A l'invitation d'une université d'été, notre Labo a organisé la thématique "Architecture+Psychiatrie, Vol au-dessus d'un nid de coucou",
et animé le Workshop MONU-MENTAL, né de la rencontre entre étudiants en architecture et jeunes diplômés en psychiatrie. Une dizaine d'équipes mixtes a planché sur notre concours d'idées concernant la mise en valeur du site du Mur des Fédérés au cimetière du Père-Lachaise à Paris. Une poignée de jours - et surtout de nuits - pour réfléchir, discuter, élaborer et illustrer leurs idées : c'est peu, et il convient donc d'être très indulgent pour le niveau de détail, la qualité des prestations, et le peu de textes, qui correspondent à ce que l'on appelle une esquisse. Réaliste, utopique, joyeuse, ironique et sombre, leurs "idées" sont, avant tout, un grand Hommage aux Fédéré-e-s inconnu-e-s, et de belles critiques quant au sort que les gouvernements successifs leur réserve.
ATTENTION
A la demande des participants, les reproductions sont INTERDITES
sans AUTORISATION préalable du L.U.I.
CLUB
1871
La Commune : le peuple occupe et se réapproprie l'espace urbain, la ville, mais aussi l'espace public politique. Les clubs de quartier s'organisent, leur vocation est résumé par le bulletin communal daté du 6 mai du club Nicolas-des-Champs ayant pour entête cette exhortation :
« Peuple, gouverne-toi toi-même par tes réunions publiques,
par ta presse ; pèse sur ceux qui te représentent ; ils n’iront
jamais trop loin dans la voie révolutionnaire. »
Notre proposition est simple, non utopique mais irréalisable politiquement, à moins qu'Olivier Besancenot - et encore ! - ne parvienne à s'emparer de la mairie de Paris : la réquisition expropriation - et relogement - des propriétaires et locataires de la pustule habitable adossée au Mur, pour en faire un Club 1871, lieu vivant de rencontres et de débats.
Un accès peut être aménagé directement depuis le cimetière.
GRAND
ECRAN
A
l'Assaut du CIEL | 187,10 mètres
Cité
de l'Architecture, Cité des Sciences, Cité de l'Immigration, Cité
de la Musique, etc... Les grands équipements publics se multiplient
à Paris, dédiés à une discipline, un art en particulier, ou à
une particularité du pays. Celle du Peuple insurgé,
révolutionnaire, insoumis, particularité longtemps propre à la
France, de par le nombre d'insurrections, victorieuses ou non,
cumulées depuis 1789, est soigneusement effacée de la mémoire
collective, voire de l'histoire officielle. La bourgeoisie, arrivée
au pouvoir par une révolution, une guerre civile, ne tient pas à
monumentaliser le procédé : la prise d'armes. Si ce n'est par un jour férié dans le calendrier, un défilé militaire, feux d'artifice et bal populaire. La révolution de 1789 est institutionnalisée de manière à évoquer la puissance militaire de l'ordre et le caractère festif d'un événement qu'il ne fut pas : la terreur, la guillotine, la guerre civile entachèrent la première République. L'insurrection populaire de 1871 est plus que largement
soumise à un effort extraordinaire d'oubli. Aucune trace ne doit
rappeler le Paris de 1871, au nom de la « Réconciliation
nationale », inscrite en 1880. Dans la même veine, le même procédé est appliqué pour la dernière
grande révolte, celle étudiante-ouvrière de mai 68, pourtant plus
culturelle que sociale, n'exigeant pas la fin du capitalisme mais plus de Libertés.
Sans
ces révolutions, insurrections et révoltes, la France, aujourd'hui, n'aurait certainement pas
le même visage, les avancées sociales atteindraient, peut-être,
celles minimum du royaume britannique, le roi de France occuperait,
comme dans d'autres royautés européennes, un poids politique non
négligeable, et maintiendrait l'esprit sacré d'une domination
d'essence divine naturelle, tout du moins sur les esprits faibles,
mais nombreux, paraît-il, en France : les scores électorales
d'un parti le prouvent avec éloquence.
La
Cité des Révolutions, que nous avons imaginé, ne verra, donc,
jamais le jour.
