C'est ainsi que la pratique de l'architecture est de plus en plus difficile pour ceux qui y sont engagés : ou bien renforcer le système actuel de production en y participant ou bien ne rien faire.
Pierre Riboulet
1970
1970
Pierre Riboulet pose ainsi l'inévitable question de la contradiction entre engagement politique et pratique professionnelle, dans un des domaines privilégiés du capitalisme monopoliste d'Etat : l'architecture et au-delà, l'urbanisme. Une question qui est au centre même des préoccupations de tous les mouvements d'architecture d'avant-garde des années 1960 /1970. Période qui, après la défaite magistrale de la pensée rationaliste du mouvement moderne de Le Corbusier, dénaturé par le capitalisme, inspire aux praticiens et théoriciens, la mort de l'architecte ou de l'architecture.
Parmi la multitude d'architectes militants, contestataires, anarchistes, libertaires, communistes des années 1960/1970, l'architecte français Pierre Riboulet [décédé en 2003], occupe une position remarquable. Il signe en 1970, un article faisant date contre les architectes de l'establishment, dans une perspective marxiste de redéfinition du rôle de l'intellectuel critique. Ces thèmes avaient déjà été évoqués par Riboulet en 1969 à l'occasion d'un débat organisé par la revue Architecture d'Aujourd'hui sur le thème “Architecture et Politique”. Pierre Riboulet affirmait alors : “Je pense qu'il faut changer le mode de production actuel de l'architecture, pour que change l'architecture, pour qu'une autre apparaisse, une vraie, élaborée collectivement, support et expression d'une vie collective... La fin des architectes, peut être, pour que renaisse l'architecture.”
Malgré le revirement idéologique de Pierre Riboulet, sous l'ère du président Mitterrand, il n'en reste pas moins que l'article publié en 1970 reste fondamental et d'une parfaite actualité pour certains points. Certains nous reprocherons d'exhumer des vieilles choses, nous assumons : reprenons, ou inspirons-nous de ce pas suspendu.
Pierre Riboulet
Éléments pour une critique de l'architecture
Espaces et sociétés
1970
Le maintien d'une classe dominante se révèle chaque jour davantage un obstacle au développement des forces productives industrielles, ainsi qu'à celui de la science, de l'art et en particulier des formes affinées de la vie sociale.
Friedrich ENGELS.
La Question du Logement.
Aujourd'hui les propositions abondent, de tous sens, qui cherchent à transformer l'architecture actuelle, l'urbanisme, qui cherchent à orienter différemment l'aménagement du territoire, bref, qui, d'une manière ou d'une autre veulent agir sur l'élaboration du « cadre de vie ». Les revues spécialisées sont remplies de projets de toutes sortes, depuis la petite maison jusqu'à la ville entière. Qui n'a pas un tiroir bien garni de dessins pour la ville idéale ?Qui n'a pas ses idées sur la ville ? Devant cette profusion on est pris de vertige. Quand on regarde autour de soi une tout autre réalité se présente. La ville est là en effet et l'architecture, traversée de pressions contradictoires, produit signifiant de notre formation économico-sociale. Un malaise est perçu, une inadéquation entre ce qui est l'architecture actuelle et les besoins qu'elle doit satisfaire.
Est-ce un hasard, une incompétence généralisée ? Suffit-il d'inventer d'autres solutions d'urbanisme et d'architecture ? Les causes du mal ne sont-elles pas ailleurs ? Cette gesticulation désordonnée pour proposer des remèdes est-elle autre chose, en fin de compte, qu'une partie de l'idéologie chargée de masquer subtilement la réalité ?
Il semble que la première chose nécessaire soit de connaître cette réalité, si l'on veut vraiment la transformer. La connaître, ceci signifie qu'une analyse critique doit être entreprise, qui fait cruellement défaut. Analyse qui devra situer cette réalité nommée architecture dans son cadre historique exact et en fonction des rapports dialectiques qu'elle entretient avec les autres niveaux de réalité, politiques, économiques et sociaux. Seul, ce travail permettra d'établir les bases théoriques indispensables à toute forme d'action.
Essais de définitions.
L'une des fins de l'architecture est la production de biens matériels que sont les constructions, les bâtiments divers qui nous entourent et dans lesquels nous vivons. Ce sont généralement des biens durables, en tous cas dont la durée dépasse celle des biens matériels mobiliers de consommation courante. Cette caractéristique ne modifie pas le fait que le travail d'architecture fasse partie de l'ensemble du travail de production de toute formation sociale donnée.
De ce caractère fondamental, il s'ensuit bien évidemment un certain nombre de conséquences qu'une critique architecturale devra prendre en considération sous peine de ne déplacer que du vide, d'être sans objet. Comme tout travail de production, le travail d'architecture a besoin de moyens de travail et de force de travail. Il a de plus besoin de sols pour les appliquer. Il est à ce titre déterminé par l'ensemble des rapports de production et par le régime de la propriété des sols qui gouvernent la formation sociale dans laquelle ce travail se réalise.
