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URSS | Habitat et Dom-Kommuny



« En quoi consiste aujourd'hui notre tâche, que devons-nous apprendre en premier lieu, vers quoi devons-nous tendre ? Il faut apprendre à bien travailler – avec précision, avec propreté, avec économie. Nous avons besoin de développer la culture du travail, la culture de la vie, la culture du mode de vie. »

Leon Trotsky, Les questions du mode de vie
Moscou, 1923


Pour l'architecte et historien marxiste [et militant] d'origine russe Anatole KOPP, la révolution d'Octobre devait mettre fin aux principes dépassés de l'architecture pré-révolutionnaire. En abolissant la propriété individuelle, Octobre ouvrit aux architectes soviétiques les perspectives d'un grandiose travail de planification, et leur donna la possibilité d'élaborer un type nouveau d'organismes, de complexes et d'ensembles architecturaux. Ces perspectives vinrent remplacer les tâches étroitement individualistes imposées par les commanditaires d'avant la révolution.

Il ne s'agissait pas pour les architectes constructivistes – cette distinction est indispensable – de croire, comme l'avait cru à certains moments Le Corbusier -, qu'une architecture rationnelle mise à la disposition de tous pouvait remplacer la révolution. « Architecture ou Révolution » [la célèbre formule de Le Corbusier] était pour les constructivistes une interrogation vide de sens. La révolution avait eu lieu sur un sixième de la surface du globe ; aussi la seule question qui se posait réellement était de savoir comment, par les moyens de l'architecture, il était possible de contribuer à la reconstruction de la société.

VIENNE La ROUGE


Karl-Marx-Hof | Karl Ehn architecte | 1929


Manfredo TAFURI
Francesco Dal CO

Vienne la Rouge : la politique du logement
 dans la Vienne socialiste [1920 - 1933]


La politique du logement qu'adopte la majorité social-démocrate de Vienne, après l'effondrement de l'Empire austro-hongrois, représente une solution de rechange radicale à la stratégie urbanistique de l'avant-garde allemande [République de Weimar]. La spécificité de la situation viennoise est d'ailleurs déterminante. À la spéculation foncière qui, dans l'avant-guerre, avait été la cause d'une forte hausse des loyers et de conditions de logement épouvantables pour les ouvriers, il faut ajouter le démembrement de l'Empire, qui prive la nouvelle Autriche de ses centres de production, en faisant de la capitale une tête sans corps, une agglomération improductive qui se cherche désespérément une fonction. En outre, à la majorité socialiste de la capitale répondent un territoire et un État que dirigent les classes conservatrices. De 1920 à 1933, Vienne sera un petit État dans l'État et, dans cette situation contradictoire, elle doit faire face à la ruine de son héritage. 

REISER | Le Corbusier





Reiser

Charlie-Hebdo n° 152
 1973



Une ville et une Révolution | La Havane

Esquema de Plan director para La Habana, años 60

Instituto de Planificación Física.

Jean-Pierre Garnier
Une ville et une révolution, La Havane
De l'urbain au politique
Revue Espaces et Sociétés | n° 1, 1970


LA VILLE ENTRE PARENTHESES

« ... Notre capitale est une cité géante, compte tenu de la taille de notre pays. Si nous avions eu entre les mains le pouvoir de fonder la ville de La Havane, en vérité nous l'aurions fondée en un autre endroit où nous n'aurions pas permis que cette ville croisse tant. »
Fidel Castro
Le tournant décisif

Ville touristique et récréative, commerciale et consommatrice, tertiaire et bureaucratique, La Havane demeurait en 1963, en dépit ou à cause du bouleversement révolutionnaire, une ville productive, une ville parasitaire (1). Les habitants avaient pris possession de leur ville. Il restait au pays à s'approprier sa capitale. Peu en étaient conscients dans les années d'euphorie qui suivirent le triomphe de la rébellion. Il semblait normal que les masses exproprient leur ancienne classe dominante. On oubliait que de ce fait la population de la capitale risquait de se convertir en une sorte d'aristocratie urbaine aux dépens du reste du pays, maintenant avec lui des relations semi-coloniales. Refusant les conditions de vie dégradantes qui régnaient dans les campagnes, des flots d'immigrants venus des autres provinces grossissaient chaque jour la population de la capitale, dans l'espoir de participer aux avantages que pouvait leur offrir une ville désormais ouverte à tous. Un tel phénomène était incompatible avec les nécessités du développement, et c'est de cette contradiction que devait naître une première prise de conscience.

VENISE | Disneyland historique



Venise est un cadeau de l’Italie à l’humanité
Jean-François REVEL

La Sérénissime a également légué à l'humanité le mot ghetto : en 1516, le conseil des Dix décida de rassembler tous les juifs de Venise sur une petite île de Cannareggio, où se trouvait une fonderie (getto ou gheto signifie fusion en vénitien). Il a été successivement agrandi, ajoutant à la petite île appelée Ghetto Nuova des origines, le Ghetto Vecchio en 1541 puis, en 1633, le Ghetto Nuovissimo. C'est dans ce quartier que l'on rencontre des immeubles parmi les plus élevés de la ville. En effet, du fait de l'impossibilité de construire de nouvelles habitations dans ces quartiers limités et clos, les habitations se sont développées verticalement.

