Micheline Luccioni*
Note sur l'étude de l'organisation sociale de l'espace en chine | 1976
Espaces et sociétés n° 17 | mars-juin 1976
Si l'on ne fait que regarder le cadre bâti nouveau des villes chinoises, ce que l'on découvre ressemble plutôt à ce que l'on est habitué à voir, rien de spectaculairement différent ne nous frappe à première vue si ce n'est que les immeubles ont un air «plus humain » de par leur dimension plus modeste, et,un environnement immédiat infiniment plus verdoyant, planté d'arbres, plus agréable à vivre... Mais enfin, ils « ressemblent » à certains HLM. Comment cela est-il possible, où sont les «formes avancées de l'architecture socialiste » auxquelles consciemment ou non nous nous attendions ?
Mais au fait, à quoi nous attendions-nous ? A des réponses «contraires» à celles que nous supportons mal ici ? Quelles, images frappant l'imagination nous étions-nous construites de ce que devrait être —pour nous en société capitaliste développée — un cadre de vie transformé radicalement ? Bref ne projettions-nous pas sur ce domaine qui nous préoccupe ici tout un idéalisme sur la Chine en général, et sur le reflet des transformations sociales dans l'architecture en particulier ? Certains visiteurs, déçus dans leurs attentes ont même théorisé leurs impressions et naturellement déduit que les choses — les rapports sociaux en général — n'étaient pas aussi largement transformés qu'on le disait.
Qu'en ce domaine particulier le niveau de développement de la Chine, très inférieur au nôtre (et d'autres caractéristiques spécifiques : féodalité encore proche, présence impérialiste encore récente, influence soviétique directe dans la construction ne remontant qu'à quelques années) étaient les seuls déterminants, et que par conséquent nous n'avions rien à en apprendre...
Pour comprendre et se reconstruire un cadre d'analyse il est souhaitable en effet de rester, plus longtemps sur place, de se trouver dans des conditions de vie et de travail d'où l'on réalise peu à peu que la transformation des rapports sociaux part essentiellement des rapports de production existant sur le lieu de travail et où lé débat et le contrôle des travailleurs est le plus avancé et ne se « reflète » pas systématiquement, immédiatement et mécaniquement dans des manifestations concrètes et en particulier dans le cadre bâti.
Organisés et transformés ailleurs, à partir du lieu de travail dans une vie collective intense ils se poursuivent par l'organisation sociale de la vie de quartier, prolongement direct de la vie de travail. De même que l'on ne trouve pas de façon évidente dans le domaine du cadre bâti la manifestation des rapports sociaux avancés, une deuxième constatation s'impose : ni le débat de masse ni les priorités de la lutte de classe n'ont mis en avant ce domaine en tant que tel.
Si l'on arrive en Chine, Comme moi, sur la basé d'un travail antérieur (1) avec l'idée de prendre le cadre architectural et l'organisation sociale de l'espace comme domaine d'étude, reflet tangible de la lutte de classe, et si l'on s'y restreint, on risque de passer tout simplement à côté des vraies questions et des vrais problèmes de cette étape de là transition. J'ai en effet vite été amenée à dépasser ce domaine spécifique pour le remettre à sa place secondaire.
Ni débat de masse, ni enjeu de lutte des classes: une question secondaire. Pourquoi ? J'y vois trois raisons, principales qui restituent la question dans le contexte d'un pays en voie de développement, parvenu à l'étape historique de là construction du socialisme.(2)
1 La lutte de classe — et le débat de masse ne se focalise pas sur le domaine de l'architecture et du cadre bâti en tant,que tel, en tant que domaine autonome tel que cela se traduit ici sous forme de théorisations sur les questions urbaines, sur des conceptions philosophiques des villes nouvelles, ou par des enquêtes d'opinion voulant montrer que la question n'est pas la séparation des fonctions de travail et de reproduction, de sa force, mais l'amélioration des compensations que l'on devrait trouver dans son « temps libre ». Non, aujourd'hui en Chine les priorités de la discussion et de la lutte sont ailleurs, là où se joue directement la question de prendre, de reprendre ou de garder le pouvoir prolétarien, dans les lieux tels que les usines ou autres unités, ou encore dans l'école et le reste de la superstructure. Là l'enjeu est clairement posé : continuation de la lutte entre le prolétariat et la bourgeoisie qui, bien qu'éliminée du pouvoir politique et économique, reste encore puissante dans le domaine idéologique ; lutte de classe, de lignes et de voies qui ne peut se dérouler que sous la dictature du prolétariat. « Prendre le pouvoir partout où c'était nécessaire » comme ce fut le cas surtout dans la première phase de la Révolution culturelle, et en garder la direction réelle, à l'aide des nouveaux -organes de direction élus des masses (les comités révolutionnaires) et en dernière analyse, par l'efficacité du contrôle des travailleurs sur la ligne appliquée dans leur unité et au niveau plus élevé de l'Etat. Mais aussi dans l'école où se retrouve naturellement une base sociale d'origine bourgeoise et petite-bourgeoise chez une partie des enseignants, et où peut se créer, une minorité seulement pouvant aujourd'hui encore accéder à l'université, une nouvelle base, sociale qui reproduise, une situation bien connue de privilèges attachés à la connaissance. Généralement parlant, les priorités de la lutte (3) sont celles qui composent les deux voies de développement opposées : limitant Ce qui reste de capitaliste dans la transition ou l'élargissant (4), approfondissant les « nouvelles choses socialistes» (les éléments embryonnaires du communisme) ou les freinant.