Pour la France, aujourd'hui, les agents de cette production sont les services d'équipement de l'Etat ou des établissements nationalisés, les missions d'études publiques, les sociétés de construction publiques ou mixtes, les sociétés de construction privées, les bureaux d'études techniques en général (architectes, ingénieurs, techniciens divers, etc.), les entreprises de construction de bâtiment et de travaux publics, les organismes de contrôle.
Chacun de ces intervenants investit un capital qui actionne des forces de travail mécaniques, intellectuelles et manuelles. Les rapports de production n'y sont pas tous de type capitaliste (fonds publics, artisanat) mais le mode de production capitaliste qui en régit la plus grande part est le mode dominant de cette production.
Ceci signifie que, sur le seul plan de la production, on retrouvera nécessairement, dans le travail d'architecture, l'application des mêmes concepts que dans l'ensemble du travail de production : la propriété des moyens de travail, la division du travail, la division en classes sociales, la rente foncière, etc.. Ceci signifie également que toute transformation du travail d'architecture, c'est-à-dire toute transformation du produit de ce travail, de l'architecture elle-même doit nécessairement passer par la transformation politique des rapports de production dominants.
A ce seul" plan, toujours, une définition partielle de l'architecture peut être tentée. Est architecture tout ce qui est le résultat de ce travail, c'est-à-dire tout ce qui est édifié, construit, bâti, au-dessus ou au-dessous de la surface du sol, afin d'être « habité ». Rares en effet sont les constructions édifiées pour ne rien recevoir, rien abriter, ni personne. C'est pourquoi chaque produit du travail d'architecture constitue un fait social.
Cadre matériel premier, indispensable, de l'activité des individus et des groupes, l'architecture ne peut être dissociée de la pratique sociale qu'elle permet ou qu'elle refuse. La critique architecturale devra par conséquent s'interroger sur la façon dont l'architecture est vécue au même titre que sur la façon dont l'architecture est produite ; elle devra surtout montrer quel mode de « vécu » est déterminé par le mode de production. Elle fera apparaître par conséquent, que le travail d'architecture n'est pas neutre non plus que son produit. De la même manière que sur le plan de la production l'architecture s'intègre au mode de production dominant dans une formation sociale donnée, sur le plan de l'utilisation elle s'intègre au mode de consommation qui sert le mieux les intérêts de la classe sociale qui détient les moyens de cette production. Ceci explique que ces biens matériels entrent comme les autres dans le circuit des marchandises, qu'ils soient une marchandise comme une autre, qu'ils aient par conséquent une valeur d'échange. Le mode de leur utilisation déterminera leur valeur d'usage. Sur ce plan de l'utilisation, l'architecture instaure des rapports sociaux dont elle est inséparable, qui font partie d'elle-même, que la critique devra se garder de dissocier. Elle sera donc ainsi, non seulement la masse construite, édifiée, par le travail d'architecture, mais aussi les effets qu'elle exerce sur le contenu social de cette masse.
Il est possible, dès lors, de montrer que l'architecture n'est pas exempte d'idéologie.
Son mode de production et son mode d'utilisation façonnent puissamment en dernière instance, un mode de vie. Région privilégiée de l'idéologie, ce mode de,vie ne sera pas façonné de manière innocente. Pas plus que les deux plans précédents, celui-ci n'est neutre. Porteuse et créatrice d'idéologie, l'architecture cherche elle aussi à masquer sur le terrain la vraie nature de la formation sociale qui la produit.
L'idéologie revêt des formes multiples dans l'architecture, elle peut être par exemple : morale — le logement est fait pour la famille, pour la protéger — ou technicienne — on veut industrialiser la construction — ou culturelle — on réalise des maisons spécialement pour cela — ou esthétique — on fait des « oeuvres » d'architecture pour prolonger l'histoire de l'art, etc..
Le fondement idéologique principal reste que l'architecture est produite par une classe sociale dominante qui prend ainsi en charge, à ses dires, l'intérêt général, ou plutôt ce qu'elle nomme intérêt général. Cette couverture idéologique nous présente l'architecture suivant le discours humaniste classique comme un domaine pur, dégagé des rapports politiques fondamentaux, ressortissant seulement au développement harmonieux de la « cité ».
La contradiction que la critique devra faire apparaître est que cette idéologie, dans le même moment qu'elle masque la réalité, exprime aussi cette réalité, le plus souvent en l'inversant. C'est donc à un travail de décryptage que la critique devra, sur ce plan, s'attacher.