Plutôt
qu'un monument célébrant la Commune de Paris de 1871, proposons un
complexe vivant, une ruche verticale, destinée à toutes les
occupations intellectuelles, sociales, politiques, culturelles
dédiées aux Révolutions – de France et d'ailleurs – populaires
ayant vocation la fin de la misère humaine. Un complexe, un
CONDENSATEUR DE LA CULTURE SOCIALISTE
placé à proximité immédiate du Mur des Fédérés, lieu ô
combien symbolique pour les révolutionnaires du monde entier, de
Lénine à Mao, au sous-commandant Marcos. Le square Henri Karcher –
politicien gaulliste – constitue un emplacement remarquable pour y
construire cette ruche verticale : une Tour.
Trois
objets architecturaux dominent le paysage parisien, intra-muros :
la Tour Eiffel, la tour Montparnasse, et le Sacré cœur, monument
odieux ayant vocation d'expier les « crimes » des
insurgés parisiens de 1871, une atrocité autant morale qu'architecturale
dominant Paris. La Tour de la Cité des Révolutions, habillée
comme il se doit de couleurs rouges, et haute de 187,10 mètres,
mettra fin à cette domination expiatrice, dépassant l'affreuse
basilique d'une soixantaine de mètres : l'hégémonie
anti-révolutionnaire capitalo-chrétienne prend enfin fin.
La
Cité des Révolutions propose plusieurs programmes, réunis,
concentrés sous un même toit. À ce titre, plusieurs architectes
ont été sollicités pour bâtir l'objet : il ne s'agit pas
d'un « geste » architectural consacrant un architecte,
mais d'un découpage vertical et d'un amoncellement de volumes
architecturaux imaginés par plusieurs concepteurs.
Le
socle accessible depuis la Rue des Pyrénées est occupée par des
commerces, restaurants, bars « solidaires ». Le parvis de
la rouge Tour, à la même altimétrie que le cimetière du
Père-Lachaise, marque l'accès au Mur des Fédérés, nouvelle porte
du cimetière, et du hall général de la ruche. Une coque accueille
une salle polyvalente.
Les
premiers étages sont occupés par des équipements publics de
quartier : dispensaire, bibliothèque-médiathèque, maison de
quartier, club 1871, et salle de sports – l'on y apprend notamment
les arts martiaux. Une esplanade publique les surmonte.
Le
second volume de la fusée est occupé par les activités politiques :
associations de quartier, nationales ou internationales se côtoient,
les militants anti-Fa s'amusent avec les militants de Greenpeace ;
le Nouveau Parti Anticapitaliste y est installé, au même niveau que
le syndicat SUD.
Le
troisième volume est dédié à la recherche interdisciplinaire
universitaire, rappelant le temps de l'Univ de Vincennes, concernant
autant l'étude des Révolutions passés, que celles plus actuelles
des luttes sociales, et, bien sûr, celles à venir.
Le
quatrième volume est consacré au Museum des Révolutions :
salles d'expositions permanente et temporaire, bibliothèque, salle
de conférences, etc., ouvrent au grand public les secrets des
révolutionnaires...
Cet
ensemble est surmonté par plusieurs étages d'habitat public ;
un hôtel accueille les visiteurs, une maison de retraite est là
pour la transmission inter-générationnelle : d'anciens
militants y séjournent et se plaisent à rencontrer les plus jeunes.
Des coques d'habitat individuel groupé, de type Anti Lovag,
parsèment les niveaux supérieurs. Véritable shaker social, pas de
logements sociaux, mais un même type de cellule-coque pour ceux et
celles, pauvres ou plus aisés, habitant la tour.
Un
jardin public couvert coiffe le complexe, l'on y admire le panorama
de la région parisienne, et l'on se réjouit de l'insignifiance
ridicule du sacré-coeur. A l'assaut du ciel !
TAG,
GRAF & DAZIBAO
Avec nos remerciements à :
Ernest Pignon-Ernest [Rimbaud et les Gisants de la Commune}
Bleck Le Rat [bêêê}
Anti-fa
CNT & Anarchistes
BULLES
PIRATES
Individualisme et Communauté.
Ces bulles pirates symbolisent le MOI-JE qui caractérise notre société : chacun dans sa propre bulle, ouverte mais imperméable, juxtaposée à d'autres mais étanche.
Mais, placées ici en face du Mur des Fédérés, elles peuvent transpirer et interagir.