Secondaire dans les préoccupations et le débat des masses, est-ce à dire que la lutte de classe ne s'y retrouve pas ? On l'y retrouve bien sûr comme partout, mais pour ainsi dire surtout indirectement ; lorsqu'un architecte rechigne sous le prétexte d'un surcroît de travail à aller dans la pratique participer au chantier, dans l'enseignement de l'architecture comme dans les autres sections de l'université etc.
2 La deuxième raison plus spécifique est liée à l'histoire d'un pays aujourd'hui en voie de développement. Là où il y a un quart de siècle survivaient avec peine des millions de sans-logis il faut d'abord abriter tout le monde. Ce qui fut fait peu à peu en mêlant les constructions d'Etat et l'aménagement du parc existant pour le rendre viable. Mais une grande part du patrimoine immobilier reste aujourd'hui encore simple, parfois sommaire, souvent exigu et surchargé (4m2 par personne à Pékin). La politique fut d'une part de loger immédiatement ceux qui ne l'étaient pas (qui habitaient grottes ou bidonvilles); d'autre part, et sans que cela signifie l'opposition capitaliste entre productif et non-productif on sera amené longtemps encore à privilégier les investissements directement productifs et à effectuer des réfections de viabilité partout où cela est possible avant de pouvoir passer à une phase de destruction-reconstruction. Si la question du logement est en -effet fondamentalement résolvable dans le socialisme alors qu'elle ne l'était pas auparavant, il n'empêche qu'il reste beaucoup, tout simplement, à faire. C'est dans ce cadre d'économie qu'il est remarquable de constater que l'on ne construit pas pour autant à l'économie.
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Le soin apporté à la qualité des logements est lui bien visible, de même, nous l'avons dit, que dans les espaces collectifs qui les entourent. Et les dizaines de millions d'arbres plantés à Pékin depuis 49 font finalement qu'en y regardant à deux fois, les ensembles de logements ne ressemblent plus tellement à nos HLM.
Nous voici donc à peine sortis de la phase où il faut nourrir, vêtir et loger tout le monde. Comme le vêtement le logement devient de plus en plus confortable (balcons dans les tranches récentes) et plus diversifié qu'on ne le croit généralement. Les souhaits d'améliorations, les demandes des habitants porteront donc essentiellement aujourd'hui sur leur dimension. Bien que le lieu de travail, devenu le centre des activités sociales, ait déjà rendu considérablement moins important le lieu privé du logement. Nous y reviendrons.
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3 Enfin, et surtout, parce que nombre d'éléments appelés ici problèmes techniques ou questions de politique urbaine sont là, appelés et traités en problème politique tout court. Résultat, et résultat seulement d'une voie de développement, d'une transformation en cours du rapport travail/non-travail, vie privée, vie publique, le domaine de l'urbain perd son autonomie, de même que les « problèmes sociaux » attenants.
Considéré comme déterminé — ce qui est aussi des « spécialistes éclairés » chez nous — il est alors discuté et traité à la racine,, là où se posent réellement les problèmes, et là où ils sont éventuellement résolvables, là en tout cas où se joue la lutte.
C'est ainsi que sont définis les programmes architecturaux : lors des discussions de masse préliminaires à la construction d'un nouveau village (5) par exemple, le débat portera sur les caractéristiques d'un village socialiste, à l'étape d'avancement où il se trouvé localement et au regard de l'étape suivante. C'est-à-dire, alors qu'aujourd'hui dans l'immense majorité des cas, à la campagne, la maison est encore propriété individuelle souvent dispersée selon l'organisation des anciens villages accompagnée de la parcelle de terre à usage privé et que la comptabilité se fait encore sur la base de la plus petite unité collective de l'équipe de production (d'une à quelques centaines de familles), il s'agit de trouver de meilleures conditions pour avancer contre ces restes du capitalisme qui favorise - « l'esprit de la petite production » : construire avec l'accumulation collective des maisons locatives plus proches donc du système urbain, regrouper puis éliminer les parcelles individuelles et donc se suffire avec la répartition du travail collectif social ; enfin et surtout regrouper les habitations dispersées pour permettre la réorganisation des terres et la mécanisation en grand. Ces changements ne sont possibles qu'à travers deux aspects des transformations : économiques permettant un niveau d'accumulation suffisant, et idéologique rendant possible une redistribution sur plus grande échelle et d'éventuels rééquilibrages entre équipes (6). Voilà le cadre du programme.
