Friedrich Nietzsche
Architecture
pour ceux qui cherchent la connaissance
La
gaya scienza | 1882
Il
serait nécessaire de comprendre un jour, et probablement ce jour
est-il proche, ce qui manque avant tout à nos grandes villes : des
lieux de silence, spacieux et forts étendus, destinés à la
méditation, pourvus de hautes et de longues galeries pour les
intempéries ou le trop ardent soleil, où ne pénètre nulle rumeur
de voitures ni de crieurs, et où une bienséance plus subtile
interdirait même au prêtre l’oraison à voix haute : des édifices
et des jardins qui dans leur ensemble exprimeraient la sublimité de
la réflexion et de la vie à l’écart ! Les temps sont révolus où
l’Église possédait le monopole de la méditation, où la vita
contemplativa était toujours en premier lieu vita religiosa : et
tout ce que l’Église a construit dans ce genre exprime cette
pensée. Je ne saurais dire comment nous pourrions bien nous
satisfaire de ses édifices même désaffectés de leur destination
ecclésiale : ces édifices parlent un langage beaucoup trop
pathétique et contraint en tant que maisons de Dieu et en tant que
lieux somptueux d’un commerce avec l’au-delà pour que nous
autres sans-dieu puissions y méditer nos propres pensées. Notre désir
serait de nous voir nous-mêmes traduits dans la pierre et dans la
plante, de nous promener au-dedans de nous-mêmes, lorsque nous
irions de-ci de-là dans ces galeries et dans ces jardins.
Architektur der Erkennenden
Es bedarf einmal und wahrscheinlich bald einmal der Einsicht, was vor Allem unseren großen Städten fehlt: stille und weite, weitgedehnte Orte zum Nachdenken, Orte mit hochräumigen langen Hallengängen für schlechtes oder allzu sonniges Wetter, wohin kein Geräusch der Wagen und der Ausrufer dringt und wo ein feinerer Anstand selbst dem Priester das laute Beten untersagen würde: Bauwerke und Anlagen, welche als Ganzes die Erhabenheit des Sich-Besinnens und Bei-Seitegehens ausdrücken. Die Zeit ist vorbei, wo die Kirche das Monopol des Nachdenkens besaß, wo die vita contemplativa immer zuerst vita religiosa sein musste: und Alles, was die Kirche gebaut hat, drückt diesen Gedanken aus. Ich wüsste nicht, wie wir uns mit ihren Bauwerken, selbst wenn sie ihrer kirchlichen Bestimmung entkleidet würden, genügen lassen könnten; diese Bauwerke reden eine viel zu pathetische und befangene Sprache, als Häuser Gottes und Prunkstätten eines überweltlichen Verkehrs, als dass wir Gottlosen hier unsere Gedanken denken könnten. Wir wollen uns in Stein und Pflanze übersetzt haben, wir wollen in uns spazieren gehen, wenn wir in diesen Hallen und Gärten wandeln.
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