Architecture de la Révolution




L'architecture peut-elle être "révolutionnaire" ?
Une société révolutionnaire peut-elle produire une architecture qualifiée de révolutionnaire ? Quelle est la portée du terme « révolutionnaire » lorsque celui-ci s'applique à l'architecture, avec ses implications idéologiques, fonctionnelles, esthétiques, son contenu, etc.. Peut-on appliquer valablement un tel terme à une forme détachée de son contenu idéologique ? Comment s'exprime le contenu idéologique de la nouvelle société dans l'architecture qui la représente, c'est-à-dire, comment cette architecture est-elle révolutionnaire ? Peut-on parler d'une révolution architecturale en termes de forme-espace-technique- fonction, qui ait une incidence sur la transformation de la société ? En définitive, a-t-on le droit de postuler des formes, des structures ou des espaces « révolutionnaires » en dehors d'une fonction sociale révolutionnaire qui les précède et les motive ?


Roberto SEGRE
Signification de l'architecture cubaine
dans le monde contemporain
Revue Espaces et Sociétés | n° 1, 1970

HUMANISME, ARCHITECTURE
ET TIERS MONDE.

L'architecture, ou plus exactement la pratique architecturale (1), constitue un des niveaux de la praxis sociale globale. Ce n'est pas le lieu, ici, de postuler une hiérarchisation des niveaux, mais d'indiquer l'importance qu'elle revêt au sein de notre milieu physique.

L'architecture — conçue de nos jours comme environmental design (2) — constitue le cadre et la manifestation de notre vie sociale, depuis la cellule individuelle minimum, jusqu'à l'ensemble du territoire, que la main de l'homme a transformé. Si la forme construite et l'espace habitable constituent la réalité essentielle de l'architecture, celle-ci se rattache de façon indissoluble aux exigences fonctionnelles et esthétiques de l'homme en tant qu'être social. L'abstraction implicite qui identifie Homme et Architecture, en dehors de toute particularité sociale, caractérise la théorie architecturale qui s'inspire de la philosophie idéaliste. En accord avec l'affirmation d'une essence universelle de l'homme (3), on proclame l'existence de valeurs éternelles, immuables — tout particulièrement dans le domaine esthétique et dans celui de la signification —, valeurs qui seraient demeurées semblables à elles-mêmes tout au long du procès historique. Ce sont ces valeurs qui font apparaître le contenu « humaniste » de l'architecture — terme utilisé par Geoffrey Scott en 1914 (4) — et qui tout au long du xxe siècle n'a cessé d'être proclamé par les tendances les plus diverses (5). L'architecture rationaliste, dans la période qui va de 1920 à 1930, s'avère humaniste dans sa volonté d'assurer les conditions d'existence minimum indispensables à l'homme de la société industrielle ; il en va de même du courant qualifié de « post-rationaliste » des années cinquante, dans son désir d'atténuer la sécheresse technique antérieure (6). Humaniste, l'architecture « organique » l'est aussi dans son souci du milieu et des facteurs psychologiques (F.L. Wright), comme d'ailleurs son interprétation européenne, le « néo-empirisme Scandinave ». Les expériences utopiques actuelles, fondées sur les conquêtes techniques, qui créent un nouveau cadre de vie humain (s'opposant au cadre de vie naturel) ou reposent sur la récupération du passé (des périodes où il existait un équilibre entre l'homme et le milieu ambiant), afin de libérer la société de son actuelle aliénation dans la technique, peuvent aussi être qualifiées d' « humanistes » ; il en va de même pour l'orientation prise par l'architecture dans les pays socialistes européens (7).

Fidel CASTRO | Arquitectura Socialista




Fidel CASTRO
Discurso pronunciado en la clausura del VII congreso
de la Union Internacional de Arquitectos

La Habana | 3 de octubre de 1963

Señores de la presidencia, delegados e invitados :

Hace varios años ya surgió la idea de efectuar en nuestro país este Congreso de la Unión Internacional de Arquitectos. Ciertas circunstancias surgieron en el trayecto, que dificultaron, o crearon algunas dificultades para la celebración del congreso en nuestro país. De eso no tiene la culpa nadie; ni la tiene la Unión Internacional de Arquitectos, ni siquiera la tenemos nosotros, surgió la Revolución en Cuba (APLAUSOS).

MARINALEDA


Juan Manuel Sanchez Gordillo


Marinaleda, est un village d'Andalousie, dans la province de Séville ; le maire, Juan Manuel Sanchez Gordillo, anticapitaliste et républicain, et les 2700 habitants s'activent depuis maintenant plus de 30 ans pour construire une alternative socialiste au capitalisme : une expérience unique en Europe de gestion municipale. Ici, peu de chômage, pas de police, pas de promoteur, ni de curé, ni de slogan politicien, mais une politique mettant en pratique les droits au travail, au logement, à l'éducation, à la culture, sous l'égide d'une démocratie directe, authentique pouvoir populaire : Utopique ? Juan Manuel Sanchez Gordillo la revendique :

« La gauche doit se situer le plus à gauche possible, et doit donc aspirer à l'Utopie. Elle ne doit pas être considérée comme une chimère, mais comme le droit que les personnes ont de rêver et, grâce à la lutte, de voir leurs rêves devenir réalité. […] Nous pensons que le pouvoir ne peut pas être neutre. Le pouvoir entre les mains des travailleurs doit être un contre-pouvoir. Pour que ce pouvoir du peuple et pour le peuple soit une force, nous avons pensé que la participation était essentielle. C'est pour cela que nous avons créé l'assemblée générale des quartiers, notre organe suprême de décision. Nous avons compris que la démocratie directe est meilleure que la démocratie représentative : les gens ne participent pas à la politique tous les 4 ans lors d'élections, mais chaque jour, à ce qui relève du quotidien. »