Le passage d'un mode d'habitat traditionnel paysan individualisé, à un bourg où les logements regroupés — quelquefois même à un étage — modifient sensiblement les habitudes, n'est pas spontanément et mécaniquement compris et accepté par tous les membres des équipes au même instant. Il faut arriver à convaincre chacun de ceux qui ne le sont pas, et dans un village où nous avons séjourné, on nous raconte qu'il avait fallu plusieurs mois pour que soient convaincues certaines familles, par d'autres plus conscientes et des membres du parti. Elles ne quitteront leur logement que si elles ont compris le bien fondé d'ensemble de cette nécessité de réorganisation. Là encore c'est à la racine que le problème sera pris et peu à peu compris, dans les réunions d'étude politique de masse (7) où se forme la connaissance des caractéristiques de la période de transition, de ses tâches, de l'importance décisive de la méthode suivie pour développer le pays, des raisons de l'accent prioritaire mis sur l'agriculture et la mécanisation de ses moyens de production par rapport aux autres secteurs de l'économie etc..
Seul un point de vue d'ensemble des grands axes de la politique nationale peut finalement permettre d'aborder et de résoudre de plus « petites » questions.
Il en est de même pour les programmes d'architecture et d'urbanisme en ville où ceux qui participent à l'aménagement de l'espace (8), architectes, techniciens et selon les cas, masses et cadres concernées par le projet ont pour base de conception à la fois des contraintes (d'économie par exemple) mais surtout des principes directeurs : dans la construction urbaine, ne pas prendre de la terre aux paysans des alentours, les agglomérations devant parvenir à se suffire pour l'essentiel en nourriture. C'est sur ces principes directeurs que se joue la lutte de ligne, et ce sont eux qui définissent de fait les questions- et les solutions architecturales : immeubles en hauteur ou non, lieux d'implantations de nouvelles usines etc. Les interrogations chez nous brûlantes — et objet de tout un discours— sur l'adéquation du dispositif urbain pour « favoriser l'animation urbaine» ou le « brassage social » en sont de ce fait largement, déplacées et tout simplement absentes.
Encore une fois c'est ailleurs que s'organisent et éventuellement se transforment les rapports de production (chez nous aussi), les rapports de hiérarchie. Et si ces rapports sont déjà transformés dans une entreprise (plus ou moins selon les endroits) il sera alors naturel, que les dirigeants du comité du parti et du comité révolutionnaire logent à la même "enseigne que les autres salariés dans la cité de l'entreprise et c'est ce que nous avons vu le plus souvent. Dans le cas contraire cela s'appelle abuser de privilèges liés à sa fonction, cela fait partie, des restes et des conditions de reproduction: de la bourgeoisie, et sera (plus ou moins vite, selon l'efficacité du contrôle des masses) critiqué dans le lieu et par les camarades de travail. Démarche — et contexte — assez éloignée de celles qui essaient de mêler (intention valable...) dans le logement, des catégories et fractions (vieux, handicapés, jeunes couples ouvriers...) que tout le reste du système et de la vie sépare (un programme dans la Ville nouvelle de Grenoble-Echirolle).
Alors revenons au point de départ, à ce qui, en Chine socialiste redéfinit le contexte politique, et social du quartier d'une part, de l'aménagement d'ensemble du territoire d'autre part. J'y vois deux terrains essentiels : celui du cadre de vie, déterminé par ce qu'est devenu le rapport. du travail — temps et lieu — au non travail, le rapport de la vie et de l'espace public et privé, de l'unité productive et du quartier, et celui plus vaste de ce que l'on résume par le «rapport ville-campagne». Voici quelques réflexions là-dessus.
LE LIEU DE TRAVAIL : UN CADRE DE VIE
Je ne reviendrai pas ici sur les séparations, oppositions et en même temps dépendances, qui caractérisent le rapport du travail et du « temps libre » en système capitaliste surtout avancé : ici, l'on vend sa force de travail parce qu'il faut bien, vivre et là on se croit plus libre et on cherche des compensations. Non plus que sur des spécificités, d'une, société essentiellement rurale où est moindre à la campagne la séparation d'avec les moyens de production. Restons donc limités aux quartiers urbains.
Le rapport travail/non-travail c'est d'abord ce qu'est devenu déjà le travail lui-même, sur la longue route qu'il lui reste à faire pour devenir le « premier besoin vital ». I1 se transforme d'abord fondamentalement par le changement de propriété devenue commune dans l'industrie formellement et réellement partout où lorsque les ouvriers disent qu'ils sont les maîtres de l'usine — et de l'Etat — cela a un sens. C'est la base à partir de laquelle le travail lui-même peut s'enrichir et l'est déjà considérablement. Et de fait il se transforme bien plus par l'ensemble des activités politiques qui l'entourent, de participation à la gestion économique, de responsabilité, que par la seule amélioration, du travail physique lui-même.
A proprement parler un nouveau cadre de travail s'est déjà largement créé et sa place est devenue déterminante sur le reste des activités sociales,de la vie quotidienne. A partir de là, se produit un phénomène historiquement nouveau où l'on ne pense plus qu'à fuir après ses huit heures, où au contraire le lieu d'emploi est devenu un centre de vie.
Miracle, fanatisme ? Plus simplement conscience par l'expérience que c'est dans le lieu de travail que se joue le maintien, du pouvoir réel par les travailleurs, que « s'exerce », s'il s'exerce leur contrôle pour le garder, c'est là que quotidiennement se transformeront, s'ils se transforment dans telle unité, les relations sociales, les. rapports de hiérarchie, et tout ce qui concerne directement l'ensemble des travailleurs.
