Main basse sur la ville, [Le mani sulla città] réalisé en 1963 par Francesco Rosi, napolitain d'origine, est un film quasi documentaire sur les malversations d’un promoteur/politicien à Naples. Il constitue, aujourd’hui, un précieux témoignage sur les modalités d’actions des spéculateurs, le processus de corruption des administrations et un aperçu de la vie des habitants pauvres et riches de Napoli. Il est également un témoignage de l’engagement des intellectuels contre le système politique. Le mani sulla città est devenu une référence et une expression courante en Italie pour dénoncer les malversations de la spéculation et du monde politique.
Pages
▼
Psychogéographie
NAKED CITY, Guy Debord |
Guy Debord
Introduction à une critique de la géographie urbaine
Les Lèvres nues, n°6 Mai 1955, Bruxelles.
De tant d’histoires auxquelles nous participons, avec ou sans intérêt, la recherche fragmentaire d’un nouveau mode de vie reste le seul côté passionnant. Le plus grand détachement va de soi envers quelques disciplines, esthétiques ou autres, dont l’insuffisance à cet égard est promptement vérifiable. Il faudrait définir quelques terrains d’observation provisoires. Et parmi eux l’observation de certains processus du hasard et du prévisible, dans les rues.
Internationale lettriste et Urbanisme
Nous présentons ici, les articles, concernant l’urbanisme et l'architecture, de l'Internationale lettriste publiés dans les bulletins Potlatch.
En novembre 1952 naît l'Internationale lettriste (I.L), qui revendique une attitude plus proche des anarchistes et des marxistes révolutionnaires que de l'idéal de "créativité généralisée" en vogue à Paris. Les "internationaux" lettristes incarnent une sorte de saint-germain-des-prés souterrain, vivant de façon clandestine leur refus de la norme sociale dans un Paris de l'après-guerre pas encore rénové par les urbanistes. L'I.L fonde la revue Potlach qui commence à paraître en 1954.
MANUEL de Contre Guérilla Urbaine
Les militaires américains après les insurrections, les guérillas urbaines et les révolutions Sud-américaines se sont intéressés aux écrits des révolutionnaires, Marighella, Che Guevara, Tupamaros, etc. afin de les étudier et d’élaborer des tactiques contre-insurrectionnelles, des réponses militaire, politique ou psychologique. L’état major des armées en France, en matière contre-insurrectionnelle, disposait également d’une solide expérience après les guerres coloniales. Le Vietnam, qui fut le premier laboratoire expérimental de la torture policière et militaire, puis la bataille d’Alger, auront permis de former, sur le terrain, des militaires, des spécialistes qui serviront par la suite, en tant que mercenaire ou délégué, dans certains pays insurgés, dont l’Argentine probablement, et dans les écoles contre-insurrectionnelles des USA.
La bataille de Grozny marque une rupture dans les tactiques de guérilla urbaine. L’expérience de l’armée russe, en matière de combats en zone urbaine, du fait des guérillas urbaines de la seconde guerre mondiale - Stalingrad, Leningrad, etc.- parvint avec les plus grandes difficultés, malgré un avantage technologique et numérique, à s’emparer de Grozny. La ville était, à la fin des combats, un champs de ruines. Selon un rapport du ministère de la défense française :
«En effet, pour la première fois en 1994, une armée conventionnelle, qui bénéficiait d’un rapport de force a priori écrasant et qui plus est, ne s’embarrassait pas des «dommages collatéraux», a été mise en échec en zone urbaine par un adversaire asymétrique en comparaison très faiblement armé. Comme l’avait prédit le général Krulak du Marines Corps américain, le conflit tchétchène apparaît donc bien comme une matrice des engagements contemporains, dans lesquels la ville constitue pour l’ennemi irrégulier le milieu le plus favorable pour résister aux armées modernes. Les récents déboires de Tsahal lors des attaques des fiefs du Hezbollah au Sud Liban l’ont rappelé.»
Un monde à venir : Entretien avec Cornélius Castoriadis
Paris, les Champs-Elysées : du champ de la contestation 1968, au champ de blé 2010.
Cornélius Castoriadis
Entretien avec Olivier Morel
La République des Lettres
Olivier Morel : J'aimerais d'abord évoquer votre trajectoire intellectuelle, à la fois atypique et symbolique. Quel est aujourd'hui votre jugement à l'égard de cette aventure commencée en 1946 :
Socialisme ou Barbarie ?