L'objet de la critique architecturale serait ainsi la connaissance de cette réalité nommée architecture dans laquelle entre toute la masse construite du domaine bâti, résultat d'un travail de production, les rapports sociaux qu'elle détermine et l'idéologie qu'elle véhicule.
L'architecture est réalité observable.
Au contraire de certaines actions ou pratiques, qui ont du mal, c'est le moins qu'on puisse dire, à définir leur objet ou leur degré de réalité, telles que l'urbanisme, l'aménagement de l'espace, l'environnement, etc., l'architecture telle qu'elle est définie ici est une réalité, précise, concrète. Une réalité observable. Le fondement de toute critique sera donc l'observation de ce réel qui devra être replacé dans les conditions historiques déterminées qui l'ont produit.
Si j'observe, aujourd'hui, l'un quelconque de ces grands ensembles d'habitations récemment construits autour des grandes villes, l'architecture m'indiquera facilement quelle sorte de moyens de travail et de force de travail ont été mis en oeuvre pour sa production, quels ont été les intervenants principaux, qui détenait ces moyens et dans quel sens ils ont été utilisés. L'architecture me dira également quelle sorte de rapports sociaux elle implique ; je pourrai observer le comportement des habitants, chez eux, durant leurs déplacements ; je pourrai apprécier la marge d'appropriation dont ils disposent, l'équipement qui leur est proposé pour le développement de leur vie collective, etc. Au travers de l'architecture je pourrai comprendre l'idéologie qui animait ses « promoteurs », la façon qu'a une classe de «loger» ses travailleurs, « l'esthétique » dont elle pense devoir gratifier le prolétariat.
Je pourrai comprendre ce produit comme forme du dernier avatar du logement social, mesurer le chemin parcouru depuis la création à la fin du XIXe siècle de la Société Française des Habitations à Bon Marché. Je verrai que la classe dominante a dû admettre après la deuxième guerre mondiale les immeubles collectifs pour les ouvriers, à la fois en raison de la rareté des terrains urbains et de l'exploitation de la rente foncière, mais aussi et surtout parce que les ouvriers même regroupés avaient cessé d'être dangereux (1). Je verrai que la Caisse des Dépôts qui renâclait tellement il y a 70 ans, a compris que l'investissement dans le logement locatif — du fait du grand nombre — n'est pas si mauvais. Je verrai ce qu'est devenu le logement patronal au travers de l'O.C.I.L (2) par exemple, qui collecte le 1 % des entreprises pour la construction, et dont le résultat est toujours celui que souhaitaient Dollfus à Mulhouse ou Siegfried au Havre, celui que dénonçait Engels en 1872 : attacher l'ouvrier à son capitaliste.
Si je médite sur l'une quelconque des annonces de construction de maisons individuelles dans une forêt de la région parisienne mise en coupe .réglée par M. Chalandon et ses banques d'affaires (3), je pourrai constater qu'en moins d'un siècle l'idéologie de l'accession à la propriété d'une petite maison et d'un jardin, solution idéale pour le patronat et fabriquée de toutes pièces par lui (4), a fait son chemin et a rempli sa fonction : ce « rêve » de la classe ouvrière nous est présenté maintenant comme uns demande sociale primordiale, à l'aide de « sondages d'opinion » savamment manipulés.
Si je traverse un quartier actuellement insalubre, l'architecture me montrera clairement quelle était la condition ouvrière à la fin du siècle dernier, comment s'établissaient les rapports de force dans l'habitat. Si d'aventure ce quartier misérable est transpercé par une ou deux « tours » aux vitrages étincelants, à la publicité tapageuse, cette architecture me renseignera immédiatement sur la signification de la rente foncière et sur les rapports de classe dans notre formation sociale actuelle.
Je pourrai comprendre ces mêmes rapports si j'observe l'architecture qui est élaborée par la bourgeoisie pour ses propres cadres. Le capital privé qui s'investit ici, a bien pour première préoccupation l'augmentation de ce capital, l'exploitation de la rente foncière (en faisant lever les interdictions publiques qui protègent certains terrains privilégiés ou en « rénovant » les centres urbains), mais aussi la fabrication, par l'architecture d'un certain cadre de vie, d'un certain mode de vie. Cette façon d'isoler ces petits bourgeois, auxiliaires indispensables de la classe dominante, dans des parcs, des stations de montagne, au bord des plages privées, cette façon de leur montrer par leurs résidences principales et secondaires qu'ils ne sont pas comme les autres, qu'ils doivent habiter comme ceci, se distraire comme cela, qu'ils doivent acheter dans des centres commerciaux faits pour eux, etc., bref, cette façon de concrétiser dans l'architecture cette idéologie montre que cette architecture est politiquement engagée. Ceux qui la produisent, ceux qui font ce travail d'architecture, prennent nécessairement parti pour cette société divisée en classes, admettent ces rapports de production et ces rapports sociaux et les expriment.