LE
GRAND PROJET d'un [ Grand ] PRESIDENT
Les corps des Fédéré-e-s gisant au pied du Mur ont été placé dans un mausolée, situé à l'angle du Mur des Fédérés, un parvis de marbre noir accompagne avec élégance le nouveau Mur, habillé d'un inox teinté de noir réfléchissant à l'infini les dalles, et l'image du visiteur. Ce sombre reflet ne pourra que l'interroger sur lui-même : qu'aurais-je fais en 1871 ?
Le parvis peut être l'occasion d'y placer une oeuvre d'art, que nous avons illustré par le Pape et le météorite de Maurizio Cattelan : magnifique oeuvre prenant ici une dimension symbolique qui fera hurler jusqu'aux moins conservateurs. L'expérience du Choc doit désengourdir les esprits habitués au politiquement correct.
C'est une proposition ultra-réaliste, exigeant peu d'efforts mais une volonté politique, ou plus précisément celle d'un président de la République, sans qui, rien ne peut être possible. Malgré l'admiration de Jean Jaurès, mitigée il est vrai, et des dinosaures socialistes pour la Commune de 1871, le président socialiste Mitterrand n'estima pas nécessaire d'en faire un Grand projet présidentiel, la joyeuse fourberie du président Sarkozy aurait pu l'inciter à le faire, lui donnant le même sens que l'épisode Camus, ou de Guy Moquet. Qu'en sera-t-il de François Hollande ?
Politique Fiction
[NOTA BENE :
ce qui suit en italique est totalement faux ]
La maire socialiste Anne Hidalgo, grande lectrice des articles du Laboratoire Urbanisme Insurrectionnel, attendait avec impatience les résultats de leur concours parisien. L'idée d'aménager ce lieu symbolique connu internationalement était plaisante, judicieuse même dans la lutte implacable que se livrent les grands capitales européennes, et le Creativ Staff de la mairie estime en effet que le Mur des Fédérés aménagé serait un new MUST SEE touristique à vocation planétaire : et l'on n'y avait pas songé !
Emerveillée, subjuguée par la proposition "le grand projet du président", justement, un projet réaliste, classique et rentable, Anne Hidalgo en référa à la plus haute autorité : celle de François Hollande ; aux prises avec une incroyable remontée de son aile gauche aux dernières élections, le revenant Besancenot gagne, Mélenchon écrase, tandis que Le Pen souffre, au même titre que l'UMP, victime - encore d'un nouveau scandale ! Et d'un simple projet à vocation touristique, le président socialiste François Hollande, en fera un monument national ! Il a toutefois refusé l'oeuvre du pape atteint par un météorite.... Les réactions ont été ainsi jugées par les grands quotidiens :
Ἀμνησία - Amnésie
Plusieurs pathologies peuvent être à l'origine des troubles de la mémoire : celle qui concerne la République française est une amnésie dite progressive associée à une forme de démence, ou à un trop fort choc émotionnel. Un mécanisme de défense du cerveau contre l'anxiété ou l'angoisse de souvenirs douloureux.
Cette amnésie est symbolisée par ce TROU, caveau des Fédéré-e-s.
FLOWER
POWER
OCCUPY
Le
déclin économique ? quel déclin ?
Aucun homme politique français n'avaient eu le courage, et la
dignité morale, d'affirmer au Peuple de France, ce que les plus
grands économistes nobélisés considéraient unanimement comme inexorable :
le déclin des pays « riches » de l'Europe (sans
événements majeurs venant bouleverser le cours de l'histoire –
guerre atomique, épidémie mondiale, catastrophe nucléaire en
Europe, brusque montée des eaux, ou invention d'une
nouvelle source inépuisable d'énergie bon marché, etc. Les 2 extrêmes l'espéraient même, les nouveaux pauvres venant gonfler leur rang, et tous, sans exception aucune,
envisageaient un avenir radieux en prédisant une tout aussi
inexorable et prochaine sortie de crise, ou d'Europe, exagérant à outrance les
capacités de la France, et de la vieille Europe à pouvoir résister
à la phénoménale puissance des pays émergés. Pas un seul
politicien n'évoquait cette – tragique – destinée, ne formulait
des alternatives politiques en conséquence, préparait les français à cet avenir qui plane telle une épée de Damoclès, et les invitait à en débattre.
