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ISTANBUL : Politiques d’urbanisation et résistances populaires


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Politiques d’urbanisation et résistances populaires à Istanbul


Gülçin ERDI LELANDAIS

L'Harmattan 2009/4 - n° 76

« La métropole est en quelque sorte un gigantesque mécanisme
de tri et de filtrage qui […] sélectionne infailliblement
dans l’ensemble de la population les individus les
mieux à même de vivre dans un secteur particulier et un
milieu particulier selon des voies que l’on ne saisit pas
encore complètement… »

Robert Park



L’exode rural qui se développe fortement en Turquie à partir des années 1950 a entraîné à la périphérie d’Istanbul l’apparition de gecekondu (bidonvilles), puis leur multiplication en raison à la fois de l’absence de politiques publiques d’aménagement urbain d’une part, et des calculs électoraux des responsables politiques de l’autre. L’ouverture des négociations avec l’Union européenne en 2006 et le choix d’Istanbul comme capitale culturelle de l’Europe pour l’année 2010 ont été l’occasion pour la Turquie de mettre sur pied un vaste projet de transformation urbaine dont un des aspects est la destruction des bidonvilles pour les remplacer rapidement par des cités d’immeubles construites par Toplu Konut Idaresi (TOKI), institution publique de construction de logements collectifs. Contrairement aux années 1980 et 1990 où ce type de construction était localisé dans les quartiers périphériques, il s’agit maintenant, au coeur des villes, de restructurer des zones considérées comme insalubres, mais à fort potentiel immobilier, pour y installer des populations socialement et financièrement aisées.



Après avoir exposé ces nouvelles politiques d’urbanisation et leurs répercussions sur la recomposition socio-spatiale des villes, l’objectif de cet article est d’étudier les formes de résistance populaire qu’elles suscitent à partir de deux exemples : le refus de la destruction des gecekondus du quartier Mayis, et la résistance des Roms au réaménagement de leur quartier Sulukule. Dans les deux cas, la « mobilisation-résistance » consiste pour les habitants à s’opposer physiquement à la progression des engins, puis, en dernier recours, à monter sur les toits en brandissant briques et pavés, voire en menaçant de se suicider ou de se jeter sous les bulldozers. A  Mayis, la résistance peut relever de mobilisations de contestation de l’ordre urbain dominant et de la ghettoïsation des quartiers de bidonvilles.A Sulukule, la résistance trouve ses origines dans la défense de l’identité culturelle et du tissu socio-historique du quartier Rom. Notre intention, à la lumière de ces deux exemples, est d’explorer les contestations sociales face à la violence physique et symbolique que représentent les politiques d’urbanisation actuelles en Turquie.



Article disponible en ligne à l'adresse:


L'Harmattan | Cultures & Conflits
2009/4 - n° 76


Voir article sur ce blog :
Istanbul, luttes urbaines
daté de 2011 

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