Je pourrai recueillir des données du même ordre en observant aussi bien l'architecture d'un village dépeuplé, d'un centre urbain, d'une école primaire, d'un atelier de la grande industrie ou d'une cantine d'entreprise.
Les exemples peuvent être aisément multipliés. L'important est qu'en partant de cette réalité observable, masse lourde et dense, opaque et compacte, difficile à pénétrer à bien des égards, la critique d'architecture ayant défini son objet, définisse les différents niveaux d'analyse qui seront nécessaires à son travail : historique, économique, sociologique, idéologique, esthétique (à condition de pouvoir déterminer son autonomie vis-à-vis de l'idéologique). Ces niveaux ne devront pas être mécaniquement plaqués l'un sur l'autre mais étudiés en fonction de leurs rapports les uns avec les autres, en fonction de leurs développements respectifs et par conséquent de l'inégalité de ces développements.
Pour tel type de construction le niveau économique sera dominant, pour tel autre ce sera le niveau idéologique, ce qui ne signifie pas, contrairement à ce qu'une critique subjective veut nous faire croire, que les autres niveaux n'existent pas, au contraire. Au cours d'une période historique donnée, l'idéologie, bien qu'obéissant à une même stratégie, peut changer de forme, être différente au départ et à l'arrivée suivant les nécessités de cette stratégie.
Chaque cas doit faire l'objet d'un examen précis en vue de lé situer dans son contexte.
On comprendra qu'une telle critique qui vise à la connaissance théorique de l'architecture, employant pour cela une méthode d'analyse sinon scientifique, du moins rigoureuse, abordera nécessairement la nature politique fondamentale de la formation sociale à laquelle elle s'applique. Elle posera nécessairement l'architecture comme problème politique, ce terme étant pris ici évidemment dans son sens véritable et non pour s'appliquer à l'influence particulière d'un groupe ou d'un parti. Dire que l'architecture est politique, dire que cette pratique est totalement politisée, revient à comprendre que la politique est présente dans chacun des niveaux autonomes qui viennent d'être définis et qui tous sont déterminants pour la signification finale de l'architecture. Dans le cas d'une formation capitaliste, sa caractéristique principale, l'exploitation capitaliste, ne pourra être éludée.
Nécessité d'une telle critique.
Une telle critique s'impose à plus d'un titre.
La connaissance théorique est faible, en architecture, pour ne pas dire inexistante. Il s'ensuit une extrême confusion qui favorise évidemment la perpétuation de l'état actuel, empêchant les actions qui pourraient transformer les conditions de cette production. C'est ainsi que l'enseignement de l'architecture est dans un grand désarroi. Enseigner quoi ?
Un bon exemple est fourni ici des rapports qui existent entre les différents niveaux d'analyse : le scandaleux maintien du sous-enseignement actuel par le pouvoir d'Etat fidèle représentant du pouvoir économique dominant, est directement lié à la production d'un sous-habitat principalement réservé à la classe ouvrière de quelque façon qu'on le nomme : Z.U.P. (5), Z.A.C. (6), ville nouvelle ou maisons individuelles. La classe dominante n'a que faire de former des spécialistes conscients et compétents qui échapperaient à son pouvoir (7).
C'est ainsi que la pratique de l'architecture est de plus en plus difficile pour ceux qui y sont engagés : ou bien renforcer le système actuel de production en y participant ou bien ne rien faire.
Il serait illusoire, par exemple, de s'imaginer que ce sont les architectes qui font l'architecture (8). En réalité, dans la plupart des cas, quand un programme de construction leur est donné, les solutions pour le traduire dans l'espace sont déjà largement déterminées.
En dehors du respect des prix de revient à ne pas dépasser (ce qui s'explique très bien dans l'optique de l'architecture comme marchandise qui néglige toute espèce de conséquence sociale), le programme lui-même est fabriqué autour de normes passe-partout, lourd de schémas idéologiques préconçus et stéréotypés. La caricature d'un tel conditionnement de l'architecture est atteinte aujourd'hui dans les constructions scolaires et universitaires où règne la plus grande désolation, tandis qu'au contraire ce type de programme pourrait se prêter à toutes sortes d'expériences. Il n'est pas nécessaire de souligner le conditionnement appliqué aux plans des logements : les fameux F3, F4, F5, ont fait leurs preuves.
C'est ainsi que la recherche d'une architecture autre, nouvelle, qui pourrait aider à découvrir un produit différent, ne peut être entreprise sérieusement. Faute de ce fondement théorique, elle est condamnée à agir dans la seule superstructure formelle, coupée de la réalité sociale ; entièrement absorbée par l'idéologie, cette recherche obscurcit encore un peu plus les données du problème, en laissant croire que des solutions sont possibles à ce seul plan, sans rien changer au reste. Cette aubaine est très vite recueillie par une bourgeoisie attentive qui en fait grand battage et va jusqu'à organiser sur ces thèmes des colloques internationaux financés par les entreprises de pointe. C'est ainsi que la critique bourgeoise continue de s'annexer le monopole de la culture.