TUPAMAROS | La guérilla urbaine
TUPAMAROS
La guérilla urbaine
A la différence d’autres guérillas latino-américaines, le terrain d’actions du Mouvement de Libération Nationale - Tupamaros, est essentiellement urbain. Conscients que le pays ne dispose pas de montagnes ou d’épaisses forêts à partir desquelles mener une activité de guérilla efficace, les révolutionnaires uruguayens devront livrer un combat urbain, et faire preuve d’innovation en matière de lutte révolutionnaire. La campagne ne sera qu’un terrain auxiliaire d’appui, de planification et d’éventuel repli stratégique à une guérilla nécessairement citadine. La ville devenait ainsi le lieu des combats, contraire à la théorie du Foco bien établie voire mythique de Che Guevara, qui avait dans ses écrits largement sous-représenté, voire sous-estimé, les actions de la guérilla urbaine des villes de Cuba, pour magnifier la guérilla rurale. Pourtant sans les militants révolutionnaires agissant dans les villes, la guérilla rurale cubaine aurait eu moins de chance de succès, les villes procurant aux bases rurales armes et munitions, médicaments ainsi que nombre d’objets de première nécessité. De plus, l’échec de la guérilla menée par Che Guevara en Bolivie marquait les limites d’une installation révolutionnaire en milieu rural.
TIQQUN : Dernier avertissement au parti imaginaire concernant l’espace public
Tiqqun
Organe de liaison au sein du Parti Imaginaire
Dernier avertissement au parti imaginaire
concernant l’espace public
Zone d'Opacité Offensive (dit « Tiqqun 2 »)
2001
ARTICLE PREMIER
La destination de l’espace public est l’échange et la circulation des marchandises. Comme toutes les autres marchandises, les hommes s’y déplacent librement.
Edward Soja | Justice Spatiale | Seeking spatial justice
Pour
ceux qui s'intéressent au concept de Justice spatiale, notons la
publication du géographe Edward W. Soja, Seeking spatial justice.
Nous publions ici, un excellent résumé du livre et une lecture
critique faite par Arnaud Brennetot, spécialiste français en la
matière.
Lecture critique de
Arnaud Brennetot
Dans
son dernier livre, Seeking
Spatial Justice,
Edward W. Soja dessine les contours d’une géographie volontaire et
progressiste. Conscient que tout savoir sur l’espace est aussi un
pouvoir, il invite les scientifiques impliqués dans l’aménagement
et l’urbanisme à s’engager aux côtés des acteurs du mouvement
social dans le combat pour la « justice
spatiale ».
L’ambition militante est donc pleinement assumée, non sans parti
pris.
Si
l’expression « justice spatiale » est utilisée pour la
première fois dans le titre d’un ouvrage académique, les travaux
portant sur la dimension géographique de la justice sont plus
nombreux et variés que n’en rend compte l’auteur. Selon lui,
depuis la publication de Social
Justice and the Citypublié
par David Harvey en 1973, « presque rien n’a été écrit sur
le sujet spécifique [de la justice territoriale] » (p. 90).
De nombreux travaux sont ainsi ignorés. C’est le cas de la plupart
des auteurs francophones (Jean Gottmann, Antoine S. Bailly, Bernard
Bret). Seul Alain Reynaud bénéficie d’une courte allusion.
L’œuvre du géographe anglais David Marshall Smith est réduite à
quelques lignes. Les différents points de réflexion que Soja
développe dans les premiers chapitres sont stimulants mais, pour la
plupart, déjà connus : la difficulté à concevoir l’équité
dans un espace différencié, les problèmes d’injustice liés aux
discriminations institutionnalisées (apartheid, gerrymandering…),
le fait que l’(in)justice est un phénomène multiscalaire.
L’exemple qu’il développe dans le prologue à propos du système
des transports collectifs à Los Angeles rappelle ainsi qu’un
égalitarisme strict est souvent moins équitable qu’une procédure
de discrimination positive. En ce sens, l’expression
d’« (in)justice spatiale », également utilisée
autrefois par David Marshall Smith (1977 et 1979) et Antoine S.
Bailly (1981), n’offre pas l’avancée décisive qu’annonce
l’auteur, notamment au regard des travaux réalisés en partant
d’autres formulations comme la « justice dans l’espace
géographique » (Gottmann, 1966), la « justice sociale
territoriale » (Harvey, 1973) ou l’« équité
territoriale » (Bret, 2008).