Jamais
la politique dite de l'autruche, n'aura été aussi bien illustrée.
Futur
proche : scénario
Le
déclin économique de la France est entamé depuis longtemps, elle
ne figure même plus dans le palmarès des dix premières puissances
mondiales, largement surclassée par la Chine, la Russie, l'Inde,
l'Indonésie, le Brésil et la Turquie, l'Afrique du Sud et l'Australie avec la découverte de prodigieux gisements d'or, par la nouvelle zone d'investissements mondiaux, le croissant Maroc, Algérie, Tunisie, nouveau terrain de jeux boursiers. Le processus
de désindustrialisation et de délocalisation
des activités manufacturières prive les pays européens de leurs
activités liées à la recherche et développement (R&D), les activités
high-tech n'existent
plus en France ; de même, dans un cercle vicieux, les
universités devenues privées, faute de crédits, de la fuite des
cerveaux, des progrès de l’e-learning
et de la mondialisation du marché universitaire, n'ont plus guère
ni de renommée internationale, ni de prestige, ni même
d'enseignement de qualité.
La
France survit par le tourisme, son patrimoine historique, par
l'artisanat et son agriculture folkloriques – petites culottes,
fromages, vins, etc. – qui ont supplanté les activités industrielles :
après Peugeot, Renault, aux mains de multinationales,
Airbus est déclaré en faillite, racheté par son concurrent
asiatique, tout pareil que LVHM, multinationale apatride. Bénéficiant
de la manne du tourisme
international et de la résidence de luxe, Paris est toutefois
sortie de la compétition internationale, dominée par la trépidance
culturelle et festive des mégapoles, Shanghai, Pékin, Bombay, São
Paolo et Moscou. À Paris intra-muros, devenue autant un haut
lieu de la prostitution internationale – comme jadis les capitales
dites sous-développées - qu'un vaste marché de l'immobilier pour
les élites sociales des pays ex-émergents, l’élite
transnationale et ses subordonnés (traders,
cadres supérieurs, entrepreneurs à succès) en quête
d’authenticité foklo-historique, le prix exorbitant du m²
contraint à l'exode périphérique, après les classes moyennes, les
couches aisées, touchées, elles aussi par le chômage. Mais en sens
inverse, les besoins impétueux en main d'oeuvre du marché en plein
essor du tourisme - hôtellerie,
restauration, loisirs sexuels, bars, night clubing, etc. -, du
commerce folklorique et du luxe, des services à la personne, de la
logistique, de la sécurité, au détriment des secteurs tertiaires
en particulier, ont permis de conserver une frange populaire
d'employés dans l'enceinte même parisienne ; phénomène lié
aux difficultés insurmontables de déplacement des franciliens –
embourgeoisement des communes limitrophes, hausse des prix et rareté
des carburants – et de l'électricité-, péage urbain,
privatisation des transports publics, etc. - ayant concédé la
domiciliation parisienne aux travailleurs de ces secteurs.
Le
Parti Socialiste a fusionné avec l'UMP et le Centre, formant barrage
au Front National, lui-même en difficulté depuis l'apparition de
groupuscules ultra-nationaliste et xénophobe, plus radicaux
encore. En contrepoids des réseaux
islamiques, financés par les nouveaux califats du Moyen-Orient,
ayant bénéficié du délabrement de la société pour s'implanter
durablement et bâtir une infrastructure solidaire, mais autoritaire
et ultra-radicale. De même, le nouveau pape, ponte de l'Opus Dei a
su convaincre sans difficulté aucune les organisations chrétiennes
à s'opposer à la menace islamique et aux sectes fanatiques
annonçant la fin du monde, et s'adonnant à de fantastiques orgies rappelant l'Empire romain avant sa chute. Le
Nouveau Parti Communiste est un allié intime du Nouveau Parti
Anticapitaliste, leurs députés en nombre siègent côte à côte au
Parlement, dénigrés comme il se doit par les nombreuses organisations anarchistes et
révolutionnaires marxistes, apparues à la faveur d'une pauvreté
grandissante, et d'un sans avenir inéluctable pour les jeunes, y
compris diplômés, en France.
Début
du déclin en 2012, révolte en 2032, 2068 ou 2071 ?