Qu'elle met en place des « valeurs » architecturales réservées aux seuls initiés, qu'elle isole, qu'elle protège une certaine partie de cette production, qu'elle tend à accréditer l'idée d'un domaine réservé de l'architecture ; le reste — l'immense reste — serait simplement de la « construction ». A l'en croire le travail d'architecture serait une activité qui trouverait sa fin en elle-même, qui n'aurait pas à se soucier de sa destination, qui aurait pour mission quasi sacrée de prolonger dans l'époque moderne une longue tradition de « qualité » architecturale. L'on disserte alors longuement sur telle villa de milliardaire, l'on se pâme devant tel hall d'entrée de siège social — jeu qui pourrait au fond paraître sans conséquence, mais qui cependant montre une relation politique profonde : les zélateurs de l'art pour l'art ont partie liée avec le système d'ensemble de la production de l'architecture. Le fait de dire, en fonction d'un modèle culturel, qu'il y a d'un côté de la bonne architecture et de l'autre de la mauvaise, laisse entendre qu'il suffirait que tous les architectes et autres « créateurs » aient du génie pour que tout soit réglé. En ne faisant aucune référence aux conditions de cette production, à la structure de la formation sociale dans laquelle elle se trouve, Qette critique bourgeoise ne peut que se mouvoir dans l'idéologie et du même coup il serait vain d'en attendre une quelconque connaissance. Elle est aussi un acte politique dans la mesure où elle fournit tous les alibis nécessaires à la classe dominante qui achète ainsi facilement une bonne conscience en faisant mine d'un côté de se désespérer sur la médiocrité générale tout en continuant, d'un autre côté, à couvrir le territoire « d'opérations » de toutes sortes et à spéculer sur les sols à bâtir pour le plus grand bien de ses banques et de ses entreprises.
C'est ce même jeu que mènent ceux qui élaborent ces projets fantastiques, qui proposent un habillage de formes étonnantes autour de la même réalité misérable. L'écho que rencontrent dans la presse ces dessins échevelés, ces plans utopiques, montre qu'ils sont des auxiliaires précieux pour l'élaboration de l'idéologie bourgeoise : les gratte-ciel suspendus, les immeubles en forme de cratère, les villes souterraines ne dérangent rien ni personne pour la raison qu'ils ne remettent rien en cause, qu'ils ne touchent ni aux rapports de production ni aux rapports sociaux. Ils font croire cependant que la technique seule est capable de résoudre tous les problèmes rencontrés par la classe laborieuse dans sa vie quotidienne, qu'il suffit de développer encore ces techniques pour que le bonheur égalitaire soit accessible à tous, pour que les révolutions soient inutiles ; ils font croire que l'exploitation capitaliste n'existe plus. Une double page en couleurs de temps en temps suffit ainsi pour se débarrasser de cette architecture réelle, pour substituer à la crise du logement cet univers de rêve, d'autant moins dangereux qu'il est irréalisable.
Il reste que le problème d'une recherche en architecture continue de se poser et qu'un de ses objets serait précisément d'étudier correctement les rapports de l'esthétique et de l'idéologie. Le fait que l'idéologie dominante ait absorbé la plus grande part de la production intellectuelle et spécialement artistique ne signifie pas que l'esthétique soit complètement fondue dans l'idéologie. Il est bien certain que dans la réalité de l'architecture, l'esthétique constitue un niveau spécifique et autonome qui ne peut être négligé. Cette autonomie n'autorise pas cependant à le considérer isolément, elle implique au contraire un lien, un rapport avec les autres niveaux, aussi bien avec le niveau de la production qu'avec le niveau idéologique. Marx l'a montré à plusieurs reprises : Si l'on n'envisage pas la production matérielle elle-même sous sa forme historique spécifique, il est impossible de saisir les caractéristiques de la production intellectuelle qui lui correspond ni leurs réactions réciproques (9). Ceci étant, il a aussi clairement défini l'autonomie de l'esthétique à propos de l'art grec dans l'Introduction à la critique de l'économie politique : Mais la difficulté ne consiste pas à comprendre que l'art grec et l'épopée soient liés à certaines formes du développement social. La difficulté consiste à comprendre qu'ils puissent nous procurer encore des jouissances esthétiques et soient considérés à certains égards comme norme et comme modèles inimitables. Dans le même texte, Marx note encore : La production ne fournit pas seulement des matériaux aux besoins, elle fournit aussi un besoin aux matériaux. L'oeuvre d'art — et pareillement tout autre produit — crée un public sensible à l'art et capable de jouir de la beauté. La production ne produit donc pas seulement un objet pour le sujet, mais un sujet pour l'objet.