La délimitation de la journée de travail et du temps social disponible est devenue quelque chose d'assez floue, avec des imbrications multiples et dans les deux sens de tâches traditionnellement bien séparées. Ainsi, on sort de l'unité où l'on travaille (les ouvriers principalement qui participent à la direction des lieux d'enseignement, renforcent, les miliciens populaires du quartier, par rotation etc.), mais surtout on y effectue des tâches et fonctions habituellement typiques du « cadre de vie » et même on y règle des problèmes appelés, chez nous « privés ».
Lorsqu'on saura que la rotation, dans l'emploi est minime —outre les échanges momentanés liés à là formation professionnelle ou la venue parfois de vieux ouvriers expérimentés lors de la Création d'une nouvelle Unité — on comprendra encore mieux l'importance, des transformations dans la vie du travail. C'est là que se voit le plus clairement la transformation des relations sociales. Et l'importance de ce bouleversement des séparations de type capitalistes héritées me paraît le plus frappant et le plus significatif.
Voilà le contexte politique et social du rapport entre unités de travail et d'habitation.
L'importance du lieu et du temps passé sur le lieu de travail diminue d'autant l'importance du logement. Le relativise. L'évolution du lieu de travail comme lieu privilégié de décision, de débat, non seulement concernant la gestion et la résolution de problèmes du travail, mais aussi familiaux, culturels, sociaux, replace le rôle de la famille, à son niveau affectif mais non de noyau décisionnel. Et donc, si le logement est un lieu où l'on aime se retrouver en famille, il n'est plus un refuge ou un transfert et sa relative exiguité d'aujourd'hui est compensée par l'intensité de la vie collective passée sur le lieu de travail et la vie sociale de quartier.
Voici, schématisées, quelques-unes de ces imbrications. Dans le sens d'un renforcement, des fonctions accomplies sur le lieu de travail.
— Les études politiques se font sur le lieu de travail (sauf pour les non-actifs qui les font dans le cadre des Comités d'habitants). Parmi ces études intenses (2 ou 3 fois par semaine) aux thèmes variés, un des types de réunions appelées de la vie démocratique traitera éventuellement de problèmes familiaux, du logement, (priorité d'attribution par exemple) du bien-être, bref du hors-travail.
— Habitation : à l'heure actuelle en moyenne la moitié des salariés peuvent être logés sur le lieu même de leur travail. Un quart dans un environnement proche d'une demi-heure de vélo. Pour les autres peut exister un problème de distance lié à la localisation du travail du conjoint (surtout dans dés villes très marquées par l'organisation capitaliste et impérialiste comme Shanghai). Il arrive assez souvent que l'un des conjoints (et ce n'est pas toujours l'homme...) habite la semaine jusqu'au samedi sur le lieu de travail dans des dortoirs prévus pour, l'autre s'occupant des enfants.
—Education : souvent dans les entreprises, des écoles pour les enfants du personnel. Mais aussi de plus en plus; d'Universités ouvrières pour la formation de, cadres et techniciens, formation permanente et formation politique liées.
— Santé : dispensaires avec ou sans lits selon la taille de l'unité. Parfois un dispensaire reçoit également les familles des salariés. Dans chaque équipe de base un ouvrier responsable de l'hygiène et des soins courants.
— Sport : pendant le travail, une pause spéciale matin et soir pour la gymnastique. Equipes sportives d'unités et campagnes de mobilisation pour les sports de masse.
— Equipements collectifs, bien-être/consommation : les familles peuvent profiter des cantines de l'entreprise, mais on peut aussi y prendre des plats préparés pour chez soi. Un magasin, souvent dans l'usine, fixe ou ambulant.
— Repos:-«La récupération de la force de travail » même y pénètre ! on peut y rester la nuit si l'on veut nous l'avons vu, mais aussi quotidiennement y faire la sieste.
— Vie culturelle : souvent cinéma ou spectacles dans l'unité de travail où sont invités familles et habitants du quartiers. L'entreprise distribue des billets pour l'extérieur.
— Retraite : le travailleur s'il ne continue pas de travailler après l'âge, de; sa retraite (F : 55 ; H : 60) peut toutefois continuer à participer dans son ancienne entreprise aux groupes d'innovation techniques par exemple et aux études politiques, sinon fera partie d'un Comité des habitants. Il conservera s'il le veut son logement dans l'entreprise.
— Vie privée-collective : des problèmes traditionnellement privés, sont discutés dans les réunions, collectives, sur le lieu de travail. Un procès de divorce par exemple aura lieu dans l'unité de travail de la femme qui l'a demandé. Des juges.s'y rendront, aidés de ses camarades de travail. Un délit sera également débattu sur le lieu de travail, sous la direction de membres du Parti, et là sera discutée la nécessité de l'intervention de la police selon la portée politique du cas. Certains problèmes peuvent faire intervenir la direction et les camarades de travail de plusieurs unités. L'auto-contrôle social, fort, a pris le relais des travailleurs sociaux professionnels de chez nous, et il se joue d'abord là où se détermine le reste de l'activité sociale.