La COMMUNITAS de BEAUDUC
Crédit photo : http://les-photos-du-chamoux.blogspot.com/ |
Beauduc nous intéresse particulièrement au Labo, dans notre vision d'appréhender toutes les formes extra-ordinaires d'urbanisme, au sens large du terme, qui présentent les particularités de s'inscrire dans la lutte politique par des actions violentes ou insurrectionnelles s'opposant aux institutions d'un pouvoir ; mais aussi à certaines formes d'actions illégales et/ou spontanées issues de la volonté d'habitants regroupés intentionnellement pour cela. En considérant que parfois, l'illégalité est une première forme de contestation silencieuse qui se déploie non dans le domaine des idées mais dans celui, qui nous intéresse le plus, de l'action.
Beauduc est, ou était peut-être, avant tout une expérience de vie communautaire para-normale ou extra-ordinaire qui marque son genius loci. Certains affirment qu'il s'agit bien là d'une forme d'utopie réalisée, c'est à dire d'une vie sans contrainte, non réglementée où chacun est libre d'agir à sa guise tant qu'il ne gêne pas autrui, d'autres comparent Beauduc aux communautés anarchistes. Rien de cela ici, d'une part parce que Beauduc est un village de villégiature habité seulement durant la saison chaude et qu'il s'est construit sans aucune idéolgie politique, à l'écart de la chose politique, une forme de spontanéïté populaire venue tout naturellement à l'esprit des premiers habitants. Beauduc ne peut être lié à aucune théorie ou idée d'organisation politique parlementaire ou extra-parlementaire ; Beauduc est simplement né du bon plaisir des ouvriers de la région.
Beauduc est, ou était peut-être, avant tout une expérience de vie communautaire para-normale ou extra-ordinaire qui marque son genius loci. Certains affirment qu'il s'agit bien là d'une forme d'utopie réalisée, c'est à dire d'une vie sans contrainte, non réglementée où chacun est libre d'agir à sa guise tant qu'il ne gêne pas autrui, d'autres comparent Beauduc aux communautés anarchistes. Rien de cela ici, d'une part parce que Beauduc est un village de villégiature habité seulement durant la saison chaude et qu'il s'est construit sans aucune idéolgie politique, à l'écart de la chose politique, une forme de spontanéïté populaire venue tout naturellement à l'esprit des premiers habitants. Beauduc ne peut être lié à aucune théorie ou idée d'organisation politique parlementaire ou extra-parlementaire ; Beauduc est simplement né du bon plaisir des ouvriers de la région.
Un capitalisme festif / l'espace public réenchanté
photo : Andreas Gursky |
Jean-Pierre Garnier
Jean-Pierre Garnier
Texte initialement paru dans Le Monde libertaire
11-17 décembre 2008
L’espace public réenchanté
« Technoparade », « Paris-plage », « Nuit blanche » à Paris, « Biennale de la danse », « Fête des lumières » ou « Nuits sonores » à Lyon, « Folles journées » à Nantes, «Transmusicales » à Rennes, « Lille 2004 » puis « Bombaysers de Lille », et « fêtes de la musique » un peu partout… On n’en finirait plus d’énumérer les manifestations festives mises sur pied dans l’espace public depuis la fin du siècle dernier avec le concours et, de plus en plus, à l’initiative des pouvoirs publics locaux.
Lors des opérations d’aménagement urbain portant sur des rues, boulevards, places, esplanades ou quais, une attention croissante est accordée à la possibilité offerte à la foule de « s’emparer joyeusement de ces lieux ». À chaque fois, l’objectif proclamé est le même : « recréer du lien social », rendre à l’espace public, fût-ce que de manière éphémère, sa vocation de lieu par excellence de la sociabilité collective. Le phénomène n’est pas propre à la France, même si, à cet égard, celle-ci a pu servir de modèle, mais il a pris dans ce pays une ampleur soudaine qui ne laisse pas d’interroger. Quelle logique préside à l’essor de cette esthétisation festive de la politique urbaine ? Au-delà des discours promotionnels, à quelles finalités obéit-elle ? Quels intérêts, quels désirs, quels manques ou quelles peurs vise-t-elle à satisfaire, à combler ou à exorciser ?
Pour un projet utopien spatio-temporel
David HARVEY
Extrait de :
Spaces of Hope, Edinburgh
2000
[...] L’échec des utopies réalisées des formes spatiales peut tout aussi raisonnablement être attribué aux processus mobilisés en vue de les matérialiser qu’aux défauts de la forme spatiale en tant que telle.
C’est cela qui rend tout utopisme architectural impossible dans les conditions actuelles, comme Manfredo Tafuri l’a montré de façon convaincante. Une contradiction plus fondamentale est cependant ici à l’œuvre. Les utopies de la forme spatiale entendent, de manière caractéristique, stabiliser et contrôler les processus qui doivent être mobilisés en vue de leur construction. Dans l’acte même de sa réalisation, le processus historique prend ainsi le contrôle de la forme spatiale qui est censée le contrôler. Il convient de l’examiner de plus près.