Cet
horizon façonné par le déclin économique de la France, et plus
largement de l'Europe, revitalisa la lutte des classes entre élite
riche et nouveaux pauvres, par un phénomène de repolitisation des
masses, après un long cycle de désinvestissement, et de désintérêt. Les mouvements alternatifs se sont organisés, les réseaux d'entraide et de solidarité renaissent : cantines solidaires, micro-entreprises autogérées, coopératives maraîchères et artisanales opérant exclusivement sur la base de circuits courts, potagers communs et co-habitat collectif, économie de troc, etc.
Mais
comme ce fut le cas en Argentine, un long temps de latence aura été
nécessaire entre les premiers signes du déclin, de la paupérisation
des classes moyennes et la révolte populaire de 2001 : une vingtaine
d'années. Une révolte qui fut le fruit d'une succession quasi
ininterrompue de conflits, de grèves ouvrières, du personnel de
l'administration, et de barrages de routes, de ville insurgée
pendant une, deux ou trois journées où les forces de l'ordre ne
maîtrisent plus l'espace urbain, et d'occupations illégales
massives de terres et d'émeutes de la faim. Un temps de latence où une fraction infime de la
population réapprend et réinvente les techniques
insurrectionnelles, pour finalement atteindre son but ultime,
contraindre au changement la plus haute autorité, non sans
difficultés. Le cas de l'Argentine préfigura les événements
européens : une multitude de mouvements d'opposition politique, de
mouvements alternatifs, d'organisations citoyennes de quartier, de
collectifs de précaires, incapables de s'unir, ou même de se
coordonner durablement, les uns et les autres divergeant quant aux
moyens et à la finalité de la lutte : Justice sociale ou
Révolution politique, mouvement violent ou pacifiste, lutte sociale
ou lutte armée. Et nombreux ont été les groupes d'habitants se formant pour un instant, le temps de piller une grande surface, ou de luxueux commerces. Cette multitude fut également présente durant la
guerre civile de 2014-2015 en Ukraine : pro-russes contre
ultra-nationalistes, communistes contre socialistes pro-européens,
partisans de l'action directe contre démocrates, etc.
C'est en 20.. que débute à Paris, la révolte. Comme en Argentine, ce ne fut pas une révolution politique, mais uns insurrection sociale, spontanée suite à un événement malheureux, les mots d'ordre étant Plus de Justice sociale ou Redistribution des Richesses : aucune grande personnalité - tel Fidel Castro, Hugo Chavez - n'a émergé et conduit au rassemblement des forces. Les communards de 1871 déploraient de même l'absence de Blanqui...
Etudiants sans avenir, travailleurs précaires, chômeurs de longue durée, habitants des cités HLM délabrées lancent l'offensive, fatalement désorganisée, l'Union se révélant, entre les intérêts et les objectifs des uns et des autres, impossible à matérialiser. Paris est donc occupée par plusieurs camps, implantés dans les lieux stratégiques : les grandes places, les approches des ministères, les cités d'habitat social, en maintes portions de l'ancien périphérique devenu boulevard-planté, etc. Des scènes de pillage ont eu lieu, notamment aux Halles, aux Champs Elysées. Les forces de l'ordre, soutenues par l'armée n'ont eu aucune difficulté à disperser les uns et arrêter les autres : blindés et drones, tenues de combat sophistiquées insensibles aux armes des insurgés et des pilleurs ont nettoyé l'espace parisien, soumis au couvre-feu militaire. Paris s'est transformé en une forteresse, protégé par un cordon de sécurité interdisant la venue d'insurgés des banlieues ou de province : la circulation est interdite, les transports publics et privés extra-métropolitains arrêtés... tandis que les nouveaux riches d'Asie, de l'Amérique du Sud, de Russie et d'ailleurs installés en France fuient en masse le pays ; ils ont été les cibles privilégiées des groupes ultranationalistes.
Mais des poches subsistent : entre autres, le gruyère parisien, son sous-sol, immense réseau d'égouts, de galeries et de cryptes, de carrières, de catacombes, du métro, du RER, etc., l'université de Jussieu, vaste complexe labyrinthique devenu forteresse facilement défendable et centre de ralliement et de commandement des mouvements étudiants, quelques cités HLM, et proches d'elles, le parc des buttes Chaumont, au relief escarpé, et une partie du cimetière du Père-Lachaise, au Mur des Fédérés.