Tout cela constitue, une vie collective intense, prend du temps, et relativise l'importance des autres aspects de la vie quotidienne. Dans l'état actuel des choses, quel ouvrier de chez Renault — même de chez Renault — souhaiterait prolonger sa présence à l'usine au delà des huit heures, et y vivre ?
La lutte de classe en ce domaine se jouera alors sur la manière de considérer par exemple les questions de bien-être, la construction d'équipements collectifs, -préoccupation juste jusqu'à ce qu'elle devienne première. Quelquefois, des excès inverses : on n'osera pas faire de demandes jugées terre à terre par certains intellectuels. C'est aussi la question de savoir dans les cas de propriété collective (à la campagne par exemple) le pourcentage de fonds à garder collectivement pour les équipements de bien-être communs et donc la part de revenu individuel.
REAMENAGEMENT DU TERRITOIRE : STABILISATION ET CROISSANCE CONTROLEE
Le sous-titre de l'article de 72 « vers la fin des séparations entre villes et campagne » annonçait un processus de désurbanisation. Certaines parutions sur la question sont même allées jusqu'à évoquer une tendance à « la fin des villes en Chine»... Vue de l'esprit, conception métaphysique et projection futuriste de nos phantasmes sur la question urbaine. Car en effet, si les chiffres donnés alors me semblent exacts, ils ne montrent en fait qu'un gonflement assez considérable de la population urbaine jusqu'en i960 (effet direct de la politique d'industrialisation lourde dans les grands centres du premier plan quinquennal de 1953-57), et jusqu'à la fin des années 60 une nette résorption de ce gonflement (9). Mais ce n'est qu'une fois cette « correction » acquise que peut véritablement se mesurer la politique de répartition sociale. Et en fait depuis ces toutes dernières années (après la première phase de la Révolution culturelle qui brouille les cartes des statistiques de population par la multiplicité des déplacements sociaux momentanés de jeunes lycéens et étudiants surtout) on peut clairement observer les résultats d'une politique consciente et reflétant les possibilités réelles compte tenu de la forte baisse de la mortalité infantile : stabilisation et croissance contrôlée.
Stabilisation des très grandes agglomérations de plus de 4 millions d'habitants y compris leur population rurale, (10) et parallèlement croissance contrôlée s'étendant peu à peu aux régions même les plus reculées, des villes petites (chefs-lieux de district ou de cantons, jusqu'à 1 million d'habitants) -et moyennes (capitales provinciales de 1 à 4 millions d'habitants y compris ruraux) (11).
Objectifs qui se réalisent et ils se réalisent effectivement à partir de trois facteurs principaux de contrôle, par ordre d'importance dans leur modification des résultats :
- Le planning des naissances. Il est plus effectif en ville encore à l'heure actuelle qu'à la campagne ou l'on se heurte davantage, aux restes des vieilles idées confucéennes concernant les fils en particulier, bras forts des familles paysannes. Statistiquement où en est-on ? Pékin, ville avancée en ce domaine, à une croissance absolue annuelle de 0,6 %, et dans sa région rurale proche de 0,8 %, mais à Canton on atteint seulement 2% et on a un premier objectif de 1 %. Ainsi, bien que la propagande politique sur la question soit, généralisée (sauf dans les régions dé minorités, nationales pour leur développement) l'habitude prend encore le pas dans les campagnes sur une conviction en même temps assez largement ressentie, et l'on a souvent au moins trois enfants au lieu des deux conseillés. L'acceptation politique et consciente de cet auto-contrôle des naissances jouera donc un rôle de plus en plus conséquent.
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- Le déplacement ou l'implantation décentralisée de nouvelles industries d'Etat (traditionnellement urbaines), parallèlement à l'industrialisation rurale directement liée, aux besoins de l'agriculture (ce qui fait abusivement parler d'urbanisation rurale). Bien sûr le déplacement d'industries dans un pays qui doit compter à l'économie ne peut être systématique. Il a lieu cependant. Le principal facteur restant l'implantation industrielle régionale, lui même lié à la prévention de la pollution. |
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C'est bien en effet politiquement aussi que la mesure d'intégration est considérée par les opposants à la ligne révolutionnaire. En 70-71 une situation grave de mauvaises conditions d'accueil dans les communes populaires, attribuées à la ligne politique de Lin Piao, nécessite une enquête systématique et un arrêt momentané des départs avant une reprise, plus régulière et massive que jamais.
Voilà donc le cadre, général de la stabilisation et de la croissance contrôlée de la population urbaine. Ajoutons qu'il est frappant de constater, dans dès discussions, la compréhension politique profonde qu'ont les larges massés de ces mesures. A part des cas individuel qui les comprenant mal les accepteront en conséquence, c'est cette conscience générale de l'intérêt collectif qui en fait accepter certaines retombées privées : par exemple tel couple d'intellectuels (car ceci ne concerne qu'un nombre limité de gens, surtout des cadres) sera amené à une séparation plus ou moins prolongée puisque la spécialité de l'un deux —et l'insuffisance aujourd'hui de cadres régionaux qualifiés —le rend indispensable à Pékin alors que sa femme institutrice, est non moins utile dans un village de sa province d'origine. Situation contradictoire temporaire qui ne peut être acceptée que fondamentalement comprise par les intéressés. Mais là dessus aussi jouent deux lignes et deux attitudes selon que l'on considère ces situations — bien qu'infimes quantitativement — comme importantes et devant être limitées au maximum, ou que l'on n'affiche que mépris pour ces petites choses personnelles.