L'oeuvre d'art créant le public auquel elle s'adresse, on voit bien toute l'utilisation idéologique qui peut en être faite. Ainsi Marx, dans ces quelques phrases d'une pénétration saisissante, pose bien l'ensemble des problèmes qu'aurait à traiter une critique architecturale sur ce point : l'esthétique n'est pas simplement une région de l'idéologie, mais toutes les raisons existent pour qu'elle soit constamment contaminée par l'idéologie. C'est donc cet écart, cette distance qui constitue la nature spécifique du travail artistique. C'est donc seulement quand le partage est réalisé sur le plan théorique, entre l'esthétique et l'idéologie, que l'esthétique peut être correctement utilisée par la critique ; c'est à ce moment-là seulement que l'art, lui aussi, devient moyen de connaissance, facteur de connaissance, c'est-à-dire qu'il peut être pris en compte de manière positive par une critique qui détruira le monopole de la critique bourgeoise et par là même le monopole de la culture bourgeoise.
Cette séparation, une fois établie, permettrait de jeter les bases d'une histoire de l'art dans laquelle l'oeuvre serait située par rapport au mode de production contemporain ; de la même manière, elle permettrait de mesurer quelles sont, sur le plan de la production artistique, les possibilités offertes par le changement révolutionnaire d'un mode de production.
Il est bien certain qu'une révolution socialiste, en France par exemple, ne résoudrait pas du jour au lendemain les problèmes de l'architecture. L'abolition du mode de production capitaliste, en supprimant les causes économiques, sociales et idéologiques des problèmes, permettrait simplement de pouvoir les résoudre, ce qui n'est pas le cas actuellement (10). Il reste que le travail d'architecture aurait un champ spécifique à traiter, celui de l'esthétique notamment dans la mesure de son autonomie relative. C'est alors que cette connaissance théorique serait indispensable pour qu'à la révolution sociale corresponde la révolution culturelle appropriée, et ceci avec les décalages nécessaires pour tenir compte des inégalités de développement.
La critique et la pratique.
Pour aussi nécessaire qu'elle soit sur le plan théorique, la critique de l'architecture ne saurait cependant rester à ce niveau. Il ne saurait suffire. La connaissance ne peut se satisfaire d'elle-même, elle doit renvoyer à une pratique sociale. L'architecture actuelle est traversée par des forces antagonistes qui s'affrontent durement sur le terrain. Il en résulte, en fait, qu'elle est aussi un moyen de domination de classe. Cette domination s'exerce, nous l'avons vu, de plusieurs façons, mais il reste que sa nature est fondamentalement politique.
Dans ce domaine, comme dans les autres, la classe dominante, qui est au pouvoir, cherche à maintenir la cohésion de la formation sociale qu'elle dirige. Elle cherche à éviter que les conflits de classe n'éclatent. Elle accorde un habitat juste suffisant pour que ces conflits soient maîtrisés, mais pas plus. Ceci signifie que, par exemple, les normes des habitations dites sociales ou le programme des équipements collectifs font l'objet d'un rapport de forces (11) : dans l'état actuel des choses, ils constituent un acquit positif — bien que très insuffisant — qu'il s'agit de défendre face à un pouvoir qui cherchera toujours à les réduire (12). Aussi longtemps que le sous-habitat actuel sera accepté par ses utilisateurs, c'est-à-dire dans sa grande majorité par la classe ouvrière, aussi longtemps il sera maintenu par le pouvoir. C'est ainsi que la production de l'architecture est dans le champ de la lutte des classes ; l'accélération de l'urbanisation fera qu'elle y sera de plus en plus.
Certes, tout ce qu'a dit Engels de la question du logement demeure théoriquement irréfutable : la crise du logement est une conséquence secondaire, mineure' du mode de production capitaliste : ce n'est pas la solution de la question du logement qui résout du même coup la question sociale, mais bien la solution de la question sociale, c'est-à-dire l'abolition du mode de production capitaliste, qui rendra possible celle de la question du logement.
Toute lutte engagée pour la transformation de l'architecture actuelle ne devra jamais oublier ce caractère relatif. C'est une raison de plus pour penser que ce combat doit être mené àl'intérieur du combat politique général qui a bien pour but la suppression de l'exploitation et de la domination de classe. Cette perspective rappelée, on peut penser qu'il existe là une possibilité, peut-être nouvelle, d'ouvrir un autre front. L'architecture pourrait aussi être une de ces «nouvelles raretés» dont parle Henri Lefebvre. Dans les pays développés, actuellement les besoins d'habitat remplacent progressivement les besoins de logement, la concentration urbaine pose le problème d'un habitat capable de satisfaire les besoins de la vie collective. Il y a là, par rapport à la caricature d'habitat collectif qui se réalise aujourd'hui, des revendications précises à formuler, des thèmes de lutte efficaces à mettre en oeuvre. L'architecture, cette réalité quotidienne, immédiatement comprise et ressentie, est un terrain sur lequel une action peut être engagée, à condition que sa signification véritable — débarrassée de l'idéologie dominante — soit clairement montrée.
