criminology », voir le numéro 9/4 de la revue Criminology & Public Policy.
2 Les agents n'observent en fait pudeur ou retenue que lorsqu'il est question de violence : ils s'abstiennent de porter des coups ou le font « hors de la vue » de l'observateur (p. 199).
3 Force est toutefois d’observer que, pour les agents en question, le pire est toujours envisageable. À propos d'un gendarme dont l’intervention était allée jusqu’à provoquer l’organisation d’une manifestation de protestation et la tenue d’une réunion publique par les autorités municipales, ‘'un des membres de la BAC enquêtée déclara à Didier Fassin : « Ca ne m'étonne pas, c’est un fou violent » (p. 151).
4 « Phénoménologie élémentaire » désignant le jeune homme de cité, « principalement de minorités » (p. 155).
5 Sur les logiques qui gouvernent la multiplication des brigades de toutes sortes dans les commissariats de police, voir Elodie Lemaire, « Spécialisation et distinction dans un commissariat de police », Sociétés contemporaines, 2008.
6 Cette observation rejoint celles de Christian Mouhanna sur les mutations de l'encadrement policier et ses conséquences (La police contre les citoyens ? Nimes, Champ social, 2011).
7 William Ker Muir, Police. Streetcorner Politicians. Chicago : Chicago University Press, 1977.
8 Le terme est directement emprunté à Georges Balandier et la situation sera du reste qualifiée, plus loin, de « post-coloniale ».
9 Les traitements de cette enquête, bien plus fiables que l'enquête nationale en raison de son échantillonnage, sont disponibles sur les sites du Cesdip (www.cesdip.fr) et de l'Institut d'aménagement et d'urbanisme de l’Ile-de-France (http://www.iaurif.org/).
10 Alain Dewerpe, Charonne 8 février 1962. Anthropologie historique d’un massacre d’État, Paris, Gallimard, 2006.
11 Si l’on exclut les travaux universitaires non publiés, tels ceux de Jérémie Gauthier à l'Université de Lille en 2002 sous la direction de J. Siméant et à l’EHESS en 2004 sous la direction de G. Mauger, il s'agit avec cet ouvrage de la première monographie consacrée à une brigade anti-criminalité.
12 Dans une recherche sur les idéologies professionnelles sur un échantillon représentatif de 5221 policiers, catégorisés par classes latentes, Geneviève Pruvost et Philippe Coulangeon montrent la forte sous-politisation des policiers, contredite, il est vrai, par des « effets de brigade » qui amènent à la formation du type de brigade observée par Didier Fassin.
13 Dans ce chapitre tout particulièrement, Fassin soutient que les sociologues et les policiers se tiennent d'un côté, les minorités et la plupart des Français de l'autre. Par exemple : « À la question [peut-on dire qu'il y a discrimination raciale ?], les Français, dans leur ensemble, [répondent] par l'affirmative, tout comme les habitants des cités ; les sociologues, le plus souvent, par la négative, rejoignant en cela les policiers » (p. 223).
14 200 à 250 heures d'observation menées dans des conditions semblables à celles de Didier Fassin, dans deux BAC distinctes de grande banlieue parisienne. Ces observations ont pu être confrontées à celles menées dans le même temps dans d'autres circonscriptions (Paris et province) par trois sociologues (Valérie Boussard, Marc Loriol, Sandrine Caroly), dans le cadre du même projet. L’une des exploitations de ce terrain, centrée sur la question du racisme policier, est discutée par Didier Fassin dans l’ouvrage qu’il a dirigé avec Eric Fassin, De la question sociale à la question raciale ? Représenter la société française, Paris, La Découverte, 2006, « Police, justice et discriminations raciales », p. 219-237.

15 Voir William Westley, Violence and the Police. A Sociological Study of Law, Custom and Morality, Cambridge, Ms : MIT Press, 1970, 1ère publication (PhD) 1950 ; John Van Maanen, Tales of the Field. On Writing Ethnography, Chicago : The University of Chicago Press, 1988 ; et Peter Moskos, Cop in the Hood. My Year Policing Baltimore’s Eastern District, Princeton : Princeton University Press, 2008.
16 Voir Fabien Jobard, « Police, justice et discriminations raciales », De la question sociale à la question raciale ? Représenter la société française, Paris, La Découverte, 2006, p. 219-237.
17 Cependant, pour des raisons éthiques que j’explique longuement au début du livre, je ne pouvais pas entrer plus dans le détail des chiffres que je ne l’ai fait sans rompre la confidentialité de l’enquête au risque de mettre en difficulté les personnes avec lesquelles j’avais travaillé.



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