VILLES ET CAMPAGNES
Une première constatation : des différences — économiques, culturelles, physiques — existent bien, à ne pas s'y tromper, entre les villes et la campagne. Mais les séparations sociales traditionnelles héritées ont déjà largement commencé à se transformer. Car qu'est-ce en fait que ce rapport villes-campagne si ce n'est la synthèse des rapports sociaux entre les paysans (plutôt concentrés à la campagne), les ouvriers, les intellectuels (plutôt concentrés en ville] le travail intellectuel concentrée une partie de la ville etc., les rapports entre les gens des villes et de la campagne, entre les secteurs de production dans lesquels ils travaillent et les fonctions de gestion et de décision. C'est tout cela et bien d'autres choses qui constituent « le rapport villes-campagne».
Shangahi, le Bund, poster 1959 |
Village modèle, poster 1958 |
Ainsi donc des différences- demeurent entre ces deux pôles : systèmes de propriété dominants différents (la propriété collective domine à la campagne), le niveau de salaire ouvrier ou intellectuel urbain n'a pas encore été rattrapé par le revenu paysan moyen (sauf dans certains cas), le mode de vie est différent à la campagne où la maison individuelle propriété privée -reste encore majoritaire, mais les exemples avancés de logements collectifs locatifs réduiront cette différence.
Dans la plupart des cas, en ville comme à la campagne, on a à transformer peu à peu un cadre existant et la marque du passé est bien sûr présente. Dans la construction de nouvelles agglomérations il est clair que les éléments socialistes apparaissent beaucoup plus ouvertement : c'est -le cas du complexe industrialo-agricole de Taking (puits pétrolifère) dans le N.E. où dès l'origine se mêlent ouvriers des puits, paysans (souvent d'une même famille) tout naturellement regroupés dans un village-vjlle un nouveau type de bourg. Comme la question des conditions de limitation de la croissance urbaine, le rapport entré villes et campagne est directement conséquent de la voie de développement suivi.
Développement du pays, oui, mais comment ? Point central de la lutte de ligne depuis le changement de système social — et même avant — et qui connaît; un nouveau tournant aujourd'hui avec la lutte la plus récente contre le programme de développement de la droite représenté par Teng Siao-ping (12). Une ligne qui privilégie et met en priorité le développement des forces productives, de la connaissance des spécialistes (et qui recherche par là l'appui de leur base sociale) développement qui veut s'appuyer d'abord et pratiquement seulement sur une industrialisation lourde, regroupée dans les grands centres « par souci d'efficacité». Bref à l'évidence rien qui ne remette en cause de quelque manière que ce soit les différences et séparations traditionnelles évoquées plus haut. Au contraire. Et la période de transition socialiste est telle que si l'on n'avance pas, on recule. Si les éléments du communisme ne prennent pas le dessus, ceux hérités du capitalisme naissant l'emporteront inévitablement : si on ne les limite pas, on les élargit. Seulement, et c'est pourquoi la lutte est si serrée, pour ou contre ces nouvelles choses socialistes, les éléments embryonnaires du communisme sont à créer, à expérimenter, à maintenir, à approfondir, alors que les restes de la bourgeoisie ne demandent qu'à rester et une force de la bourgeoisie renversée dans son pouvoir politique et économique c'est aussi de savoir s'appuyer sur la force de l'habitude. Une ligne de développement n'est révolutionnaire qu'à la condition de limiter les éléments du capitalisme, car là sont les conditions matérielles du maintien de l'ancienne bourgeoisie et de la reconstitution d'une nouvelle.
Ainsi un programme de développement qui se définit à partir de principes tels que « compter d'abord sur ses propres forces », « marcher sur ses deux jambes » « développer l'industrialisation rurale au service de l'agriculture» (13) est— est-il le résumé de multiples éléments socialistes qui sont autant d'enjeux de la lutte de classes et de la lutte de lignes. La lutte entre les deux, voies - ou méthodes — de développement, c'est l'ensemble de tout Cela. Prenons l'exemple de l'industrialisation rurale. Pour que l'application de ce principe soit effective, qu'implique-t-il ? L'initiative laissée aux masses et cadres paysans pour l'implantation d'industries qui servent leurs besoins, la formation accrue de cadres locaux, le développement de l'installation des jeunes intellectuels urbains a la campagne afin qu'ils, mettent, aussi leurs,connaissances au service du développement de la campagne etc. La tactique contre-révolutionnaire étant de se servir de leur caractère expérimental et donc forcément imparfait pour les démolir complètement et crier au sabotage du développement de l'économie, cherchant par là à se créer une base sociale, car tout le monde souhaite le développement.
Pour nous résumer, trois niveaux d'une même lutte :
— pour ou contre chacun des éléments embryonnaires du communisme.
— l'ensemble de ces éléments constitue des voies de développement, non seulement formulées centralement mais dans leur application à tous les niveaux.