Le camp des Fédérés, ou Fort Alamo, situé sur une hauteur du cimetière, difficile d'accès car bien enceint sur deux côtés par de hauts murs et de l'autre protégé par les tombes, renforcées par des barricades, peut résister aux matériels des forces de l'ordre : les blindés et autres véhicules sont inefficaces, les possibilités de manœuvre des forces de l'ordre, les charges sont contrariées par l'enchevêtrement des tombes et tombeaux, des mausolées et des arbres.
Déjà symbole d'une révolution, le Mur des Fédérés et son campement permanent, devient l'un des points d'attraction de la révolte : devant l'afflux, le square Henri Karcher attenant est occupé, protégé par de hautes grilles, et l'on perce le mur afin de relier les deux camps. Le sous-sol du square est soumis à des travaux car passe non loin, la petite ceinture enterrée, et selon les cartes, des galeries menant à de vastes cavernes. La terre ainsi prise au sol, remplit les sacs formant barricade.
Le square de Lesseps est également occupé, position avancée plus difficile à tenir, de même que le Jardin naturel, occupé lui aussi, qui longe le cimetière. Ces deux positions avancées pourront cependant être défendues par l'école élémentaire de Lesseps : les instituteurs, en grève, rejoints par des parents et leurs enfants occupent en permanence, à présent le vaste bâtiment, imprenable. Qui distribue, comme les maisons et immeubles voisins, solidaires, eau, électricité, wifi, etc. Les toitures terrasses des immeubles sont investis, postes de surveillance et de lancer de projectiles, renforçant les actions des drones rebelles (99 euros un modèle ultraperfectionné dans le commerce - miracle du capitalisme -), et celui du mirador élevé dans Fort Alamo. Les maisons « ennemies », appartenant à de riches nababs, propriétés des nouveaux riches des pays ayant émergés, qui ont abandonné leurs demeures, et la France, sont réquisitionnées, occupées et protégées ; des murs mitoyens ont été abattu afin de constituer un réseau reliant l'ensemble.
Les campements sont constitués de tentes, traditionnels éléments de l'architecture subversive, rappelant les mouvements Occupy des années 2010. Des bâches ont été tendues, protection contre les drones militaires et les intempéries, formant un large espace libre. En-dessous, une vraie agora populaire, cantines communes et librairie gratuite, centre de presse, comité des relations publiques, comité de défense et infirmeries, etc., se partagent l'espace. Au-dessus, dans les arbres, cabanes de bois, et tentes de montagne suspendues occupent cette dimension.
Une heure avait été suffisante à l'armée pour déblayer les maigres barricades de la place de la Bastille, de la Concorde grand espace ouvert, mais Fort Alamo, espace fermé, retranché, résiste. Les forces de l'ordre n'ont d'autre choix qu'un encerclement empêchant accès et sorties, en attendant l'arrivée d'un régiment de l'armée en soutien pour lancer l'offensive finale. En effet, le gros des effectifs policiers est concentré à l'université-forteresse de Jussieu : les étudiants insurgés ayant investi le jardin des Plantes, prit son musée et fait jonction avec les jeunes beurs occupant l'institut du Monde Arabe. Tandis que les premiers déserteurs, acquis à la cause des insurgés, les rejoignent, accueillis comme des héros, comme ce fut le cas en 1871.
Bien sûr, les parlementaires élus du Nouveau Parti Communiste et du Nouveau Parti Anticapitaliste rejoindront les camps Occupy de Paris, dans une tentative de médiation entre gouvernement et insurgés. Et ces camps resteront là pendant longtemps, les poches "libérées" deviendront des Zones d'Autonomie Temporaire, puis permanente : des sortes de Cour des Miracles qui n'auront jamais lieu, ainsi tolérées par les autorités. Peut-être, comme les plus illustres protagonistes de 1871, certains deviendront également députés ou ministres, ou selon un autre scénario, s'engageront dans la lutte armée.
