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GRUISSAN PLAGE







Les "chalets" de Gruissan-Plage rendus célèbres par le film 37,2 ° le matin forment un ensemble urbano-architectural unique en France : par la beauté du site, l'étendue et le nombre de baraques, près de 2000, et, surtout, par la tolérance ou complaisance architecturale que l'administration accorde volontiers aux habitants, les "chatelains". Trop certainement.

Car trente années après 37,2°, le charme splendide de Gruissan-Plage est rompu, les chalets d'antan se sont modernisés pour leur plus grande majorité, et plus grave, pour nombre d'entre eux, les rez-de-chaussées ont été clos : on peut ainsi juger que ce n'est plus qu'un vaste zoo architectural placé sous l'égide du sam'suffit, du mauvais goût, ou au contraire, s'émouvoir de l'imagination des chatelains pour améliorer l'habitabilité et apprécier le décorum de leurs demeures, l'architecture populaire, ou "sans architecte". Une chose est certaine : l'excentricité n'est pas de mise ici, pas de baraques peintes en rose bonbon ou de formes architecturales "alternatives" : les belles villas luxueuses, les chalets reconstruits sans âme assurent une normalité, une banalité navrante contrevenant avec le genuis loci, le génie du lieu, et son histoire peu communs. 

Mais ce même charme, certes très endommagé, résiste encore car une règle interdit aux habitants de clôturer leur propriété - et en principe les dessous des pilotis - et de s'approprier l'espace autour de leur maisonnée : outre les zones de chalets situés sur les grandes rues extérieures périphériques, aucune barrière, clôtures, haies, etc., ne vient morceler l'espace, ou enfermer la propriété, cas ou typo-morphologie urbaine rare en France, renforcée, encore pour un temps, par les pilotis des chalets. En somme, c'est une zone pavillonnaire mais sans jardins clos où il est possible d'errer entre les constructions de toute sorte et de toute époque ; librement ! L'expérience est stimulante, au-delà des garden cities anglaises, des mobil homes town des USA.