— résultat : une certaine organisation sociale de l'espace, un certain type d'aménagement du territoire.
Et une conviction : dans une société de ce type (en voie de développement, à dominante rurale), la transformation des rapports- -villes campagne, passe surtout et d'abord par le développement sur tous les plans, de la campagne.
L'AGGLOMÉRATION : UN RAPPORT VILLE- CAMPAGNE
Si nous prenons l'exemple de Pékin, on peut faire, les observations suivantes concernant son- aménagement :
L'objectif est de constituer des agglomérations comprenant une population-urbaine et rurale capables de se suffire pour l'essentiel en nourriture. Ceci pour, économiser les coûts en transport, pour être en condition optimum de défense en cas d'invasion, pour faciliter une gestion locale souple liée à la planification centrale (ce qui n'est en rien l'autogestion).
— Ce qui est vrai au niveau des agglomérations l'est aussi à celui d'une province ou d'une région (plusieurs provinces). Dans les deux cas -il ne s'agit pas de remettre en cause d'éventuelles spécificités (naturelles, ou traditionnelles comme l'industrie lourde dans le N.E.) mais de les limiter tout en étendant parallèlement la polyvalence : ainsi dans le N.E. région très froide peu encline aux rizières on est déjà parvenu cependant à faire une récolte par an de riz (contre 3 dans le Sud). A Taking de même, les céréales et la nourriture de base sont produites sur place.
— Le plan de l'agglomération montre qu'elle est composée de 3 zones gardant à la fois leur spécificité d'origine,tout en incluant secondairement des éléments d'autres secteurs et fonctions :
1 - Une zone centrale à dominante urbaine traditionnelle (le centre ville ancien) comprenant secondairement des plantations agricoles dans certaines unités de production ou quartiers.
2-Une zone extérieure à dominante rurale : districts ruraux (ex : district de Pingkou) composée de Communes populaires rurales, comprenant secondairement des industries d'Etat (en plus de l'industrie locale des CPR).
3-Une zone intermédiaire mixte (ex: arrondissement de Haitien) : des arrondissements urbains comportant des enclaves de CPR. Là se mêlent le plus visiblement les différentes catégories de travailleurs.
Entre la ville et sa campagne, entre les villes et la campagne, toute une série donc d'imbrications sociales, et des secteurs d'économie basés sur la spécialisation et la.polyvalence.
Des liaisons permanentes
Santé : un hôpital urbain avec son quartier, ses entreprises, et sa zone rurale.
Education : une Université avec une usine et une CPR.-
Commerce : une équipe de production agricole avec un magasin de la ville à qui elle livre journellement.
Récupération des déchets pour engrais : un quartier d'habitation avec une équipe de production agricole.
Industrie/agriculture : surtout la poussée d'industrialisation rurale (amorcée au Grand Bond de 1959, puis réaffirmée depuis la Rénovation culturelle) pour matérialiser l'accent mis sur la mécanisation agricole.
Des échanges sociaux et migrations
Les Jeunes lycéens de la ville s'installent à la campagne. A l'époque des moissons tous les habitants des villes vont aider à la récolte ; lycéens et étudiants pratiquent l'« école à porte ouverte », en vivant et travaillant un mois (par semestre) à l'usine, à la campagne ou dans une unité de l'APL. Les écoles de cadres du 7 mai : les employés, responsables, intellectuels autres qu'enseignants vont périodiquement quelques mois dans une exploitation agricole où ils travaillent à mi-temps à la production, et étudient.
— Des paysans enseignent dans les écoles locales et viennent à l'université participer à l'éducation de classe des intellectuels.
— Les rapports ouvriers/paysans sont difficiles à résumer, ils se font à toute occasion, du fait que les conditions de base existent.
— Main-d'oeuvre saisonnière ou temporaire : quelquefois un chantier de construction en ville fait appel à une équipe de production agricole (ou une Commune) en lui demandant si elle peut libérer une partie de sa main-d'oeuvre (pas individuellement par principe).
Dans leur Commune — même et dans une même famille paysanne — il est fréquent de trouver des fils ou filles ouvriers des industries locales (ils sont payés en Points-travail pour ne pas accroître la différence sur la répartition). Ces mesures sont principalement basées sur la transformation de la campagne.
Voilà donc quelques impressions résultant de la mise en rapport de la théorie et de la pratique de l'urbanisation en Chine.
Poster 1965 |
Stefan R. Landsberger de l’université de Leyde, aux Pays-Bas, possède l’une des plus grandes collections privées d’affiches de propagande chinoise au monde.
NOTES
(*) Micheline Luccioni, auteur d'une importante étude sur l'organisation de t'espace en Chine, publiée dans le numéro 5 d'Espaces et Sociétés vient de séjourner pendant 2 ans (1974-76) en Chine. Elle livre ici les premières réflexions sur son expérience.
(1) Processus révolutionnaire et organisation de l'espace en Chine : « Espaces et Sociétés», N.5 avril 1972.
