Le prêtre Luigi Sturzo, membre du Parti populaire italien alors en exil à Londres, écrivait: « La finance fasciste favorise la richesse capitaliste.»
L'Italie et le fascisme (1927). Cité par Daniel Guérin,
Fascisme et grand capital (1936).
Le principal héritage de vingt années de fascisme est le spectaculaire déficit structurel à l’échelle nationale du parc de logements sociaux, qui sera un des éléments déterminant des luttes urbaines à venir. Alors que la population augmentait, l’Italie fasciste n’a pratiquement pas construit de logements - salubres et pérennes - destinés à la classe populaire, contrainte d’habiter dans des taudis à la périphérie des villes ou de s’entasser dans les centres urbains.
Le second héritage de la politique ségrégative des villes de l’ère fasciste est la multitude de foyers de pauvreté et de véritables ghettos, mais, qui seront à l’origine de la création d’organisations formant un réseau clandestin d’entraide qui deviendront l’armature des premières associations d’habitants, de résistants au régime, puis par la suite des foyers de contestation particulièrement actifs.
Mussolini Révolutionnaire socialiste
Mussolini est issu d’une famille pauvre, dont le père est proche des milieux socialiste et anarchiste. Dans le livre qu’il consacrera en 1931 à la mémoire de son frère Arnaldo, il évoque la pauvreté des conditions de vie de la famille : « Arnaldo et moi, nous couchions alors dans la même chambre, dans le même lit de fer, construit par mon père, sans autre matelas qu’un sac de feuilles de maïs. Notre logement se composait de deux pièces au deuxième étage du Palazzo Verano et, pour y accéder, il fallait traverser la troisième pièce qui faisait salle d’école. Notre chambre servait aussi de cuisine [1] ».
Le futur dictateur fasciste débute sa carrière politique au début des années 1900 comme syndicaliste, et il se range dans l’aile révolutionnaire du Parti Socialiste Italien. À cette époque le Parti socialiste avait pour objectif de «politiser» les classes populaires, qui pourrait permettre un continuel renouvellement de la classe dirigeante à laquelle s’agrègent, selon un mécanisme lent, graduel et moléculaire, les individus les plus remarquables provenant des basses classes de la société. Un grand nombre de politiciens de l’entre-deux guerre passèrent ainsi dans cette chambre de décantation et d’apprentissage, dont Mussolini et son futur opposant, Antonio Gramsci, un des fondateurs du Parti Communiste Italien.