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BOLO BOLO






" On pourrait nommer cet ensemble d'idées une PRAGMATOPIE, un agenda, une shopping list de l'alternative du capital. Ce dont nous avons besoin aujourd'hui, ce ne sont pas de grandes discussions idéologiques sur l'égalité, la socialisation des moyens de production, la question du pouvoir, la propriété, etc. Mais une espèce de tableau de la répartition des tâches ménagères planétaires, un peu à l'image de ceux sur lesquels fonctionnaient les belles communautés des années 70 (ou en tout cas celles dont je faisais partie)."


BOLO-BOLO

PM
1983


"S'évader du capital est vital pour Nous" écrivait Tony Negri. Cet idéal de Vivre en dehors mais à côté du système, au sein de communautés anti-capitalistes, qu'elles soient éco-autonome, anarchiste, libertaire, éphémère, pré-révolutionnaire, ou néo-hippie, domine aujourd'hui largement la pensée subversive de ceux et celles, impatient-e-s, qui refusent d'attendre un hypothétique "Grand Soir", déplorent "l'urgence impossible de la Révolution" et prônent, au-delà des modèles, un "changement" immédiat : il s'agit, selon Holloway, de Change the World Without Taking Power, de se maintenir à distance de l'appareil d'Etat, plutôt que de l'affronter directement. 



Théories et expérimentations malheureuses dénoncées hier avec vigueur par les marxiste-léninistes, cet idéal s'est au mieux exprimé dans l'orbite 68, puis en 1994 - il y a 20 ans -, année où au Chiapas, une poignée de guérilleros de l'Armée Zapatiste de Libération Nationale est parvenue à "libérer" une large portion de territoire, et à organiser des Municipios Autonomos. Révolution partielle circoncise spatialement, aussitôt érigée en tant que modèle avant-gardiste par les partisans du communautarisme.

Un modèle idéal, mais peu probable en Europe, le reléguant dans le domaine de l'utopie : peux-t-on imaginer le Limousin Libéré ? Mais le vieux continent dispose d'autres armes : la voie municipale démocratique, comme c'est le cas aujourd'hui à Marinaleda, en Espagne, commune décrétée anti-capitaliste. Dans les deux cas, il est démontré que l'Alternative est possible, même si elle présente bien des limites et des faiblesses idéologiques, dont celle évoquée par Daniel Bensaïd d'une subversion affinitaire de la vie quotidienne, dans les interstices sociaux tolérés par la logique dominante. 

Une illusion sociale que l'on peut reprocher à l'auteur suisse allemand PM qui présentait dans son ouvrage Bolo-Bolo paru en 1983, une alternative anti-capitaliste, une pragmatopie, aux accents hégéliens intolérables aux marxistes purs, et au contraire souhaitable ou envisageable pour les partisans de la résistance sociale et de défiance envers les politiques ayant conduit aux marasmes écolo-économiques. Dans une certaine mesure, cet ouvrage entame, avec d'autres, la crise de l'hégémonie que connaissent les classes dominantes et remet à l'ordre du jour les questions stratégiques évacuées par les partis politiques de la Gauche, et ce, dans une vision utopique, sinon radieuse ou parfaite, mais patiemment réalisable. En somme, le retour à l'unité de la pratique et de la théorie, en laissant place à l'imaginaire, et au lointain.

Bolo Bolo, grand classique de l'utopie, parfois loufoque, s'inspirant des théories d'hier les réactualise à la lumière des nouvelles problématiques, et invente, bricole souvent, de nouveaux rapports entre ville et campagne, entre les individualités et les groupes communautaires ; une utopie non figée, non rigide. Il est disponible en intégralité au format PDF à cette adresse :


www.esprit68.org/infokiosque/bolobolo.pdf






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