LE
TOMBEAU
ARCHITECTURE
SOCIALISTE
La
Commune de Paris a été l'avant-garde des révolutions ouvrières ;
les architectes soviétiques socialistes ont été à l'avant-garde
de la culture architecturale socialiste, de par les nouvelles forme, style,
comme dans leur programme. Elle témoigne de
la préoccupation des architectes de changer les modes
de vie par le renouveau des formes architecturales, d’instaurer
des pratiques plus collectives et de faire émerger des programmes communautaires. Il s'agit d'inventer
le cadre de vie de l'Homme nouveau que forgera la société socialiste. La convergence entre communards et architectes soviétiques de la première période 1917 1932, avant l'ère de Staline est ainsi grande qui explique le choix de poser un des plus emblématiques projets architectural socialiste et considéré aujourd'hui encore comme un chef-d'oeuvre, conçu par El Lissitsky en 1923 (plusieurs variantes suivront jusqu'en 1925).
Ce choix s'explique également par sa typologie : trois piliers comprenant les escaliers et les ascenseurs soutiennent le WOLKENBÜGEL, le gratte ciel horizontal dans les nuages : l'emprise au sol est ainsi minimum,parfaitement adapté au site du Mur des Fédérés. Le gratte ciel horizontal se déploie au-dessus du cimetière et du square Henri Karcher, renommé Square des Fédéré-e-s de la Commune de Paris, 1871. Les nouveaux aménagements du square permettent un accès piéton direct au cimetière par la rue des Pyrénées. Il s'explique surtout par le fait que le WOLKENBÜGEL immeuble de bureaux à l'origine, est par sa typologie même, le parfait symbole de l'architecture anti-capitaliste, une débauche de technicité pour percher dans le ciel trois niveaux de planchers seulement. A ce titre, il ne sera jamais construit ; mais plusieurs variantes s'érigeront pour des programmes d'équipements culturels phares, et le même principe se retrouve aujourd'hui dans quelques constructions monumentales.... en Chine.
Le programme fait écho aux réalisations et projets novateurs soviétiques, comme les clubs ouvriers, ou les Maisons-Communes, diverses formes de collectivisation du mode de vie, qui se fondait
sur une conception de la culture
produite non plus par et pour une élite spécialisée, mais par et
pour
les masses. Une maison du Peuple, un Club où
« la masse doit y
être directement active. Elle ne doit pas y être amenée ni
canalisée du dehors pour un amusement. Elle doit y trouver elle-même
son maximum possible d’épanouissement. Le rôle du club est de
tenir lieu d’école supérieure de la Culture. A l’intérieur,
toutes les catégories d’âge de l’ensemble des travailleurs
doivent trouver repos et détente après la journée de travail et
recevoir là une nouvelle charge d’énergie. Là, en dehors de la
famille, les enfants, les adolescents, les adultes et les vieux
doivent être amenés à se sentir membres d’une collectivité. Là
leurs centres d’intérêt doivent être élargis. Le rôle du club
est de libérer l’homme, en supprimant l’ancienne oppression de
l’Eglise et l’Etat. »
MONU-MENTAL !
Valoriser le site ou le Genius Loci nous paraît quelque peu étriqué, englué dans un réalisme peu révolutionnaire, pas assez provocateur. Un jour férié est consacré à la Révolution - bourgeoise - de 1789, un jour férié pourrait magnifier le Genius - tout court - de la Commune de Paris : le 18 mars !
Soyons irréaliste et imaginons un Lendemain plus utopique : le périmètre exigé par les organisateurs nous semble par trop restreint pour évoquer la première Révolution ouvrière qu'est connue le Monde, l'Humanité. Et comme se défend bien de le faire depuis 1871 les gouvernements successifs, érigeons un projet monumental, élargissons le périmètre d'intervention du Mur jusqu'aux grandes avenues, prenons le square Karcher.
Offrons ce vaste périmètre et un programme révolutionnaire aux plus talentueux architectes de notre époque, ces "bouffons du prince", selon l'architecte Claude Parent, mais au service, cette fois, d'un président socialiste. Et regardons quel pourrait être le résultat :
ATTENTION
A la demande des participants, les reproductions sont INTERDITES
sans AUTORISATION préalable.
REMERCIEMENTS
Aux bons soins des professeurs de l'Universités d'accueil,
A l'enthousiasme contagieux des participants, étudiants en architecture et jeunes psychiatres, et les quelques fous échappés d'on ne sait où...
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