C'est précisément le lieu où la critique trouve son application pratique, dont elle ne doit pas être dissociée. Dans cette perspective d'action de type révolutionnaire, la critique doit définir clairement la place qu'occupe la production de l'architecture dans la lutte politique générale et la fonction spécifique qui est la sienne dans cette lutte. Là est certainement sa tâche la plus difficile, mais aussi la plus importante pour que cette production soit modifiée. Seule une force populaire est capable de s'opposer à la production actuelle dé l'architecture, encore faut-il que cette force soit rassemblée sur de solides bases théoriques. La gauche française (partis, syndicats, groupes et associations diverses) doit comprendre qu'il est nécessaire qu'une conscience de classe se forme dans ce domaine et qu'elle se forme clairement, c'est-à-dire qu'elle doit combattre l'idéologie dominante au lieu de la reprendre à son compte pour la perfectionner ; l'idéalisme technocratique ne sera jamais une base correcte de lutte, pas plus que l'accession à la propriété : il ne faut pas attendre une transformation de l'architecture actuelle de la part d'un fonctionnaire mieux intentionné que les autres — il en existe — ni d'un architecte isolé aux idées généreuses mais totalement dépourvu de moyens. Cette transformation ne pourra provenir que d'une pratique politique, d'une stratégie opposée à la stratégie dominante.
De telles tentatives existent d'ores et déjà à l'état embryonnaire, ici ou là ; elles doivent être développées et élargies et fournir à la critique, par réciprocité, une information concrète sur le vécu de l'architecture, différente peut-être de celle qui transparaît habituellement au travers des «enquêtes» sociologiques qui ne sont pas, elles non plus, exemptes d'idéologie.
Qui doit faire cette critique ?
Cette critique doit-elle être réservée à des critiques ? Comme on dit des critiques d'art, de théâtre, de cinéma ? Certainement non. On voit bien le résultat que donne la critique de l'architecture livrée comme elle est en ce moment aux « critiques d'art ». Peut-on en attendre une quelconque connaissance ? Entièrement engluée dans l'idéologie de l'oeuvre, absorbée par le culte des auteurs, elle nous renseigne dans le meilleur des cas sur les formes et sur ce qu'elle nomme l'histoire des formes. Elle classe en périodes historiques les grands créateurs, elle établit des catalogues des oeuvres d'exception, elle construit ainsi le modèle de la culture architecturale, monde parallèle, idéaliste, qui jamais n'interfère avec le monde réel.
La critique dont il s'agit ici devra être entreprise par ceux qui connaissent cette production et par ceux qui la vivent. Et en premier lieu par ceux qui interviennent dedans et qui par conséquent sont bien placés pour savoir quelles sont les forces qui la déterminent. Tous ces spécialistes sont concernés, architectes - ingénieurs - constructeurs - économistes - sociologues, bref, tous ceux qui pratiquent de près ou de loin le travail d'architecture. Bien entendu il ne pourra s'agir que d'une minorité de ces spécialistes, ceux qui auront pris une conscience juste de leur situation relative dans l'ensemble du système, ceux qui auront compris que leur travail n'est pas de pure technique, ceux qui ressentiront la nécessité de ce combat politique.
Parallèlement à l'élaboration des concepts théoriques, un immense travail est à faire pour dénoncer l'état actuel, pour démonter les mécanismes, pour combattre l'idéologie. Le silence qui est fait autour de ces questions n'est pas dû au hasard, il sert parfaitement les intérêts de la classe dominante. Il est urgent de publier les informations objectives et leur explication critique. C'est cela aujourd'hui le travail positif des spécialistes.
Plutôt que de proposer des solutions nouvelles qui ne sont pas applicables ou qui sont déviées, récupérées, par une classe au pouvoir toujours à l'affût d'idées « progressistes » dès l'instant qu'elles ne dérangent en rien les rapports politiques — la fameuse participation en est un bon exemple et les fameux « usagers » dont on se soucie tant, désormais jusque dans les instances ministérielles — plutôt que d'imaginer des solutions post-révolutionnaires qui, privées de support réel, resteront des constructions idéalistes et qui seront de toute façon caduques le jour où le pouvoir changera de mains, il vaut certainement mieux connaître pour l'instant le mode de production capitaliste, sous tous ses aspects. L'aménagement du cadre de vie, dans lequel l'architecture est prépondérante est bien l'un de ces aspects.