(2) Mais le socialisme tel que le définit Lénine (l'Etat et la révolution) est un stade de propriété commune. En Chine aujourd'hui coexistent encore deux types, essentiellement, de propriété : collective et commune du peuple entier : dans l'industrie 97% de propriété commune dans les immobilisations, 63 % pour le nombre des travailleurs et 86 % pour la valeur globale de la production industrielle. Dans l'agriculture : 90 % des terres sont propriété collective; et 80 % pour ce qui concerne le matériel lourd et le bétail. La propriété privée est infime : 0,8 % d'artisans individuels, et les parcelles individuelles des paysans limitées globalement à 5 % des terres de la Commune populaire.
(3) Mao tse-toung a dit récemment qu'avant la Libération c'était à peu près comme dans le capitalisme. Il ne s'agit pas par là d'oublier à quel point la féodalité était proche, ni les caractéristiques d'une société néo-féodale et néo-coloniale. Mais ce capitalisme naissant, en partie lié à l'impérialisme et en partie national n'en était pas moins devenu la tendance principale, et ce sont bien ses caractéristiques qui prendraient le dessus dans le cas d'un retour en arrière. Ces restes, quels sont-ils ? Si la propriété a déjà fondamentalement changé, la répartition beaucoup moins. Il existe encore un système de salaire ouvrier à 8 échelons, et d'une trentaine d'échelons pour l'ensemble des. catégories ; des échanges marchands basés sur la monnaie; un droit bourgeois sur lequel par exemple s'appuient les critères de définition des revenus à la campagne (de chacun selon ses capacités à chacun selon son travail) qui entérinent une inégalité de fait.
(4) Citons à titre d'exemple les Comités révolutionnaires, l'application dû principe d'intégration systématique des jeunes intellectuels urbains à la campagne, la pratique de séjours prolongés et de travail des lycéens et étudiants dans des unités productives etc.. Beaucoup sont des « acquis », sans cesse remis en question, de la GRCP.
(5) Je me réfère ici à l'exemple de Tatchai, brigade déclarée avancée depuis le milieu dés années 60 pour le mode de résolution des contradictions qu'elle a suivi, le rapport des responsables aux autres membres. Là en 1964 une catastrophe saccage les habitations. Les refaire identiques ou créer un nouveau village? La discussion amena à l'élimination des parcelles et à la construction de maisons locatives. Pour le moment à la campagne on se passe d'architectes, qui arrivent avec peine à répondre aux besoins de la ville, et on s'appuie sur les corps de métiers. Mais, contrairement à ce que certains pensent, le but poursuivi n'est pas définitivement de s'en passer et déjà dans les écoles d'architecture des sections « rurales » se créent. Cela dépend en effet fondamentalement du rôle attribué à l'architecte et à la technique, et non pas à sa présence du non, ou bien à la mythique selon laquelle «les masses peuvent tout faire par elle-mêmes ».
(6) On peut alors passer au niveau de compte de la brigade ce qui est déjà le cas surtout autour des villes.
(7) Ces études politiques sont de plusieurs types, intenses (2 ou 3 fois par semaine) et systématiques surtout depuis 1974 (le début du mouvement de critique de Lin Piao et de Confucius). Et elles çoncernent tout le monde : études des textes marxistes classiques, discussion collective d'un article du Quotidien du peuple, réunion de critique de la ligne et des dirigeants, etc...
(8) En effet les architectes-techniciens-ingénieurs continuent - et continueront —d'exister (comme les médecins) alors que d'autres intermédiaires spécialisés en contrôle social professionnel (tels que sociologues, et travailleurs sociaux) ont disparu ou n'ont pas été créés par le système social. L'architecte joue donc un rôle à la fois de technicien spécialisé et d'enseignant, au sens large, de cette technique dans la pratique et des groupes mixtes d'ouvriers techniciens et d'individus social-socialistes au même titre que les autres cadres (c'est à dire ici intellectuels) du pays.
(9) Voir « Espaces et Sociétés » N. 5 p. 64.
(10) On peut dire que pratiquement toutes les villes de Chine sont des agglomérations dans la mesure où elles incluent aujourd'hui une population rurale et des secteurs agricoles. Ce qui a fait parler abusivement de ruralisation urbaine.
(11) Les critères de classification des villes ne sont pas que quantitatifs mais tiennent aussi à leur importance, stratégique par exemple, comme au Singkiang.
(12) Deux rapports essentiels exposent les grandes lignes de ce programme : Sur les points principaux concernant le travail des Instituts scientifiques présenté par Xang Je 18 juillet 75. L'autre, intitulé Programme en 20 points sur quelques questions relatives à l'accélération du' développement industriel, qu'il expose le 2 septembre 75. Puis son rapport à la Conférence Nationale sur l'agriculture le 15 sept. 75.
(13) Compter sur ses propres forces ne veut pas dire exclusivement, mais principalement.. Ce principe vaut aussi pour les mouvements de libération. Marcher sur ses deux jambes implique un rapport d'appui réciproque, entre des entreprises de différentes tailles (et donc, souvent, de propriétés différentes), mais aussi entre les différents secteurs de l'économie. Mais pas dans n'importe quel ordre. Chou En Lai a rappelé en Janvier 75 les priorités de la période : l'agriculture, puis l'industrie légère, et enfin l'industrie lourde. C'est l'accent mis sur le développement de la campagne pour que tout le pays progresse.
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