David HARVEY
Extrait de :
Spaces of Hope, Edinburgh
2000
[...] L’échec des utopies réalisées des formes spatiales peut tout aussi raisonnablement être attribué aux processus mobilisés en vue de les matérialiser qu’aux défauts de la forme spatiale en tant que telle.
C’est cela qui rend tout utopisme architectural impossible dans les conditions actuelles, comme Manfredo Tafuri l’a montré de façon convaincante. Une contradiction plus fondamentale est cependant ici à l’œuvre. Les utopies de la forme spatiale entendent, de manière caractéristique, stabiliser et contrôler les processus qui doivent être mobilisés en vue de leur construction. Dans l’acte même de sa réalisation, le processus historique prend ainsi le contrôle de la forme spatiale qui est censée le contrôler. Il convient de l’examiner de plus près.
Les architectes soviétiques à la conquête du territoire, 1917 - 1932.
En Octobre 1917, l'Union soviétique sera, pour beaucoup, une terre d'espérance, le pays de l'Utopie réalisée.
Dans le domaine particulier de l'architecture et de l'urbanisme, cette utopie se concrétise par l'un des premiers décrets adoptés par les bolcheviks et visant la gestion du parc immobilier intitulé Sur la nationalisation des biens immobiliers dans les villes et sur la réquisition du loyer, O nacionalizacii gorodskih nêdvižimostêj i o rêkvizicii kvartirnoj platy. Il est promulgué le 4 décembre 1917 et met en oeuvre la politique dite de « répartition de l'habitat » (êrêdêl žili ), qui consiste à réquisitionner les appartements bourgeois et à les attribuer aux travailleurs. Le 20 août 1918, le gouvernement soviétique décrète la nationalisation des immeubles d'habitation des villes. Le décret Sur l'abolition du droit à la propriété privée dans l'immobilier dans les villes, place légalement le « logement des riches » sous le contrôle des Soviets locaux. Pour la première fois dans l'histoire de l'Humanité, un pays développé réalise un des fondements des utopies urbaines, en abolissant la propriété privée, en éliminant par la même occasion les phénomènes urbains liés à la rente, à la spéculation, à l'individualisme. Ceci présageait un avenir radieux, pour la ville socialiste future.
Car dès lors, il ne s'agissait plus de poser la question des villes en termes de formes, de styles, de techniques mais bien comme un objet final devant, tout simplement, se poser contre l'inhumanité des villes capitalistes. L'histoire en décidera autrement car la première guerre mondiale suivie immédiatement de la guerre civile, soutenue par les pays capitalistes européens, les famines, les épidémies, la ruine économique exacerbèrent l'impatience et les passions du peuple russe ; le communisme " rêvé" se transforma en "communisme de guerre" pour prendre la forme, par la suite, d'un communisme "réel" modelé par Staline et les nécessités de la seconde guerre mondiale qui s'annonçait.
En 1936, les purges staliniennes marquent, d'une certaine manière, un tournant décisif dans l'idéologie communiste, qui prend pour base dès lors le "réalisme socialiste", opposé aux idées de Marx, d'Engels et de Lénine. Notre propos qui concerne l'urbanisme et l'architecture au sens large s'arrête à la répression sanglante de Staline, et concerne donc la période entre Octobre 1917 et 1932.
HANOÏ, sans touristes
HANOÏ, le quartier de la gare
Le quartier de la gare de Hanoï est récent, au départ des colons français en 1954, quelques baraquements s'éparpillaient entre les lacs. Il est le produit des conséquences de la guerre du Vietnam contre les USA qui avait contraint le pays à une économie de guerre, puis de la crise du logement chronique, puis enfin de la libéralisation de l'économie. Les habitants profitèrent de l'assouplissement des lois et des règles d'urbanisme, des lois concernant le lieu de résidence assigné pour chaque citoyen et d'une forme admise de corruption généralisée à l'ensemble des institutions, pour agrandir, surélevé, étendre, reconstruire. Les façades, par endroit, se touchent pratiquement formant ainsi des tunnels, des passages étroits dignes des cités médiévales.
Carte postale sublimant le chaos urbano-architectural d'un quartier pauvre ? Non. Car, aujourd'hui, les nouvelles classes moyennes de Hanoï préfèrent, malgré toutes les vicissitudes, habiter ce quartier central plutôt que les nouveaux quartiers modernes périphériques et confortables.