Il a paru intéressant de montrer ici que l'architecture ne fait aucunement l'objet, aussi curieux que cela paraisse, d'une analyse critique systématique tendant à une connaissance objective. En même temps, il a paru intéressant de jeter quelques bases sur lesquelles cette critique pourrait s'établir. Il est bien évident que l'ampleur du problème ne permet pas, dans le cadre d'un article, d'en exposer plus que les rudiments. Au demeurant les lignes directrices que l'on a tenté d'indiquer ne peuvent mener qu'à un travail collectif, qui pourrait, entre autres, être le travail de cette revue. L'étude d'un certain nombre de cas concrets permettrait d'expérimenter cette ébauche de méthode — les cas concrets ne manquent pas — de la perfectionner, de l'élargir. Ceci peut être entrepris, avec des moyens limités. Il est important, à ce stade, de comprendre que l'architecture forme un ensemble complexe à significations multiples, qu'elle n'est pas seulement un travail de production, qu'elle ne relève pas seulement de la sociologie, ni de l'esthétique, qu'elle fait partie des rapports politiques de toute formation sociale. L'architecture ne peut être questionnée suivant un seul critère.
L'idéologie, précisément, consiste à isoler ces critères, à leur donner séparément une compétence de généralisation, à les universaliser. La mise en pratique de cette connaissance passe par un tout autre combat. Elle passe par l'affrontement politique des classes. Impossible, à ce moment, de ne pas choisir son camp. L'appropriation des moyens de production, la société sans classes impliquent aussi une nouvelle architecture : sur ce front là aussi nous devons être présents.
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NOTES
(1) Au sens où l'on parlait au XIXe siècle de "classes dangereuses" pour désigner ceux qui ne possédaient rien. Bien que l'on ne puisse comparer terme à terme, les classes dangereuses de notre époque sont constituées par les travailleurs immigrés. Ceci explique en partie pourquoi le logement de ces travailleurs pose à la classe dominante un problème qu'elle est incapable de résoudre.
(2) Office Central Interprofessionnel de Logement.
(3) Par exemple et entre autres : un permis de construire a été délivré récemment par dérogation spéciale du ministre, pour 1 500 maisons sur 78 hectares du bois de Saint-Leu à Cesson près de Melun.
(4) Voir notamment R.H. GUERRAND. Les origines du logement social en France (Ed. Ouvrières) qui montre très bien la formation de cette idéologie.
(5) Zone à Urbaniser par Priorité.
(6) Zone d'Aménagement Concerté.
(7) D'où l'importance de la lutte politique que mène une grande partie des étudiants et enseignants.
(8) Qu'on ne se méprenne pas sur l'exemple donné ici. Il ne s'agit pas de défendre une profession qui sert si bien, dans la majorité des cas, les intérêts de la classe dominante qu'elle est tout particulièrement exposée à sa gangrène. Il s'agit simplement de montrer que la transformation de l'architecture ne peut être obtenue sur le seul plan professionnel.
(9) Théories sur la plus-value.
(10) On comprendra l'importance de cette distinction. Il s'agit bien de ne pas tomber dans le piège du réformisme qu'Engels a vigoureusement combattu dans la Question du Logement: maintenir la cause de tous les maux et chercher en même temps à les abolir. De la même façon il faut se garder d'idéaliser une révolution sociale qui héritera pour commencer d'un lourd passif idéologique. D'où l'importance de l'élucidation théorique à entreprendre dès maintenant.
(11) Les équipements de la vie collective sont toujours construits au minimum, surtout quand ils ne sont pas « rentables » (il y a 57 crèches publiques et 39 crèches privées pour l'ensemble de l'agglomération parisienne : 2.600.000 habitants). Les équipements socio-éducatifs, soi-disant « apolitiques » ne sont pas faits pour favoriser une prise de conscience des groupes mais souvent pour exercer un contrôle de ces groupes (on l'a bien vu avec les maisons de jeunes) ou pour développer la fameuse culture si chère à M. Malraux (quand cette culture sort des rails idéologiques on congédie le directeur de la Maison).
(12) La suppression par M. Chalandon des locaux collectifs résidentiels que les promoteurs publics et privés étaient tenus de construire pour tout groupe de plus de 50 logements avant avril 1969, doit être comprise dans ce sens. De même l'abaissement des prestations et les dérogations accordées dans le concours, des maisons individuelles lancé par le même ministre, mieux, qui sont les récompenses de ce concours !
Pierre Riboulet
Espaces et sociétés : revue critique internationale de l'aménagement, de l'architecture et de l'urbanisation
Éditeur : Éd. Anthropos (Paris)
Date d'édition : 1970
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